Autant en emporte Olivia de Havilland (1916-2020)

Posté par vincy, le 26 juillet 2020

104 ans. Elle était la doyenne du 7e art. Olivia de Havilland, née le 1er juillet 1916 à Tokyo (Japon), est morte le 25 juillet à Paris, où elle résidait depuis 1953. « Les Français sont très indépendants, intelligents, bien éduqués et créatifs. Ce sont des gens qui expriment leurs sentiments. Ils sont vivaces. Bref, ils sont celtes » justifiait-elle pour expliquer sa migration définitive dans la capitale.

Cinq fois nommée à l’Oscar et deux fois gagnante pour A chacun son destin en 1946, un mélo où elle se vieillit, et L’Héritière en 1950, en épouse timide et vengeresse, prix d’interprétation à Venise pour La fosse aux serpents en 1949, où elle est schizo et démente, l’actrice britannico-franco-américaine avait été révélée au monde entier avec le personnage de la douce et bienveillante Mélanie dans Autant en emporte le vent en 1939. Elle fut aussi la première femme à présider le jury de Cannes.

La sœur (et rivale) de Joan Fontaine, autre actrice hollywoodienne légendaire, avait une beauté fragile et une diction presque aristocrate. C’est avec des personnages sympathiques , vulnérables, qu’elle a forgé sa carrière d’actrice, même si, de temps à autres, elle se fourvoyait dans des rôles plus sombres et ambigües. « J’ai toujours eu plus de chance avec les rôles de gentilles parce qu’ils demandaient davantage de travail que ceux de méchantes » disait-elle. Avant de devenir de faire face à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara, Olivia de Havilland a conquis le cœur de l’Amérique avec des films de divertissement populaire, aux côtés de son partenaire Errol Flynn, avec qui elle a joué huit films entre 1938 et 1943 dont Les aventures de Robin des bois.

Dans les années 1940, elle devient incontournable, et l’une des meilleures actrices de sa génération. De 1935 à 1988, elle tourne cependant plus rarement que de nombreuses de ses consœurs. Outre les Michael Curtiz (Capitaine Blood, La charge de la brigade légère, Robin des bois, La poste de Santa Fe…), elle est mise en lumière par des cinéastes majeurs comme John Huston (L’amour n’est pas en jeu), Raoul Walsh (La charge fantastique, The Strawberry blonde), William Wyler (L’héritière, avec le sublime Montgomery Clift), Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Robert Aldrich (le jouissif Chut… chut, chère Charlotte, avec Bette Davis), Henry Koster (Ma cousine Rachel). Sur la fin de sa carrière, elle se concentre sur des seconds-rôles dans des grosses productions (Airport 77, Le cinquième mousquetaire) et pour le petit écran.

Durant trois décennies, Olivia de Havilland et son visage angélique et charmant ont souvent été associés à des films de qualité. S’il manque un grand chef d’œuvre à sa filmographie (à l’inverse de sa sœur qui croise deux grands films d’Hitchcock), il y a peu de fautes de goût. Surtout son jeu s’est étoffé au fil des ans et sa palette assez vaste la conduisent au firmament, aux côtés de Katharine Hepburn, son amie Bette Davis ou encore Jennifer Jones. Elle vacille ainsi du côté d’un registre plus tragique. Paradoxalement, au sommet de son art dans les années 1950, elle tournera moins, et s’effacera lentement de l’affiche. Au total, à peine 50 films avec son nom au générique, mais des rôles de femmes fortes et des récits dans tous les genres, du cape et d’épée au film catastrophe en passant par le western. Jusqu’à sa splendide et mystérieuse dualité qu’elle offre dans La double énigme de Robert Siodmak où elle joue deux sœurs jumelles, l’une criminelle, l’autre innocente.

Il faut dire qu’elle était une femme de tête. Ne supportant plus les rôles qu’on lui proposait, elle les refusait un à un. La Warner avait abusivement suspendu son contrat. Plutôt que de se laisser faire, la star décida d’entrer en guerre. Olivia de Havilland avait une détermination sans faille pour protéger sa vie privée, mais aussi pour poursuivre judiciairement les studios à qui elle fit de nombreux procès, farouchement défenseuse de sa liberté et de ses droits. Contre la Warner, elle gagne et cette bataille au prétoire aboutit à une nouvelle loi sur les contrats entre acteurs et producteurs. L'arrêt fait toujours jurisprudence dans le Code du travail californien sous le nom de De Havilland Law. De quoi mériter sa standing ovation dans une de ses dernières apparitions aux Oscars au début des années 2000.

Sur la fin de son existence, elle préférait écrire, le seul art dont elle ne se lassait pas. La longévité était son seul défi. « Chaque anniversaire est une victoire » disait-elle. Elle a fêté le dernier il y a un peu plus de trois semaines.

Albert Finney (1936-2019), acteur prodigieux et carrière prestigieuse

Posté par vincy, le 8 février 2019

L'acteur britannique Albert Finney est mort aujourd'hui à l'âge de 92 ans. Son élégance naturelle alliée à un corps robuste et un regard malicieux restent inoubliables. Fils de bookmaker, il a parfois pris des risques. Il avait refusé le rôle de Lawrence d'Arabie. Ce qui ne l'a pas empêché au fil des décennies d'obtenu cinq nominations aux Oscars, de gagner trois Golden Globes (en plus de six nominations), de remporter un BAFTA (et 8 autres nominations) et de tourner durant 50 ans au Royaume Uni comme aux Etats-Unis. Il a notamment été marié avec Jane Wenham, puis Anouk Aimée et enfin Pene Delmage.

