Festival Lumière 2017 : De John Ford à Jane Campion, il n’y a qu’un pas vers les horizons lointains

Posté par Morgane, le 17 octobre 2017

Ce qu’il y a de formidable au Festival Lumière c’est son éclectisme. On peut embarquer à bord d’un train nous conduisant vers l’Ouest aux côtés de James Stewart et Vera Miles, puis, juste après, se retrouver sur une pirogue accostant sur une plage isolée de Nouvelle-Zélande et patienter avec Holly Hunter et Harvey Keitel que quelqu’un vienne nous chercher. Ou comment faire le grand écart entre deux chefs d’oeuvre du 7ème Art, L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford (1962) et La Leçon de Piano de Jane Campion (1993)…

C’est en effet la richesse du Festival Lumière. Cette année on pourra découvrir l’univers poétique et envoutant de Wong Kar-wai, percer le mystère d’Henri-Georges Clouzot, revoir des westerns classiques sélectionnés par Bertrand Tavernier, continuer l’histoire permanente des femmes cinéastes, admirer les sublimes moments du muet, rencontrer Tilda Swinton, Diane Kurys, Anna Karina, Jean-François Stévenin, Guillermo Del Toro, voir ou revoir les grandes projections ou les nouvelles restaurations, découvrir en avant-première Shape of water de Guillermo Del Toro mais également la palme d’or The Square ainsi que les 8 épisodes de la série continuant le Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier…

John Ford réunit John Wayne et James Stewart

C’est Bertrand Tavernier qui nous a fait l’honneur de sa présence tôt ce dimanche matin pour une séance dans la grande salle de l’Institut Lumière. L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford (1962) fait partie de sa sélection Westerns Classiques qu’il présente cette année au Festival. Il en a choisi quatorze parmi lesquels La poursuite infernale, La rivière rouge, Le train sifflera trois fois, La chevauchée des bannis
Dans L’Homme qui tua Liberty Valance, John Ford retrouve John Wayne avec qui il a déjà tourné de très nombreux films (La prisonnière du désert, La charge héroïque, L’homme tranquille, Rio Grande…) ainsi que James Stewart avec qui il vient juste de tourner Les 2 cavaliers.

Bertrand Tavernier, friand d’anecdotes, n’en manque pas sur ce film et notamment sur son tournage rappelant que John Wayne, fort reconnaissant envers Ford, qui est un réalisateur très important dans sa carrière, participe au film dès que John Ford le lui demande. Et pourtant il est bien maltraité durant le tournage, Ford n’étant pas tendre avec les vedettes, mais très amical avec le reste de l’équipe. Bertrand Tavernier revient également sur ce chef-d’oeuvre, véritable oeuvre testamentaire de John Ford réunissant de nombreux thème forts et chers au cinéaste tels que la naissance de l’Amérique, la question de l’étranger, des personnages qu’il aime à humaniser et un humour présent tout au long du film (on se souviendra de la mythique scène du steak).

Le trio masculin symbolise cette naissance d’une nouvelle Amérique. On y retrouve Valance (Lee Marvin) qui ne communique que par les coups et son fusil, Stoddard (Stewart), l’homme de loi dont les armes sont ses livres et Tom Doniphon (Wayne) qui peu à peu rangera son arme pour permettre à la loi de prendre le dessus. Et rien que pour le merveilleux duo Wayne/Stewart, le film est un vrai délice auquel s’ajoutent les personnages secondaires que John Ford ne laisse surtout pas de côté comme le superbe personnage de Mister Peabody (Edmond O'Brien), journaliste toujours saoul mais épris de liberté et beaucoup plus profond que ne le laisse penser son rôle au départ. Un magnifique John Ford. « Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende! » disait-il.

Jane Campion magnifie Holly Hunter et Anna Paquin

Dimanche après-midi rendez-vous au Pathé Vaise pour la projection du célèbre film de Jane Campion, La leçon de Piano, Palme d’Or 1993. Marina Foïs est présente pour nous parler de ce film qui l’a énormément marquée à sa sortie, principalement Holly Hunter qui, sans dire un seul mot, traduit une palette émotionnelle incroyable.

Le film s’ouvre sur une voix. Une voix off, celle d’Ada, qui pourtant n’en a plus. Le paradoxe s’installe. Holly ne parle plus depuis ses 6 ans et pourtant c’est sa voix qui nous ouvre les portes (et les refermera) de ce sublime film à la fois poétique et tout en puissance et sensualité. Holly parle mais uniquement par le biais de ses doigts sur les touches de son piano qui la suit à l’autre bout du monde jusqu’en Nouvelle-Zelande où elle part vivre avec sa fille chez Alistair Stewart (Sam Neill), homme dont elle ne connaît rien mais à qui son père l’a mariée.

