La bonne santé du cinéma doit-elle soigner le budget malade de l’Etat?

Posté par vincy, le 19 octobre 2011

Comme nous vous le disions dimanche (voir article sur le budget 2012 du CNC), le budget du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (CNC) sera en baisse cette année. Malgré une bonne fréquentation dans les salles et la réforme de la TST qui permettra d'augmenter les recettes, l'Etat est tenté de ponctionner le pactole accumulé par l'institution (voir aussi notre article sur le Sénat ponctionnant 20 millions d'euros au CNC). Le Ministère de l'Economie souhaiterait récolter le surplus lié à la croissance des recettes. Le Ministère de la Culture imagine déjà reverser une partie de la nouvelle TST (taxe sur les services de télévision) au futur Centre national de la musique (en attendant celui des Spectacles Vivants?).

David Kessler, actuel directeur des Inrocks, et Marc Tessier, actuel Président de Video Futur Entertainment, tous deux anciens directeurs généraux du CNC, ont décidé de signer une tribune dans Le Monde du 18 octobre : "Danger sur le cinéma français".

Ils écrivent qu'une "telle mesure nous paraît porteuse de menaces pour l'avenir du Centre et, par voie de conséquence, pour la fiction et le cinéma français" en évoquant la tentation de reverser une partie du budget du CNC "au profit du budget de l'Etat".

Les deux professionnels de l'audiovisuel public rappellent que le cinéma français vit par cycles : "plus le cinéma français va bien, moins le CNC a d'argent à distribuer. Moins bien il va, plus le CNC est capable de l'aider." Ainsi, grâce la remarquable constance de la politique cinématographique tous gouvernements confondus, le cinéma français a pu surmonter la chute de la fréquentation des salles dans les années 70, su maintenir une part de marché nationale supérieure à 30% au fil des décennies, et permit le développement de l'animation, qui fait de bons scores à l'export.

"Le fait de ne plus affecter intégralement le produit de ces taxes au financement des oeuvres constituerait un précédent plus que dangereux, à courte vue et illégitime" écrivent-ils.

Dangereux parce qu'il "permettrait demain à la loi de finances de se servir de ce financement comme une variable d'ajustement. Le CNC n'est pas là pour thésauriser, mais pour redistribuer."

A courte vue "car, pour le cinéma comme pour la fiction française, les défis à venir sont nombreux" : numérisation des salles, des films de patrimoine, baisse des financements provenant de chaînes de télévision qui doivent partager un gâteau publicitaire avec davantage de concurrents, besoin d'investissements dans la création audiovisuelle face à une mondialisation des contenus et dans le cadre de télévisions bientôt toutes connectées.

Illégitime "et même spoliateur, pour ceux qui acquittent ces taxes avec des contreparties (respect des quotas par exemple)."

Kessler et Tessier rappellent enfin que le cinéma participe au rayonnement de notre culture dans le monde, mais aussi à l'existence de grands noms du cinéma mondial sur la planète cinéma. "C'est pourquoi les mesures qui menacent le CNC ne sont pas qu'une question de budget. Derrière, c'est un système prestigieux et efficient, qui ne coûte pas un sou à l'Etat et est par nature toujours en équilibre, qu'il faut absolument protéger".

Baye, Deneuve, Huppert, Paradis, Scott Thomas dans une tribune pour dépénaliser l’homosexualité

Posté par vincy, le 23 juin 2011

Dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde aujourd'hui, de nombreuses personnalités de tous horizons réclament la dépénalisation universelle de l'homosexualité, au delà des textes symboliques existants : Ils rappellent qu'"En 2006, à l'initiative du Comité Idaho, organisateur de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, un appel "pour une dépénalisation universelle de l'homosexualité" avait été soutenu par plusieurs Prix Nobel, par des artistes, des intellectuels, des politiques, des associations, des citoyens de tous horizons. Cette démarche avait abouti à la déclaration sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, qui fut présentée à l'Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 2008. Mais c'était une déclaration, un texte symbolique, un texte important, à l'évidence, mais il est temps de lui donner une valeur légale et contraignante pour les Etats. Le temps presse pour demander et obtenir aux Nations unies une véritable résolution, proposant la dépénalisation universelle de l'homosexualité."