En 2000, Steven Soderbergh le remet sur le devant de la scène en lui offrant le rôle masculin principal d'Erin Brokovich, où il joue un avocat-mentor de Julia Robert dans une "class-action" écologique. Soderbergh le réembauche pour Traffic et surtout pour Ocean's Twelve, pour une apparition dans l'épilogue, en père voleur de Catherine Zeta-Jones. Albert Finney jouera ainsi les valeurs ajoutées dans plusieurs productions hollywoodiennes: Une grande année de Ridley Scott, La Vengeance dans la peau de Paul Greengrass (en affreux Dr Hirsh) ou Skyfall de Sam Mendes (en garde-chasse de la propriété familiale de James Bond). Le 007 sera son dernier film de cinéma, il y a 7 ans.

Tim Burton lui offre aussi le rôle de Ed Bloom âgé (jeune, il est incarné par Ewan McGregor) dans Big Fish (et il fera une voix dans Les noces funèbres). Il faut dire que Finney est entouré d'un culte pour les cinéastes de cette génération.

Débutant d'abord au théâtre, aux côtés d'Alan Bates et Peter O'Tool, il joue Shakespeare durant les années 1950. On le considéra souvent comme l'héritier de Laurence Olivier. Il débute sur le grand écran en 1960, dans Samedi soir et dimanche matin de Karel Reisz. Tout au long de sa vie, épris de sa liberté, il refuse des gros cachets ou des responsabilités. L'argent ne l'intéresse pas. En 1962, il est Tom Jones dans le film éponyme de Tony Richardson. Albert Finney est l'acteur emblématique de ce Free Cinema britannique qui s'impose dans le Swinging London. Bad boy sympathique dans ce film culte, il envoute la critique qui le propulse dans le star-système. Avec Tony Richardson, il connaît aussi son plus grand succès théâtral dans les années 1960 en incarnant Martin Luther King dans Luther.

Cette liberté artistique le pousse à n'en faire qu'à sa tête. Il réalise ainsi Charlie Bubbles, autoportrait parodique où l'on croise une jeune Liza Minelli. Il fonde la société de production Memorial Enterprises, qui remporte la Palme d'or avec If..., et lance Stephen Frears avec Gumshoe (avec Finney en acteur), Mike Leigh avec Bleak moments et Tony Scott avec Loving Memory.

Audrey Hepburn et Hercule Poirot

Cela ne l'empêche pas de céder à certaines sirènes. dans les années, 1960, il tourne Voyage à deux, de Stanley Donen, périple ensoleillé et cruel avec Audrey Hepburn (avec qui il a eu une liaison) autour d'un couple. Film de guerre, thriller, comédie, il ne cherche pas à s'installer dans un genre. Il excelle en misanthrope dans le film familial Scrooge. Il campe un légendaire Hercule Poirot dans Le crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet (qui le retrouvera pour son ultime film en 2007, le très noir 7h58 ce samedi-là, en doyen familial). Les années 1970 ne sont finalement pas moins riches, même s'il se fait rare, contrairement à Sean Connery ou Michael Caine. Admirable Fouché dans Les Duellistes de Ridley Scott (où il fut payé par une caisse de champagne), il enchaîne des films comme Looker film de SF de Michael Crichton, L'usure du temps d'Alan Parker ou L'habilleur de Peter Yates. On notera surtout sa participation aux œuvres de John Huston, la comédie musicale Annie, et le drame Au-dessous du volcan, où il transcende son personnage de consul solitaire et dépressif.

Les années 1990 peuvent être perçues comme sa traversée du désert au cinéma. Ce serait oublié son passage chez les Coen, en parrain de la mafia irlandaise dans Miller's crossing et surtout deux rôles importants chez Mike Figgis dans The Browning Version en prof homosexuel amer et chez Suri Krishnamma dans Un homme sans importance en chauffeur de bus homosexuel toujours dans "le placard".

les critiques des films d'Albert Finney

Finney tournera un tiers de sa filmographie entre 2000 et 2012, passant de Agnieszka Holland à Michael Apted, en passant par Alan Rudolph. Il a eu pour partenaire Diane Keaton, Jill Clayburgh, Jacqueline Bisset, Julia Roberts. Sur le petit écran il a incarné le pape Jean-Paul II et Winston Churchill. Il a été soldat, docteur, juge, écrivain.

A ne jamais faire trop de concession, à conserver son talent toujours intact, même pour un petit rôle, Albert Finney est resté l'un des acteurs les plus respectés. Son charme et son charisme, son refus d'être acheté par le système et son aspiration à s'en affranchir en ont fait une figure à part dans le cinéma anglo-saxon. Il savait être drôle ou inquiétant, séduisant ou antipathique, sensuel ou monumental. Mais c'est bien son esprit rebelle qui restera : il a refusé tout anoblissement et honneur royal au cours de sa vie, rejetant ainsi le titre de Sir. Pourtant, il a donné de beaux titres de noblesse au métier d'acteur.

