De 1990 à 2025, une histoire d’amour et ses conséquences par Jia Zhangke

Posté par vincy, le 2 mars 2015

jia zhangke tao zhao

Jia Zhangke, dont le dernier film - A Touch of Sin - avait remporté le prix du scénario au Festival de Cannes en 2013, s'active actuellement sur son nouveau film, Shan He Gu Ren (Mountains May Depart).

Cette coproduction internationale (Chine/Japon/France) est l'histoire d'une bouleversante histoire d’amour dans une Chine bousculée par ses mutations économiques. Le récit se déroule sur différentes périodes, à partir des années 1990.

"Ce sera la première fois que je mettrai en présence dans un même film passé, présent et futur. Les réalités sociales ne seront présentes qu’en arrière-plan, à peine perceptibles, tandis que je mettrai en évidence, au premier plan, ces instants difficiles mais incontournables que tout individu est amené à vivre, quelle que soit l’époque dans laquelle il vit" précise le réalisateur.

Tao Zhao, son épouse et sa muse, y tient le rôle principal. Elle y incarne une femme qui tombe amoureuse de Dong. Le jeune couple se sépare quand Tao décide de se marier à un riche exploitant de mine. Des années plus tard, de nos jours, Dong, sur son lit de mort, la revoit. Elle est divorcée et son fils est parti en Australie. Le film s'achève en 2025, avec ce fils, exilé loin de son pays d'origine dont il ne se souvient pas.

Le film, dont le projet avait été révélé au marché du film cannois l'an dernier, est produit, entre autres, par MK2, Office Kitano et Arte. C'est aussi la première fois que Jia Zhangke tourne à l'extérieur de la Chine.

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Robert Pattinson, Jia Zhang-ke, une franchise française, Vincent Cassel…

Posté par vincy, le 22 mai 2014

marché du film - cannes

- Robert Pattinson chez Olivier Assayas, quelle ironie! Le réalisateur français va présenter demain en compétition son nouveau long métrage, Sils Maria, avec Juliette Binoche et Kirsten Stewart, partenaire de Pattinson dans Twilight mais également ex petit ami. Son ex va donc lui succéder devant la caméra d'Assayas pour Idol's Eyes, inspiré d'une histoire vraie autour d'un voyou malmené par la mafia de Chicago dans les années 70.

- Jia Zhang-ke, membre du jury de la Compétition cette année à Cannes, et primé pour son scénario l'an dernier avec son film A Touch of Sin, a annoncé qu'il tournerait son prochain film cet automne. Mountains May Depart sera son premier film réalisé à l'extérieur de la Chine. L'histoire se déroule en partie dans une Australie futuriste.

- Belle et Sébastien, la suite. Après le succès de Belle et Sébastien en France, mais aussi au Canada, en Belgique, en Suisse et en Italie de l'adaptation du feuilleton imaginé par Cécile Aubry, les producteurs ont décidé de lancer une franchise. Le deuxième épisode sera réalisé par Christian Duguay (Jappeloup), qui succède à Nicolas Vanier, et réunira le même casting. L'idée est de faire évoluer le personnage de Sébastien sur la durée, à la manière d'Harry Potter. Ce nouvel opus se déroulera durant l'après-guerre et le tournage est déjà prévu pour début août.

- Vincent Cassel (encore) rejoint le casting du prochain film de Carlos Diegues, Le grand cirque mystique. Le cinéaste brésilien (président du jury de la Caméra d'or en 1992) a écrit son film avec George Moura. Le tournage de ce road-movie qui suivra une dynastie du cirque durant un siècle débutera en septembre. Au générique, figurent également Catherine Mouchet (Thérèse), Dawid Ogrodnik (Ida) et Jesuita Barbosa (vu en compétition à Berlin avec Praya do futuro).

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Michael Douglas, Michel Hazanavicius, Emma Thompson, Walter Salles…

Posté par redaction, le 17 mai 2014

marché du film - cannes

- Michael Douglas va incarner le président Ronald Reagan dans le film du réalisateur islandais Baltasar Kormakur. Reykjavik se déroule sur fond de guerre froide, au moment où le président américain rencontre le dirigeant soviétique  Mikhaïl Gorbatchev. Tournage cet automne.