L’univers est hostile. Leur maison se situe dans le bush néo-zélandais où boue et racines ne font plus qu’un et où il faut se déplacer sur des planches si l’on ne veut pas s’enfoncer dans cette boue marécageuse. La jungle, elle, semble animée par les esprits. Alistair a pour voisins des Maoris, certains plus enclins que d’autres à « partager » leurs terres avec les Anglais, et un certain Baines (très belle incarnation de Harvey Keitel), un anglais un peu rustre adopté par les Maori vivant auprès d’eux. À leur arrivée, son mari donne le piano d’Ada à Baines en échange d’une parcelle de terre. Se met alors en place une sorte de jeu malsain dans lequel Ada vend son corps pour peu à peu racheter ce qu’elle a de plus cher au monde : son instrument. Et elle devient alors à son tour l’instrument de Baines.

Jane Campion joue avec les oppositions. Face au carcan du puritanisme anglais dans lequel est enfermée Ada, la réalisatrice montre la liberté des indigènes, leur vie en harmonie avec la nature. Les personnages évoluent et peu à peu les instincts naturels de chacun refont surface. Sensualité, tendresse, bestialité mais aussi la violence primaire que ne peut réfréner Alistair.

Le film, tout en nuances, nous plonge alors au cœur de ce trio amoureux où la passion et le désir sont aux premières loges. Les corps respirent, reprennent vie, remontent à la surface.
Unique élément de langage par lequel s’exprime Ada, la musique envoûtante sublime le film. On ressent à travers les notes de musique qu’elle laisse échapper, notes qui résonnent encore longtemps après que le générique ait signé le mot fin.

Edito: Ôtez-nous d’un doute…

Posté par redaction, le 7 septembre 2017

Il y a presque un mois, une jeune femme antiraciste a été tuée par un suprémaciste blanc à Charlottesville, en Virginie. La question / division raciale aux Etats-Unis est toujours aussi vivace. Pas seulement aux Etats-Unis d'ailleurs, puisque, désormais, le politiquement correct domine l'ensemble de la communication des uns et des autres (au points d'être choqué ou amusé dès que quelqu'un sort des clous dictés par le code de bonne conduite).

Chaque citoyen occidental pèse un statut ou un tweet pour ne pas subir les trolls opposants. On anéantit le débat, on écrase la réflexion sous un torrent d'insultes, de vannes, de piques, de punch-lines. Le second degré disparaît. L'esprit se meurt. La nuance n'a plus le droit d'exister. La liberté d'expression est "sous contrôle" et "sous pression".

Cela conduit à des situations absurdes, proche d'un révisionnisme historique ou/et cinématographique inquiétant. Une salle de cinéma de Memphis a ainsi annulé la présentation annuelle d'Autant en emporte le vent, projeté depuis 34 ans en août à l'Orpheum Theatre. Brett Batterson, président du cinéma, considère qu'en tant qu’organisation "dont la mission est de divertir, d’éduquer et de mettre en valeur la communauté que nous servons, The Orpheum ne pouvait diffuser un film qui est insensible à une grande partie de la population locale", suite aux nombreux messages sur les réseaux sociaux. Le film le plus vu au cinéma dans l'Histoire du 7e art est qualifié de "potentiellement raciste". Sic.

En 1939, les producteurs savaient que le contenu racial du film pouvait être offensant pour certaines personnes. Pour adapter le roman de Margaret Mitchell, quelques modifications avaient été apportées afin d'atténuer l'esclavagisme ou même les stéréotypes liés aux afro-américains. Malgré cela, la comédienne Hattie McDaniel, qui incarnait une domestique bienveillante, a été la première Afro-Américaine à gagner un Oscar (meilleur second-rôle féminin), près de 25 ans avant la fin de la ségrégation dans les Etats du sud.

Mais oui, en effet, Autant en emporte le vent peut-être vu comme "potentiellement raciste". Ce qui ne retire rien aux qualités du film. Car cet aspect dérangeant est aussi celui qui prévalait (parfois encore plus durement) à l'époque où se déroule les aventures de Scarlett O'Hara. La guerre de Sécession était aussi un combat pour l'abolition de l'esclavage et l'affranchissement des Afro-américains. Les Sudistes, héros du livre comme du film, n'étaient pas dans le bon camp (et d'ailleurs, ils perdent). C'est toujours mieux que d'effacer complètement le sujet comme dans Les Proies de Sofia Coppola.

Censure

Si on en vient à refuser de projeter ce film mythique, quid des Westerns (franchement anti Amérindiens pour la plupart)? Quid des films de guerre où les ennemis étaient régulièrement caricaturés (propagande oblige)? Peu de films seraient finalement "visibles".

De la même manière le raciste Tintin au Congo serait interdit (il l'est parfois dans certaines bibliothèques). Comme on a gommé la pipe de Monsieur Hulot ou le clope de Lucky Luke au nom du dogme "Le tabac c'est mal". On révise l'histoire, on la transforme au gré de nos humeurs, morales, et autres contextes sociétaux. Mais il est évident qu'un film réalisé dans les années 1930 ou 1950 ne peut pas avoir le même point de vue qu'un film contemporain. Ce n'est pas pour rien aussi que les minorités se battent pour être "visibles" ou plaident pour "l'égalité" des salaires. Le combat n'est pas fini. Cependant, on constate que sur les Afro-américains, les Amérindiens, les homosexuels, etc..., le cinéma américain a évolué. Et peut-être que dans 30 ans, les futurs spectateurs seront choqués de voir des acteurs/actrices se fréquenter dans un fast-food ou conduire une voiture (autant de choses qu'on jugera sans doute nocives dans le futur). Pour l'instant, fumer semble moins tolérer que baiser (et souvent c'est sans capotes). Doit-on pour autant juger les films où Bogart allume une cigarette comme "potentiellement dangereux" pour la santé? Et que dire de tous les grands films pourtant très sexistes réalisés au fil des décennies?

