Au Forum des Images, la contamination fait son cinéma

Posté par kristofy, le 15 décembre 2014

Le Forum des Images à Paris organise depuis mercredi et jusqu'au 25 janvier une synthèse des films autour du thème de la Contamination : « De la peste au péril atomique, en passant par le fantasme des zombies ou des extra-terrestres, la peur de la mort collective rebat les cartes du jeu social. Exclusion, mise en quarantaine, paranoïa, chasse au coupable, fuite et instinct de survie constituent un matériau cinématographique des plus riches pour des cinéastes de tous genres et de toutes époques. »

C’est une large sélection de plus de 80 films à (re)découvrir en décembre et janvier, mais aussi des invités pour des conférences avec le public. C’est donc l’occasion de rattraper quelques classiques sur grand-écran: Nosferatu de Murnau (1922), Vaudou de Jacques Tourneur (1943), La nuit des morts-vivants (1968) de Romero, Rage de David Cronenberg (1977), Alien (1979) de Ridley Scott, Le loup-garou de Londres de John Landis (1981), The Thing de John Carpenter (1982), Epidemic de Lars Von Trier (1987), Kids de Larry Clark (1995), Trouble every day de Claire Denis (2001), Jellyfish de Kiyoshi Kurosawa (2003), Shaun of the dead de Edgar Wright (2004), Isolation de Billy O’Brian (2006), The Host de Bong Joon-ho (2006), Bug de William Friedkin (2006), Les témoins de André Téchiné (2007), Morse de Tomas Alfredson (2008), Phénomènes de Shyamalan, Thirst de Park Chan-wook (2009), District 9 de Neil Blomkamp (2009), Monsters de Gareth Edwards (2010), Contagion de Soderbergh (2011), Antiviral (2012), Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée (2013), Grand Central de Rebecca Zlotowski (2013), Under the skin de Jonathan Glazer (2013), Pandémie de Kim Seong-su (2013)…

Plusieurs films rares seront à ne pas rater dans la salle de cinéma comme L’ile des morts de Mark Robson (1945), L’homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957), Le sang du Vampire de Henry Cass (1958), Le masque de la mort rouge de Roger Corman (1964), Mensonge avec Nathalie Baye (1993), et quelques documentaires aussi La terre de la folie de Luc Moullet (2009), La part du feu de Emmanuel Roy (2013), Et maintenant? rappelle-moi de Joaquim Pinto (2013).

Presque chaque semaine une conférence prendra presque la forme d’un cours de cinéma : ‘William Friedkin, le mal par le mal’ (vendredi 19 décembre, 18h30), ‘de l’invisible à l’invasion: le cinéma de Kiyoshi Kurosawa’ (vendredi 23 janvier, 18h). A noter que William Friedkin vient de publier ses Mémoires en France. Friedkin Connection, Mémoire d'un cinéaste de légende (La Martinière) revient sur sa vie, son oeuvre et surtout sur sa vision d'Hollywood, pas tendre.

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Cycle Contamination au Forum des Images
Du 10 décembre au 25 janvier.
Renseignements sur le site de la manifestation

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Kiyoshi Kurosawa, Catherine Breillat, Gwyneth Paltrow, Jim Jarmusch

Posté par vincy, le 18 mai 2014

marché du film - cannes

- Kiyoshi Kurosawa va tourner en France. Une première pour le cinéaste japonais. Grâce aux Productions Balthazar, il va réaliser La femme de la plaque argentique, avec des comédiens français. Le film, dont le tournage est prévu pour la fin de l'année, est une histoire de fantômes, autour d'un jeune chômeur embauché comme assistant d'un photographe de mode...

- Chemin inverse pour Catherine Breillat qui va aller tourner au Japon en 2015 Bridge of Floating Dreams, son premier film en langue anglaise dont elle n'est pas l'auteur. Il s'agit d'une rencontre sensuelle et charnelle entre un voyageur australien et une japonaise, 20 ans après le bombardement d'Hiroshima.