Vendredi dernier, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté une "résolution historique" destinée à promouvoir l'égalité des individus sans distinction de leur orientation sexuelle. La résolution a été votée par 23 voix pour, 19 contre et 3 abstentions.

La résolution a obtenu 23 votes en faveur, 19 contre et trois abstentions. Rappelons que 88 Etats pénalisent encore les personnes LGBT, dont 7 qui appliquent la peine capitale.

Le texte, présenté par l'Afrique du Sud, a donné lieu à un débat houleux au sein du groupe de pays africains présidé par le Nigeria, opposé à la résolution qui affirme notamment "que tous les êtres humains sont nés libres et égaux en ce qui concerne leur dignité et leurs droits et que chacun doit pouvoir bénéficier de l'ensemble des droits et des libertés (...) sans aucune distinction".

La résolution demande également une étude sur les lois discriminatoires et les violences contre les personnes en raison de leur orientation et leur appartenance sexuelle.

Dans la tribune du Monde, les signataires demandent "aux candidats à l'élection présidentielle de 2012 de s'engager à porter ce message, de proposer un vote de l'Assemblée générale des Nations unies avant la fin de leur mandat."

Parmi les signataires, il y a, dans le secteur du cinéma, Jean-Marc Barr, Nathalie Baye, Yamina Benguigui, Luc Besson, Cécile Cassel, Véronique Cayla (Arte), Catherine Corsini, Jamel Debbouze, Catherine Deneuve, Jean-Claude Dreyfus, Léa Drucker, David Foenkinos, Eric Garandeau (CNC), Louis Garrel, Christophe Girard (Mairie de Paris), Judith Godrèche, Dayle Haddon, Isabelle Huppert, Virginie Ledoyen, Vanessa Paradis, Vincent Pérez, Mélita Toscan Du Plantier, Natacha Régnier, Line Renaud, Ludivine Sagnier, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner, Léa Seydoux, Karine Silla-Perez, Fanny Valette, Lambert Wilson et Elsa Zylberstein,

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La tribune en texte intégral Lire le reste de cet article »

Luc Besson : une palme d’or enviée, un gros déficit à résorber et The Lady à Toronto

Posté par vincy, le 29 mai 2011

Dans un entretien au journal Le Monde daté du dimanche 29 mai, Luc Besson fait des mea culpa. Sa société, EuropaCorp, a enregistré d'importantes pertes financières mais elle a aussi récolté sa première Palme d'or, avec The Tree of Life, acquis pour un prix élevé (2,8 millions d'euros). "Le film devait être présenté à Cannes, en 2010, il a décidé de repartir en salle de montage pour un an. Un jour, il m'envoie un message pour me demander s'il pouvait inclure dans son film deux plans de Home, de Yann Arthus-Bertrand, qu'on a produit. On a dit oui. En trois ans, on m'a montré trois versions successives du film. Elles se réduisaient au fur et à mesure. Je suis juste intervenu quand il a envisagé d'aller à Venise plutôt qu'à Cannes. Et j'ai dû le convaincre de figurer en compétition, parce qu'il ne le voulait pas" confie le producteur-réalisateur-scénariste. Il défend cet investissement au nom de l'envie, de la liberté de créer.

Mais il n'ignore pas aussi que sa société, cotée en bourse, traverse une crise et a du opérer de sérieux changements (voir nos actualités du 4 mai dernier et 7 juillet 2010). Le déficit de l'exercice précédent (30 millions d'euros), le départ de son ami et associé Pierre-Ange Le Pogam, l'échec des suites de Arthur, tout cela a entraîné une crise qui a largement été commentée dans les journaux économiques et professionnel. "Nous avons fait des erreurs. Les deux tiers, pour ne pas dire les trois quarts du trou viennent de la série Arthur. Le premier a bien marché. Mais on a très mal géré la distribution des épisodes 2 et 3, au point de ruiner la sortie aux Etats-Unis. Avec Arthur, on a dérogé à une règle sacrée chez nous : ne pas se lancer tant que le projet n'est pas financé à 80 % par les achats de pays étrangers. Et puis l'épisode 2 a provoqué une grosse frustration chez les spectateurs, car il n'avait pas de fin. Il aurait fallu sortir le 3 dans les quinze jours qui suivaient." Rien sur la médiocrité même des scénarios... Juste "un excès d'optimisme en interne". Le premier épisode a été vu par 6 222 479 français, le deuxième n'a enregistré que 3 871 483 entrées, et le troisième a décliné à 3 127 549 spectateurs.