Le racisme n'a aucun sens et être raciste est un délit indiscutable et condamnable. On ne reviendra pas là dessus. Mais plutôt que d'interdire à un spectateur de voir ou revoir un grand film sous prétexte qu'il n'est pas politiquement correct "de nos jours", il suffit d'accompagner la projection d'un débat pédagogique pour expliquer son contexte.

Car si on efface l'identité d'une époque, la vérité d'un moment de l'Histoire, l'art illustrant/traduisant cette période, alors on risque de censurer de nombreuses œuvres plastiques, littéraires ou cinématographiques. Autant en emporte le vent, les John Wayne ou les James Bond sont datés. Pas forcément cinématographiquement, mais socialement, politiquement. Mais ils font aussi partie d'un grand récit artistique, de notre mythologie par l'image, de ces fictions qui construisent notre perception du monde et reflètent la vérité de leur époque, donc de notre Histoire. Donc de notre présent.

Elsa Martinelli (1935-2017), l’élégance à l’italienne

Posté par vincy, le 10 juillet 2017

Après la seconde guerre mondiale, lorsque le cinéma italien était à son apogée, il y avait Sophia, Gina, Claudia, Giuletta et Anna. Mais il y avait aussi Elsa. L'actrice et ancien mannequin Elsa Martinelli est morte samedi 8 juillet à l'âge de 82 ans. On se souvient de son élégance, de cette allure presque aristocratique, qui la rapprochait d'une Audrey Hepburn. Alors que les cinéastes italiens se délectaient d'actrice tragiques et voluptueuses (pour ne pas dire que les poitrines opulentes étaient tendance), Elsa Martinelli était fine, grande (1m76), séduisant davantage par son regard et sa voix.

Cette Toscane, née Elsa Tia le 30 janvier 1935, a été mariée à un conte avant de divorcer et de se remarier en 1968 à un photographe et designer célèbre, Willy Rizzo, décédé il y a quatre ans. Etrangement sa mort n'a pas été très évoquée en France malgré une filmographie envieuse. Sa première fois au cinéma n'est même pas créditée au générique. Elle joue dans Le rouge et le Noir de Claude Autant-Lara (1954).

Elle avait commencé à travailler à l'âge de 12 ans, dans une épicerie. A 16 ans, elle devient mannequin, remarquée alors qu'elle était serveuse. Son ambition la conduit à réseauter au maximum jusqu'à se faire repérée par une agence américaine et un magazine new yorkais. Elle tape dans l'oeil du couple de Kirk Douglas quand elle fait la couverture de Life magazine, et la star américaine la choisit pour être sa partenaire dans La rivière de nos amours, western d'André de Toth (1955). A partir de là sa carrière va décoller, des deux côtés de l'Atlantique. Elle obtient le rôle principal dans Donatella (1956), comédie de Mario Monicelli, qui lui vaut l'Ours d'argent de la meilleure actrice au Festival de Berlin. Elle y joue une jeune femme de la classe moyenne (pas vraiment supérieure) qui est confondue avec une dame de la haute-société. Un bon résumé de sa vie. De quoi être rapidement propulsée en haut de l'affiche, notamment de films populaires.


1962: Howard Hawks et Orson Welles

Si elle tourne peu avec les grands cinéastes italiens de l'époque, elle sera l'une des rares comédiennes à être courtisée par Hollywood. Elle donne la répliqué à Trevor Howard dans Manuela de Guy Hamilton (1957). Elle est formidable de sensibilité et de drôlerie dans Hatari! d'Howard Hawks (1962), où elle devient une "maman" de trois éléphanteaux tout en draguant un John Wayne inquiet de se faire piéger par ses charmes. Elle s'amuse avec Charlton Heston dans Le pigeon qui sauva Rome de Melville Shavelson (1962). Avec Jeanne Moreau et Romy Schneider, elle illumine Le procès d'Orson Welles (1962). En 1963, elle est des V.I.P.s de Hôtel international, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. Elle affronte un autre monstre sacré, Robert Mitchum, dans Massacre pour un fauve (1963). Ou encore dans L'agent américain de Giorgio Gentili, une comédie fantaisiste avec Cesar Romero et Dustin Hoffman (1968).

Jean Marais, Gérard Oury, Roger Vadim...

Elle joue aussi aux côtés d'Alberto Sordi dans Le miroir aux alouettes de Vittorio Dala (1959), Laurent Terzieff dans Les garçons de Mauro Bolognin, d'après une histoire de Pier Paolo Pasolini (1959), Mel Ferrer dans Et mourir de plaisir, de Roger Vadim (1960), Jean Marais et Bourvil dans Le capitan, d'André Hunebelle (1960), Mylène Demongeot dans L'inassouvie de Dino Risi (1960), Robert Hossein dans La menace de Gérard Oury, d'après un roman de Frédéric Dard (1961), Anna Karina et Michel Piccoli dans De l'amour de Jean Aurel (1964), Jean Seberg et Claude Rich dans Un milliard dans un billard de Nicolas Gessner (1965), Marcello Mastroianni dans La dixième victime d'Elio Petri (1965), Shirley MacLaine dans un segment de Sept fois femme de Vittorio De Sica (1967), Catherine Deneuve dans Manon 70 de Jean Aurel (1968)...