- Gwyneth Paltrow et Chewitel Ejiofor (12 Years a Slave) vont être réunis dans le remake du film Dans ses yeux, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2009 et énorme succès en Argentine. Le film sera réalisé par Billy Ray (Capitaine Phillips, Hunger Games). Le tournage est prévu cet automne. Paltrow reprendra le rôle de Soledad Villamil et Ejiafor celui de Ricardo Darin.

- Jim Jarmusch, en compétition à Cannes l'an dernier avec Only Lovers Left Alive, sorti en février dans les salles françaises, prépare un documentaire sur le groupe d'Iggy Pop, The Stooges. Ce projet qui lui tient à coeur depuis longtemps retracera l'ensemble de leur carrière et le contexte dans lequel ils ont émergé. Pour l'instant, le projet est en phase de recherche de financements. Et selon les informations de Screen, c'est plutôt bien parti.

Deauville Asia 2014 : Hommage à l’actrice Malani Fonseka

Posté par kristofy, le 6 mars 2014

Malani FonsekaA l’est, il y a du nouveau : toujours la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde mais aussi les Philippines, le Kazakhstan, l’Indonésie, l’Iran… Ce sont en tout cas les pays d'où viennent les films en compétition lors de ce 16e Festival du film asiatique de Deauville, qui se tient jusqu'au 9 mars. Parmi les concurrents, il y a des premiers films qui rivaliseront avec ceux de réalisateurs ayant déjà été sélectionnés à Cannes, comme Ugly de Anurag Kashyap (Gangs of Waeeypur) et Mater Dolorosa de Adolfo B. Alix Jr (Death March).

Pour remettre à l’un d’eux le lotus d’or 2014, le jury est composé des actrices Roxane Mesquida et Florence Loiret-Caille, du réalisateur et scénariste Gilles Marchand, du comédien Samir Guesmi, du producteur René Bonnell et du réalisateur Rachid Bouchareb, sous la houlette de la réalisatrice Claire Denis comme présidente.

En ouverture, Deauville a rendu hommage à une grande dame du cinéma du Sri-Lanka, dont les films sont souvent méconnus, qui célèbre cette année ses 50 ans de carrière : Malani Fonseka. Depuis son premier film en 1968, elle figure au générique de plus de 150 films sri-lankais. Elle a également produit et réalisé 3 longs-métrages.

Pour l’occasion, le festival permet de voir un choix de trois films qu’elle considère comme emblématiques de trois générations différentes de cinéastes sri-lankais : Le trésor de Lester James Peries (1972), Les wasps sont arrivés de Bambaru Avith (1978) et Les fleurs du ciel de Prasanna Vithanage (2010).

Par ailleurs, les festivaliers présents à Deauville attendent la venue des réalisateurs Hideo Nakata pour la première de Monsterz et Tsai Ming-Lang pour Les chiens errants, qui recevront eux-aussi un hommage en présentant leur derniers films, et Kiyoshi Kurosawa déjà venu pour présenter Real.

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16e Festival du film asiatique de Deauville
Du 5 au 9 mars 2014

Programme et informations sur le site de la manifestation

Venise 2012 : Shokuzai, la série de Kiyoshi Kurosawa

Posté par kristofy, le 30 août 2012

shokuzaiLe cinéaste Kiyoshi Kurosawa a été plusieurs fois célébré cette année notamment avec la projection de l’ensemble de ses films qu’il avait accompagné au Festival Asiatique de Deauville (actualité du 11 mars 2012) et à la Cinémathèque Française, c’était aussi l’occasion de découvrir ses films inédits destinés à la télévision.

