L’enfant-cheval : un attelage au symbolisme éprouvant

Posté par MpM, le 3 mai 2009

enfantcheval.jpg"Quelle chance de gagner un dollar par jour !"

L’histoire : Dans un village d’Afghanistan, un jeune handicapé mental est engagé par une riche famille pour porter sur son dos leur fils qui n’a plus de jambes. Il se tisse entre les deux une relation de maître-esclave faite de domination, d’humiliation et de cruauté.

Ce que l’on en pense : Samira Makhmalbaf (sur un scénario écrit par son père Mohsen, qui est également crédité en tant que monteur) revient au cinéma avec un film parlant une nouvelle fois de l’Afghanistan d’aujourd’hui. Cette fois-ci, elle pose un regard mi-réaliste, mi-onirique sur deux enfants dépendant l’un de l’autre pour survivre dans une société parfaitement indifférente à leur sort. Si sa démarche est captivante, sa mise en scène est malheureusement insupportable. Plans interminables sur les membres mutilés du jeune handicapé, visage déformé et bafouillant filmé au grand angle, répétition de séquences mettant en parallèle le sort de l’enfant-cheval et d’un jeune poulain venant de naître… La jeune réalisatrice iranienne s’empêtre dans un symbolisme appuyé qui lui font perdre de vue subtilité et justesse.

Ainsi, elle dépeint un milieu si parfaitement dépourvu d’empathie, d’entraide et de dignité que le misérabilisme envahit chaque scène et chaque dialogue. Cette séquence où la petite mendiante court derrière le fils du riche pour ramasser les piécettes qu’il jette rappelle d’ailleurs celle de La pomme, où un jeune garçon faisait pareillement courir des petites filles derrière une pomme accrochée à un bâton. Est-ce là le destin des personnages de Samira Makhmalbaf que d’être perpétuellement manipulés et trompés, traités comme des animaux à qui l’on peut faire faire des tours ? Le pire est probablement qu’il ne s’agit pas tant de cruauté gratuite que de l’unique mode de communication que les personnages maîtrisent : derrière chaque brimade se cache en effet la nécessité de mendier quelque-chose, qu’il s’agisse d’argent, d’aide, de pouvoir ou tout simplement d’affection. L’espoir, lui, semble irrémédiablement hors de portée.