9473 artistes sur une liste noire du Président sud-coréen

Posté par vincy, le 21 octobre 2016

A peine le Festival du film de Busan terminé, malgré les menaces qui pèse sur lui (lire notre article du 17 août dernier), c'est un autre scandale politico-cinématographique que révèle le quotidien national Hankook Ilbo. Le président sud-coréen Park Geun-hye aurait créé une liste noire d'artistes qui ne soutiendraient pas son gouvernement.

Ainsi les cinéastes Park Chan-wook (Old Boy, Mademoiselle), Kim Jee-woon (Age Of Shadows) et Ryoo Seung-wan (Veteran), ou encore les acteurs Song Kang-ho (Snowpiercer), Kim Hye-soo (Coin Locker Girl) et Park Hae-il (The Host) se retrouvent dans un document d'une centaine de pages comprenant 9473 artistes. La liste du Président aurait été envoyée au ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme en mai 2015, accompagnée d'une requête: ces artistes ne devront pas recevoir de soutiens financier et logistique.

Tout cela a fait évidemment grand bruit. Le député et ancien poète Do Jong-hwan a rendu public des transcriptions de conversations au Conseil des Arts de Corée du Sud, où, clairement, l'existence de la liste noire est connue.

Bataille politique

Les artistes ainsi pointés du doigt par le Président ont en commun d'avoir protesté contre le gouvernement après le scandale du naufrage du ferry Sewol (ce même scandale qui menace actuellement les dirigeants du Festival de Busan), ou d'avoir soutenu le rival du Président, Moon Jae-in, lors de la campagne électorale en 2012, ou encore d'avoir soutenu le maire de Séoul, Park Won-soon, lors de son élection en 2014.

Le gouvernement a répliqué à travers l'agence de presse officielle Yonhap en expliquant que cette liste n'était qu'un agrégat de documents douteux compilés ensemble à partir d'autres documents déjà rendus publics. Par ailleurs, dans un pays où le cinéma est une industrie prospère et un motif de fierté nationale, ce même gouvernement a rappelé que ces artistes avaient, malgré tout, reçu des aides publiques.

Les partis d'opposition ont demandé une enquête et souhaitent en faire une arme politique pour destituer un Président très contesté.

Venise 2016: Sorrentino, Zlotowski, Falardeau, Jacquot, Loznitsa et Fuqua hors compétition

Posté par vincy, le 28 juillet 2016

La 73e édition du Festival de Venise, du 31 août au 10 septembre, a dévoilé sa sélection officielle, et donc les films hors-compétition et en séances spéciales. Au canadien Villeneuve en compétition, on peut ajouter la présence de son compatriote Philippe Falardeau (actuellement à l'affiche avec Guibord s'en va-t-en guerre), lui aussi avec un film américain, quelques blockbusters hollywoodiens, dont le remake des Sept mercenaires qui fera aussi l'ouverture du Festival de Toronto. Le dernier film de Benoît Jacquot, adaptation d'un roman de Don DeLillo, côtoie, en séances spéciales cette fois Planétarium de Rebecca Zlotowski, boudé par les sélections cannoises. Lily Rose-Depp et Natalie Portman devraient faire sensation. L'Asie reprend quelques couleurs avec un thriller sud-coréen attendu et un manga japonais. le plus surprenant reste l'avant-première de la série TV pour HBO The Young Pope, réalisée par Paolo Sorrentino.

Séances spéciales :

The Young Pope (épisode 1 et 2) de Paolo Sorrentino
Planetarium de Rebecca Zlotowski  Séance spéciale

Fictions :

The Bleeder de Philippe Falardeau
The Magnificent Seven d’Antoine Fuqua
Hacksaw Ridge de Mel Gibson
The Journey de Nick Hamm
A jamais de Benoît Jacquot
Gantz :O de Yasushi Kawamura (Japon) film d’animation
Miljeong (The Age of Shadows) de Jee woon Kim
Monte d’Amir Naderi
Tommaso de Kim Rossi Stuart

Documentaires :