Kiyoshi Kurosawa est donc de retour à Venise, hors compétition, avec Shokuzai. Il s’agit d’une mini-série qui fut diffusée d'abord sur une chaine de télé japonaise : une durée de 5 heures sur 5 épisodes. Shokuzai est une adaptation d’un roman de Kanae Minato sur les conséquences d’une tragique affaire survenue 15 ans auparavant et qui relie cinq femmes…

La petite Emiri arrive dans une école comme nouvelle élève, alors qu’elle joue avec quatre autres fillettes ; un homme s’approche et demande que l’une d’elles vienne l’aider dans le gymnase : c’est la petite Emiri qui y va. Ses quatre amies vont la retrouver morte, et elle sont les seules à avoir vu le visage de l’homme (que même le spectateur n’a pas vraiment vu) mais, choquées par cet assassinat, elles ne peuvent pas décrire le suspect. La maman d'Emiri ne leur pardonne pas que le meurtrier soit en fuite  et leur promet qu’elles devront expier leur faute…

Episode 1 : Poupée de France

Sae rencontre le fils d’une grosse société qui lui propose le mariage, elle lui confie qu’elle n’a jamais eu ses règles et qu’elle ne peut avoir d’enfant. Lui l’aime comme une poupée du genre qu’il volait enfant, il veut la protéger du monde extérieur et la garder enfermée pour lui… Sae qui refusait intimement de grandir en souvenir du meurtre d'Emiri s’arrange avec cette perversité, mais ses premières règles vont arriver …

Episode 2 : Réunion extraordinaire des parents d’élèves

Maki est devenue une institutrice qui pratique le kendo, elle est tellement sévère qu’elle reçoit des réprimandes des parents et du directeur. Un jour à la piscine un intrus fait peur à ses élèves. Elle va les défendre en le frappant violemment à coups de bâton, elle est alors remerciée pour son courage et son acte de bravoure. Son collègue et ami le prof de sport qui la défendait quand elle subissait des reproches est cette fois en disgrâce et suspendu pour avoir été lâche. Lors d’une réunion, elle va expliquer les vraies raisons de sa violence avant d’en être victime…

Episode 3 : La famille ours

Akiko se retrouve en prison. Depuis le meurtre, elle vivait toujours chez ses parents comme une ourse sauvage, sans rien faire. Un jour son frère arrive avec sa nouvelle compagne (qui a déjà une petite fille d’une précédente union). Akiko s’ouvre peu à peu au contact de cette fillette. Alors que pour la première fois Akiko s’habille et se maquille en femme pour faire des courses en ville, elle va surprendre son frère proche d’une collégienne et va le soupçonner d’attouchement sur la fillette à laquelle elle est attachée. Cette fois Akiko ne va pas rester sans rien faire…

Episode 4 : Les 10 mois et 10 jours

Yuka a vécu dans l’ombre de sa grande soeur malade qui prend toute l’attention de leur mère. Yuka est maintenant fleuriste. Il y a toujours eu une relation bizarre entre les deux sœurs, la grande s’arrange pour avoir ce que voulait la petite. Sa grande sœur a épousé un charmant policier, ce qui était le désir de Yuka, mais ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Yuka va séduire ce policier et coucher avec lui, elle sera enceinte. Un jour Yuka reconnaît à la télévision la voix du meurtrier d’il y a 15 ans. Elle veut négocier cet indice avec la mère de la défunte petite Emiri…

Episode final : Expiation

Après que Sae, Maki, Akiko et Yuka se soit absoutes de leur pénitence, la mère de Emiri est enfin sur les traces du meurtrier de sa petite fille 15 ans plus tard. Elle va se rendre compte malheureusement que celui-ci ne lui est pas inconnu et l’horreur de la vengeance apparaîtra…

A travers le destin de ces cinq femmes qui 15 ans après un fait divers sordide se découvrent un nouveau visage, le réalisateur Kiyoshi Kurosawa explore de nouveau certains de ces thèmes de prédilections comme l’angoisse, le deuil, la perversité et la complexité des rapports humains. Shokuzai concentre ce qui fait la richesse des ses autres films à tel point que la série peut se voir comme 5 histoires différentes ou comme un long film de 5 heures de Kiyoshi Kurosawa qu’il faut ne pas manquer de découvrir.

