Gravity domine les nominations des si peu britanniques BAFTA

Posté par vincy, le 8 janvier 2014

gravityLes BAFTA (Oscars britanniques) prouvent une fois de plus la dépendance du cinéma britannique au colonisateur Hollywood : Gravity domine la course avec 11 nominations, devant le film américain du britannique Steve McQueen, 12 Years a Slave, et American Hustle (American Bluff en français) qui reçoivent chacun 10 nominations. Capitaine Phillips suit avec 9 nominations.

On sera toujours surpris de voir autant de films américains dans un événement censé valoriser une cinématographie nationale.

Heureusement il y a Philomena de Stephen Frears pour sauver l'orgueil national. Seul film anglais dans la catégorie meilleur film. Il est aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique, aux côtés de Gravity, Mandela, Rush, A l'ombre de Mary et Le géant égoïste. Cette catégorie accueille seulement trois cinéastes anglais. Un paradoxe.

Deux réalisateurs sujets de sa majesté sont nommés dans la catégorie du meilleur cinéaste, Steve McQueen et Paul Greengrass, qui feront face à David O. Russell, Alfonso Cuarón et Martin Scorsese.

Aucun scénariste britannique n'est remarqué dans la catégorie du meilleur scénario où se confrontent American Hustler, Blue Jasmine, Gravity, Inside Llewyn Davis et Nebraska. Pour les adaptations, on retrouve quand même Steve Coogan, prix du meilleur scénario à Venise, pour Philomena, face à 12 Years a Slave, Capitaine Phillips, Le Loup de Wall Street et Ma vie avec Liberace.

On plaint tout autant les excellents comédiens du Royaume: les votants préfèrent indiscutablement les stars hollywoodiennes : Christian Bale et Chiwetel Ejiofor affrontent Bruce Dern, Leonardo DiCaprio et Tom Hanks (acteurs) ; Emma Thompson et Judi Dench rivaliseront avec Amy Adams, Cate Blanchett et Sandra Bullock (actrices) ; Michael Fassbender est seul face à Barkhad Abdi, Bradley Cooper, Daniel Brühl et Matt Damon (seconds rôles masculins) ; et Sally Hawkins est isolée au milieu de Jennifer Lawrence, Julia Roberts, Lupita Nyong'O et Oprah Winfrey (seconds rôles féminins).

Côté meilleur film en langue étrangère, La vie d'Adèle affronte The Act of Killing (également cité dans la catégorie documentaire), La grande Bellezza, Metro Manila (de l'anglais Sean Ellis) et Wadjda.

Moi moche et méchant 2, La reine des neiges et Monstres Academy se battront pour le prix du meilleur film d'animation.

Enfin, il ne faut pas omettre les 5 nominés pour le Rising Star Award, qui ont été révélés lundi.

Le Géant égoïste : rencontre avec les deux jeunes révélations du film

Posté par kristofy, le 17 décembre 2013

le géant égoïste Depuis sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs, Le géant égoïste a charmé toutes les critiques et les festivaliers. Aux derniers British Independent Film Awards, il était nominé 7 fois. Il avait déjà obtenu le Label Europa Cinémas à Cannes, des prix à Stockholm et aux Hamptons, et en France les prix du meilleur film à Saint-Jean de Luz et Dinard (où il emporta deux autres prix).

C'estd'ailleurs à Dinard qu'Ecran Noir rencontra les deux jeunes comédiens qui portent l'oeuvre de Clio Bernard.

Ecran Noir : Shaun et Conner vous êtes très jeunes, quelles ont été les différentes étapes du casting qui ont fait que vous avez eu le rôle ?
Shaun Thomas:
Dans mon école, un agent de casting est venu pour faire des auditions, il y a eu plusieurs sessions durant lesquelles leur choix faisait réduire le nombre de personnes. Il y eu une audition avec des chevaux et avec des garçons d’une autre école, là j’ai auditionné avec Conner.
Conner Chapman : Il y a eu 4 ou 5 auditions, c’est à la troisième que j’ai rencontré Shaun, et à la fin on a été retenu tout les deux.