Our War de Bruno Chiaravalloti, Claudio Jampaglia, Benedetta Argentieri
I called him Morgan de Kasper Collin
One more time with feeling (3D) de Nick Cave
Austerlitz de Sergei Loznitsa
Assalto al cielo de Francesco Munzi
Safari d'Ulrich Seidl
American Anrchist de Charlie Siskel

Premières claques au Festival européen du film fantastique de Strasbourg

Posté par matthieu, le 18 septembre 2012

Le 5e festival européen du film fantastique de Strasbourg a commencé la semaine avec When the lights went out, un long-métrage inspiré d'un fait réel survenu dans le Yorkshire dans les années 1970, présenté comme une des plus grandes histoires de poltergeist connues d'Europe, histoire à laquelle s'est retrouvée liée la famille du réalisateur Pat Holden.

Dès son début, le film affiche une certaine élégance dans sa photographie et s'attache à restituer l'ambiance visuelle de l'époque, tant par les vêtements, les coupes, que par la situation économique du pays. Le cinéaste présente une famille anglaise, bourgeoise et huppée, occupant une belle maison. Ce n'est pas la crise qui va venir les éreinter mais une histoire de fantôme errant dans leur demeure. Chacun réagira alors de différentes manières face aux événements qui surviennent.

Le casting est remarquablement bien choisi et aucun acteur - pas même en second rôle - ne fait défaut. Le long métrage ne perd jamais de temps, jalonné de scènes d'épouvante, tantôt efficaces par les bruitages, tantôt trop soulignées par ces mêmes bruitages. On retient au final une oeuvre plutôt réussie.

Doomsday book signe le grand retour de Kim Jee-woon, le réalisateur d'I saw the devil entre autres, aux côtés de on acolyte Yim Pil-Sung pour cette oeuvre composée de trois moyens-métrage. Le segment du milieu, le seul de Kim Jee-woon, s'avère être le plus intéressant.

Outre son indéniable pédanterie, le robot dans l'univers bouddhiste est une idée originale. Le fait que l'on voue un culte à ce robot déclaré comme étant Bouddha offre de multiples réflexions sur la relation qu'entretient l'homme avec l'esprit et la matière. Surtout, cela conduit à un spectacle visuel singulier avec ce robot au centre du cadre de ce temple somptueux. D'une manière sous-jacente, et quoique ce segment se compose d'un abus de verbiages explicites, il fait la relation entre Dieu et la robotique, la perfection que les deux peuvent signifier pour l'homme et qui subissent le même destin de destruction, étant perçus comme un danger.

Les deux autres parties, sortes de série B délirantes, fonctionnent plutôt bien elles aussi, mais sont plus inégales. Reste une ironie bien fichue et un sens correct, quoiqu'excessif, de la dérision.

Pour finir la journée, Antiviral du fils Cronenberg, déjà vu à Un certain regard à Cannes et prix nouveau talent du cinéma canadien à Toronto, se révèle complètement fou et conceptuel, autant dire qu'il va déchaîner les passions et recevoir tout aisément des avis très divers dans la même veine que les films de son père, dont le style se retrouve beaucoup ici.

Choisissant de s'installer dans un un futurisme - pas si éloignée - dans laquelle le star système aurait explosé au point que les maladies de celles-ci se vendent comme des petits pains, Antiviral ose déjà la subversion par son portrait d'une société complètement malade, au sens propre du terme. Pas vraiment hermétique non plus, le film reste extrêmement froid, en cause : une mise en scène hyper clinique dans un univers paroxysmique qui exalte la perfection de la beauté pour faire vendre tout et n'importe quoi.

Antiviral est donc à la fois une réelle proposition de cinéma sans concession mais également un film interminable puisqu'arrive l'inévitable instant où l'on décroche pendant une bonne partie du film. La faute à un protagoniste (à l'image de Pattinson dans Cosmopolis) glacial et qui nous laisse de côté pendant une grande partie de l'histoire, avant de sombrer, heureusement, dans une folie prenante, joué avec ardeur par Caleb Landry Jones, qui en met vraiment plein la vue dans le dénouement.