Venise 2012 : un programme chargé (et varié) hors-compétition

Posté par vincy, le 27 juillet 2012

Mira Nair en ouverture. Jean-Pierre Améris en clôture. Venise 2012 saura satisfaire également les paparazzis, les cinéphiles et les journalistes avec des stars, des oscarisés et des grands noms du cinéma mondial. Et un film de 270 minutes (4h30 donc) de Kiyoshi Kurosawa dans le menu! (* 3 films ont été ajoutés le 7 août)

L'homme qui rit de Jean-Pierre Ameris. Avec Gérard Depardieu, Marc-André Grondin, Christa Theret, Emmanuelle Seigner. Clôture.

Love is All You Need de Susanne Bier. Avec Pierce Brosnan, Trine Dyrholm, Sebastian Jessen, Molly Blixt Egelind.

Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer. Avec Jean-Pierre Bacri, Isabelle Carré, Kristin Scott Thomas.

Sur un fil de Simon Brook. Avec Peter Brook, Yoshi Oida, Shantala Shivalingappa, Marcello Magni

Enzo Avitabile Music Life (docu) de Jonathan Demme.

Tai Chi de Stephen Fung. Avec Yuan Xiaochao, Angelababy, Eddie Peng, Tony Leung Ka-fai, William Feng, Shu Qi.

Lullaby to My Father de Amos Gitai. Avec Yael Abecassis, Jeanne Moreau, Hanna Schygulla, Keren Gitai, Ben Gitai.

Shokuzai (Penance) de Kiyoshi Kurosawa. Avec Kyoko Koizumi, Yu Aoi, Eiko Koike, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki.

Bad 25 (documentaire) de Spike Lee.

The Reluctant Fundamentalist de Mira Nair. Avec Riz Ahmed, Kate Hudson, Kiefer Sutherland, Liev Schreiber, Martin Donovan. Ouverture.

O Gebo e A Sombra de Manoel de Oliveira. Avec Michael Lonsdale, Claudia Cardinale, Jeanne Moreau, Leonor Silveira, Ricardo Trêpa, Luís Miguel Cintra.

The Company You Keep de Robert Redford. Avec Robert Redford, Shia LaBeouf, Julie Christie, Richard Jenkins, Susan Sarandon, Stanley Tucci, Nick Nolte.

Shark (Bait 3D) de Kimble Randall. Avec Xavier Samuel, Sharni Vinson, Julian McMahon, Adrian Pang.

Disconnect de Henry-Alex Rubin. Avec Alexander Skarsgård, Michael Nyqvist, Jason Bateman, Andrea Riseborough.

Du hast es versprochen (Forgotten) d'Alex Schmidt.

The Iceman de Ariel Vromen. Avec Michael Shannon, Winona Ryder, Chris Evans, Ray Liotta, James Franco.

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Séances spéciales :

Anton's Right Here (docu) de Lyubov Arkus.

It was better tomorrow (docu) de Hinde Boujemaa.

Clarisse (docu) de Liliana Cavani.

Sfiorando Il Muro (docu) de Silvia Giralucci et Luca Ricciardi.

Carmel (2009) de Amos Gitai.

El Impenetrable (docu) de Daniele Incalcaterra et Fausta Quattrini.

Witness : Libya (docu) de Michael Mann.

Medici con l'Africa (docu) de Carlo Mazzacurati.

Come voglio che sia il mio futuro ? de Ermanno Olmi.

Convitto Falcone de Pasquale Scimeca.

La nave dolce (docu) de Daniele Vicari.

Deauville Asia 2012 : Kiyoshi Kurosawa à l’honneur et en masterclass

Posté par kristofy, le 11 mars 2012

Le cinéaste Kiyoshi Kurosawa a gagné une reconnaissance internationale à la fin des années 90, à un moment où il s’agissait pour lui presque d’une renaissance en tant que réalisateur. En effet, bien que méconnu avant cette époque, il avait déjà signé une dizaine de films lorsque le monde entier découvre Cure en 1997.

