Le cinéma Le Brady a 60 ans

Posté par vincy, le 27 août 2016

On parle souvent de cinémas qui ferment, de quelques multiplexes en projets ou qui ouvrent. Et si, pour une fois, on célébrait l'anniversaire d'une salle emblématique, atypique et toujours debout?

Le Brady n'a pas d'allure vu de l'extérieur. Seul cinéma dans son quartier à Paris, coincé entre les théâtres et les coiffeurs ethniques, sur un boulevard (Sébastopol) où il n'y a aucune grande marque de fringues ni Starbucks, mais des vieux troquets, le Brady est un survivant sur une quatre voies urbaine où l'on ne s'arrête jamais.

Né le 25 juin 1956, Le Brady propose alors 300 places dans le populaire Xe arrondissements (et dans le seul quartier de cet arrondissement qui a encore ce côté populaire). A l'époque, ce sont les séries B, films d'aventures, comédies et westerns qui attirent un public familial.

Mocky avait besoin d'une salle pour diffuser ses films

Pour survivre à l'arrivée de la télévision et des grandes chaînes comme Gaumont, le Brady devient un cinéma spécialisé dans les films d'horreur dans les années 1960. Déjà underground. Les amateurs d'épouvante cohabitent avec les marginaux et les premiers recalés de la crise pétrolière.

"En travaillant au Brady comme projectionniste au tout début des années 2000, j'ai assisté à la fin d'un phénomène né dans les années 1970. J'ai eu envie de comprendre : comment des clochards en arrivent-ils à dormir dans une salle de cinéma ? ", raconte Jacques Thorens dans Le Brady. Cinéma des damnés (Verticales).

Métamorphose

Le Brady décline alors lentement. La consommation de cinéma évolue. les multiplexes naissent, les salles se rénovent. Le Brady reste dans son jus. Authentique. Le réalisateur Jean-Pierre Mocky en devient propriétaire il y a 22 ans pile-poil. Il ajoute une deuxième salle, toute petite (39 fauteuils), pour offrir des programmations plus audacieuses. Durant seize ans, Mocky dirigera ce cinéma culte.

Il cède cependant le cinéma en 2010 au programmateur de la salle, Fabien Houi, qui engage un lourd chantier de rénovation. Le Brady n'est plus la vieille salle un peu miteuse d'autrefois. Ici, on peut y voir des films "officiellement" sortis de l'affiche, mais qui en fait continue leur carrière à raison d'une ou quelques séances par semaines. La grande salle (qui ne compte que 100 places désormais) peut désormais servir de salle de spectacle. Du blockbuster au film restauré, en passant par des films pour la jeunesse et des cycles (comme Bollywood) ou des festivals (comme celui du cinéma turc, en plein quartier turc, c'est assez logique), le Brady s'est diversifié et résiste au formatage.

Évènements et célébrations

Pour son anniversaire, le cinéma s'est offert une exposition à la nouvelle Médiathèque Françoise Sagan (elle aurait aimé), toute proche, "Le Brady, 60 ans de projection", qui a lieu jusqu'au 18 septembre. A partir du 16 septembre, les vendredis et samedis soir, pour accompagner la sortir de Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, film adapté d'une pièce de Jean-Luc Lagarce, sera jouée une pièce de l'auteur, Derniers remords avant l'oubli.