Netflix s’empare du dernier film inachevé d’Orson Welles

Posté par vincy, le 15 mars 2017

the other side of the wind orson welles john hustonAlors qu'Amazon affirme ses ambitions cinématographiques (Manchester by the Sea oscarisé deux fois, The Lost City of Z aujourd'hui sur les écrans et le prochain Leos Carax), Netflix vient d'acquérir les droits de The Other Side of The Wind, dernier film du réalisateur américain Orson Welles.

Tourné de manière sporadique entre 1970 et 1976, le film n'a jamais été terminé à cause d'un conflit entre le réalisateur et le financier derrière le projet, l'Iranien Mehdi Bushehri, beau-frère du Shah d'Iran. Ce n'est pas le seul film inachevé du cinéaste puisqu'on compte Don Quichotte, The Deep et Le marchand de Venise. Parfois ils ont été tournés et parfois montés, mais n'ont jamais connu de sortie en salles.

The Other Side of The Wind sera donc monté, restauré et ainsi achevé sous la supervision de l'un des producteurs de l'époque, Frank Marshall (Retour vers le futur, Indiana Jones, Jason Bourne, Sully entre autres) et avec l'aide du réalisateur, producteur et auteur polonais Filip Jan Rymsza ainsi qu'avec l'un des acteurs du film Peter Bogdanovich, engagé comme consultant.

Trois ans de négociations

Dans ce film, qui peut se voir comme un reflet autobiographique de la carrière de Welles, il avait choisi John Huston, un autre vénérable cinéaste pour incarner le personnage d'un réalisateur en perte de vitesse qui tente un retour. Le film raconte une soirée (prise par différents types de caméras selon le point de vue des invités et des paparazzis) dans la villa de Jake Hannaford, cinéaste non conformiste, à la veille de sa mort.

Le montage respecterale scénario écrit par Orson Welles et la Croate Oja Kodar, qui était également à l'affiche du film. Celle-ci était la dernière compagne du réalisateur. Malgré une levée de fonds importante il y a deux ans (un peu plus de 400000$, cinq fois que ce qu'il fallait), l'héritière a refusé de se séparer des négatifs du film, un temps stockés à Paris (lire aussi notre article du 11 novembre 2014).

Le gros chèque (enfin " la passion et la persévérance" selon le communiqué) de Netflix aura eu raison d'elle. Et désormais les bobines ont migré à Los Angeles. "C'est un travail de passion et un cadeau en héritage de l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire" a sobrement expliqué le directeur des contenus de la plateforme mondiale Ted Sarandos.

Bye bye Zsa Zsa Gabor (1917-2016)

Posté par vincy, le 19 décembre 2016

L'actrice américaine Zsa Zsa Gabor, ex-Miss Hongrie 1936, est morte dimanche 19 décembre 2016 à l'âge de 99 ans d'une crise cardiaque. Née à Budapest, le 6 février 1917, cette "scandaleuse" aux neuf mariages aura surtout été une figure de la presse people: franc parler, humour et glamour ont d'ailleurs pris le dessus sur sa carrière professionnelle.

Mariée dès l'âge de 20 ans à un diplomate turc plus âgé qu'elle, Zsa Zsa a ensuite enchaîné les conquêtes, les bagues au doigt, les divorces. La Gabor a été l'une des premières comédiennes dont la notoriété était fondée sur sa présence et ses frasques médiatiques.

Elle a épousé le patron des hôtels Hilton, l'acteur britannique George Sanders ou encore il y a 30 ans, le prince allemand "auto-proclamé" Frederic von Anhalt qui voulait confier à l'anatomiste allemand controversé Gunther von Hagens le soin de "plastiner" son corps après son décès: "Ma femme a toujours rêvé que sa beauté soit immortelle".

Comédienne erratique

Sari Gabro (son vrai nom), née d'un père diamantaire et d'une mère rêvant d'être actrice, a quitté la Hongrie avec ses deux soeurs en 1941. Les "Gabor sisters" deviennent rapidement célèbres à Hollywood où Zsa Zsa, remarquée par sa personnalité flamboyante. Le cinéma s'intéresse à elle en 1952 avec Cinq mariages à l'essai d'Edmund Goulding et surtout le Moulin rouge de John Huston. En 1953, elle tourne Lili de Charles Walters (aux côtés de avec Leslie Caron et Mel Ferrer) et L'ennemi public numéro un d'Henri Verneuil, avec Fernandel (sur un scénario de Michel Audiard).

Iconoclaste autant que surprenante, l'actrice peut accepter aussi bien Sang et Lumières de Georges Rouquier, avec Daniel Gélin, Le clown est roi, avec Jerry Lewis et Dean Martin, ou La soif du mal d'Orson Welles (1958). Difficile de trouver une cohérence dans sa filmographie remplie de séries B (le film noir The Girl in the Kremlin, le drame judiciaire The Man Who Wouldn't Talk, le musical Country Music Holiday, le polar Death of a Scoundrel, la SF série Z Queen of Outer Space, la comédie The Road to Hong Kong...).