C'est à 28 ans qu'il réalise son premier long métrage, Kandagawa Wars, mais son début de carrière est rapidement freiné par les problèmes de distribution qui touchent le deuxième, The excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl. Il continue cependant à tourner des films et autres épisodes de série télé tout en enseignant le cinéma à la Film School of Tokyo. En 1997 arrive Cure, avec celui qui deviendra son acteur fétiche Kôji Yakusho. Par la suite, chacun de ses films sera sélectionné à Cannes, Berlin ou Venise, et presque tous seront distribués en France.

Le Festival asiatique de Deauville lui rend donc hommage cette année en proposant de revoir ses films les plus connus : Cure, License to live, Charisma, Kaïro, Retribution et Tokyo Sonata. Une rétrospective plus complète de ses films (par exemple Doppelgänger qui est peut-être son meilleur) est prévue à la Cinémathèque Française du 14 mars au 19 avril. C’est d’ailleurs Jean-François Rauger, directeur de programmation de la Cinémathèque, qui a rendu hommage sur scène à Kiyoshi Kurosawa. « Après Cure ses autres films ont transformée notre intuition en certitude : Kurosawa allait faire sortir la notion de cinéma de genre de ses propres limites. Ses plans sont chargés d’une terreur concrète où le danger peut surgir hors-champ, ils distillent une angoisse profonde chez le spectateur. Ce que traque le cinéma de Kiyoshi Kurosawa, avec notamment la contamination, c’est la pulsion de mort d’un Japon à l’imminence de sa disparition. Il pose la question de ce que devient l’Homme lorsqu’il disparaît au profit de sa propre empreinte. Kiyoshi Kurosawa, vous êtes un grand artiste moderne. »

Kiyoshi Kurosawa a alors reçu sa statuette avec ces remerciements : « Cela fait plusieurs décennies que je fais des films, avec parfois des conditions de production ou de distributions difficiles, je suis ému que mes efforts reçoivent cet hommage ici en France. Je me considère plus comme un espoir par rapport à certains réalisateurs vétérans comme Clint Eastwood, Woody Allen, Roman Polanski, Abbas Kiarostami... mais ce genre d’hommage m’autorise à faire du cinéma avec eux en première ligne. J’ai la ferme intention de continuer à réaliser des films, et j’espère d’ailleurs vous proposer de découvrir le prochain très bientôt ».

Kiyoshi Kurosawa par lui-même

Lors de sa masterclass publique, le réalisateur a évoqué à la fois le début de sa carrière et quelques-unes de ses influences. Après avoir montré quelques extraits de es films, il a ensuite abordé plus précisément son travail de mise en scène et les thèmes de ses films. Voici un condensé des échanges :

A propos de ses premiers films des années 80-début années 90 (avant sa reconnaissance internationale avec Cure en 1997) :

C’est difficile de porter un regard rétrospectif sur mon travail. Au début j’ai eu un peu comme une envie de me rapprocher des films dont j’appréciais la mise en scène, autant les films américains de Richard Fleisher que les films français de Jean-Luc Godard. Par exemple, pour Godard je trouvais que certains de ses films étaient assez complexes et très divers, sa façon d’utiliser le cadre et le son m’intéressait. On pouvait y voir parfois un montage un peu osé ou non-conventionnel, la musique pouvait arriver ou s’arrêter de manière inopinée. L’art de la transition, c’est quelque chose d’important. Mais j’ai laissé Godard de côté pour aussi m’imprégner de films américains et aussi des films de yakuzas japonais. Ceci dit, j’ai commencé à réaliser des films du genre plutôt pink-eiga (érotique soft), et aussi d’autres films directement pour le marché vidéo. Je suis Japonais et le plus important était de m’inscrire dans le cinéma japonais avec mon propre langage. C’est ce que je me suis attaché à faire avec chacune de mes réalisations.

