A Time to quit: Joel Schumacher (1939-2020)

Posté par vincy, le 22 juin 2020

Joel Schumacher, né le 29 août 1939, a succombé à un cancer le 22 juin à l^'age de 80 ans.

Considéré avant tout comme un faiseur, doués pour respecter les commandes, le cinéaste, scénariste, producteur a pourtant insufflé un style pop dans des films de genre, dont certains ont connu un beau succès au box office.

Il a débuté au rayon costumes, notamment chez Woody Allen, avant de se lancer au début des années 1980, derrière la caméra. Dès son troisième film, St. Elmo's Fire, avec Emilio Estevez, Rob Lowe et Demi Moore, film générationnel, il séduit le public ado et se fait massacrer par la critique. Génération perdue, film teenager et de vampires, fait davantage consensus.

Touche à tout, il passe ainsi du fantastique au drame en passant par la comédie romantique et le thriller, et même le remake de Cousin, Cousine avec le très raté Cousins. Car Schumacher était un réalisateur inégal.

C'est avec les adaptations de John Grisham qu'il est sans doute le plus appliqué: Le client et Le droit de tuer s'imposent même grâce à lui comme un genre en soi, le thriller légaliste à gros casting (Susan Sarandon, Tommy Lee Jones, Matthew McConaughey, Sandra Bullock, Samuel L. Jackson, Kevin Spacey).

Il est alors choisi par la Warner pour remplacer Tim Burton sur la première franchise Batman. Il réalise donc Batman Forever et Batman & Robin. Les deux films souffrent de l'absence de Michael Keaton dans le rôle du chevalier noir, et, pire, du changement d'acteur pour le personnage principal d'un film à l'autre.

Les génériques restent flamboyants: Val Kilmer puis George Clooney en Batman, Jim Carrey, Tommy Lee Jones, Nicole Kidman, Chris O'Donnell, Uma Thurman, Arnold Schwarzenegger... Il transforme l'univers sombre et macabre de Burton en fantasy colorée et flashy, presque kitsch, avec une ironie pas désagréable et des allusions homosexuelles entre Batman et Robin salutaires (mais décriées à l'époque). Schumacher a tué Batman, il le confesse. Le quatrième film scelle la fin de cette première série de films autour du personnage, alors qu'un cinquième opus était prévue.

Il y a un malentendu autour de sa filmographie, qui est jugée sans personnalité. Si la plupart de ses films ne se distinguent pas des productions hollywoodiennes, Joël Schumacher, qui n'est pas un David Fincher (avec qui il est véritablement ami), a quand même réussi à intégré une forme de subversion et même d'opinions personnelles

Deux de ses films les plus singuliers et les plus intrigants sont à l'opposé de ce style star en costard. Avec Michael Douglas en forcené au bout du rouleau dans Chute libre (en compétition à Cannes) et Colin Farrell en victime d'un chantage moraliste dans Phone Game, il dépeint une Amérique hypocrite, cynique et intrinsèquement violente.

Dans Flawless, comédie dramatique habile et burlesque, il confronte deux monstres, De Niro et Philip Seymour Hoffman, abordant une fois de plus l'identité sexuelle  une amitié improbable entre un ancien flic très conservateur et un travesti plus fantasque. Manière d'affirmer sa propre homoseuxalité et son activisme pour les droits LGBTQI+.

Joel Schumacher fut un cinéaste insaisissable, auteur de séries B sans saveur mais pas forcément sans charme, comme L'expérience interdite (surnaturel), Le choix d'aimer (mélo), 8 millimètres (action, bizarrement en compétition à Berlin), Tigerland (guerre), Bad Company (espionnage), Véronica Guerin (biopic), films souvent dopés par des têtes d'affiche comme Julia Roberts, Nicolas Cage, Joaquin Phoenix, Anthony Hopkins, Cate Blanchett). A chaque fois, il essaie une autre forme de récit  mise en scène, du huis-clos en extérieur au flashback, du snuff movie dopé au buddy movie trans générationnel et interracial.