- Michel Hazanavicius, qui va présenter son nouveau film The Search mercredi en compétition à Cannes, a annoncé qu'il réaliserait son premier film américain. Will, une comédie produite notamment par Will Farrell mettra en vedette Zach Galifianakis (Very Bad Trip) dans le rôle d'un ange gardien rebelle d'un certain Will. Paul Rudd est pressenti pour le rôle-titre. Tournage pas avant la fin 2015. Hazanavicius projette également de réaliser In the Garden of Beasts, adapté du livre d'Erik Karson, avec Tom Hanks et Natalie Portman au générique..

- Emma Thompson, Daniel Brühl (Good Bye Lenine!, Rush) et Mark Rylance (Intimité, Deux sœurs pour un roi) seront à l'affiche du prochain film de Vincent Perez Alone in Berlin, d'après le roman d'Hans Fallada, Seul à Berlin : l'histoire vraie , au lendemain de la Seconde guerre Mondiale, d'un couple qui se révolte contre le système et provoquent plusieurs actes de résistance après avoir appris la mort de leur unique enfant au front.

- Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyages, Sur la route), parrain de La Fabrique des Cinémas du Monde au Festival de Cannes cette année, travaille actuellement sur un documentaire et sur un livre consacrés au réalisateur et documentariste chinois Jia Zhang-ke, juré de la compétition. En collaboration avec le journaliste Jean-Michel Frodon, le tournage s'est effectué à l'automne dernier et est actuellement en phase de montage.

Cannes 2013 : Steven Spielberg et son jury succombent aux désirs d’Adèle et d’Emma

Posté par vincy, le 26 mai 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Le palmarès cannois aurait pu être pire. Même si, pour nous, il manque des films dont l'esthétisme (voire le formalisme) et le propos nous ont davantage séduits, reconnaissons à Steven Spielberg et son jury d'avoir eu du cran : Une Palme pour Adèle, fallait oser. Lui Président a décidé de provoquer un acte culturel (et donc politique) majeur en remettant l'un des plus grands prix du 7e art à un film dont certaines séquences (sexualité frontale, nudité, homosexualité)  l'empêcheront d'être vu dans de nombreux pays (y compris les USA) et dont la durée limitera l'intérêt des exploitants. Avec ce prix, il oblige les exploitants à s'adapter à une création hors-normes...

La Palme d'or à La vie d'Adèle, malgré nos quelques réserves sur le film, est largement justifiée tant l'oeuvre (3h) est captivante et émouvante. Hymne à l'amour et sà la liberté, l'adaptation de la BD "Le bleu est une couleur chaude" aura enthousiasmé journalistes, festivaliers, professionnels. Steven Spielberg n'a pas oublié de décerner la Palme aux deux actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. "Nous avons été privilégiés de voir ce film, et non gênés" explique le cinéaste en conférence de presse. "C'est l'histoire d'un amour profond, magnifique. Le réalisateur n'a pas du tout bridé le récit. Nous étions sous le charme du film, avec des actrices formidables. Le réalisateur a permis aux personnages de prendre réellement vie" a-t-il poursuivi.

Lorsqu'il a reçu son prix, Abdellatif Kechiche a dédié son prix "à cette belle jeunesse de France qui m'a beaucoup appris sur l'esprit de liberté", "le vivre-ensemble". Ce film est pour "une autre jeunesse, de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, et aimer librement", a déclaré le cinéaste.