A propos de la tradition des fantômes japonais et de ses codes au cinéma :

Dans plusieurs de mes films, j’ai un questionnement quant à comment mettre en images la mort, et montrer un fantôme à l’écran est une façon de parler de la mort. Dans tel film, c’est juste une apparition, dans un autre le personnage  peut toucher le fantôme comme une entité physique palpable. La figure du fantôme est un être effrayant pour le personnage de l’histoire qui le voit, et aussi pour le spectateur. Mais je me détourne du cliché où le personnage hurle en agitant les bras dans tous les sens. Dans mes films, le sujet a comme première réaction souvent de s’affaisser sur lui-même, de tomber à l’intérieur en quelque sorte. Le fantôme qui apparaît traduit surtout un trouble mental chez le personnage qui lui fait face. Ce désordre mental est quelque chose de presque essentiel dans la vie qui n’est pas une ligne droite parfaite.

A propos du choc des meurtres inattendus ou violents :

Je veux filmer les scènes violentes de manière la plus réelle possible. Quand quelqu’un se fait tirer dessus, le sang coule de manière crédible, et c’est un défi de rendre ça en seul plan-séquence sans coupe. Je tiens à la crédibilité de l’image pour susciter une plus grande réaction du spectateur. Un réalisateur ne peut pas se contenter de tirer le meilleur parti de ses acteurs. Tourner un plan difficile qui demande un travail particulier à l’équipe est quelque chose d’essentiel. Par exemple, un assistant doit actionner au bon moment un tuyau au bout de la jambe de l’acteur pour déclencher un écoulement de sang à l’autre bout du tuyau caché dans son cou. Le montage peut être très commode pour ce genre de scène mais c’est aussi une façon de duper le spectateur en quelque sorte. Je préfère couper le moins possible et allonger la durée d’un plan. Un film doit toucher le spectateur de manière directe et frontale.

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A noter : Kiyoshi Kurosawa vous donne rendez-vous pour une autre masterclass à la Cinémathèque Française le jeudi 15 mars prochain.

Le Festival du film asiatique de Deauville s’offre Wang Xiaoshuai

Posté par vincy, le 10 février 2012

Le festival du film asiatique de Deauville, (7-11 mars) a dévoilé sa sélection avec 11 films en compétition et deux rétrospectives.

On notera la présence du nouveau film de Wang Xiaoshuai, 11 fleurs. Le cinéaste, souvent sélectionné dans les grands festivals : Une famille chinoise et Beijing Bicycle (Grand prix du jury) à Berlin, Shanghai Dreams (prix du jury) et Chongqing Blues à Cannes, After War (Lépoard d'or / vidéo) à Locarno, ... 11 fleurs, film destiné à un public familial, a été présenté aux festivals de Toronto, Pusan, Tokyo, à celui des Arcs également, et il y a deux semaines à celui de Rotterdam.

Sinon, outre de nombreux premiers films, parmi lesquels Mourning, prix de la Critique au Festival de Pusan, Deauville s'offre aussi The Sun-beaten Path, présenté à Locarno et primé au Festival de Vancouver, Baby Factory, lui aussi dans le palmarès de Vancouver.

On note aussi la présence d'Himizu, du japonais Shion Sono, prix Marcello Mastroianni au dernier Festival de Venise pour les deux jeunes comédiens. Il s'agit de l'adaptation du manga homonyme de Minoru Furuya. Depuis ce film, le réalisateur a filmé Kenkichi, prévu pour sortir en salles au Japon cette année.

En compétition:

  • The Sun-beaten Path (Chine/Tibet) de Sonthar Gyal
  • 11 Fleurs (Chine) de Wang Xiaoshuai
  • Beautiful Miss Jin (Corée du Sud) de Jang Hee-chul
  • Death is my profession (Iran) d’Amir Hossein Saghafi
  • Mourning (Iran) de Morteza Farshbaf
  • Himizu (Japon) de Sono Sion
  • Saya Samouraï (Japon) de Hitoshi Matsumoto
  • Jhoole lal! (Noor) (Pakistan/France) de Cagla Zenciri et Guillaume Giovanetti
  • Baby Factory (Philippines) d’Eduardo Roy Jr.
  • I Carried you home (Thaïlande) de Tongpong Chantarangkul

Deauville accueillera aussi deux rétrospectives sont au programme : le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa, à qui la Cinémathèque française rend également hommage du 14 mars au 19 avril, et le réalisateur thaïlandais très esthétisant Pen-ek Ratanaruang, avec, en avant-première, son nouveau film, Headshot.

