Cannes 2014 : 3 questions à Jim Mickle

Posté par MpM, le 23 mai 2014

Jim MickleJim Mickle est de retour à la Quinzaine des réalisateurs exactement un an après sa première sélection pour We are what we are en 2013.

Cette fois, il présente Cold in July (Juillet de sang) une adaptation inspirée du roman éponyme de Joe R. Lansdale, avec Michael C. Hall, Don Johnson et Sam Shepard. Un polar drôle et brillant qui mêle les genres avec virtuosité et finesse.

L'occasion d'une nouvelle rencontre avec un réalisateur à suivre absolument .

Ecran Noir : Le film mêle des genres cinématographiques très codifiés, comme le polar, le film de vengeance, la comédie… Etait-ce une sorte de défi ?
Jim Mickle : C’était un challenge que le résultat soit satisfaisant à la fin ! Mais faire le film était très amusant. J’aime ces différents genres avec leurs styles spécifiques, et les réunir était fun. C’est ce qui m’a plu la première fois lorsque j’ai lu le livre. J’étais très excité : "J’adorerais faire ce genre de film ! Or, j’adorerais aussi faire cet autre genre de films, etc." Par contre, ça a été difficile dans la salle de montage. Il fallait s’assurer que l’ensemble serait cohérent. On avait prévu que tout soit perçu à travers le personnage principal interprété par Michael [C. Hall]. Cela devait donner l’impression d’un homme confronté à un univers complètement fou.

EN : En me référant à ce que vous nous disiez en 2013 au sujet de We are what we are, notamment sur la double lecture des films de genre, je me suis demandé ce qui, dans le roman de Joe R. Lansdale, vous avait intéressé d’un point de vue social et politique ?

JM : Pour l’aspect social, c’est la relation entre le père et le fils qui m’avait d’abord attiré lors de la lecture et qui me revenait constamment en tête. On n’était pas dans un thriller ordinaire, les rapports entre le père et le fils avaient une grande importance. En revanche, la raison pour laquelle on a choisi de garder le film dans les années 80, c’était justement pour que l’aspect politique ne soit pas trop important. Si j’avais gardé ce qui était dans le roman et que j’avais fait un film qui se déroulait aujourd’hui, ça aurait été d’une certaine manière une défense complaisante de la possession d’armes à feu et de la possibilité pour chacun de se défendre. Donc je l’ai laissé dans les années 80, ce qui m’a permis d’avoir les armes non pas comme quelque chose qui viendrait appuyer une légitimité de self-defense mais comme quelque chose qui avait à voir avec la mentalité de cow-boy de cette région-là.

EN : On peut aussi y voir la question du mal : qu’est-ce qui est acceptable, et à partir de quel moment il est impossible de ne pas agir ? Et curieusement, cela fait écho à votre film précédent, où la question des origines du mal était déjà posée…

JM : La question du mal, c’est aussi la question d’où vient ce mal. Est-ce qu’on naît avec ? Est-ce qu’il a à voir avec les conditions dans lesquelles on a été élevé ? C’est fascinant, et je trouve que cela fait partie des thèmes propres au western. Ce qui était particulièrement chouette, c’est que lorsque Sam Shepard est arrivé sur le film, immédiatement, c’est quelque chose qu’il a compris. Il n’y a même pas eu besoin d’en parler. Mais ce qui est le plus étrange pour moi, c’est, une fois que les films sont faits, de constater ce que j’ai fait : il faut bien reconnaître que dans mes 4 longs métrages, j’ai parlé de l’importance de la famille, mais aussi de son caractère maléfique ! Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne fais pas de thérapie… Les films sont peut-être la thérapie !