Le suspens pour les César 2014 est mort ce soir.

le jury du 66e festival de cannes 2013 spielbergExceptions culturelles

Défendant l'exception culturelle, Steven Spielberg en a fait la ligne directrice de son palmarès : des films iranien (avec une actrice d'origine argentine), chinois, japonais, américains et mexicain. Le jury a privilégié des mélodrames, et tous les films primés ont de belles qualités. Jia Zhang-ke a offert cette année sa production la plus ambitieuse, entre vengeance personnelle sanglante et tragédie humaine ; Kore-eda Hirokazu n'a peut-être pas réalisé son plus grand film mais l'histoire filiale ne pouvait que séduire des cinéastes comme Spielberg et Lee qui en on fait des thèmes récurrents dans le cinéma ; le grand Bruce Dern permet à le très bon Nebraska de ne pas repartir les mains vides grâce à un personnage mémorable de vieux lunatique et taiseux ; les Coen ont manqué de peu la double Palme d'or mais leur film, l'un des chouchous des festivaliers, ont confirmé leur grand retour grâce à un blues musical qui ne manque pas de dérision : Nebraska comme Inside Llewyn Davis devraient refaire parler d'eux aux prochains Oscars ; enfin, plus surprenant, le jury a préféré un jeune metteur en scène mexicain, Amat Escalante avec son essai très soigné et plutôt réussi (quoique déjà vu) sur la violence, Heli, pour le prix de la mise en scène : c'est la deuxième fois consécutive qu'un mexicain remporte ce prix. Concluons avec le prix d'interprétation féminine pour la franco-argentine Bérénice Bejo : deux ans après la projection de The Artist (prix d'interprétation masculine), la comédienne césarisée est désormais consacrée pour son rôle dramatique dans Le passé. Ironiquement, son personnage devait être incarné par Marion Cotillard, qui doit s'en mordre les doigts.

Après avoir vu tous ses films primés, constatons que l'image, les cadrages et la musique y sont souvent sublimes. Du drame intimiste au film de genre, tout le cinéma est représenté, illustrant une 66e édition prônant haut et fort le souci de la diversité et l'envie de séduction. Mais à voir la liste, c'est surtout un certain cinéma "vérité" qui a été honoré : un regard franc sur le monde, nostalgique ou cruel.

Cannes 2013 : où sont les femmes ? – A Touch of Sin

Posté par MpM, le 17 mai 2013

a touch of sinLa femme, dans le cinéma asiatique, est souvent cantonnée à des rôles très définis, on aura l'occasion d'y revenir d'ici la fin du festival de Cannes.

Premier exemple criant, A Touch of sin de Jia Zhang-ke, une fresque romanesque sur les difficultés économiques d'une partie de la population chinoise. On y croise  des individus confrontés à toutes formes de violence symbolique et sociale, qui finissent eux aussi par passer à l'acte.

Parmi les quatre protagonistes principaux, on ne trouve qu'une seule femme. Elle est la maîtresse de longue date d'un homme marié et travaille comme réceptionniste dans un "sauna" qui sert de maison close. Aux yeux des hommes qui fréquentent l'établissement, elle est donc une prostituée potentielle. Et lorsqu'elle s'en défend face à un client trop entreprenant, il laisse entendre qu'elle n'a qu'à se laisser faire, puisqu'il est riche.

La femme comme objet de plaisir au service des hommes puissants, vision classique (et toujours aussi révoltante) des sociétés patriarcales. Heureusement, Jia Zhang-ke venge l'affront en transformant l'héroïne en amazone vengeresse. Voilà au moins un homme qui n'achètera plus jamais rien ni personne avec sa fortune.

Dans les autres volets, une autre jeune femme est confrontée à la prostitution, mais elle n'a pas le loisir de s'y soustraire. Elle doit subvenir aux besoins de sa petite fille, et n'a d'autre horizon que le club très privé où elle est travaille. Les autres personnages féminins se définissent tous en fonction d'un homme : femme de, sœur de, mère de. Des stéréotypes sans aucune épaisseur psychologique, qui attendent sans cesse le bon vouloir d'un homme, qu'il s'agisse d'argent ou de chaleur humaine.

Il faut reconnaître que les personnages masculins ne sont guère mieux lotis en termes de statut social : exploités, niés, humiliés, maltraités... Ils bénéficient toutefois d'une autonomie plus importante, et demeurent au centre du récit. Comme si leur destin avait quelque chose de plus tragique que celui des personnages féminins, au fond assez traditionnel.