La Cinémathèque française, voyages à Métropolis et chez Tim Burton

Posté par vincy, le 28 août 2011

Pour l'année 2010/2011, la Cinémathèque française va nous en mettre plein les yeux. Après le triomphe de l'exposition Stanley Kubrick (un record de 140 000 visiteurs!), la Cinémathèque proposera des voyages autour du monde : USA, Italie, Japon, Outre-mer, Estonie, Japon, Hong Kong, Israël, Egypte, Argentine,...

Voici un choix non exhaustif et subjectif de la part de la rédaction : les 7 événements à ne pas manquer.

Blake Edwards (24 août -17 octobre) : le prince de la comédie américaine élégante récemment disparu (voir actualité du 16 décembre 2010)a les honneurs d'une rétrospective, qui voit défiler la Panthère rose, Boire et déboires, The Party, La grande course autour du monde, Le jour du vin et des roses, S.O.B., Victor Victoria et le mythique Diamants sur canapé.

Shirley Maclaine (29 août - 5 septembre) : hommage à l'une des reines du cinéma américain, conjointement à celui du Festival de Deauville. La soeur de Warren Beatty reste l'une des rares comédiennes à avoir su traverser les époques. Au programme, Bienvenue Mister Chance, Comme un torrent, La garçonnière, Irma la Douce, Mais qui a tué Harry? (un Hitchcock délicieux), Tendres passions, La rumeur...

Metropolis (19 octobre -29 janvier) : le film culte de Fritz Lang avait fait l'objet d'une projection en plein air Porte de Brandebourg lors de la Berlinale 2010. Voici l'exposition qui était, à l'époque, au Musée du cinéma de Berlin, à la fois making of du film et de sa restauration. A cela s'ajoutera une rétrospective Fritz Lang, des conférences (dont l'une sur l'invention du décor), une lecture, un cycle Cités futuristes (d'Akira à Total Recall), une sortie DVD de Metropolis et deux livres (Fritz Lang au travail, Metropolis). / voir aussi notre actualité du 13 février 2010

Steven Spielberg : avec deux films cette année, la Cinémathèque ne pouvait pas passer à côté du cinéaste. Pour Cheval de guerre, une rétrospective, qui sera inaugurée en sa présence, est prévue. Spielberg lancera ainsi les festivités de ses 40 ans de cinéma (Duel), en attendant un livre-anthologique prévu avant l'été.

Alain Cavalier : le succès de Pater légitime d'autant plus le cycle qui lui sera consacré au printemps. Le cinéaste libre fera une "conversation informelle" avec les cinéphiles et permettra de (re)découvrir ses oeuvres intimes souvent passées inaperçues, mais aussi ses films "plus classiques" qui ont bâti sa réputation. Il sera là tous les jours pour dialoguer avec le public.

Tim Burton (7 mars 2012) : première étape de la tournée mondiale de l'exposition lancée au Museum of Modern Art de New York avec succès (700 000 visiteurs!), "L'art dans tous ses états" sera l'un des événements culturels de l'année. Toutes les facettes de l'artiste seront dévoilées : photographe, illustrateur, scénariste, ... le décor sera encore au coeur de cette exposition phare qui revisitera ses films et son univers. Une Master class avec Burton est programmée, en plus de l'intégrale des films et d'une carte blanche!

Bernardo Bertolucci : l'un des derniers géants du cinéma italien mérite cette rétrospective. En sa présence, "il maestro" reviendra sur cet itinéraire peu conformiste, son engagement politique et social... il parlera aussi sans doute de son nouveau film en 3D, moins d'un an après sa Palme d'or d'honneur à Cannes (voir actualité du 11 mai 2011).

et aussi : la France de l'outre-mer au cinéma, le cinéma fantastique français, les 100 ans du cinéma estonien, un hommage à Nanni Moretti (en sa présence), la musique de films avec Gabriel Yared, une rétrospective Robert Altman, une histoire du cinéma égyptien, un cycle Kiyoshi Kurosowa, Serge Daney... et un colloque international sur le cinéma numérique les 13 et 14 octobre ("Quel avenir pour les Cinémathèques?").

