Koji Wakamatsu (1936-2012) : sa vie était un roman

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

Il y a un an, Angelopoulos était mort après avoir été renversé par un motard (voir actualité du 25 janvier 2012). Le réalisateur japonais Koji Wakamatsu est décédé mercredi soir, renversé par un taxi. A 76 ans, le producteur de l'Empire des sens venait de remporter le prix du Réalisateur asiatique de l'année. au 17e Festival international du film de Busan (BIFF), en Corée du sud.

En mai dernier, il avait présenté Le jour où Mishima a choisi son destin à Cannes (Un certain regard), "biopic" peu consensuel sur l'écrivain et ses aspirations nationalistes qui l'ont conduit à une fin tragique. En septembre, Venise avait projeté son dernier film, The Millennial Rapture, adaptation du roman de Kenji Nakagami, Mille ans de plaisir.

Wakamatsu a vécu un destin peu commun : emprisonné durant sa jeunesse bagarreuse, il rejoint les Yakuza. Pour leur compte, il surveille les plateaux de tournage de cinéma. Tendance extrême-gauche (autant dire révolutionnaire au Japon, le réalisateur était engagé dans une vision du monde plutôt opposée à la ligne officielle de son pays. Il commence sa carrière avec des films érotiques. Prince du pinku eiga, il se tournera ensuite vers des films plus sociaux et politiques.

Produisant à bas-coût tous ses films, là encore en marge du système japonais, il conservera une grande liberté tout au long de sa carrière. Artiste rebelle, il n'en a pas moins été reconnu et consacré, primé à Berlin et à Tokyo pour United Ted Army. Il a également aidé de nombreux cinéastes à leurs débuts, comme Banmei Takahashi, Genji Nakamura et Kan Mukai.

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voir aussi notre portrait publié lors du Festival de Cannes 2012

Cannes 2012 : Qui est Koji Wakamatsu ?

Posté par MpM, le 25 mai 2012

La vie de Koji Wakamatsu mériterait un film à elle seule : tour à tour yakuza, réalisateur de films érotiques (les fameux pinku eiga japonais) et cinéaste politique radical encensé dans les festivals internationaux, cet artiste japonais né en 1936 a à son actif plus d’une centaine de films… et quelques démêlés avec la justice du fait de sa sympathie pour l’extrême gauche japonaise et la cause palestinienne.

Son cinéma porte logiquement la marque d’un tel engagement, et s’avère parcouru par la question de la domination, qu’elle soit sociale, sexuelle ou étatique. On trouve en effet dans ses films des personnages humiliés, violés, séquestrés ou encore torturés, à l’image de la jeune femme de Quand l’embryon part braconner, qui devient l’esclave sexuelle de son supérieur hiérarchique.

Dès ses débuts, le jeune cinéaste utilise ainsi le prétexte du pinku eiga pour aborder les thèmes qui lui sont chers comme l’impuissance de l’individu, la déliquescence de la société ou la perversion du pouvoir. Au milieu des années 60, il fonde sa propre maison de production et s’abstrait du cinéma pink pour se concentrer sur des films d’avant-garde, tournés sans moyens, dans l’urgence, et dans une radicalité furieuse. C’est de cette époque que datent notamment Les anges violés (qui suit un homme passant du statut de voyeur impuissant à celui de meurtrier féroce) et Sex Jack (racontant comment un groupe d’étudiants révolutionnaires contraints à la réclusion tuent le temps en fumant, en buvant et en faisant l’amour), tous deux présentés à la Quinzaine des Réalisateurs en 1971.

En 1972, Koji Wakamatsu réalise L’extase des anges, un brûlot anti-système sur la faction armée d'un groupe révolutionnaire qui sombre dans le terrorisme individuel. Le film lui vaut d’être inquiété par la police, qui le soupçonne d’autant plus d’intentions terroristes qu’éclatent peu après les excès réels d’un groupe de jeunes révolutionnaires impliqués dans une prise d’otages sanglante. Ces événements, qui signèrent la fin de l’extrême gauche japonaise, sont d’ailleurs à l’origine de l’un des films les plus célèbres de Wakamatsu, United Red Army, réalisé 25 ans plus tard.

Peu à peu, le cinéaste tourne moins. Il s’oriente vers des œuvres que lui-même qualifie de "plus commerciales" et "moins érotiques", même s’il revendique toujours leur aspect politique.

Après la présentation d’United Red Army à Venise en 2008, qui marque son retour au plan international, Koji Wakamatsu tourne Le soldat Dieu, l’histoire d’un soldat de la deuxième guerre mondiale qui rentre chez lui après avoir perdu ses deux bras et ses deux jambes. Incapable de bouger ou même de s’exprimer, il est une charge permanente pour sa femme, contrainte de s’occuper de lui avec l’abnégation et l’humilité due à un héros de cette trempe...  Le film est présenté à Berlin, où il vaut un Ours d'Argent de la meilleure actrice à son interprète Shinobu Terajima. Il prouve surtout que Wakamatsu n’a pas perdu la main lorsqu’il s’agit de dénoncer les absurdités de la société japonaise et de mettre à mal les fondements du système. On est d’autant plus impatient de découvrir son nouveau brûlot, 11.25 the day he chose his own fate, inspiré des derniers jours de la vie de l'écrivain japonais Yukio Mishima, et présenté dans la section Un certain Regard.

Paris Cinéma s’ouvre au pays du Soleil levant

Posté par Morgane, le 10 avril 2010

paris cinémaPour cette 7e édition, qui se tiendra du 3 au 13 juillet 2010, la compétition, les hommages et les avant-premières de  Paris Cinéma s'accompagneront d'une plongée au cœur du cinéma japonais après s’être penché, les années précédentes, sur les cinémas brésilien, coréen, libanais, philippin et turc.

Le MK2 Bibliothèque proposera un panorama contemporain avec une quarantaine de films (courts, longs, documentaires) de ces trois dernières années ainsi que des rencontres avec leurs réalisateurs et acteurs. Ce panorama fera également un petit retour au sein des années 80 par le biais de quelques films rares considérés comme des œuvres incontournables.

Cette année est aussi celle du centenaire de la naissance du grand maître Akira Kurosawa. C’est donc l’occasion pour (re)découvrir son œuvre durant l’hommage qui lui sera rendu à la Cinémathèque française.

Sadao Yamanaka sera également à l’honneur, cinéaste mort en 1938 et plutôt méconnu en France. Sur la vingtaine de films qu’il a réalisés, seuls trois ont survécu et seront alors projetés à la Maison de la Culture du Japon.

Koji Wakamatsu sera quant à lui présent au Forum des Images où il présentera une sélection de ses films.

Shinobu Terajima, qui a reçu l’Ours d’argent de la meilleure actrice au dernier Festival de Berlin pour sa prestation dans le Soldat de Dieu, sera à l’honneur au MK2 Bibliothèque.

Le CentQuatre accueillera les 10, 11 et 12 juillet trois projections événementielles autour du thème Histoires de fantômes japonais.

Alors à tous les adeptes du cinéma japonais et à tous ceux qui souhaitent le découvrir, je dirai juste mata né