Les Oscars à l’ère du zapping…

Posté par vincy, le 4 février 2009

oscars 2009Les Oscars doivent subir au minimum une cure de botox, au mieux, un sérieux lifting. L'enrôlement de Hugh Jackman comme Maître de cérémonie donne le La. La période humoriste est, pour l'instant, révolue. Le comédien, que l'on verra bientôt dans Wolverine dont il vient de tourner quelques nouvelles scènes, a fait appel à Baz Luhrman, son réalisateur sur Australia, pour le "coacher".

Changement de producteurs (ceux de la comédie musicale Dreamgirls sont aux commandes), de présentateur, mais pas seulement. Avec son plus bas niveau d'audience en 34 ans en 2008, le déclin est amorcé : l'enjeu des gagnants n'est plus si dramatique. Souvent les favoris se retrouvent bredouilles. Et l'absence de blockbusters dans les principales nominations détournent le grand public, qui désormais zappe à chaque moment ennuyeux, notamment quand les remerciements n'ont aucune intensité.

Ainsi, le président de l'Académie des arts et des sciences du cinéma, Sid Ganis, a assuré que "le spectacle prendra des risques audacieux".

Le New York Times a ainsi divulgué quelques pistes : l'abandon du monologue d'introduction (oh non!!!!), la diminution du nombre dépisodes déjà en boîtes au profits de numéros en direct. Les remettants ne seraient pas connus avant la cérémonie, afin de préserver le suspens. Et surtout les Oscars, trois semaines après le Superbowl, pourraient devenir une rampe de lancement pour des films à venir (des blockbusters évidemment) en passant au cours de la soirée des extraits exclusifs.

Les organisateurs espèrent aussi que les nommés auront des discours "brefs, personnels, sincères", c'est-)-dire mémorables, émus, dramatiques. de quoi retrouver les 40 millions de spectateurs que les Oscars attiraient il y a encore quelques années.

Pourquoi n'étaient-ils que 32 millions l'an dernier? Selon les deux journaux spécialisés d'Hollywood, le format est trop long, inadapté à l'ère du web, incitant au zapping. Et surtout, parmi les films sélectionnés pour l'Oscar du meilleur film, il n'y avait qu'un hit (Juno). Hélas cette année, si deux films (Benjamin Button et Slumdog) peuvent être considérés comme populaires, les trois autres ont des box offices très confidentiels. Espérons que les stars brilleront pour attirer le téléspectateur.

2008 : le top 5 de Vincy

Posté par vincy, le 30 décembre 2008

Ecran Noir revient, auteur par auteur, à ses coups de coeur de l’année passée… (le classement est ici par ordre chronologique des sorties)

vincy thomas by françois lebel2008 aura marqué les cinéphiles par une certaine vitalité, mélangeant de plus en plus les codes et les genres, se régénérant dans un désir de cinéma plus audacieux. Le 7e art est toujours porté par ce subtil équilibre où, dans un bilan, la force intense du cinéma israëlien coexiste avec la suprématie au box office d'un groupe comme Pathé.

Ecran Noir a donc défendu L'échange comme Louise Michel, descendu Disco comme Sex & the City le film. Les top 5 de nos auteurs se suivent, se ressemblent parfois. J'aurais aussi placé Into the Wild, Le bon la brute et le cinglé, Il Divo, Batman the Dark Knight, Un conte de Noël et Vicky Cristina Barcelona tant ces films m'ont procuré un immense plaisir de spectateur. A ce titre, le plus désopilant sera venu de Norvège avec La nouvelle vie de Monsieur Horten. Mais j'ai préféré opter pour cinq films significatifs, c'est-à-dire qui donnent un sens au cinéma, une voie pour sa propre vie, quand on est simple spectateur...

1. There Will be Blood. Une fresque où la foi et le fric coulent dans les veines d'une oeuvre fiévreuse et tragique. Sa folie puise ainsi dans les deux mamelles d'une Amérique viscéralement violente mais aussi capable de se réinventer, jusque dans son cinéma dit "académique". Paul Thomas Anderson signe là un film magistral, décryptant les maux d'un monde obsessionnel.

1. Wall-E. Dans cette fable écologique, anti-consumériste et romantique, Pixar raconte, en se moquant de notre civilisation, une histoire d'amour universelle qui touche les plus insensibles. Surtout, la grâce de la mise en scène et l'enchantement du scénario déclenchent un attachement imprévisible pour une fiction complètement irréaliste. Nous n'avions pas ressenti cette émotion enfantine et naïve depuis E.T.

3. Be Happy. Dans ce monde chaotique, en pleine crise économique, en pleine déperdition humaine, cette comédie dramatique de Mike Leigh a réchauffé les coeurs et agrandit les sourires. Avec un personnage qui pratique la "positive attitude" sans se forcer, juste parce que "la vie est belle", on renoue aussi avec cette envie de croire en un monde plus solidaire, et pas forcément dévoré par les crédits et la cupidité.

4. Entre les murs. Si le film fait débat, tant mieux. Si le professeur/auteur/acteur agace, ça fait partie du je(u). Ca veut dire que le cadavre bouge encore. Dans notre société amorphe, où les idées sont massacrées par la télé, les réformes manipulées par les paroles, il est sain de voir qu'un film peut encore secouer les préjugés. Celui-ci est alerte, vif, intelligent, ancré dans son temps, loin d'être manichéen, et même divertissant. Jusque là tout va bien, mais on sait que la haine n'est pas loin.

5. The Visitor. A l'image de son personnage central, il est arrivé discrètement et frappe les esprits aussi fortement qu'on joue du djembé. Ce conte de l'amitié ordinaire est la parabole parfaite de ce qui est arrivé cette année : une Amérique intellectuelle, WASP, endormie, aveugle même, s'est réveillée, a tissé des liens avec les jeunes et les autres ethnies, et s'est révoltée en votant Obama. Ici, pas de miracle, et c'est ce qui est bien, mais un sursaut civique qui rend ce film généreux. los abrazos rotos penelope cruz pedro almodovar

Bonus : vu en 2007, véritable coup de coeur, sorti en 2008. Juno. La chronique douce amère et drôle sur cette jeune fille mère a ensoleillé l'hiver dernier. Une écriture subtile qui fait l'éloge de la curiosité, de la responsabilité et d'une certaine crudité ont fait de ce "combat" contre les idées préconçues, déjouant la normalité attendue, et ainsi la moralité si conventionnelle.

Le film le plus attendu de 2009 : Los abrazos rotos (Les étreintes brisées), soit le nouveau film de Pedro Almodovar. Une oeuvre dédiée au cinéma, à la mort, à la renaissance, où la confession se confond avec l'intimité. Avec Pénélope Cruz, en blonde.