EN : Est-ce que la réalisatrice Clio Barnard vous donnait des indications très précises où est-ce qu’elle permettait un peu d’improvisation ?
Conner Chapman :
Il y a certaines scènes où elle nous disait de faire ce qui nous paraissait le plus juste, et sur d’autres scènes c’était plus précis et on devait suivre vraiment ce qu'elle voulait.
Shaun Thomas: Il y a des fois où elle nous consultait en nous demandant comment on pensait que telle chose devait être dite. Et quand on était libre de faire comme on veut, elle corrigeait après tel ou tel détail pour la prise suivante.

EN : On voit dans le film des enfants qui ramasse différentes pièces de métal pour se faire un peu d’argent et en donner à leurs parents pour qu’ils puissent payer l’électricité, qu’est-ce que vous saviez de ce genre de situation ?
Shaun Thomas: Je savais déjà que c’était une réalité. Là où j’ai grandis il y a des gens qui ont du mal à pouvoir payer la nourriture ou l’essence ou l’électricité, et il y a des gens qui récupère de la ferraille pour la revendre.
Conner Chapman : Dans mon quartier je connais quelques personnes qui font ça aussi, mais pas beaucoup, c’est moins répandu.

EN : Qu’est ce que ça vous a fait de vous voir pour la première sur un grand écran dans une salle de cinéma ?
Shaun Thomas:
J’étais très nerveux, j’avais peur de passer pour un idiot dans certaines scènes, mais tout c’est bien passé. Visiblement je m’en suis pas mal sorti.
Conner Chapman : J’avais l’estomac noué pendant une minute, mais après on s’habitue à se voir.

EN : Est-ce qu’on va vous revoir sur un écran après The Selfish Giant ?
Conner Chapman :
Je fais quelques auditions, je suis d’ailleurs allé à une audition la semaine dernière. Je suis dans la série The Mill à la télévision sur Chanel 4 et j’ai eu aussi un petit rôle dans un autre film.
Shaun Thomas: A l’école j’ai un cours de théâtre, ce qui permet de m'exercer. J’ai un agent qui s’occupe de me trouver des rôles, je passe aussi des auditions.

shaun thomas conner chapman

Saint-Jean-de-Luz 2013 : le cinéma indien, 100 ans d’âge, reçoit deux prix

Posté par vincy, le 13 octobre 2013

Irrfan Kahn The Lunchbox

La soirée de clôture du 18e Festival international des jeunes réalisateurs a commencé avec une annonce rassurante pour son avenir (lire notre article d'hier). La 19e édition aura bien lieu. Mais la marque changera. Un bref clip a d'ailleurs été réalisé pour inaugurer la nouvelle appellation, Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz. La ville aurait eu tort de se priver d'une manifestation culturelle qui a accueilli plus de 5000 spectateurs en 5 jours (un record).

Pour le reste, le palmarès - très cosmopolite - a été dévoilé avant la projection de La marche, de Nabil Ben Yadir, en salles le 27 novembre prochain.

Le jury d'André Dussollier, qui trois heures plus tard mettra le feu sur la piste de danse pour le plus grand plaisir des festivaliers, a récompensé 3 longs métrages. Tout d'abord, le film indien The Lunchbox de Ritesh Batra qui a reçu deux prix. Meilleur réalisateur Ritesh Batra a pu remercier le jury avec une liaison Skype.  Le film, présenté en avant-première mondiale à la Semaine de la Critique à Cannes en mai avant de tourner à Karlovy Vary et Telluride, sort en salles le 11 décembre prochain. L'acteur principal de cette comédie "épistolaire", Irrfa a été décerné au plus international des acteurs indiens, Irrfan Kahn (Slumdog Millionaire, L'Odyssée de Pi).

Autre grand gagnant, Le géant égoïste, qui reçoit le prix du meilleur film, une semaine après avoir raflé trois récompenses au Festival de Dinard. Avec ce doublé, et son prix Label Europa Cinemas à la Quinzaine des réalisateurs, le film britannique de Clio Barnard aborde sa sortie en salles le 18 décembre sous les meilleures auspices.

