L’instant Court : Blackout et Détritus, réalisés avec un téléphone par Judith Milligan

Posté par kristofy, le 11 décembre 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Dans mon jardin réalisé par Sylvain Gillet, voici l’instant Court n° 57.

Vous avez une minute et un téléphone mobile qui filme ? On vous invite à participer au prochain Mobile Film Festival ! Si vous êtes créatif, vous pouvez remporter 15 000 euros et un producteur pour réaliser un film, si vous êtes spectateur, vous pourrez voir ces petits courts métrages sur internet et voter pour votre préféré.

Le concept du Mobile Film Festival, c’est en effet 1 minute, 1 mobile, 1 film. Il faut l’envoyer avant le 5 janvier, le public pourra voter jusqu’au 5 février, et la cérémonie de remise des prix aura lieu le 8 février (les détails pour participer sont à voir sur le site mobilefilmfestival.com). La présidente du jury sera la scénariste-réalisatrice Danièle Thompson, accompagnée de Elsa Amiel, Laurent Cotillon, Marc-Benoît Créancier, Arié Elmaleh, Frédéric Fleurier, Isabelle Giordano, Victor-Manuel Godoy, Sylvie Landra, Jessica Rosselet, et Yann Samuell.

Et pour vous inspirer, voici le court-métrage Blackout, réalisé par Judith Milligan, d’une durée d'une minute, et filmé lui-aussi avec un téléphone mobile, suivi de Détritus, également réalisé par Judith Milligan.

La réalisatrice Judith Milligan nous fait part de ses expériences de tournage avec un téléphone.

Ecran Noir : Combien de films très courts avez-vous présenté en festival et pourquoi ?

Judith Milligan : J'ai participé car c’est une manière de filmer plus spontanée et on a moins d'attente par rapport a la technique (lumière/son). Détritus a été au Pocket Film Festival (Beaubourg), Ich bin in Goteborg geboren et Klementine étaient au Mobile Film Festival d’Allemagne,  Pied bot et Close shave au Mobile Film Festival français. Blackout lui n'était pas en festival, et  Stories to be told était pour une expo privée du travail de l'artiste Stacey Jaco Wilson.

EN : En général comment sont les films que l’on peut voir au Mobile Film Festival ?

JM : Je trouve que l'année 2009 était un grand cru, voir un résumé ici. Je pense que le petit écran par exemple sur internet convient mieux que le grand écran pour regarder ce genre de court. Il y a un moment où on se dit qu'il y a peu de films tournés avec un téléphone portable qui n'auraient pas été mieux si ils avaient été tournés avec une vraie caméra et un budget.

EN : Cette durée de 1 minute est-elle plus une frustration ou une stimulation ? 

JM : Une stimulation : j'adore les contraintes, surtout quand on n'a aucun budget ! Mais c'est vrai que, du coup, je vais favoriser un montage rythmé pour compenser le manque d'histoire.

EN : En quoi un téléphone est-il - ou pas - une caméra comme une autre, et est-ce qu'il implique une façon spécifique de filmer ?

JM : Oui, on voit trop de films sur le sujet des portables ou avec les gens qui passent des coups de fils ! Je pense de plus en plus que l’intérêt est de jouer avec l'instant : le côté "à l'improviste" est finalement très sympa, et ce que je disais avant : quel est l’intérêt du portable ? Le film tourné aurait-il pu être mieux réussi avec une vraie caméra ? C'est pour ça que j'ai essayé avec Blackout de mixer une mise en scène (the morning after the night before) filmée dans le même appart dans lequel a eu lieu une vraie fête de nouvel an. Les images que j'ai tourné à la fête, ce sont les gens qui faisaient la fête et qui n'avaient aucune idée que je "tournais". Ceci dit, c'est mon seul film a ne pas avoir été sélectionné pour un festival...

EN : Le CNC va organiser une nouvelle opération ‘Le jour le plus Court’ pour promouvoir le format court, avec une journée spéciale le 21 décembre, qu’en pensez-vous ?

JM : Je trouve que le plus gros problème avec le format court, c'est que les gens essaient de faire l'esquisse de leur long métrage en espérant recevoir de l'argent et/ou du soutien pour le réaliser. Malheureusement, le genre film court (comme le roman court d'ailleurs) est peu apprécié en tant que tel, mais plutôt comme un test pour voir si on est capable de faire un film plus long, avec l'exception de l'animation ou il y a des très belles choses.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Blackout.