Devenue une célébrité plus qu'une grande comédienne, elle finit par jouer son propre rôle ou faire des caméos dans plusieurs films et notamment dans Freddy 3 - les Griffes du cauchemar en 1987.

Célébrité permanente

Elle a aussi été très présente à la télévision. Mais c'est bien dans la presse qu'elle aura tenu un premier rôle tout au long de sa vie, affirmant avoir couché avec Frank Sinatra, Richard Burton et Sean Connery, condamnée à trois jours de prison pour avoir giflé un policier en 1989 ou à 200000 dollars d'amende pour la rupture d'un contrat publicitaire en 1993. L'année suivante, elle se place sous la protection de la loi sur les faillites pour échapper à ses créanciers, après avoir été condamnée à 3,3 millions de dollars d'amende pour diffamation envers l'actrice Elke Sommer.

Un grave accident de voiture à Hollywood la laisse partiellement paralysée. Procédurière au maximum, elle poursuit sa coiffeuse qui conduisait le véhicule et obtient 2 millions de $ de dommages et intérêts. Finalement Zsa Zsa Gabor finira par faire la une avec ses hospitalisations: une attaque cérébrale, une opération de la hanche due à une mauvaise chute, l'amputation de la quasi-totalité d'une jambe et de problème cardiaques et pulmonaires. Elle aura vécu beaucoup de vies, une longue vie, une sacrée vie, mais il faut croire que la vie est chienne et lui a fait payer tous ses excès. Son plus grand rôle, elle l'a mis en scène elle-même: c'était elle.

Jim Harrison et Hollywood, une histoire qui a mal tourné

Posté par vincy, le 28 mars 2016

Immense écrivain, Jim Harrison, surnommé « Big Jim », est mort dimanche à l'âge de 78 ans. L'Amérique n'était pour lui qu'un Disneyland fasciste obsédé par le fric. Il préférait René Char, Arthur Rimbaud, Paris et surtout les grands espaces américains, ceux des Western, cette Amérique originelle. Dans ses romans, on baisait, on buvait (beaucoup, le vin pour lui apportait plus de bonheur à l'humanité que toutes les décisions politiques de l'Histoire), on s'interrogeait sur le sens de la vie et par conséquent on se rapprochait de la mère Nature.

On comprend mieux qu'avec Hollywood, ça ne se soit pas très bien passé. L'épicurien qu'il était avait quand même ramé avant d'être riche. Il avait consacré sa vie à l'écriture. Et durant les trente premières années où il a tapé ses romans, nouvelles et poèmes sur sa machine à écrire, n'a pas gagné beaucoup de dollars. Rencontré en 1975, son ami Jack Nicholson jouait les mécènes (et le poussait à travailler pour le cinéma). Car Jim Harrison, pas beaucoup lu à l'époque, ne manquait pas d'admirateurs, Sean Connery et Warren Beatty en tête. Mais lui ne se gênait pas pour détester Hollywood.

Au dessus de son bureau, il y avait un morceau de papier qui lui rappelait toujours ce que lui avait sorti un patron de studio. "Tu n'es rien qu'un écrivain". Ce mépris pour l'écriture de la part de l'industrie cinématographique a sans doute conduit Jim Harrison à ne pas trop fricoter avec elle. Il n'y a eu que six adaptations de ses oeuvres sur petit et grand écran. David Lean et John Huston ont pourtant pris des options sur des nouvelles qu'il avait écrites, sans pouvoir les tourner.

En manque de fric, il a quand même cédé à la fin des années 1980 aux sirènes d'Hollywood. En 1989, il coécrit le scénario de Cold Feet, entre polar et comédie, signé Robert Dornhelm. L'année suivante, il adapte Une vengeance, nouvelle inclue dans le recueil Légendes d'automne. Sydney Pollack, Jonathan Demme et Walter Hill furent intéressés. John Huston devait finalement la filmer. Mais il ne voulait pas de Kevin Costner dans le rôle principal. Celui-ci, en pleine ascension, a donc choisi Tony Scott pour réaliser Revenge. Le polar, honnête, est un joli succès en salles, sans plus.

En 1994, deux hits avec Jim Harrison au générique sortent sur les écrans. Légendes d’automne, l'une de ses trois nouvelles issues du recueil éponyme, est réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt (qui a pris le rôle à Tom Cruise), Anthony Hopkins (après l'abandon de Sean Connery), Aidan Quinn et Julia Ormond. Le "mélo", dont il n'a pas écrit le scénario, n'est pas forcément à la hauteur de l'oeuvre littéraire, mais le film est gros succès public et récupère un Oscar (pour la photo). Jim Harrison encaisse un million de dollars qu'il dépense en alcool et cocaïne.

La même année, son ami Jack Nicholson parvient à monter Wolf, après douze ans d'efforts. Sur proposition de Nicholson, Mike Nichols réalise ce film fantastique avec Michelle Pfeiffer, James Spader et Christopher Plummer. Jim Harrison scénarise cette histoire (qui n'a rien à voir avec son premier roman, Wolf: mémoires fictifs) d'un éditeur (des comptes à régler, Jim?) qui se transforme en loup-garou. Le tournage est un cauchemar. Le scénario est massacré par le studio quand celui-ci demande une réécriture complète du dernier tiers du film. Harrison quitte la production pour "différences créatives", estimant que leur vision du projet était incompatible: "Je voulais un loup, il en fait un chihuaha". Le film est pourtant un succès en salles.

