Oscars : le match entre James Cameron et Kathryn Bigelow, son ex, est ouvert

Posté par vincy, le 31 janvier 2010

Coup sur coup, deux Guildes très influente, celle des producteurs et celle des réalisateurs, ont préféré, comme de nombreux critiques américains en décembre, récompenser Kathryn Bigelow et ses Démineurs à James Cameron et ses Avatars.

Or, si les palmarès des acteurs sont cohérents depuis plusieurs semaines, et laissent peu de doute pour les Oscars, le match Cameron-Bigelow tourne à la guerre des Rose entre les lobbyistes des deux studios. A cela s'ajoute une rivalité factice (purement médiatique) entre ex.  L'un a déjà eu l'Oscar, l'autre pas. Les Oscars sont aussi jugés assez misogynes, ce serait une manière de se "rattraper" en la récompensant.

Etat des lieux.

D'un côté Goliath, Avatar : ses 2 milliards de $ de recettes, ses deux Golden Globes (film et réalisateur), ses 8 nominations aux British Awards, et  l'aura d'un déjà oscarisé, James Cameron.

De l'autre David, Démineurs : 16 millions de $ de recettes dans le monde, une image de revenante pour celle qui fut la seule femme à réaliser de bons films d'action dans les années 90, 7 nominations aux British Awards et meilleur film et meilleur réalisateur selon les critiques de New York, Los Angeles, Chicago. Sans oublier une flopée de prix mineurs au festival de Venise.

Deux conceptions du cinéma d'action, deux modèles économiques différents, deux visions du 7e art. Les deux ex - qui sont amis selon les journaux bien informés - se retrouveront certainement aux Oscars. La compétition séduira sans doute les journaux "people". Le résultat, lui, sera révélateur de ce que les professionnels hollywoodiens veulent afficher comme programme. On a déjà vu de nombreux favoris s'éclipser en faveur du film le plus spectaculaire et consensuel.

Mais là, la course à l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur dépasse les deux personnalités de Cameron et Bigelow et même les sujets politiques (le pacifisme en toile de fond) des deux oeuvres. Non il s'agit de savoir si on récompense l'ambition d'un Cameron et la folie de la Fox de l'avoir accompagné dans ce projet. Ou si l'on préfère l'aventure indépendante de Summit Entertainment, qui a épaté Hollywood avec sa saga Twilight, en plus d'avoir conquis le coeur des critiques américains avec Démineurs.

Dans tous les cas, disons-le, ce serait une année mineure.

The Wrestler met le Lido KO

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

The WrestlerDernier film américain à être présenté en compétition, The Wrestler de Darren Aronofsky fait la démonstration du savoir-faire outre-atlantique quand il s’agit de raconter des histoires intéressantes, rythmées et humaines. On se rend compte à sa vision, et au plaisir qu’on y prend, du déficit de narration dont a souffert cette compétition. Il est vrai que même les compatriotes d’Aronofsky ont déçu avec des histoires inabouties ou des variations un peu vaines autour de sujets forts mais mal exploités. Vegas d’Amir Naderi suit le délitement d’une famille à travers la destruction systématique de son jardin : une fois l’histoire engagée, on se lasse de voir sur chaque plan le personnage principal en train de creuser. Rachel getting married de Jonathan Demme aborde le thème de la culpabilité en réunissant une famille meurtrie le temps d’une fête familiale : il y a tellement de scènes de danse ou de banquet nuptial que le cœur de l’intrigue est complètement noyé. Enfin, The hurt locker de Kathryn Bigelow nous emmène sur les pas d’un démineur en Irak, juxtaposant simplement cinq ou six opérations d’intervention censées donner un aperçu de la réalité du terrain… mais surtout sans prendre parti ni donner de point de vue clair (hormis le peu compromettant "la guerre est une drogue").

Du coup, The Wrestler n’est certes pas le meilleur film d’Aronofsky, ni ce qui se fait de plus novateur ou profond, mais force est de constater qu’il est presque réussi de bout en bout : interprétation sensible (Mickey Rourke impeccable, étonnamment touchant), rebondissements structurés, petites touches d’humour, combats spectaculaires sans être trashs, gestion pudique de l’émotion, etc. Malgré le classicisme absolu du sujet (au cheminement relativement prévisible) et de la réalisation (qui souffre d’une petite baisse de rythme dans la dernière partie), on se laisse emporter par ce portrait d’une ancienne gloire du catch sur le retour en forme de mélo flamboyant. Parce que le réalisateur ne force jamais ni le trait ni l’émotion, et surtout ne témoigne d’aucune ambition auteuriste disproportionnée, le film s’avère même pratiquement ce que l’on a vu de plus convaincant depuis le début du festival. Sur le Lido, la question qui brûle désormais toutes les lèvres est de savoir si le jury choisira de récompenser globalement le film ou uniquement la prestation de Mickey Rourke. A moins qu’il ne s’agisse d’un doublé...