Durant la dernière décennie de sa carrière, il enchaîne les fiascos, à commencer par l'affreuse adaptation du musical Le Fantôme de l'opéra. Suivent Le nombre 23, Blood Creek, Twelve et Effraction. Ces thrillers du samedi soir, parfois avec quelques stars, ne convainquent plus. Avant sa retraite, il réalise deux épisodes de la première saison d'House of Cards.

Ancien de la mode, fan de David Lean et Lars von Trier, il se plaignait depuis plusieurs années du "lissage" des scénarios, lui qui aimait tant les controverses. Le business a changé, et lui ne voulait plus de cette pression de la rentabilité. Conscient d'avoir atteint largement plus que ses rêves, Schumacher laisse une œuvre un peu baroque, mais surtout le portrait d'une Amérique aussi perdue que frustrée.

Edito: les liaisons de plus en plus amoureuses

Posté par redaction, le 8 septembre 2016

Les rentrées s'entrechoquent: littéraire, musicale, scénique, cinématographique, médiatique et politique. On savait déjà que les livres étaient toujours un matériau riche pour le cinéma (au minimum deux adaptations par semaine). Il est intéressant de constater que le cinéma se décline lui aussi de plus en plus sur la scène. Finalement tout se mélange. Le Fantôme de l'Opéra (à Paris dès le 13 octobre, après trente ans de succès à Londres et New York) est un livre français, un film américain et c'est le spectacle britannique qui est devenu la référence. Réparer les vivants fut un livre qui s'est très bien vendu, avant de devenir un seul-en-scène (actuellement au Théâtre du Rond-Point) et connaît une nouvelle vie au cinéma (le film est sélectionné à Venise). Et que dire de la franchise Harry Potter, devenue "l'univers magique de J.K. Rowling", qui se décline cette année au théâtre (à Londres), en livres (trois nouvelles numériques, la pièce publiée) et en film (premier épisode de la trilogie des Animaux fantastiques).
On s'y perdrait presque.
Le phénomène n'est pas si neuf. Après tout Le Roi Lion a d'abord été un carton au cinéma avant de devenir un phénomène musical. Idem pour Sister Act, Hairspray, Shrek, Mary Poppins, La belle et la bête (qui va être rebooté en "live-action")...
Mais le phénomène s'accentue. Actuellement, Avatar a été transformé par Le Cirque du Soleil : Toruk promet un spectacle dans l'univers de Pandora. On nous annonce Moulin Rouge! sur les planches d'ici deux ans (avec l'accord de Baz Luhrmann). Mais surtout Amélie, d'après Le Fabuleux destin d'Amélie Poulin, en comédie musicale là aussi, pour le printemps 2017. Pour la saison 2017/2018, pas moins de douze films ou livres déjà adaptés pour le cinéma seront transposés en pièces de théâtre ou comédies musicales à Broadway. La plus attendue sera évidement La Reine des neiges.

En France, on avait déjà eu le droit à Kirikou, Sur la route de Madison, La maman et la putain, Un singe en hiver, Le bal des vampires (par Polanski himself), etc... Désormais ce sont Les Choristes, la hit de Christophe Barratier, qui va être transposé en spectacle musical, mis en scène par le réalisateur lui-même. Lever de rideau le 23 février 2017. Et à la Comédie-Française, après son triomphe à Avignon, c'est l'adaptation du film de Visconti, Les Damnés qui fait l'événement de cette rentrée.

Trouple entre littérature, cinéma et théâtre

On voit bien que cinéma et théâtre entretiennent de plus en plus leur flamme amoureuse. On pourrait aussi se désoler de constater un manque d'originalité ou d'inspiration à vouloir chercher la recette qui peut fonctionner. Autant le cinéma a sa réputation de vampire, suçant livres, théâtre et histoires vraies. Autant le théâtre ne nous avait pas habitué jusque là à ce genre d'usages. Pourtant, regardons bien les affiches: Le rouge et le noir, Le fantôme de l'opéra, Oliver Twist, Notre-Dame de Paris. Tous ces spectacles musicaux de la rentrée sont issus de bouquins populaires et étudiés à l'école. Tous ont aussi été déclinés au cinéma. Alors pourquoi ne pas pousser la chansonnette sur une histoire que tout le monde connaît? Il y a une part d'inceste artistique, certainement. Une ambition amoindrie pour limiter les risques, assurément.