De là date sa fâcherie avec Hollywood. Deux adaptations verront quand même le jour. Etats de force (Carried Away), d'après son roman Nord Michigan (Farmer). Réalisé par Bruno Barreto, avec Dennis Hopper et Amy Irving, le film est un fiasco total. Et Dalva, l'un de ses meilleurs romans, porté de manière pas trop honteuse sur le petit écran, avec Farrah Fawcett, Peter Coyote et Rod Steiger.

Jim Harrison ne voulait plus entendre parler de cinéma. Pour lui, assister à une projection d'un film qu'il avait écrit ou qui était une adaptation d'une de ses oeuvres c'était comme avoir "le sentiment distinct de se sentir violer par un éléphant ou - si votre imagination est plutôt maritime - par une baleine".

Il reste à savoir si dans son testament l'écrivain a laissé l'ordre de ne pas adapter ses écrits. Ou si Hollywood va désormais pouvoir s'emparer librement des histoires naturalistes et intimes, sans se soucier de l'avis de celui qui fut, jusqu'au bout, un homme libre qui avait la réputation d'être un ours.

Le 12ème film d’Orson Welles pourrait sortir au cinéma en 2015

Posté par vincy, le 11 novembre 2014

the other side of the wind orson welles john hustonUltime oeuvre d'Orson Welles, intégralement tournée mais inachevée, The Other Side of the Wind, pourrait sortir en salles. Selon le New York Times, Royal Road Entertainment est prêt à en acquérir les droits de distribution pour sortir le film le 6 mai 2015, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance.

Orson Welles a tourné le film entre 1970 et 1976. Il a travaillé sur le montage jusqu'à son décès, en 1985. Il en reste une copie de 45 minutes. Mais les ayant-droits, par détestation réciproque, ont jusque-là fait en sorte qu'elle ne soit jamais diffusée. Royal Road Entertainment a négocié directement avec l'amie de Welles, Oja Kodar, sa fille et unique héritière, Beatrice Welles, et la société de production franco-iranienne les Films de l'Astrophore. Cette société avait pis le contrôle des bobines du film (1083 pellicules), suite à un désaccord avec le réalisateur, et les avait entreposés dans les environs de Paris.

Dans L'Express, Françoise Widhoff, qui a travaillé avec Orson Welles, raconte : "Lorsque, en février 1979, les mollahs ont pris le pouvoir à Téhéran, ils ont voulu saisir l'entreprise, et Mehdi [Bousheri, gérant de la société et beau-frère du Chah d'Iran] m'a alors confié la gérance de la société. Peu après la Révolution, un émissaire iranien, très courtois, s'est rendu à Paris pour tenter de saisir la boîte. Mais, comme il a cru que celle-ci était criblée de dettes, il est reparti, toujours aimablement, faire la révolution dans son pays." Les pellicules sont stockées à Bagnolet, à côté de Paris.

Entre temps, le cinéaste, qui réside en banlieue parisienne, met à l'abri, à Los Angeles, 42 minutes déjà montées du film. Ces 42 minutes voyagent quand son ancienne compagne Oja Kadar, désormais sculptrice, les rapatrie dans son pays natal, la Croatie.

Le casting du film réunit John Huston, en réalisateur de cinéma tempétueux se battant contre les cadres d'Hollywood pour pouvoir finir un film (autant dire un autoportrait de Welles), Susan Strasberg, Lilli Palmer, Dennis Hopper et Peter Bogdanovich. Ce dernier expliquait en 1974: "C'est ce qu'Orson a fait de plus intéressant depuis Citizen Kane." Pour d'autres, il n'est pas commercialisable. Lors de la rétrospective dédiée à Welles, au festival de Locarno, un livre, également intitulé The Other Side of the Wind avait été publié et retraçait l'incroyable histoire de ce film.

Reste à finir le montage du film, en fonction des indications très précises que Welles a laissé, et la post-synchro (notamment en complétant la musique originale). Si The Other Side of the Wind sortait en mai prochain, la filmographie d'Orson Welles passerait de 11 à 12 films.

En 2012, c'est un court métrage, Too Much Johnson du maître qui avait été retrouvé.

Festival Lumière – Jour 5 : Conversation avec Almodovar

Posté par Morgane, le 17 octobre 2014

Cette journée a débuté sur un air d’Italie. Quel rapport avec Almodovar me direz-vous? Voyage en Italie de Roberto Rossellini projeté ce matin fait partie du cycle « el ciné dentro de mi » dans lequel Pedro Almodovar présente pour chacun de ses films un film de référence. En ce qui concerne Voyage en Italie, ce film l’a accompagné durant le tournage des Étreintes brisées.

L’après-midi on a pu assister à une première au Festival Lumière, une conversation avec le lauréat du Prix Lumière. La conversation avec Pedro Almodovar, animée par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier, en présence de Agustin Almodovar (producteur des films de son frère de Pedro), Elena Anaya, Rossy de Palma, Chema Prado et Marisa Paredes, s’est déroulée au théâtre des Célestins. Un très bel avant-goût de la soirée de ce soir pour la remise du Prix!