Le douce musique des Asian Film Awards pour Tokyo Sonata

Posté par vincy, le 25 mars 2009

kiyoshi kurosawa jia zhang keLes 3e Asian Film Awards ont fait triompher le cinéma japonais. Pourtant les comités de sélections, les membres d'honneurs et le jury étaient principalement chinois. Cependant, même Les 3 Royaumes, avec ses trois nominations, n'a pas pu résister au tsunami nippon le 24 mars. Après deux éditions qui ont sacré principalement le cinéma sud coréen, les Japonais ont connu leur heure de gloire.

Tokyo Sonata, qui vient de sortir en France, est le grand vainqueur de la soirée : meilleur film et meilleur scénario pour Kiyoshi Kurosawa (en photo avec Jia Zhang-ke). D'autres talents japonais ont été récompensés : le réalisateur Hirokazu Kore-eda (Still Walking) et l'acteur Masahiro Motoki (Departures, Oscar du meilleur film étranger), le musicien Joe Hisaishi (Ponyo sur la falaise).

Les autres films marquants de l'année ont reçu des lots de consolation. Les 3 Royaumes de John Woo avec le prix des meilleurs effets visuels, The Equation of Love and Death avec le prix de la meilleure actrice (Zhou Xun), Forever Enthrilled avec le prix du meilleur espoir (Yu Shao-qun), Resurrection of the Dragon avec le prix du meilleur décor ont sauvé l'honneur de la Chine.

Avec Departures et Tokyo Sonata, la sélection du festival de Cannes a brillé grâce à quatre autres prix : meilleure photo (Tulpan), meilleur second rôle féminin (Gina Pareno dans Serbis) et deux coréens, cinématographie humiliée de la soirée, avec le meilleur second rôle masculin (Jung Woo-sung dans Le bon la brute le cinglé) et le meilleur montage (The Chaser).

A noter que Ponyo sur la falaise était aussi nommé dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur.

LE visage du cinéma japonais

Posté par MpM, le 17 mars 2008

Koji YakushoMême si son nom ne vous dit absolument rien, vous connaissez forcément Kôji Yashuko, grand brun ténébreux au visage comme taillé à la serpe et au regard insondable, pour l'avoir vu jouer chez les plus grands. L'ancien détenu ayant apprivoisé une anguille dans la palme d'or éponyme de Shohei Imamura ? C'est lui. Le chauffeur de bus traumatisé par une prise d'otage dans Eureka de Shinji Aoyama ? Encore lui. Le père d'une adolescente sourde et muette dans Babel d'Alejandro Inarritu ? Toujours lui. Et l'on ne vous parle pas de Mémoires d'une geisha de Rob Marshall ou de Shall we dance ? de Masayuki Suo qui l'a propulsé sur le devant de la scène en 1996...

Bien entendu, cet acteur éclectique et trouble est également connu pour être l'acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa avec lequel il a tourné presque une dizaine de fois depuis 1997 : Cure, Charisma, Kairo, Doppelganger... il promène sa silhouette ambigüe et inquiétante dans les plus grands succès du réalisateur. Et même lorsque le film est raté, lui conserve son élégance lointaine, son mystère nonchalant.

Voilà sans doute pourquoi le festival du film asiatique de Deauville avait-il décidé cette année de lui rendre hommage. Une demi-douzaine de ses films étaient projetés au cours de la manifestation, et une courte cérémonie lui a été consacrée, au cours de laquelle il a déclaré qu'un tel honneur lui donnait du courage pour ses prochains films. C'était d'autant plus gentil de sa part que contrairement au compositeur Joe Hisaichi, dont le panégyrique a été réalisé par Alexandre Desplats lui-même, ou au réalisateur Jia Zhang-Ke, honoré par Jan Kounen, aucune personnalité n'était là pour lui servir un petit compliment bien senti.