Cannes 2015: Carte postale d’Hongrie

Posté par vincy, le 15 mai 2015

cinema budapest hongrie
Le cinéma et la Hongrie, c'est une histoire de passion. Avec ses hauts et ses bas. Des cinéastes qui ont brillé dans les Festivals du monde entier, à l'instar d'István Szabó, Béla Tarr ou Miklós Jancsó, des figures historiques comme William Fox, le fondateur de la 20th Century Fox, Adolph Zukor, le findateur de la Paramount, Alexander Korda, qui a donné son nom au prix BAFTA du meilleur film britannique de l'année. Voilà pour les sommets. En ce moment, cela ressemble plutôt au calvaire: un pouvoir politique qui a pris la main sur l'industrie et les institutions (donc choisissant les films qu'il veut financer), production en baisse, cinéastes en exil ou en révolte, ... Tout ne va pas très bien à Budapest.

La Hongrie a été l'un des premiers pays a découvrir les films des frères Lumière en 1896. Avant même l'avènement du parlant, le cinéma hongrois était déjà très structuré: salles de cinéma, studios de tournages, formations... Mais l'Histoire s'en est mêlée. L'exode des grands talents vers le Royaume Uni et les Etats-Unis, puis la tutelle de l'URSS ont transformé le 7e art hongrois.

A Cannes, quelques cinéastes ont continué à transmettre l'héritage d'un cinéma à l'identité très forte. Márta Mészáros, Grand prix du jury, prix de la mise en scène, Miklós Jancsó, prix de la mise en scène, István Szabó, prix du jury et prix du scénario, Pal Erdoss et Ildiko Enyedi, tous deux Caméra d'or... Mais tout cela remonte aux années 70-80. Pourtant, les cinéastes de la nouvelle génération sont rarement oubliés en sélection officielle: György Pálfi, Kornel Mundruczo (Grand prix Un certain regard l'an dernier), Béla Tarr...

Cette année, c'est même un premier film qui a les honneurs de la compétition. Hélas, cette bonne nouvelle masque une réalité beaucoup plus dure. Moins de 20 films sont réellement tournés chaque année. Les salles art et essai disparaissent ou sont très fragiles et empêchent la diffusion de la plupart d'entre eux. La part de marché des films hongrois est anémique. Ce cinéma autrefois grand ne compte désormais que sur une poignée de passionnés, et sur les festivals internationaux, pour exister face à un pouvoir qui veut contrôler la culture et les médias.

Hommage à Bernadette Lafont à la Cinémathèque française en présence de Catherine Deneuve

Posté par vincy, le 14 décembre 2013

catherine deneuve serge toubianaVendredi soir, la Cinémathèque française lançait son week-end "Hommage" à Bernadette Lafont, disparue l'été dernier. le président de la Cinémathèque Serge Toubiana, visiblement ému, confessait : "Je regrette de ne pas avoir rendu cet hommage à Bernadette avec elle. Rétrospectivement, c'est une évidence. Bernadette c'est une enfant de la Cinémathèque, une enfant de la cinéphilie." Bulle Ogier, Claudie Ossard, Françoise Lebrun, Jean-Pierre Léaud, Alexandra Stewart étaient présents.

Et puis il y avait Catherine Deneuve. Car pour ce premier soir, la Cinémathèque avait décidé de présenter Zig-Zig du cinéaste Laszlo Szabo, où la blonde Catherine et la brune Bernadette incarnent un duo sublime de chanteuses-danseuses-arnaqueuses dans le Montmartre du début des années 70. Une comédie policière extravagante, une farce un peu sombre où les paumés et les flics, les putes et les rockeurs, les gens de la haute et les rêveurs se mélangent pour le meilleur et pour le pire. Le film idéal pour célébrer la mémoire de cette actrice iconoclaste. Cette tragi-comédie, dotée de situations absurdes très drôles, de dialogues hilarants, illumine les deux comédiennes, magnifiques, et traduit une alchimie rare au cinéma. Deneuve avoue son admiration pour son ancienne partenaire : "C'était une partenaire formidable, pleine d'énergie, de drôlerie, de truculence. Dans mon coeur ce sera toujours une amie." On se demande comment Deneuve a ressenti la projection de Zig-Zig (malgré une copie passablement usée, hélas). Elle ne laissera rien paraître. A la fin de la projection, après avoir signé quelques autographes, elle fonce fumer une de ses longues cigarettes avant de s'engouffrer dans une berline noire dans l'hiver pluvieux parisien. Il est loin le temps de Zig-Ziguer...

zig zig lafont deneuveToubiana a également lu un texte de Brigitte Bardot et invité Bernard Bastide sur scène. Bastide est le co-auteur de Bernadette Lafont, une vie de cinéma, paru fin octobre aux éditions nîmoises Atelier Baie. "C'est un beau livre, avec une âme, une parole, une vibration, parce que Bernadette Lafont s'est confiée longuement" a expliqué Toubiana. Bastide se rappelle lui avoir proposé de faire ce grand livre d'images il y a quelques années. Durant deux ans, ils se voyaient régulièrement toutes les semaines. Elle lui a ouvert ses archives : des lettres inédites de Truffaut - "C'est une locomotive lancée à toute vapeur" disait-il de la comédienne - des photos rares, ... Elle gardait tout, mais elle n'était tournée que vers l'avenir... Ponctué d'hommages de différents cinéastes, Toubiana choisit celui d'Alexandre Astruc, écrit en 1971 : "Une sainte et un phénomène de foire, une martyre et une femme canon". Singulière, comme Arletty ou Fernandel.

Les films projetés dans le cadre de l'hommage du 13 au 15 décembre:
Zig-Zig - Laszlo Szabo
Une belle fille comme moi - François Truffaut
La Fiancée du pirate - Nelly Kaplan
La Maman et la putain - Jean Eustache
Personne ne m'aime - Marion Vernoux
Toutes les informations et tout le programme