Conversation intime et très belle rencontre avec un cinéaste qui a su imposer sa marque bien à lui…

Bertrand Tavernier: J’ai toujours été remué par l’énergie de tes films qui me laissent pantois et m’intimident parfois. J’aimerais savoir si tu te souviens de ton premier jour de tournage de ton premier film?

Pedro Almodovar: La première fois que j’ai tourné c’était en super 8, mais pour moi c’était déjà du cinéma. Ça s’appelait Le sexe, ça va, ça vient, un court-métrage. La première chose que j’ai filmé, c’est leur rencontre, se percutant au coin d’une rue. Une histoire typique d’un jeune homme qui rencontre une jeune femme. À la suite de cette rencontre percutante, elle le tape à chaque fois qu’ils se revoient. Il finit par lui avouer qu’il aime ça, alors elle arrête. Elle lui avoue qu’elle préfère les femmes. Alors cet homme se transforme en femme pour elle, mais l’accueille froidement lui disant finalement « en fait, depuis que je suis devenu une femme, je préfère les hommes ». Et c’est moi qui jouais l’homme…

Thierry Frémaux: Tu es intéressé par différents arts, musique, littérature, peinture etc. du mouvement de La Movida mais as-tu toujours su que tu étais un cinéaste avant tout?

Pedro Almodovar: Enfant je voulais être peintre, j’ai écrit, construit des décors, chanté (du punk!) puis finalement j’ai laissé tombé tout ça. J’étais un peintre frustré, un écrivain frustré, un architecte frustré, un chanteur frustré, mais toutes ces frustrations m’ont aidé dans mon métier de cinéaste, un metteur en scène qui utilise tout cela.

Faisant référence au lunettes de soleil qu’il porte en plein théâtre, il nous dit que c’est à cause des projecteurs. "Ça ne vous paraît pas paradoxal d’être metteur en scène et d’avoir de la photophobie? Je porte aussi des lunettes de soleil sur les plateaux de tournage ainsi qu’un chapeau, et pourtant je n’ai pas une tête à chapeau!, et j’ai aussi deux panneaux noirs qui ne reflètent pas la lumière. Ça ne vous semble pas kafkaïen? En même temps, depuis ma plus tendre enfance ma vie est un paradoxe donc je me plais dans les situations paradoxales!"

Bertrand Tavernier: Quand un metteur en scène commence un tournage, certains tâtonnent alors que d’autres commencent directement par une scène difficile. Tu appartiens à quelle catégorie?

Pedro Almodovar: C’est sûr, je ne commence pas par une des scènes les plus difficiles. Je préfère que les acteurs et les techniciens s’imprègnent du film. En revanche, le premier jour de la deuxième semaine je fais toutes les scènes difficiles du film car je ne veux pas les laisser pour la fin.

Thierry Frémaux: Ton histoire, ton nom, ton oeuvre sont liés à la Movida. Dis-nous en un peu plus sur ce mouvement et le souvenir que tu en as gardé.

Pedro Almodovar: Ce mouvement a été essentiel! La Movida c’est le début de la période démocratique (en Espagne, ndlr), l’arrivée d’une nouvelle ère radicalement opposée à celle qu’on avait connu avant 1977 (le régime franquiste, ndlr). C’était une véritable explosion de libertés donc pour moi qui commençais à écrire c’est incroyable. J’ai aussi pu vivre plein de choses dans ma jeunesse qui ont nourri les films que j’ai fait par la suite. J’ai eu la chance de pouvoir vivre cela. La Movida nous a permis de sentir avec tous les sens ce changement si difficile à mettre en mots. C’était au-delà du merveilleux et de l’impressionnant. Ceux qui avaient résisté sous Franco ont alors abandonné leur peur. Mais ceux qui étaient heureux sous Franco se sont mis à avoir peur de nous. Ça a créé une nouvelle Espagne, un nouvel équilibre et on l’avait bien mérité!

Thierry Frémaux: Aurais-tu été le même cinéaste si tu avais grandi dans en France, en Angleterre…? Aurais-tu été cinéaste?

Pedro Almodovar: Oui je crois, car depuis tout petit ma vocation est de raconter des histoires et de le faire à travers des images. Si j’avais été aux États-Unis j’aurais certainement fait un premier film underground avec tous les travestis et les drogués de la ville qui auraient également été mes amis. Puis pendant 30 ans, plus rien. Je serais devenu un phénomène sociologique puis un cinéaste frustré. Ceci dit je serais quand même ici au festival Lumière et mon premier film serait projeté car c’est ce qui est formidable dans ce festival! Si j’avais été anglais j’aurais fait un premier film en 16mm puis j’aurais continué à faire des films mineurs mais intéressants en 35mm. Si j’avais été turc, soit je serais parti dans un autre pays soit j’aurais fait un premier film superbe qui aurait été repéré par Thierry et présenté à Cannes et j’aurais alors pu à continuer à faire des films librement en Turquie. Thierry Frémaux et Gilles Jacob sont des personnages très importants pour le cinéma. Et dans tous les cas même si le film que j’aurais fait était un film de rien du tout, un européen l’aurait repéré par son titre ou autre chose et cette personne érudite est parmi nous, Bertrand Tavernier!