Enfin, le film allemand (et norvégien) D'une vie à l'autre de Georg Mass réalise un doublé meilleure actrice/prix du public. En salles en avril prochain, ce "mélo-thriller", qui flirte entre le polar nordique et le film engagé germanique, est le représentant de l'Allemagne dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Palmarès complet

- Chistera du meilleur réalisateur : Ritesh Batra pour The Lunchbox
- Chistera du meilleur film : Le géant égoïste de Clio Barnard
- Chistera du meilleur acteur : Irrfan Khan dans The Lunchbox
- Chistera de la meilleure actrice : Juliane Kohler dans D'une vie à l'autre
- Chistera du court métrage : Véhicule école de Benjamin Guillard
- prix du jury jeunes / long : La pièce manquante de Nicolas Birkenstock
- prix du jury jeunes / court : Pour le rôle de Pierre Niney
- meilleur court métrage : Clean de Benjamin Bouhana
et mention spéciale à Pour le rôle de Pierre Niney
- prix du public / long : D'une vie à l'autre de Georg Mass
- prix du public / court : Ce sera tout pour aujourd'hui d'Elodie Navarre

Saint-Jean-de-Luz 2013 : les jeunes réalisateurs passent d’une vie à l’autre, le Festival aussi

Posté par vincy, le 12 octobre 2013

La belle vie

Mensonges et liberté. La sélection des films du Festival international des jeunes réalisateurs est traversée par ces deux thématiques que les "jeunes" cinéastes français et étrangers traduisent en comédie, thriller ou drame avec des personnages solitaires, des couples chaotiques, des familles bancales.

Mais ce qui frappe le plus c'est que tous les personnages de ces films aspirent à une autre vie, et font le choix de provoquer le déclic qui les emmènera dans l'inconnu. Avec Le géant égoïste, deux ados renvoyés de l'école apprennent à appréhender leur avenir. Pour La pièce manquante, un homme doit affronter la disparition de son épouse et mère de leurs enfants. Dans La belle vie, le solaire Sylvain (photo) doit savoir s'il continue à suivre son père dans une vie clandestine et associable ou rejoindre sa mère. Et dans Le sens de l'humour, une jeune veuve ne sait pas comment faire entrer un nouvel homme dans sa vie. D'une vie à l'autre n'est jamais que l'histoire d'une usurpation d'identité : cette femme doit-elle révéler la vérité, quitte à fracasser l'harmonie familiale? Ou encore Attila Marcel, du nom du père de ce jeune homme, silencieux depuis ses deux ans, qui doit explorer sa mémoire pour savoir s'il a un futur, et vivre ainsi pleinement sa vie, et pas celle qu'on lui dicte.

A Saint-Jean-de-Luz, les films montrent à quel point nous sommes enfermés dans nos peurs, aliénés par le monde qui nous entoure, sous l'emprise de gens qui veulent diriger nos vies. Alors ils mentent ou ils se taisent, quitte à mettre leur existence en péril. Tous rêvent de vivre librement, comme ils le veulent, prêts à détruire les liens les plus fondamentaux, amoureux, filiaux ou amicaux. Si les films disposent de gros budgets ou s'ils ont été fabriqués avec une fragile économie, leurs auteurs sont heureux d'avoir pu les aboutir et les montrer à un public venu très nombreux, confirmant la montée en puissance de la manifestation.

Le Festival des jeunes réalisateurs est mort? Vive le Festival de Saint-Jean-de-Luz!