Force est de constater qu'il s'en dégage quelque chose d'unique doublé d'un exercice de style assez maitrisé. Brandon dans les pas de David?

Deauville Asia 2011 : rencontre avec Kim Jee-Woon

Posté par kristofy, le 13 mars 2011

I saw the devilKim Jee-Woon était déjà venu à Deauville pour A Bittersweet Life, il avait d’ailleurs remporté le prix Action Asia. Son nouveau film I saw the devil a gagné la plupart des prix du dernier festival fantastique de Gérardmer, il sortira en salles sous le titre J’ai rencontré le diable (photo de gauche).

Le 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville organise un regard sur le travail de Kim Jee-woon en proposant l’intégralité de ses six films  ainsi qu'une master-class avec le public.

Les festivaliers ont été ravis de l’avant-première de J’ai rencontré le diable. En un mot : de l’ultra-violence, certes, mais qui passe car filmée avec une pointe d’exagération, ajoutée au retour de l’acteur Choi Min-Sik dans peut-être son rôle le plus impressionnant, ce qui donne un nouveau chef d’œuvre de film noir. Comme dans la plupart de ses films, Kim Jee-woon se saisit d’un genre pour en détourner les règles ou pour les dépasser.

Moments choisis de la rencontre avec le réalisateur coréen (photo de droite) :

Un réalisateur par accident

A un moment de ma vie je n’avais aucun emploi depuis longtemps, je me suis séparé de ma petite copine, j’ai eu un accident de Kim Jee wonvoiture et je devais donc trouver de l’argent. J’ai écrit un scénario que j’ai envoyé à un concours, et il a été choisi et primé. Je ne l’avais pas écrit pour devenir réalisateur de film mais pour gagner un peu d’argent pour l’accident que j’ai causé. Ce scénario était tellement particulier qu’on m’a proposé de le réaliser, et c’est devenu The Quiet family. C’est après que le cinéma m’est devenu aussi indispensable que l’air que je respire, ça m’empêche de me suicider et de manger seul tous les jours.

Un esthète de l’image…

Quand j’étais petit j’aimais dessiner des bandes-dessinées, ce qui n’est pas considéré comme un métier. Mon père avait déchiré mes dessins et je recomposais tout comme du montage. A la place d’une toile, je dessine en quelque sorte sur des écrans. Quand je fais des films, j’ai quelques références photographiques. Pour Deux sœurs par exemple, c’était une photo de deux filles de dos, main dans la main dans une prairie. Ce qui m’intéressait, c’était avant et après cette image fixe. Dans la photo, rien ne se dégageait de sombre ni de triste, mais c’est ce j’ai imaginé. Pour A Bittersweet life, c’était un tableau de Edgar Hopper où il y avait un homme de dos seul, et c’est presque un film sur le dos d’un homme…

Un univers esthétique et sensoriel…

Deux soeursLe storyboard, pour moi, est une base, une route pour que les voitures roulent. Mais je m’imprègne de tous les éléments du décor et de la lumière, accessoires et costumes,  pour organiser sur le moment mes cadres. Ce qui relie comédie et horreur, ce sont des choses imprévisibles qui arrivent. Finalement c’est assez sain. Dans le thriller comme dans l’horreur, l’important c’est de préparer le spectateur avec quelques bases, j’amène le suspense, on sait que quelque chose va arriver, le battement de cœur se fait de plus en plus vite. La vitesse est intimement liée à l’arrivée du suspense, que ce soit la vitesse d’un mouvement de caméra ou la durée d’un plan. Pour Deux sœurs (photo de gauche), le suspense ne vient pas de la petite fille qui tremble de peur mais de ce qui se passe hors cadre qu’on ne voit pas. Le mise en scène, c’est surtout ce qui ce passe dans le cadre et hors cadre. Pour A Bittersweet life, c’est comment utiliser l’espace en apportant quelque chose de nouveau. Au lieu de se battre avec une matraque, c’est plutôt un bâton en feu. La caméra qui est fixée dans une scène au personnage ou à la voiture en mouvement ça apporte quelque chose de nouveau et d’inhabituel. Darren Aronofsky l’a fait dans Requiem for a dream. Un bon réalisateur est quelqu’un qui cherche toujours les problèmes, à résoudre avec son équipe et ses acteurs.