A partir de la fin des années 1960, de par ses choix trop éclectiques, sans être portée par les grands cinéastes italiens, le nouveau cinéma américain ou tout simplement les jeunes cinéastes émergents, sa carrière a moins d'allure. Les films sont moins intéressants. Les rôles moins intenses. Même si on peut-être intrigué par certains choix (Les chemins de Katmandou d'André Cayatte, avec Jane Burkin et Serge Gainsbourg ; un OSS 117 avec Edwige Feuillère ...). A partir de 1976, elle quitte progressivement le métier, après une série d'échecs. Elle revient par la télé ou en guests, sans réelle conviction, et sans vraiment capitaliser sur son aura. Ce qui explique sans doute pourquoi on a oublié sa grâce et son panache. Cette icône du style avait abandonné la lumière qu'elle captait si bien pour se consacrer à son nouveau métier: décoratrice d'intérieur.

Slán Maureen O’Hara (1920-2015): fondu au noir sur la reine du technicolor

Posté par vincy, le 25 octobre 2015

Elle était l'autre rousse d'Hollywood dans les années 1940 et 1950. Maureen O'Hara, née Maureen FitzSimons, est morte samedi à l'âge de 95 ans. Oscar d'honneur l'an dernier, elle avait tourné dans plus de 60 films. Si peu d'entre vous la connaissent, sachez qu'elle fut, légitimement, considérée comme l'une des plus belles femmes du monde à son époque. Une beauté renversante peut-on dire. Irlandaise et Américaine, elle s'est éteinte dans sa résidence à Boise, dans l'Idaho.

C'est avec deux John qu'elle a atteint le firmament: John Ford et John Wayne. Avec le premier, elle acquiert la célébrité dans Qu'elle était verte ma vallée en 1941. Elle devient son égérie, malgré de nombreux projets inaboutis. Toujours avec Ford, et avec John Wayne en partenaire, elle obtient son plus grand rôle dans L'Homme tranquille face à John Wayne, avec qui elle forme un couple aux relations tumultueuses dans une Irlande étouffant la liberté et l'émancipation des femmes.

"C'est un type super" - John Wayne

Intrépide, fougueuse, fière, farouche et romanesque, femme solide loin des ingénues de l'époque, John Wayne lui avait adressé un compliment incroyable dans ses Mémoires pour ce macho patenté: "J'ai eu de nombreux amis, et je préfère la compagnie des hommes, à l'exception de Maureen O'Hara. C'est un type super."
L'actrice américaine Jessica Chastain lui a également rendu hommage sur Twitter, "d'une rousse coriace à une autre" : "Reconnaissante de la lumière que tu as diffusée", a-t-elle tweeté.


Sa famille a annoncé son décès, naturel, en précisant: "Maureen était notre mère, grand-mère, arrière-grand-mère et amie bien-aimée. Elle est morte en paix entourée de sa famille aimante alors qu'ils célébraient sa vie en écoutant la musique de son film préféré, L'homme tranquille".

Plus éblouissante qu'un coucher de soleil

"Maureen O'Hara est plus éblouissante qu'un coucher de soleil" écrivait-on sur elle. Surnommée "la reine du Technicolor" (pour sa chevelure rousse flamboyante, ses yeux verts, et sa peau qui captait la lumière à merveille Maureen O'Hara, née en 1920 dans la banlieue sud de Dublin, avait migré à Hollywood en 1939.

Charles Laughton, son mentor pour elle, sa fille adoptive pour lui, lui fait signer son premier contrat. Sa carrière a commencé avec La Taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) d'Alfred Hitchcock, d'après le livre de Daphné du Maurier et en Esmeralda dans Quasimodo (The Hunchback of Notre-Dame) de William Dieterle. Il y a pires débuts. Avec Qu'elle était verte ma Vallée (6 Oscars dont celui du meilleur film), fresque sociale (inspirée de la vie familiale de John Ford) sur les mineurs du Pays de Galles, O'Hara entre dans la cour des actrices à surveiller.

Reine des Pirates

Durant les années 40, elle tourne avec quelques-uns des plus grands cinéastes de l'époque: Henry Hathaway (Ten Gentlemen from West Point), Jean Renoir (Vivre libre), Richard Wallace (Nid d'espions), Nicholas Ray (Secret de femme)... On la croise comtesse ou Lady dans des films plus populaires, c'était la grande mode des pirates, elle en était la Reine par ses dons athlétiques qui pouvaient la mettre à égalité avec des stars masculines: Le Cygne noir d'Henry King, avec Tyrone Power, Buffalo Bill de William A. Wellman, avec Joel McCrea, Pavillon noir de Frank Borzage, Sinbad le marin de Richard Wallace, avec Douglas Fairbanks Jr. et Anthony Quinn...