Il estime cependant qu'aujourd'hui Europacorp est gérée avec "beaucoup plus d'efficacité".

Besson met actuellement en boîte The Lady, biopic sur la Birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, avec Michelle Yeoh (voir actualité du 9 décembre 2010), et prépare un film de science-fiction à gros budget. Le premier devrait être présenté au festival de Toronto, le second sera l'un des premiers tournages dans sa Cité du cinéma.

Pierre-Ange Le Pogam, a créé la société Stone Angels qui devrait produire et distribuer une dizaine de films par an. Il sera en charge de la distribution française de Cosmopolis, de David Cronenberg, avec Robert Pattinson.

Le décor de Ponyo ne sera pas défiguré

Posté par vincy, le 14 novembre 2009

ponyo_tomo.jpgHayao Miyazaki avait déjà sauvé la forêt de Fuchi, qui l'avait inspiré pour Mon voisin Totoro. Il vient de protéger la baie de Tomo d'un véritable désastre en béton. Cette baie qui a servi de cadre pour dessiner les paysages fantastiques de Ponyo sur la falaise, son dernier long métrage, était menacée par la construction d'un énorme pont.

Le port de Tomo est un des lieux les plus appréciés des touristes. Vieux de 1300 ans, assez bien préservé du modernisme, il a su inspirer des générations de poètes. Mais depuis plus de 20 ans, il est prévu de construire un point routier par dessus l'anse. Comme dans le film de Miyazaki, la ville est compliquée pour circuler. Pourtant la population s'oppose très vite au projet. L'impact sur la beauté du site fédère au delà des frontières et Miyazaki a fortement contribué à lutter contre ce pont.

Le 1er octobre, comme l'a relaté Le Monde, le tribunal d'Hiroshima a définitivement suspendu le projet au nom de la protection du site, et de ses valeurs "historique" et "culturelle".

Le village de Ponyo est sauvé. Et si vous faîtes un tour au Japon, le port se situe au sud de Fukuyama, à l'Est d'Hiroshima.
Sinon Ponyo arrivera en DVD le 23 décembre en France.

Trésor caché : Azur et Asmar s’offre une autre fin

Posté par vincy, le 3 mai 2009

Parfois, le public reste sur sa faim avec la fin d'un film. Ce fut le cas avec Azur et Asmar, le dessin animé de Michel Ocelot, qui n'avait pas satisfait des élèves de primaire d'une école à Beyrouth, au Liban. Le Monde révèle ainsi que les jeunes écoliers avaient écrit au réalisateur pour lui donner l'idée d'une autre fin. Car les enfants voulaient voir le mariage des deux amis, et surtout le retour du père. Celui-ci est en effet le responsable de la rupture amicale, en chassant Asmar de la maison d'Azur. Les petits Libanais souhaitaient voir une scène de réconciliation générale, où les erreurs du passé pouvaient être définitivement corrigées.

Alors, Ocelot, le producteur Christophe Rossignon, les "voix" originales et le musicien Gabriel Yared se sont mis au travail. Certes, ils n'ont pas réalisé une autre fin. "Pour des raisons de coûts". Dommage, car au pire cela céquivalait au budget d'un très bon court métrage... Il s'agit donc d'un story-board filmé, image après image. Dix minutes qui se retrouvent dans le DVD "Les trésors cachés" de Michel Ocelot, aux côtés des courts métrages comme Les trois inventeurs ou La légénde du pauvre bossu.