Des influences occidentales et orientales…

Pour A Bittersweet life, c’est Jean-Pierre Melville et un peu Kill Bill, pour Le Bon la brute le cinglé (photo de droite), ce sont les western de Sergio Leone et les arts martiaux asiatiques (nda : une adaptation non-avouée du film Shanghai Express de Sammo Hung ?). Les westerns, c’est des actions lentes, un genre de plus en plus distant avec le public d’aujourd’hui, ma version avec Le Bon la brute le cinglé est un western "kimchi" qui redynamise ce genre. On voulait des scènes d’action très spectaculaires mais on n’avait pas le matériel hollywoodien, pas de flying-caméra alors la caméra était portée par le caméraman qui suivait les acteurs dans leurs cascades dans les airs. Ce n’est pas un visuel lisse comme Spiderman, c’est plus brut et en même temps plus intéressant.

Un projet de film américain…

Mon prochain film devrait être The Last stand, le projet est lancé avec un studio américain et avec l’acteur Liam Neeson, son agenda est très chargé alors ce n’est pas sûr. J’imagine que si les Américains m’ont appelé c’est pour mon style. J’ignore si je devrais me battre pour imposer ce que je veux, on verra comment ça évolue. Je change de genre parce que je m’ennuie et pour explorer un bittersweet lifeautre genre, en fait j’ai soif de me débarrasser du film que je fais pour aller vers un autre. Quand je tournais Deux sœurs je voulais faire un film d’homme alors j’ai réalisé A Bittersweet life (photo de droite), c’est un film avec beaucoup de choses intériorisées et j’ai eu envie d’extérioriser et j’ai fait Le Bon la brute le cinglé, après je voulais revenir à une explorations de tourments intérieurs et voila J’ai rencontré le diable.

I saw the devil…

A propos des scènes de violence, j’essaie de faire en sorte que le spectateur ne se détourne pas une seconde, le secret réside dans ce qui lie une séquence à une autre. En Corée, j’ai eu quelques problèmes de restrictions pour l’exploitation du film à propos de la violence de certaines scènes et la sortie du film a dû être repoussée. J’ai rencontré le diable c’est aussi ma réaction aux autres films de vengeance où ça ne va pas jusqu’au bout, avec un côté moral du personnage qui réalise la vanité de sa vengeance ou qui sauve son âme… Dans mon film, au contraire, on voit qu’il devient un monstre en chassant un autre monstre.

___________________

J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon
avec Choi Min-Sik et Lee Byung-Hun
sortie française prévue le 6 juillet

Crédit photo : Christophe Maulavé

En Asie, les films locaux sont rois

Posté par vincy, le 26 juillet 2008

Tandis que le dernier Miyazaki domine allègrement le box office japonais, un Chinois et un Sud Coréen font de même, respectivement, dans leur pays.

Pour son retour sur le sol chinois, John Woo et son épopée historico-patriote et guerrière, Red Cliff, a remporté la bataille. C'est la première fois, cependant, que Woo produit et réalise un film en Chine "continentale". En mettant K.O. le pourtant populaire Kung-Fu Panda, il a battu les records de recettes pour un premier jour (2,5 millions d'euros) et pour un week-end de démarrage (10 millions d'euros en 4 jours, contre 4,8 pour Kung-Fu Panda).

Dans la voisine Corée du Sud, dont le marché est bien plus mature, le jouissif Le Bon, La Brute et le Cinglé, sorte de western-dumplings ou western-noodles, selon les goûts, présenté hors-compétition à Cannes, a réalisé un démarrage tout aussi tonitruant. 400 000 spectateurs le jour de sa sortie, soit le double du précédent record, détenu par... Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal. En moins de deux mois, le record est donc tombé. 2,2 millions de spectateurs se sont précipités en trois jours pour voir cette épopée divertissante, battant ainsi le record de Public Ennemy 2 et ses 2 millions de fans... en huit jours!