Mais c'est en 1947 qu'elle connait son plus grand succès au cinéma avec Le Miracle de la 34e rue de George Seaton, aux côtés de John Payne et la jeune Natalie Wood. Ce conte de Noël, devenu un classique maintes fois refaits pour la télévision, avait obtenu 3 Oscars.

Cascadeuse et romantique

Dans les années 50, la comédienne, capable d'être héroïque (elle maniait l'épée elle-même tout comme elle faisait ses cascades) et sentimentale, séductrice et dramatique, poursuit ses rôles de femme forte et courageuse, notamment dans des Westerns et des films d'aventures (Sur le territoire des Comanches, Les Frères Barberousse, Les Fils des Mousquetaires, La Loi du Fouet, La Belle rousse du Wyoming, À l'assaut du Fort Clark ...). "Bette Davis a raison: les garces sont amusantes jouer" disait-elle.
George Sherman en fait sa muse. Sherman a un jour évoqué la relation entre l'actrice et John Ford, dont il était un peu jaloux: "John Ford considérait Maureen comme étant sa merveilleuse actrice, aussi proche de lui que ses propres enfants. Chaque fois que j’ai travaillé avec elle, Ford lui téléphonait plusieurs fois par semaine. Il m’a raconté qu’elle l’avait aidé quand il préparait L'homme tranquille. En fait, c’est elle qui a tapé à la machine le script définitif."

L'égérie de John Ford

Car c'est John Ford qui va la rendre immortelle en 1952 avec L'Homme tranquille, où elle incarne la jeune épouse pas commode d'un John Wayne qui ne va pas hésiter à reprendre ses droits "virils" sur l'effrontée. Robert Parrish avait décrypté la femme "fordienne": "celles qui agitent des mouchoirs blancs quand leur mari va à la guerre et les prostituées au grand cœur." Avec Maureen O'Hara, il dessine un personnage féminin qui n'est ni l'un ni l'autre, plus subtil, plus complexe. Cela rend ce film singulier et plus atemporel. Et pas seulement pour la première scène de fessée de l'histoire hollywoodienne. Un morceau d'anthologie du 7e art. Ford signe une comédie romantique et mélodramatique qui permet aux deux comédiens de s'affirmer dans leurs rôles, tout en étant loin des films de genre qu'ils tournaient habituellement.

Car Maureen O'Hara tourne aussi des films d'espionnage et des polars pour Ray Milland, Carol Reed, Richard Sale. Elle est alors une des rares comédiennes à qui l'on offre des personnages plutôt catalogués comme masculins. Malgré de nombreux projets qui ne se sont pas concrétisés, John Ford continue aussi de l'enrôler : Ce n'est qu'un au revoir (The Long Gray Line) en 1955 et L'aigle vole au soleil (The Wings of Eagles) en 1957, tous deux au sein de l'armée américaine.

Dernier tour de piste avant le décollage

A partir des années 60, l'actrice se fait plus rare. Ses plus récents films n'ont pas marqué et une nouvelle génération d'actrice arrive. Elle varie les genres avec le Western New Mexico (The Deadly Companions) de Sam Peckinpah, la comédie Disney La Fiancée de papa (The Parent Trap) de David Swift, qui relance sa carrière, la rom-com M. Hobbs prend des vacances d'Henry Koster, avec James Stewart, le drame écologiste La Montagne des neuf Spencer de Delmer Daves, avec Henry Fonda, Le Grand McLintock d'Andrew V. McLaglen, avec John Wayne (again) ou Rancho Bravo (The Rare Breed) d'Andrew V. McLaglen, avec James Stewart (encore).

Sa carrière s'arrête au début des années 70 avec Big Jake, un film co-réalisé par George Sherman et John Wayne, définitivement inséparables. "J'étais dure. J'étais grande. J'étais forte. Il était dur. Il était grand. Il était fort. En tant qu'homme et en tant qu'être, je l'adorai..." disait de lui l'actrice. "J'ai rendu John Wayne sexy, j'assume cette responsabilité" ajoutait-elle.

On la croise une dernière fois, en maman de John Candy dans Ta mère ou moi (Only the Lonely) de Chris Columbus en 1991 et dans quelques téléfilms.

Maureen O'Hara avait arrêté de jouer dans les années 1970 pour diriger une compagnie aérienne, Antilles Air Boats, avec son mari, Charles Blair. A la mort de celui-ci, en 1978, dix ans après leur mariage, dans un crash d'avion, elle était devenue la première femme de l'histoire des Etats-Unis à diriger une compagnie aérienne régulière, durant quelques années. Car, outre son Irlande natale, elle adorait les Caraïbes (et avait profité d'un voyage à Cuba pour rencontrer Che Guevara).