Pour la femme chinoise dans la société décrite par Jia Zhang-ke, il n'y a donc que deux options : femme convenable sous le joug d'un seul homme ou prostituée soumise au bon plaisir de tous.

Johnnie To s’inquiète du déclin du cinéma de Hong Kong

Posté par vincy, le 31 juillet 2012

Ça ne semble pas briller très fort pour Johnnie To ces temps-ci. Pourtant, le cinéaste hong-kongais va recevoir un Prix honorifique pour l'ensemble de sa carrière à Locarno cette semaine, un mois après celui rendu par Paris Cinéma. Mais ses résultats au box office sont moins explosifs qu'auparavant. La vie sans principe, son dernier film, sorti le 11 juillet, aura du mal à dépasser les 20 000 entrées en France. A Hong Kong, le film s'est classé dans le Top 50 annuel, de justesse. A raison de deux films par an, comme réalisateur, To a déjà 55 films au compteur. Certains ont été choisis en compétition dans les plus grands festivals du monde, d'autres ont marqué le cinéma de genre contemporain.

Dans un entretien au Monde, Johnnie To confesse un certain pessimisme sur le cinéma de Hong Kong. La production est solide (40 à 50 films par an) mais bien moindre qu'avant la rétrocession chinois (200 à 300 à l'époque). La Chine accapare désormais l'essentiel des moyens : les productions les plus importantes se font à Shanghai. C'est aussi à Shanghai que les studios américains investissent (voir notre actualité sur le sujet).

Johnnie To fait figure de résistant en essayant de produire, via sa société Milky Way, un maximum de projets à Hong Kong. Mais face à l'explosion des budgets et des cachets durant la période faste (années 80 et 90), les financements sont devenus compliquer à trouver. D'autant que, paradoxalement, les films de Hong Kong ont touché le public occidental plus tardivement, au moment où le piratage explosait (on trouve des films à peine sortis en salles au coin de n'importe quelle rue asiatique en format DVD).

Dans son interview par la journaliste du Monde, Isabelle Régnier, Johnnie To explique que "dans le même temps, les producteurs hollywoodiens commençaient à s'intéresser aux personnalités étrangères, beaucoup de cinéastes et d'acteurs hongkongais sont partis là-bas. Aujourd'hui, on ne trouve pas de relève. Le cinéma hongkongais a pris une direction de plus en plus déclinante, et le niveau est devenu tellement bas qu'il lui est très difficile de se relever."

Pourtant Hong Kong ne manque pas d'argent ni de talents. Mais Johnnie To avoue qu'il va falloir que ce cinéma s renouvelle s'il ne veut pas être absorbé par un cinéma chinois de plus en plus ambitieux, aidé par son marché en pleine croissance. La vie sans principe, de Johnnie To, a déposé  les armes, pour se focaliser sur un contexte socio-économique. Son autre film de l'année 2011, Don't Go Breaking My Heart, est un triangle amoureux. Sorti en février, High Altitude of Love II est un drame romantique. Il vient de finir un polar, Drug war, et tourne actuellement un thriller plus social, Blind Detective. "J'aime bien diversifier mes sources d'inspiration" se justifie-t-il.

Il s'apprête surtout à produire le prochain film de Jia Zhang-ke, proptotype du cinéma d'auteur et documentariste de la Chine continentale. Johnnie To s'enthousiasme alors : "J'ai pensé que c'était un vrai gâchis de le voir cantonné dans un cinéma très art et essai. (...) Je voulais qu'il puisse se déployer, accéder à des budgets plus importants. Ça ne veut pas dire faire un cinéma plus commercial, mais plus ambitieux, aussi bien en termes de production que sur le plan artistique. (...) Il a pour l'instant un problème lié au planning des comédiens. Il devrait bientôt me communiquer un nouveau casting. Si ça marche, on lancera la production à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine."