Welcome, le film qui voudrait mettre fin à l’article 622.1

Posté par vincy, le 11 mars 2009

welcome_lioret-lindon.jpgRien ne vaut une polémique politique pour faire parler d'un film. Welcome, de Philippe Lioret, aura bénéficié des réactions du ministre de l'Immigration, Eric Besson. Quoi de mieux ? En effet, non seulement ce ministère est contesté depuis sa création et son titulaire a l'image du traître idéal (passé du Parti Socialiste à l'UMP).

Le cinéaste de Welcome, Philippe Lioret avait exprimé sa colère lors d'une avant-première à Douai, relayée par La Voix du Nord. "Je ne suis pas un politicien, moi. Et c'est quoi la solution ? Ça m'a tellement scié de voir ça. De voir qu'un brave mec, d'un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu'il peut aller en taule. C'est dingue. J'ai l'impression qu'on est en 1943 et qu'on a planqué un Juif dans la cave."

Eric Besson a réagit une première fois sur RTL, le 7 mars. "Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable."

Dans une lettre adressée au journal Le Monde, Philippe Lioret lui répond : "Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression."

"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute-t-il.  "La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver "inacceptable.""

Après ce ping-pong, la polémique s'est enflammée. L'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la répression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation". Mercredi 11 mars, Eric Besson, dépassé par ses propos, et voyant la publicité indirecte qu'il faisait au film, remet une couche. Sur Canal +, il estime que "le film lui même est émouvant, Vincent Lindon joue bien et c'est un très bon film, ce que je regrette, c'est l'avant-vente ou l'après-vente du film, il y a eu un dérapage qui est lourd, grave et inacceptable de Philippe Lioret qui tente maintenant de l'atténuer".  "Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

 "Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer"

Or selon la CIMADE, une rafle "est une arrestation en masse d'une partie ciblée d'une population, faite à l'improviste et organisée par la police." Et il y a en régulièrement en France ces derniers temps. Des élus ont même été gardés à vue récemment pour avoir hébergé des immigrés en situation irrégulière. N'importe quel réfugié, même demandant le droit d'asile, peut se retrouver dans un centre où ses libertés seront inexistantes durant 18 mois...

Besson précise quand même son interprétation : "La situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France, qu'il s'agisse des Afghans, des Somaliens, des Erythréens ... coûte que coûte, ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France, ils pourraient le faire, nous les aidons et mon ministère met à leur disposition des places d'hébergement qu'ils ne veulent pas utiliser". "Donc, je n'accepte pas qu'on dise que ces personnes sont maltraitées alors qu'elles veulent passer clandestinement en Angleterre, ce que l'Etat français ne peut pas faciliter, ce sont les passeurs que nous essayons de traquer et je ne vois pas quel républicain, quel humaniste pourrait avoir le moindre état d'âme à ce que la police traque les filières d'immigration clandestine", a t-il dit.

Dès lors, fort d'un très bon démarrage mercredi, Welcome est devenu le sujet de débat du moment. Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants à Calais affirme que "Welcome ne sombre jamais ni dans le voyeurisme ni dans l'affectif, c'est ce qui fait sa valeur. Il montre la triste réalité que vivent à la fois les migrants et les bénévoles calaisiens, même si le quotidien est souvent bien pire. Il ne se passe pas une seule journée sans que des gens soient matraqués ou gazés. Mais il ne faudrait pas que le film devienne trop polémique, il doit rester un film citoyen qui fasse réfléchir. Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer. C'est un lieu de culture et d'échange privilégié". Cependant il reproche à Besson d'entretenir cette polémique. "Quand on ne s'attaque pas au fond et qu'on polémique sur les petites phrases, c'est tragique et inacceptable. Besson est très fort, il polémique pour détourner l'attention. Il a voulu salir le film en déformant les mots de Philippe Lioret."