En 2005, Maureen O'Hara a publié ses Mémoires, "'Tis Herself: An Autobiography", livre inédit en France. A ce moment là, elle avait préféré se retirer loin d'Hollywood, de ses ragots et de sa folie, et de ses îles pour se rapprocher de son petit-fils qui réside dans l'Idaho, qui l'a prise en charge. "J'ai eu de la chance de faire de merveilleux films" en guise de conclusion à sa vie mouvementée. Irlandaise au plus profond d'elle-même, elle aimait dire qu'elle était "comme la plupart des femmes qu'elle a incarné à l'écran." Elle se voyait en Jeanne d'Arc, rêvait d'être une soprano à l'Opéra. Elle restera comme l'actrice irlandaise la plus mémorable du cinéma, dans des paysages grandioses de l'Ouest américain, les vallées vertes de son pays natal ou sur les flots azurés des Antilles.

James Garner (1928-2014) : Maverick s’éclipse

Posté par vincy, le 20 juillet 2014

james garnerJames Garner n'était sans doute pas une star, mais il fut l'un des premiers rôles les plus sympathiques de ces cinq dernières décennies à Hollywood. Bien sûr, sa carrière cinématographique n'était sans doute pas à la hauteur de sa popularité. Révélé par une série TV, Maverick, dont il a été le bellâtre et fine gâchette durant cinq saisons, ce provincial qui a enchaîné les petits boulots et l'armée avant de se lancer par hasard sur les planches, aurait peut-être mérité une autre carrière.

Garner est mort à l'âge de 86 ans le 19 juillet. Il laisse quelques grandes performances, entre séduction et castagne, sur le grand écran. Sa silhouette athlétique, sa mâchoire carrée, son allure virile, sa grande taille (1m88) et son charme inaltérable ont fait le reste. Il est le chapardeur dans La Grande Evasion (1963), l'officier de la marine amoureux dans Les jeux de l'amour et de la guerre (1964, son film préféré), le pilote du frénétique Grand prix (1966),  le héros malin de Ne tirez pas sur le shérif (1969), le mâle troublé par une femme qui se travestit en homme dans Victor Victoria (1982), le partenaire roublard dans l'adaptation de Maverick (1994) ou le vétéran qui joue aux jeunes dans Space Cowboys (2000).

Partenaire des monstres sacrés et stars d'Hollywood

Dans le drame, le western ou la comédie, il savait imposé son charisme. Si la télévision lui a permis de recevoir de nombreux prix (2 Emmy Awards pur 15 nominations!), le cinéma l'a ostensiblement rangé dans la catégorie des acteurs populaires. Les Oscars le nommeront une seule fois pour sa prestation dans le film de Martin Ritt, Murphy's Romance, une comédie romantique avec Sally Field (1985). En 2005, les Screen Actors Guild Awards lui décernent un prix pour l'ensemble de sa carrière.

Garner c'était le premier rôle bis. Le partenaire idéal : il avait la présence et le jeu nécessaire pour donner la réplique aux plus grands. Marlon Brando, Natalie Wood, Audrey Hepburn, Kin Novak, Steve McQueen, Doris Day, Eva Marie Saint, Sidney Poitier, Vera Miles, Lauren Bacall, Bruce Willis, Mel Gibson, Jodie Fister, Clint Eastwood, Tommy Lee Jones, Paul Newman, Jack Lemmon, Sandra Bullock, Gena Rowlands, Ryan Gosling... La liste est impressionnante, qu'il soit l'amant dragueur, le mari touchant, le copain ou l'adversaire. Il ne faut pas oublier Julie Andrews, son alter-ego dans deux de ses plus grands films (Les jeux de l'amour et de la guerre et Victor Victoria) et un troisième moins connu (Une nuit très particulière).

Acteur : un travail comme les autres

Alors pourquoi James Garner n'a-t-il pas eu une filmographie à sa hauteur? "Je suis paresseux, comme l'était mon personnage de Bret Maverick". Sa vie n'a pas remplit les pages people (deux semaines après avoir l'avoir rencontrée, il s'est marié en 1956 avec Lois Clarke et en l'a plus jamais quittée), et quand il faisait parler de lui dans la presse professionnelle c'était avant tout pour des problèmes de contrat contre les studios (The Rockford Files, Deux cent dollars plus les frais en vf (6 saisons), qui entraîna la fin de cette série américaine mythique pour laquelle il était payée 100 000$ par épisodes dans les années 70!).

Politiquement démocrate, impliqué dans de nombreuses associations caritatives, pilote de course, golfeur, Garner, qui avait une santé fragile, avait d'autres chats à fouetter que de s'intéresser à une carrière. Il tournait tout le temps depuis 1955 et trouvait quand même le temps d'aider Martin Luther King à faire sa marche historique ou produire du Chardonnay californien.

L'acteur était aimable et aimé. Timide aussi voire réservé (il détestait parler en public, devenant ainsi expert en discours très courts). Fidèle en amitié (Eastwood mais aussi le couple Newman/Woodward), il était aussi respecté : John Wayne lui a rendu un vibrant hommage en 1973 en le nommant meilleur acteur de sa génération. Il voyait son métier à la manière d'un Spencer Tracy : être à l'heure, connaître son texte, respecter ses marques et balancer la vérité. "Je ne pense pas que jouer soit si difficile, si vous oubliez qui vous êtes et faîtes ce que l'auteur a écrit" expliquait-il.

James Garner l'avouait : "je ne cherchais pas à être une star. Je voulais juste continuer de travailler."