Cependant, si on est assez objectif, qui peut dire lequel Roi Lion est le meilleur, le Disney ou le Broadway? Comment avez-vous découvert Les Misérables entre le pavé d'Hugo, le mastodonte musical milliardaire et les différentes adaptations audiovisuelles? Cela prouve surtout que les bonnes histoires ne meurent jamais.

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Le fantôme de l’Opéra va hanter le théâtre Mogador cet automne

Posté par cynthia, le 21 janvier 2016

Comédie musicale à succès, Le fantôme de l'Opéra sera au théâtre du Mogador à partir d'octobre 2016, succédant ainsi aux versions françaises de classiques comme Le Roi Lion (d'après le film), Cabaret (comme le film), Mamma Mia (qui donna un film), Sister Act (qui s'inspira du film), Le Bal des Vampires (transposition du film éponyme par son metteur en scène Roman Polanski) ou actuellement Cats (aucun lien avec le cinéma pour le coup).

Vu par plus de 140 millions de spectateurs, ce qui en fait le 2e spectacle musical le plus vu dans le monde, Le Fantôme de l'opéra, adaptation du roman de Gaston Leroux (Le mystère de la chambre jaune et Le parfum de la dame en noir, qui furent adaptés) arrive pour la première fois sur le sol Français avec une toute une nouvelle production.

Roman publié en 1910 d'après des rumeurs sur l'Opéra Garnier, il est devenu un des livres les plus vendus mais surtout l'un des plus déclinés dans le monde: bandes dessinées, comédies musicales ou encore adaptations cinématographiques, dont celle de Brian de Palma, Phantom of the Paradise, en 1974 et la version cinématographique de la comédie musicale réalisée par Joel Schumacher en 2004. Cinq autres films ont été réalisés à partir de cette histoire faustienne, dont celui de Terence Fisher pour la Hammer en 1962 et celui de Dario Argento en 1998.

Le Fantôme de l'Opéra n'est plus une histoire à présenter. La comédie musicale d'Andrew Lloyd Webber souffle son 30ème anniversaire cette année. Pour l'occasion, le théâtre Mogador ouvrira en octobre 2016 ses portes au fantôme le plus mystérieux du show-biz. Mais la billetterie sera ouverte dès le 14 février.

Miss Saigon enfin sur grand écran?

Posté par vincy, le 30 octobre 2009

miss saigonPaula Wagner, l'ancienne associée de Tom Cruise, a jeté son dévolu sur l'un des plus gros triomphes de la comédie musicale de ces trente dernières années : Miss Saïgon. Ne lésinons pas sur les qualificatifs de ce Mme Butterfly version Guerre du Vietnam. Avec Cats, Les Misérables, Le Fantôme de l'opéra et Le Roi Lion, il s'agit de l'un des spectacles les plus joués à Londres comme à New York. De toute l'histoire de Broadway, il est même le dixième spectacle le plus longtemps joué sur scène, sans interruption. Le rôle principal masculin avait été créé par le comédien Jonathan Pryce.

Ironie de l'histoire, ce spectacle créé en 1989, composé et écrit par les français Claude-Michel Schonberg et Alain Boublil (déjà auteurs des Misérables) n'a jamais été traduit en français pour être joué en France.

Cela fait des années qu'une transposition au cinéma est en gestation. Lee Daniels a été engagée pour le réaliser. La cinéaste de Precious a confirmé qu'il s'agissait d'une de ses éventuelles perspectives pour son prochain film. La production envisage de tourner le film au Cambodge et au Vietnam. Il restera à trouver le casting.

Il reste à enrôler un scénariste. Wagner, qui vient de créer sa structure, Chestnut Ridge Prods., espère sortir le film pour les fêtes de 2011 ou en 2012. Avec des fortunes diverses, des hits scéniques comme Chicago (300 millions de $ au B.O. mondial), Le fantôme de l'opéra (155 millions de $) ou Rent (32 millions de $ seulement) ont déjà été adaptés. Les Misérables attend son heure... depuis 1992.