Huit films en lice pour le Prix Louis-Delluc

Posté par vincy, le 24 novembre 2010

Huit films ont été sélectionnés par le jury du prix Louis-Delluc pour succéder à Un prophète, de Jacques Audiard. Le Beauvois apparaît comme grand favori, mais Polanski et Amalric peuvent jouer les troubles-fête. Notons que cinq films de la liste étaient sélectionnés à Cannes.

Le prix sera décerné le 17 décembre à Paris, ouvrant ainsi la saison des prix cinématographiques en France.

- Carlos d'Olivier Assayas dans sa version longue. Hors-compétition à Cannes

- Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac. Quinzaine des réalisateurs.

- Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Grand prix du jury à Cannes.

- Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz. Festival de Toronto.

- La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. Compétition à Cannes.

- The Ghost Writer de Roman Polanski. Ours d'argent du meilleur réalisateur à Berlin.

- Tournée de Mathieu Amalric. Prix de la mise en scène à Cannes.

- White Material de Claire Denis. Compétition à Venise (en 2009).

Par ailleurs, six films ont été retenus pour le prix Louis-Delluc du premier film:

- Belle Epine de Rebecca Zlotowski.

- Domaine de Patrick Chiha.

- Gainsbourg (Vie héroïque) de Joann Sfar.

- Une exécution ordinaire de Marc Dugain.

- Un poison violent de Katell Quillévéré.

- La vie au ranch de Sophie Letourneur.

La Vie au Ranch : un bordel acide et candide

Posté par kristofy, le 12 octobre 2010

L’histoire : Pam a 20 ans. Sa bande de copines se retrouve toujours sur le canapé du Ranch, l'appart qu'elle partage avec Manon. Discuter, boire, fumer, danser : c'est de leur âge, mais arrive le moment où l'on a besoin de s'échapper du groupe pour tracer son chemin.

Notre avis : C’est un joyeux bordel qui étonne et qui détonne. La vie au Ranch est un premier film dont la fraîcheur avait été remarquée à Cannes où il avait été découvert dans la sélection de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), dont la programmation soutient des nouveaux talents, au style singulier.

Le tout début donne le ton du film : la caméra navigue dans une fête et l’on découvre une bande de jeunes un peu "bébêtes" et des nanas un peu "fofolles". Ces ados nous ressembl(ai)ent forcément un peu, ils sont d’autant plus naturels qu’ils se parlent les uns sur les autres dans un sympathique brouhaha. Le Ranch est en fait un appartement partagé en colocation par un groupe de copines, elles sont un peu étudiantes et peu studieuses, ce qui compte c’est de sortir ailleurs et de se retrouver ensuite à l’appart.

Cette vie au Ranch déroule une succession de saynètes qui couvrent plusieurs mois, le film ayant d’ailleurs été tourné en plusieurs fois avec des interruptions. Les filles du ranch sont des actrices débutantes qui sont plus naturelles que n’importe quelle jeune première du cinéma français, et c’est cette spontanéité qui donne tout son charme au film. Ces comédiennes improvisent assez librement d’après la trame indiquée par la réalisatrice qui laisse tourner la caméra. Elle obtient ainsi certaines scènes où parfois, dans le cadre, une comédienne est fausse pendant un instant au milieu des autres en train de se lancer des répliques ou même une autre qui s’empresse de remettre en place son t-shirt qui a glissé trop bas. Ces imperfections inhabituelles participent à l’énergie du film. Chaque moment veut saisir un instant de vie (authentique ?) presque comme si la caméra était simplement témoin de ce qui se passe.

La réalisatrice Sophie Letourneur arrive habilement à enchaîner des moments futiles improbables (une discussion cinéphile sur Hong Sang-Soo ou les bavardages d’un groupe de musique) et des passages plus vrais que nature (pipi dans la rue entre deux voitures et insultes aux voisins grincheux). Le spectateur partage ainsi autant les délires ridicules que les secrets intimes de ces filles. En même temps qu’on apprend à les connaître, on découvre leurs peines de cœur et aussi que leurs liens d’amitié sont fragiles au moment où il s’agit de devenir (ou pas) plus adulte. La vie au Ranch serait à la fois une caricature de jeunes filles bobos bien dans leurs baskets et une peinture d’adolescentes qui ne savent pas sur quel pied danser.