Bertrand Tavernier: dans tes films tu montres souvent des extraits de films américains des grands studios. Comment aurais-tu réagi dans un système comme celui que devaient affronter ces metteurs en scène?

Pedro Almodovar: Quand je vais aux États-Unis je discute de ce système de grosses productions et je ne sais pas si je serais capable de travailler ainsi. J’aime maîtriser tous les éléments, ce serait donc opposé à ma personnalité. Mais j’aurais certainement essayé de m’adapter. Dans mes films il y a aussi des références à des films de Rossellini, Franju etc. Je me vois bien faire des films dans d’autres pays européens mais aux États-Unis je ne sais vraiment pas si j’aurais pu. Je crois que le metteur en scène doit diriger (ce n’est pas une question d’autorité). Et si d’autres points de vue (production, agents d’acteurs etc.) rentrent en jeu alors c’est le chaos. Je pense que j’aurais alors fini par faire des films de série B.

Bertrand Tavernier: Truffaut disait qu’au début d’un film on a un rêve et qu’avec les contraintes on finit par perdre de vue ce rêve et qu’on essaie surtout de faire le moins de compromis possibles.

Pedro Almodovar: Tous les metteurs en scène commencent par un rêve qui se matérialise dans le scénario qui est pourtant encore totalement abstrait. Pour moi ce parcours est un vrai voyage et sur le tournage tout peut arriver! C’est la réalité de tous ces gens présents qui fait qu’au moment du tournage le rêve disparait et devient autre chose. Je vois tous les éléments vivants qui vont me permettre d’accéder à cette nouvelle créature. J’ai besoin de toutes ces étapes pour arriver à cette créature qui n’est pas celle dont j’ai rêvée au départ mais celle à laquelle me mène cette aventure. C’est pendant le tournage que se dévoile vraiment l’histoire qu’on voulait raconter. Cela ne signifie pas que je ne défends pas bec et ongles le rêve que j’avais au début mais ce qui est très important c’est cette nouvelle créature qui prend vie!

Thierry Frémaux: Quand tu es devenu connu dans le monde entier, on a parlé de ton cinéma comme un cinéma à part. Est-ce que tu cherches toujours à faire un cinéma singulier?

Pedro Almodovar: Chacun fait les choses à sa manière et ça, c’est ma manière à moi de faire des films. Ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé à l’avance, je raconte juste des histoires à ma façon et ça a marché. Je ne voudrais pas paraître prétentieux en disant cela mais je suis un réalisateur authentique, tout simplement, car je ne saurai pas être autrement. Et tant mieux pour moi je me suis rendu compte qu’être authentique fonctionnait.

Bertrand Tavernier: Une joie, une surprise lors d’une scène que tu tournes. Quand tu l’éprouves le dis-tu ou le caches-tu?

Pedro Almodovar: Je ne sais pas si je l’ai dit sur le moment mais ce qui est sûr c’est que l’équipe l’a vu aussi. Mon équipe l’a ressenti également car ça devait se lire sur mon visage. C’est pour ces moments-là que les metteurs en scène deviennent accrocs à leur métier!

Thierry Frémaux: Te considères-tu comme un cinéaste qui fera des films jusqu’à son dernier souffle ou non?

Pedro Almodovar: Pour tout un chacun le moment où il faut se retirer est difficile. J’ai beaucoup de respect pour ceux qui continuent à faire des films même s’ils finissent par ne plus rien faire de nouveau. Mais il y a des exceptions et c’est de ceux-là que je veux parler. J’ai une image concrète de John Huston sur son dernier film (Les Gens de Dublin), assis dans son fauteuil roulant avec sa bouteille d’oxygène. Et pourtant il était là, bien présent. Ce fut son dernier film et ce fut un chef-d’oeuvre. Et c’est cette image de cet homme-là assis à laquelle j’aspire. Enfin, quand j’aurais au moins 80, 84 ans!

Bertrand Tavernier: David Lean a dit à John Boorman:
« - nous avons fait le plus beau des métiers.
- oui, mais ils ont essayé de nous en empêcher.
- oui mais nous les avons possédés!
»
David Lean est mort le lendemain.

Pedro Almodovar: Je reprends complètement cette phrase à mon compte, mais je la dirai seulement après mes 80 ans!

Campagne première : rêve américain en Eure et Loire

Posté par MpM, le 13 janvier 2009

Festival le Compa Campagne premièreQuelle part le mythe rural a-t-il joué dans le rêve américain ? C’est cette question que pose Campagne première, les 3e Rencontres cinématographiques du Compa qui se tiendront du 14 au 18 janvier prochains dans les cinémas de Chartres, Dreux et Senonches.

La sélection de 14 films (parmi lesquels Une histoire vraie de David Lynch, Les désaxés de John Huston, Into the wild de Sean Penn…) abordera notamment la conquête des grands espaces, les figures emblématiques du monde rural, la terre en crise et la fin du mythe américain. Les séances gratuites ouvertes à tous s’accompagneront de débats et rencontres avec différents intervenants historiens, scénaristes ou encore spécialistes de l’esthétique. Enfin, des extraits de films amateurs (réunis dans le cadre de l’opération "La mémoire des images d’Eure-et-Loir") seront projetés avant chaque séance afin de dresser un parallèle entre situations américaines et euréliennes.