Fataliste sur l'avenir du cinéma de Hong Kong, malgré des cinéastes qui cartonnent au box office local, comme Ann Hui (A Simple Life) ou Chung Shu Kai (I Love Hong Kong) et des stars bankables comme Andy Lau, Johnnie To se résigne lui aussi à devoir composer avec le cinéma chinois. Même s'il le fera à sa manière.

Johnnie To produit un film d’arts martiaux de… Jia Zhang-ke !

Posté par vincy, le 8 janvier 2011

Le réalisateur chinois Jia Zhangke sera bientôt à l'affiche avec I Wish I Knew, présenté à Cannes en 2010. Un film dont nous disions regretter "cet ancien Jia Zgang-ke qui savait transcender la fiction en portrait poignant de la Chine actuelle, quand aujourd'hui il est incapable de se nourrir des témoignages qu'il recueille pour ne serait-ce que retenir l'attention de son spectateur."

Il semble que nous ayons été écoutés. Quoique. Le virage semble à 180°. Le cinéaste débutera en février le tournage d'un film d'arts martiaux, une première pour lui. Produit par Johnnie To, le projet se déroule entre 1899 et 1911. En chinois, il s'intitule Durant la Dynastie Qing.

Après cela, il pourrait écrire son premier film européen (entre l'Italie et la France).

Venise 2010 : The ditch de Wang Bing, un film chinois choc

Posté par MpM, le 7 septembre 2010

The Ditch

C'est la tradition à Venise, certains films sont sélectionnés secrètement et apparaissent dans le programme sous le nom de "film surprise". Pour savoir ce dont il s'agit, il faut aller le voir ! Il y a quelques années, c'est Still life de Jia Zhang-ke qui a ainsi bénéficié de cette atmosphère de mystère. Résultat : un lion d'or. Tout le mal que l'on peut souhaiter à The ditch (le fossé) de Wang Bing, c'est bien sur de suivre le meme chemin...

Or le film a une chance de séduire le jury, dans la mesure où il aborde une page révoltante de l'histoire chinoise, celle des camps de rééducation. Basé à la fois sur le roman Goodbye Jiabiangou de Yang Xianhui et sur les témoignages de survivants, il décrit les conditions de vie terribles et inhumaines de milliers de citoyens chinois considérés comme réactionnaires et envoyés dans le camp de travail de Jiabiangou, au coeur du désert de Gobi.

Avec une extrême rigueur, le réalisateur filme le quotidien de ces hommes privés de nourriture et de soins, dont beaucoup souffrent de dysenterie, et qui meurent nuit après nuit. On les voit dans le fossé où a été creusé leur abris, écrivant à leur famille, se disputant pour des raisons politiques et surtout agonisant ou découvrant un autre de leur camarade mort. Plus qu'une intrigue, c'est une succession de scènes éprouvantes, bouleversantes, au-delà de toute humanité, où se lit en filigrane l'indescriptible expérience qu'ont vécu ces hommes. Ne travaillant plus, n'ayant rien à manger ni à faire, ils se contentent de rester couchés là, déjà morts au fond d'eux-même. Et hormis quelques scènes trop démonstratives à la fin, Wang Bing parvient à garder une sécheresse narrative et visuelle qui renforce cette impression.

On s'en doute, le sujet est politiquement sensible (ce qui pourrait expliquer la sélection du film sous une forme "surprise"). Wang Bing a toutefois préféré ne pas s'avancer sur ce terrain glissant. "On pourrait dire que le film est politique, ou non, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. On doit parler de cette histoire du passé. Ce qui est essentiel, c'est d'utiliser ces événements pour réfléchir sur le futur. Commencer une discussion libre et ouverte à partir de cette expérience tragique. Ce film est mon espoir pour nous faire réfléchir aux différents rapports entre les hommes, à un présent et à un futur plus vivables pour tous."

Il faut espérer que le gouvernement chinois partage sa philosophie (et son optimisme), sinon il pourrait rejoindre Jia Zhang-ke dans un autre club, celui des cinéastes qui ont eu affaire à la censure.