True grit : un roman de Charles Portis, deux films signés Coen et Hathaway

Posté par MpM, le 23 février 2011

true gritA l'origine, True grit est un roman de Charles Portis publié  en 1968 et rapidement devenu culte. Écrit à la première personne, il raconte comment, peu après la fin de la guerre de Sécession, la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.Plus que l'histoire elle-même, c'est l'ambiance décrite, et surtout le ton employé, qui font tout le sel du livre.

En effet, la jeune fille porte sur ses compagnons un regard si teinté de puritanisme, de candeur et d'absence totale de second degré que c'en est savoureusement décalé, voire franchement drôle. Ce qui n'empêche pas le roman de dépeindre un monde hostile et violent, où chacun doit se battre pour se faire une place. D'où la personnalité forte, mais aride, de Mattie, qui ayant endossé très jeune les responsabilités et les soucis, doit être capable d'y faire face. Les autres personnages sont eux aussi de forts caractères, purs produits de leur époque, et notamment de la guerre civile encore toute fraîche. Ils nous entraînent dans une aventure à la fois romanesque et très épurée, puisque les relations entre les trois protagonistes l'emportent très largement sur l'action.

Il existe deux adaptation cinématographiques de True grit. La première, plus connue sous le titre  Cent dollars pour un shérif, est signée Henri Hathaway (1969) et valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. La deuxième, réalisée par les frères Coen, vient tout juste de sortir en France. Les deux films sont relativement fidèles au roman de Charles Portis, mais chacun à sa manière.

Ainsi, Cent dollars pour un shérif a respecté au plus près le texte, et notamment les détails fournis par Mattie sur sa propre vie. On y retrouve par exemple des allusions au fait qu'elle appartient à une branche spécifique de Presbytériens, ou une séquence mettant longuement en scène sa famille. Comme si Henri Hathaway avait essayé de ttraduire sa moindre pensée en dialogue plus ou moins signifiants.

En revanche, le film semble aujourd'hui assez daté, bien que cela ne soit pas le cas du roman. Il s'inscrit sans aucun doute dans la lignée des grands westerns, avec image Technicolor, grands espaces et passages obligés comme les chevauchées sur la plaine ou le bivouac improvisé. Les violons, les bons sentiments et le happy end de circonstance ne sont pas très loin...

Côté acteurs, la jeune actrice est assez niaise et John Wayne lui-même paraît un peu fade. Les personnalités sont aussi moins tranchées, comme marquées au sceau d'un certain classicisme, voire conservatisme : impossible de montrer la jeune Mattie se fondre totalement dans un costume et un rôle d'homme, par exemple.

Chez les Coen, c'est presque l'inverse. Sur certains points purement narratifs, ce sont eux qui ont pris le plus de liberté avec le roman, inventant des personnages, supprimant des séquences, et forçant certaines situations. Ainsi, l'opposition entre Rooster Cogburn et LaBoeuf tient moins de l' affrontement viril de deux systèmes de valeurs que d'une chamaillerie puérile entre deux insupportables garnements. Quant à la chasse à l'homme, déjà accessoire dans le roman,  elle sert carrément de prétexte à des dialogues enlevés et un portrait au vitriol de l'époque et de ses règles.

Mais en déconstruisant les codes du western et en s'appropriant si complètement le roman de Portis, les deux réalisateurs restent fidèles à son ton inimitable. D'ailleurs, on voit bien ce qui a pu les séduire dans cette histoire rocambolesque de vengeance mais aussi de découverte et d'initiation, tant les deux personnages masculins ont ce petit quelque chose que l'on retrouve à des degrés divers dans la plupart de leurs films : ce sont des êtres solitaires et presque marginaux, mi losers magnifiques, mi farfelus irrécupérables. Ainsi, leur version décalée, à la fois pessimiste et légère, s'avère une relecture moderne de l'œuvre originale dont elle respecte les fulgurances, l'auto-dérision et le rythme.

S'il fallait choisir entre les deux adaptations, celles des Coen semblent donc plus adaptée aux goûts du jour. Mais quoi qu'il en soit, l'essentiel est de ne pas passer à côté du roman de Charles Portis, de l'intransigeante Mattie Ross et du terrible Rooster Cogburn.

Jeu concours True Grit : des livres et des DVD à gagner

Posté par MpM, le 18 février 2011

true gritLes frères Coen reviennent sur nos écrans le 23 février prochain avec leur film le plus populaire à ce jour, True grit, adapté du roman culte de Charles Portis. Le film, qui réunit Jeff Brigdes, Matt Damon, Josh Brolin et la révélation Hailee Steinfeld, est nommé dix fois aux Oscar, notamment dans la catégorie meilleur film, meilleurs réalisateurs et meilleure adaptation.

Il raconte comment la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout. Sous la caméra de Joel et Ethan Coen, cela donne un western sombre et ironique au rythme et aux dialogues enlevés.

Une vraie réussite cinématographique qui reflète intelligemment la finesse et true gritl'humour du roman original. Ce livre, publié en 1968, est vite devenu un classique de la littérature américaine, si populaire qu'il est étudié dans les écoles. Dès 1969, Henry Hathaway en réalisait une adaptation en technicolor, avec John Wayne dans le rôle du shérif borgne, rôle qui lui valut son seul et unique Oscar du meilleur acteur.