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Plus d’informations sur le site du Compa

Paul Newman est mort : l’ultime grand saut…

Posté par vincy, le 27 septembre 2008

paulnewman.jpgIl était l'une des plus grandes légendes du cinéma américain. Paul Newman est mort vendredi 26 septembre à l'âge de 83 ans. Son décès était attendu depuis quelques semaines lorsque sa famille avait annoncé que l'acteur avait cessé de se soigner pour son cancer des poumons. Oscarisé pour son rôle dans La couleur de l'argent (de Martin Scorsese, hommage à un autre de ses grands rôles, L'arnaqueur), ce daltonien aux yeux bleus magnifiques avait été nommé neuf fois pour la statuette suprême, et avait reçu, par ailleurs, deux Oscars d'honneur. Il reçut aussi un prix d'interprétation à Cannes en 1958, l'année de sa révélation mondiale. Il donne la réplique à Elizabeth Taylor, entre alcool et impuissance, clamant : "La vérité c’est renoncer à ses rêves et mourir inconnu."

Parmi ses rôles les plus marquants soulignons La chatte sur un toit brûlant, Le gaucher, Exodus, Le rideau déchiré, Butch Cassidy et le Kid, Buffalo Bill et les indiens, Juge et hors-la-loi, L'arnaque, Le verdict... Il a ainsi tourné avec Hitchcock, Altman, Lumet, Penn, Huston. Son cinéaste de prédilection fut George Roy Hill. Récemment, il prêta sa beauté grecque vieillissante aux caméras des frères Coen (Le grand saut), à Sam Mendès (Les sentiers de Perdition) ou encore à James Ivory (Mr & Mrs Bridges). Mais son dernier rôle fut la voix d'une vieille bagnole autrefois célèbre, dans Cars (Pixar).

Newman était aussi réalisateur (De l'influence des rayons gamma... vient de ressortir à Paris), scénariste, producteur, entrepreneur , coureur automobile (2e au 24 heures du Mans) et activiste-pacifiste.

Il avait débuté sur les planches et continuait de jouer et de mettre en scène jusqu'à l'annulation d'une pièce de Steinbeck, pour cause de maladie. C'est là qu'il annonça sa retraite définitive : "Je ne me sens plus capable de travailler au niveau que je souhaite, expliquait-il. Quand on commence à perdre la mémoire, la confiance, sa capacité d'invention, il vaut mieux tout arrêter."

Voir aussi le portrait d'Ecran Noir.

Les 50 ans du cinéma marocain : Marrakech (1)

Posté par vincy, le 21 septembre 2008

marrakech.jpgLe cinéma marocain est né en 1958. Nous reviendrons sur les grands noms de son histoire, mais aussi sur l'affirmation de plus en plus nette d'un cinéma qui est devenu l'une des trois cinématographies les plus importantes en Afrique.

Mais le Maroc c'est aussi, et depuis longtemps, une terre d'accueil pour les tournages hollywoodiens et même français. Nous y reviendrons lors de l'étape à Ouarzazate.

Même si Casablanca a donné son nom à l'un des films les plus emblématiques de l'histoire du 7e Art, ce sont Tanger et Marrakech qui ont servi le plus souvent de décors aux réalisateurs occidentaux fascinés par ce monde arabe riche en couleurs.

Marrakech a ainsi été rendue célèbre par Alfred Hitchcock en 1955. Sur la place Jemaâ El Fna, Daniel Gélin se fait planter un couteau dans le dos et meurt dans les bras de James Stewart dans L'homme qui en savait trop.

Mais Marrakech a aussi été à l'image de nombreux films lorsque le Maroc était sous protectorat français. Notamment en 1934, Jacques Feyder, sur un scénario de Marcel Carné, y réalise Le grand jeu, avec Charles Vanel, Françoise Rosay et Marie Bell.

C'est aussi à Marrakech qu'une partie des plans de Shéhérazade (avec Anna Karina), du Grand Escroc (de Jean-Luc Godard, avec Jean Seberg), de 100 000 dollars au Soleil (de Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura), de L'homme qui voulait être roi (de John Huston, avec Sean Connery et Michael Caine) furent tournés, ou détournés. Dans les années 90, on notera juste le film "flower power" Hideous Kinky (Marrakech express), avec Kate Winslet.

C'est enfin à Marrakech que se tient le seul grand festival international de films du Maroc. Outil marketing pour attirer stars, touristes, investisseurs et donner une image glamour et jet-set à une ville globalement pauvre.

Mais, hormis Hitchcock, personne ne fut tenté par l'idée d'utiliser le labyrinthe de la Médina comme prétexte à scénario. Des films d'auteur confidentiels s'y tourneront. Mais l'essentiel des productions migrera vers Ouarzazate, dotée de studios d'envergure internationale. Etonnant pour une ville si cinégénique. Pas un James Bond. Juste une mention dans les périples d'Indiana Jones. Et un passage furtif dans Mamma Mia !, où Stellan Skarsgard traverse, à moto, la place Jemaâ El Fna. Toujours la même (en photo).

crédit photo : Marrakech (c) vincy thomas