Cette très belle édition, la dix huitième, sera d'ailleurs elle aussi à un carrefour. En effet, dans un élan aussi égotique que destructeur, l'ancien maire de Biarritz, Bernard Marie (le père de Michelle Alliot-Marie) a décidé d'arrêter le Festival. A 95 ans, Bernard Marie aurait pu partir en faisant l'éloge de la jeunesse (colonne vertébrale du Festival), et en transmettant le flambeau. Mais non. Il n’y aura pas de 19e édition en 2014. Cependant il assure qu’un nouvel événement sera organisé : nouveau nom, nouveau concept. Dans un édito titré « End », Marie, président de l’association pour l’Organisation des festivals, explique que "Le thème du Festival des jeunes réalisateurs tel qu’Alain Poiré, Georges Lautner, Claude Pinoteau et moi-même l’avions conçu voici près de vingt ans a changé de style. Il est donc temps que ce festival se retire." L'association, propriétaire du concept depuis le lancement en 1996, aurait pu céder la marque (le concept n'a rien de singulier, il existe de nombreux festivals axés autour des premiers films). Regrettant de ne plus avoir de pouvoir au sein du Festival, Bernard Marie préfère menacer de procès quiconque exploitera cette marque comme ce concept.

Voyons là le verre à moitié plein : l’office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz est devenu le maître d’ouvrage de l’événement (et verse 23 800 euros à l’association de Bernard Marie chaque année,) soit 15 % du budget total de l'événement selon Sud Ouest. Cela fera autant d'argent gagné pour enrichir un Festival qui a encore un fort potentiel. Surtout, en se libérant du "concept", les équipes vont pouvoir imaginer un avenir différent.

C'est l'heure des choix, comme dans les films présentés cette année au cinéma Le Sélect.

Dinard 2013 : Le géant égoïste couronné de trois prix

Posté par kristofy, le 6 octobre 2013

le géant égoiste the selfish giantAu Festival du film Britannique de Dinard, les films en compétition étaient au nombre de 6. Le jury, présidé par Eric Cantona et composé de Fred Cavayé, Hippolyte Girardot, Michael Smiley, Alice Eve, Amanda Sthers, Toby Jones, Natalie Carter et David Parfitt, en a primé trois samedi soir lors de la cérémonie de clôture.

Pour le Hitchcock d’or et les autres prix, Eric Cantona avait en préambule indiqué que la décision de son jury serait forcément subjective et qu’un autre jury aurait pu faire un autre choix. Cependant, pour la récompense suprême, il se révèle que le choix est des plus objectif : le film The Selfish Giant - qui avait déjà remporté le prix Label Europa Cinémas à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier - était meilleur que les autres à plusieurs égards.

Dans l’histoire de Dinard, des films comme Tyrannosaur en 2011, White Lightnin’ en 2009, Boy A en 2008, Dead Man’s shoes en 2004 se sont logiquement imposés au palmarès.  The Selfish Giant est l’histoire de deux garçons d’à peine 15 ans qui vont à  la recherche de divers matériaux (des produits électroménagers, des câbles électriques…) pour les revendre à un ferrailleur. Tous les deux donnent régulièrement un peu de cet argent récolté à leurs parents (pour payer les factures d’électricité). Un garçon Swifty gagne un peu plus d’assurance au contact du cheval qui sert à tirer leur charrette tandis que l’autre Arbor devient de plus en plus insouciant des dangers... Le duo de ces enfants livrés à eux-mêmes joués par les jeunes Conner Chapman et Shaun Thomas ont su émouvoir spectateurs et membres du jury : le film repart avec trois prix.

Le palmarès de cette 24ème édition du Festival du film Britannique :

Hitchcock d’or : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard, avec Conner Chapman et Shaun Thomas
Prix du scénario : Spike Island, réalisé par Matt Whitecross
Prix de l’Image : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard
Mention spéciale : pour les trois interprètes de Everyones going to die : Nora Tschiner, Rob Knighton, Madelinne Dugan

Prix du Public : Titus, réalisé Charliez Ctrall

Prix coup de cœur-La règle du jeu (association d’une quarantaine d’exploitants de salles) : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard

Prix du meilleur court-métrage : Trucs de gosse, réalisé et écrit par Emilie Noblet

A noter que de nombreux films sélectionnés à Dinard n’ont pas encore de distributeurs français (promouvoir ces films britanniques en France est une des missions que se fixe le festival). Cependant The Selfish Giant (Le géant égoïste) sortira en salles le 18 décembre, distribué par Pyramide.