Homme en colère, Vincent Lindon, le 6 mars, avait mis les pieds dans le plat dans Le Parisien : "Je n’ai pas la prétention de réguler le flux migratoire en France ! Mais, comme beaucoup de Français, j’estime qu’il faut qu’on respecte les êtres humains. Les gens à Calais sont parfois traités plus mal que des chiens. Et ça, ça ne me va pas. Je ne comprends pas qu’il existe un article du Code de l’entrée, du séjour ou du droit d’asile aux étrangers qui dit : Toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison."

Les Cahiers chez Phaidon

Posté par vincy, le 14 octobre 2008

L'éditeur international de beaux livres va mettre la main sur Les Cahiers du cinéma. C'est la proposition retenue par le groupe Le Monde afin de finaliser la cession des éditions de l'Etoile, qui possèdent le mensuel de cinéma. On savait depuis une semaine que la solution interne - l'équipe des Cahiers - avait été refusée (voir actualités précédentes). Il restait cinq candidats dont Les Inrocks, l'ancien directeur de Première, et deux sociétés de productions.

En choisissant Phaidon (5 millions d'euros de C.A. en France), Le Monde place les Cahiers dans un groupe mondial, qui a des bureaux à Paris, New York, Londres, Berlin, Milan et Tokyo. Très ancré dans le design et les publications pratiques, l'éditeur va pouvoir se renforcer dans le cinéma et ainsi concurrencer vivement son compétiteur, Taschen.

Cannes : Qui est François Bégaudeau?

Posté par vincy, le 23 septembre 2008

francoisbegaudeau.jpgFrançois Bégaudeau. Un nantais de 37 ans. Jolie gueule. Un peu froid, un peu hautain pour ceux qui l’ont croisé. Il sait qu'il est doué (mention très bien au bac). Il travaille aussi énormément.

Un écrivain (son  Anti-manuel de littérature  sort le 2 octobre en librairie). Un journaliste littéraire sur Canal + et cinématographique dans Transfuge et Playboy. Un chroniqueur sportif. Fan de foot, il a commenté le dernier championnat européen dans le journal Le Monde. C'est d'ailleurs un mauvais pronostiqueur... De sa passion, il avait même fait un roman, Jouer juste, où il mélangeait amour et football.

Un asocial, c’est ce qu’on lit Dans la diagonale, considérations de trentenaires qui n’ont plus rien à dire. Un cynique aussi ? Ou plutôt un habile écrivain maniant parfaitement l’ironie. Un ancien professeur (de français), donc. Pour manger. Il plaide pour qu'on ne note plus rien, pour que l'école soit moins un outil sélectif qu'un moyen d'émancipation.

Un chanteur aussi. Dans un groupe punk, Zabriskie point (le titre d’un film d’ailleurs). Il a tout du gendre idéal, hétéro, belle gueule, bonne tête. « Féminisme viril », c’est lui qui le dit.  « Je me trouvais plus séduisant quand j’étais jeune », affirme-t-il pourtant. Un coup de mou ? Ou alors plus assez la pêche pour sauter sur scène, chanter, hurler, grimacer (la tournée du groupe a été filmée dans un enregistrement,  Je suis une vidéo machine). Là encore le corps se mixe avec le bonhomme. Pas pour rien qu’il écrira un roman sur Mick Jaeger. Forcément. « Jouer n’est pas cette chose si difficile, profonde et éprouvante. Les acteurs réfléchissent mal. Un bon acteur accepte le vide. Le rôle se construit comme cela. » Bien réfléchi tout cela. Il aime théoriser sur le corps et la pensée, qui s’entrelacent, qui dépendent l’un de l’autre, qui se mélangent l’un à l’autre.

Un politique bien sûr. Et même un militant (Réseau Education Sans Frontières). Il est de gauche, prépare un documentaire sur la jeunesse sarkozyste. Bégaudeau est un homme qui écrit (beaucoup), mais qui est avant tout un démocrate. Ce qu’il prouve dans Entre les murs (Prix France Culture-Télérama), qui débat constamment du sujet.

Un enfant gâté enfin. « A 15 ans, j'adorais le rock, la littérature et le cinéma et j'ai eu la chance de faire les trois.» Il est un homme de son temps, médiateur et médiatique.