A l'occasion de la sortie du film des frères Coen, Ecran Noir met en jeu 10 exemplaires du roman de Charles Portis et 5 DVD du film d'Henry Hathaway.

Pour participer au tirage au sort, il suffit de répondre à la question suivante :

True Grit se déroule sur l'ultime frontière de l'Ouest américain, dans l'état d'origine de Charles Portis. Quel est le nom de cet état ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 27 février 2011.

Besoin d'un indice ? Rendez-vous sur le site officiel du film et trouvez la réponse ! Vous pouvez aussi rejoindre la page facebook du film ou télécharger gratuitement le "dime novel" True grit, une sale affaire.

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True grit de Joel et Ethan Coen
Avec Jeff Brigdes, Matt Damon, Josh Brolin, Hailee Steinfeld...
Sortie le 23 février 2011

TM, ® & Copyright © 2011 by Paramount Pictures. Tous Droits Réservés

Combien de dollars pour Matt Damon chez les Coens?

Posté par vincy, le 28 octobre 2009

Les Frères Coen souhaiteraient faire du remake de True Grit leur projet d'après. Parmi leur cinq films en développement, celui-ci semble le plus avancé. True Grit, en version française 100$ pour un Shérif, était un western d'Henry Hathaway datant de 1969. Hathaway avait la réputation d'un bon faiseur, on lui doit notamment Les trois lanciers du Bengale, La fille du bois maudit, Le carrefour de la mort, La rose noire, et des séquences de La conquête de l'Ouest.

True Grit est l'adaptation d'un roman de Charles Portis avec un jeune Robert Duvall et un vieux John Wayne. L'icône du western n'avait plus que quelques films à faire et quelques années à vivre. Mais c'est avec ce film qu'il gagna son seul et unique Oscar du meilleur acteur, quarante ans après ses débuts. Le Western fut un gros succès en étant le 8e film le plus vu cette année là aux USA (plus que le James Bond de l'année mais moins que Macadam Cowboy). En France, el film avait fait 800 000 entrées.

True Grit eut une suite en 1975, Rooster Cogburn, avec John Wayne ET Katharine Hepburn. Le film de Stuart Millar rapporta deux fois moins d'argent que le premier. Il y eut même une version téléfilm de True Grit en 1978. Les Coen s'attaquent donc à un morceau de culture populaire. Cette nouvelle version, produite par Spielberg, entre autres, serait plus fidèle au roman de Portis que celle d'Hathaway.

Ils avaient lancé la pré-production en embauchant Jeff "Big Lebowski" Bridges pour incarner le Shérif Rooster Cogburn. Josh Brolin (No Country for Old Men) a commencé les négociations aussitôt après pour jouer le tueur. Et Variety confirme désormais que c'est la méga-star Matt Damon qui est en discussions pour être l'avocat. Tout devrait se tourner dès mars cette adaptation-remake (pour une sortie dans un an). Damon enchaînerait ainsi le prochain Eastwood actuellement en tournage en France, les Coen et le nouveau Jason Bourne. Damon est, de la bande des Ocean's de Soderbergh, le seul à ne pas encore avoir été de la partie dans un Coen.

Ces derniers viennent de finir A Serious Man, en salles en France en janvier prochain.

AFI (6). Western : John Wayne en son pré

Posté par vincy, le 1 juillet 2008

searchers.jpgLe genre est particulier. Il naît avec John Ford et John Wayne (La chevauchée fantastique, 1939, 9e), atteint son summum avec John Ford et John Wayne (La prisonnière du désert, 1956, 1e), et meurt avec Clint Eastwood (et Gene Hackman) avec Unforgiven (1992, 4e).  Si John Wayne place trois de ses films dans le top 10 (il faut ajouter Red River, 1948, 5e, film de Howard Hawks avec Montgomery Clift), le genre était assez ouverts aux belles gueules et grands gaillards. Gary Cooper (Le train sifflera trois fois, 2e), William Holden (La horde sauvage, 6e), Robert Redford et Paul Newman (Butch Cassidy and The Sundance Kid, 7e), Warren Beatty (McCabe & Mrs Miller, 8e). Derrière la caméra on retrouve Altman, Pekinpah, Roy Hill…

Car le western fut cinématographiquement plus riche à la fin des années 60. Paradoxe du classement qui a voulu mettre le duo Ford / Wayne, en guise de symbole, en haut de la liste, c’est Le train sifflera trois fois qui cumule les lauriers depuis dix ans dans les classements de l’AFI. Et si l’étrange Shane est préféré à Danse avec les Loups, on notera surtout qu’un western sans Natalie Wood, Grace Kelly ou Jean Arthur, c’est un peu moins intéressant. Un seul film met une femme en premier rôle, Cat Ballou (1965, 10e). Avec Jane Fonda. Ironiquement, son père, Henry Fonda, a vu tous ses Westerns passer à la trappe

Notre avis : Toutes les stars ont eu droit à un grand Western. Mais ce genre appartient à John Wayne, emblème masculin du Grand Ouest filmé par John Ford.

Prochain épisode : les films sportifs boxent en première catégorie