Quand Hollywood s’insurge… contre Hollywood !

Posté par wyzman, le 26 février 2016

Dans un article du New York Times publié mercredi, les acteurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs issus de la diversité et qui font la fierté de Hollywood évoquent leurs conditions de travail. Des souvenirs de jeunesse aux plateaux de tournage en passant par les défis à relever, tout y passe. Et contrairement à ce que l'on pensait ou espérait jusque-là, Hollywood est loin d'être le royaume de la diversité et des bisounours. Après la polémique des #OscarsSoWhite et le rapport de l'école de journalisme et de communication d'Annenberg qui indique que seuls 2% des personnages de grosses productions sont ouvertement LGBT, le royaume californien encaisse un nouveau coup dur.

En effet, dans ledit article du New York Times, Sam Esmail le créateur de Mr. Robot affirme : "En grandissant, je pensais que l'homme blanc était la norme, que c'était le personnage de base de chaque histoire." Ken Jeong, la star de Very Bad Trip enchaîne : "Un prof de théâtre de UCLA m'avait donné de bonnes notes après une performance et m'avait dit : 'T'es un bon acteur, c'est pourquoi je te le dis, dégage de L.A. Il n'y a pas de futur pour toi ici. Va en Asie !'" Juste après, America Ferrera, l'ancienne star de la série Ugly Betty lance : "Qu'est-ce que vous faites quand quelqu'un vous dit : 'Ta couleur de peau, c'est pas vraiment ce qu'on recherche' ?"

Scénariste de 12 Years a Slave et showrunner de la série American Crime, John Ridley poursuit : "J'étais déterminé à ce que le personnage principal [d'un film] soit une femme noire et je me souviens des producteurs me disant 'Pourquoi doit-elle être noire ?' et moi leur répondre 'Elle ne doit pas l'être : je veux qu'elle soit noire. Pourquoi vous ne l'envisageriez pas ?'" De son côté Mike Colter (vu dans The Good Wife et Jessica Jones) signale : "Je suis généralement le seul noir dans la pièce. […] Je ne vois pas cela de manière négative, parce que si je commence à le faire, j'ai déjà perdu avant même d'avoir commencé."

Si le rapport d'Annenberg pointe le manque de diversité ethnique, genrée et sexuelle dans l'usine à rêves américaine, tout n'est peut-être pas à jeter. A propos de sa nouvelle série Telenovela, Eva Longoria s'amuse : "C'était réconfortant d'entendre l'équipe dire 'Eva, t'es une sacrée Latina. On va bien devoir caster un mâle blanc à un moment donné' !" De son côté, Jussie Smollett qui incarne le fils gay de Lucious et Cookie Lyon dans Empire se souvient : "Dans un restaurant, ce mec plus âgé est venu me voir et m'a dit 'Je ne veux pas vous déranger, je ne veux pas de selfie, je veux juste vous dire que l'intrigue de Jamal m'a vraiment aidé à parler à mon fils de sa sexualité.'"

Alors que les Oscars se tiendront comme prévu au Dolby Theatre de Los Angeles ce dimanche soir, Hollywood tente aujourd'hui et plus que jamais de réparer un système visiblement cassé. Des minorités peu présentes devant et derrière la caméra, des personnalités qui appellent au boycott, un présentateur sous pression… Si cette année devait être celle de la reconquête, c'est franchement raté. Par chance, les Emmy Awards, les Golden Globes, les SAG Awards et les NAACP Image Awards donnent désormais le la et ce n'est pas plus mal. Parce que niveau diversité, s'il faudra certainement se contenter du sacre du réalisateur mexicain Alejandro G. Inarritu dimanche soir, on croise d'ores et déjà les doigts pour 2017.

L’instant Zappette: Homos mais pas trop

Posté par wyzman, le 5 mars 2015

Au jeu du "Je ne veux pas parler de ma sexualité", Jack Falahee et Jussie Smollett sont les deux cibles préférées du moment. Bien qu'ils incarnent des personnages homosexuels à la télévision (dans How To Get Away With Murder pour le premier et Empire pour le second), les deux acteurs refusent jusqu'ici d'en faire des tonnes sur leur sexualité. Alors, simple hypocrisie ou placard trop dur à ouvrir ?

Personnages importants pour intrigues importantes

Dans How To Get Away With Murder (que l'on réduira à HTGAWM), Jack Falahee joue Connor Walsh, un étudiant en droit prêt à se donner corps et âme pour faire avancer les audiences. Régulièrement, la série nous l'a montré dans des scènes NSFW, sexuellement actif et visiblement épanoui. Bref, Connor Walsh est un jeune étudiant gay dont la romance avec Oliver est devenue une intrigue importante de HTGAWM. De son côté, Jussie Smollett est Jamal Lyon, celui qu'on a trop tendance à appeler "le fils gay" du phénomène Empire. Dès le début du show, Jamal doit faire face à l'homophobie certaine de son tyran de père. Pas de scènes NSFW ici, mais un parcours qui le pousse à s'accepter et lui permet de faire son coming-out. Jamal Lyon est gay et sa sexualité est l'un des atouts majeurs d'Empire.

Les deux acteurs incarnent des personnages d'une télévision en constante évolution. Ces personnages ne sont pas de simples faire-valoir, une manière de plaire aux associations de défense de la communauté LGBT mais bien un moyen de faire avancer les séries. A chaque scène de couple que Connor et Oliver ont, impossible de ne pas frissonner. A chaque fois que Jamal est traité comme un moins que rien par son père, impossible de ne pas se sentir soi-même sous pression. Pas besoin d'être homosexuel pour apprécier voir Jamal tenir tête à son père. Pas besoin de vivre en couple avec une personne du même sexe pour comprendre les difficultés que Connor et Oliver traversent. Ces personnages tendent à s'écarter des stéréotypes et ont tout le temps de mûrir, tout comme leurs interprètes.

Une controverse inutile

Cependant, si ces jours-ci les déclarations, ou plutôt l'absence de déclaration de la part de Jack Falahee et Jussie Smollett posent problème, c'est avant tout parce qu'une petite partie d'entre nous pense qu'incarner un personnage LGBT, que soutenir la communauté LGBT et lui donner une meilleure visibilité ne suffisent pas. Apparemment, s'ils sont homosexuels, ces acteurs devraient l'annoncer publiquement. Car dans un contexte politique et social où la transparence est prônée (mais surtout voulue), certains aimeraient voir davantage de personnalités sortir volontairement du placard. Mais d'où vient cette attente au juste ? Pourquoi un acteur doit-il révéler qu'il est homosexuel ou plus largement dévoiler son orientation sexuelle dans la sphère publique s'il n'en a pas envie ?

En couverture du mensuel OUT Magazine, Jack Falahee dit ne pas vouloir s'exprimer sur sa sexualité parce que cela finirait par être "trop réducteur". Et on le comprend. S'il est le premier à reconnaître qu'il est bon pour les jeunes adolescents de voir des personnalités faire leur coming-out, lui n'en est pas là. Persuadé que cela ne ferait que satisfaire une curiosité malsaine, il refuse de commenter cet aspect de sa vie privée. Et le petit a raison ! Alors qu'il n'est clairement qu'au début de sa carrière, révéler qu'il est homosexuel pourrait le cantonner dans des rôles d'homosexuels. Et comme il l'a exprimé à plusieurs reprises, il ne veut pas être cantonné dans un type de rôles, mis dans une case et ne plus pouvoir en sortir.

D'autres manières de s'engager

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