Des remous dans la presse cinéma…

Posté par vincy, le 16 septembre 2008

Il va y avoir des turbulences dans la presse cinéma grand public. Tandis que le web est envahi de sites web et de blogs sur le 7e Art, la presse magazine spécialisée dans le cinéma connaît de fortes secousses.

L'éditeur Roularta annonce son intention de faire disparaître ses deux titres, Studio Magazine et Ciné Live, pour en créer un nouveau, in extenso. Les deux mensuels, très différents dans leur ligne éditoriale mais aussi dans leur histoire (Studio a été créé par les fondateurs de Première, Ciné Live s'est construit avec un cédérom en bonus), ont un tirage à peu près similaire, soit un peu plus de 90 000 exemplaires. Depuis le Festival de Cannes, Roularta envoyait des signes alarmants concernant sa branche cinéma, préférant donner à son hebdomadaire L'Express l'exclusivité du site internet couvrant le festival. Studio, comme Ciné Live, ont surtout souffert de ne pas avoir su s'adapter à l'ère numérique.

Du côté des Cahiers du cinéma, à vendre (voir article du 10 avril 2008), deux offres s'affrontent. D'une part, les rédacteurs des Cahiers et leurs amis, associés à l'éditeur P.O.L. ; d'autre part le magazine Les Inrockuptibles, qui, en revanche, supprimerait des emplois. Cela ne peut avoir de sens que pour une régie publicitaire et la commercialisation des abonnements. La logique économique ne peut cependant pas se substituer à une logique humaine. Socialement, leur proposition est inacceptable et éditorialement inintéressante. Hélas, le groupe Le Monde risque de n'y voir que son intérêt financier... C'est regrettable, quand une reprise peut se faire en interne, avec des partenaires solides, conservant ainsi son indépendance et sa motivation.

Quant à Première, ses ventes vont mal. Sur une année, sa diffusion s'est écroulée. Entre juillet 2007 et juin 2008, le magazine publié par Hachette a perdu 9 000 abonnés (ils ne sont plus que 60 700) et la diffusion est passée pour la première fois en dessous des 30 000 exemplaires. Désormais Première ne tire qu'à 127 000 exemplaires, contre 183 000 il y a un an.

Le Monde a la berlue

Posté par vincy, le 20 juillet 2008

Etrange accroche en Une du vénérable et respectable quotidien Le Monde (daté du 20 juillet). Pour attirer le lecteur sur sa fameuse "Page 3", nous lisons : "Les Français d'Hollywood. L'Incroyable Hulk de Louis Leterrier (Danny the dog) sort mercredi en France. Il bat des records d'entrée aux Etats-Unis, où les jeunes réalisateurs sont souvent appréciés."

Passons sur le pseudo phénomène des cinéastes français à Hollywood. D'abord ça ne concerne que des films de genre, où les faiseurs sont plus utiles que les auteurs, ensuite ça n'est pas réservé qu'aux Français. La Mecque du cinoche a tendance à apprécier toute main d'oeuvre étrangère (russe, scandinave, canadienne, allemande...) moins chère et plus stylée.

Non, ce qui est scandaleux, c'est la désinformation sur les chiffres pour glorifier leur article. Imaginez que pour mettre en avant tel phénomène économique, un journal "enfle" les chiffres d'une société... L'incroyable Hulk qui sort ce mercredi sur les écrans français a récolté 131,76 millions de dollars. Sur l'année, il n'est que 10e; dans sa catégorie (adaptation de BD), il n'est que 21e. Son démarrage ne se classe que 57e de l'histoire moderne du box office. Pire, comparé au précédent Hulk, celui du Taïwanais Ang Lee, considéré comme un flop, il n' a pas fait mieux. Il a coûté plus cher (150 millions de $), rapportera moins que son budget de production, et fera largement moins d'entrées que son prédécesseur.

Quels records donc ? Un bon premier week-end? Une sortie en salles massive? Ou tout simplement le plus gros succès américain réalisé par un cinéaste français... Voilà ce qu'est le chapeau de l'article : chauvin.