40 avant-premières mondiales pour le Festival de Locarno

Posté par vincy, le 4 août 2010

homme au bain tournage francois sagatPour sa première année, le nouveau directeur artistique du Festival, le Français Olivier Père (ancien directeur de la Quinzaine des réalisateurs) n'a pas lésiné sur ... les films français. Jusqu'à l''ouverture qui se fera avec le nouveau film de Benoît Jacquot, Au fond des bois, drame en costumes. Si majoritairement les films viennent d'Europe (surtout scandinave), on constate un importante délégation francophone (Canada inclus) et peu de films venus d'Asie (hormis la Chine) et d'Amérique latine.

Du 4 au 14 août, la petite ville suisse accueille l'un des plus beaux festivals de cinéma. On connaissait déjà le jury (Eric Khoo en président de celui de la compétition officielle), une partie de la programmation, la rétrospective annuelle (Ernst Lubitsch) et la plupart des hommages (Jia Zhang-Ke, Alain Tanner). Actualité du 25 juin 2010. On nous avait même surpris avec l'annonce du prix d'excellence pour Chiara Mastroianni et sa Master Class. Actualité du 30 juin 2010.

Entre temps Locarno a ajouté un Léopard d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre, qui sera attribué au cinéaste italien Francesco Rosi le 13 août. En plus d'un dialogue pblic avec le critique italien Sergio Toffeti, les festivaliers pourront (re)voir en copie restaurée son film pacifiste Uomini Contro (Les hommes contre).

Le Festival proposera au total 40 avant-premières mondiales. L'objectif d'Olivier Père est de faire de Locarno une rampe de lancement pour les nouveaux talents et les jeunes cinéastes, un lieu de découverte.

Cela n'empêche pas quelques événements avec des stars, ou même de flirter avec différents genres populaires comme le L.A. Zombie de Bruce LaBruce (voir actualité du 31 juillet 2010), avec la star du porno gay François Sagat, qui sera aussi à l'affiche du film de Christophe Honoré avec son Homme au bain (photo), ou encore un film de science-fiction avec Eva Green (Womb), ou toujours une "comédie" indépendante américaine, Cyrus dans la lignée de Little Miss Sunshine qui avait fait son avant-première européenne à Locarno.

Cette année, aucun blockbuster. Mais un regard sur le monde et son cinéma, en mutations. Une épreuve test pour le nouveau directeur dans un festival qui séduit toujours autant de monde mais qui peine à s'étendre faute de capacité d'hébergement importante.

Une 63e édition qui lance aussi la saison des festivals : Venise, Toronto, San Sebastian pour les plus importants, mais aussi Montréal, Telluride, Deauville, Londres ou encore New York.

Compétition
Bas Fonds, Isild Le Besco, France
White White World, Oleg Novkovic Serbia, Suède
Beyond The Steppes, Vanja d'Alcantara, Belgique
Cold Weather, Aaaron Katz, U.S.A
Curling, Denis Cote, Canada
Winter Vacation, Li Hongqi, Chine
Homme au bain, Christophe Honore, France
At Ellen's Age, Pia Marais, Allemagne
Karamay, Xu Xin, Chine
La Petite Chambre, Stephanie Chuat & Veronique Reymond, Suisse
L.A. Zombie, Bruce LaBruce, U.S.A.
Luz Nas Trevas – A Volta Do Bandido Da Luz Vermelha, Helena Ignez & Icaro C. Martins, Brésil
Morgen, Marian Crisan, Roumanie
Periferic, Bogdan George Apetri, Roumanie
Pietro, Daniele Gaglianone, Italie
Sac, Tayfun Pirselim, Turquie
Songs of Love and Hate, Katalina Godros, Suisse
Womb, Benedek Fliegauf, Allemagne

Hors-compétition
C'etait Hier, Jacqueline Veuve, Suisse
Get Out of the Car, Thom Andersen, U.S.A
Hell Roaring Creek, Lucien Castaing-Taylor U.S.A
Io Sono Tony Scott. La Storia Del Piu Grande Clarinettista Del Jazz,
Franco Maresco, Italie
Les Champs Brulants, Catherine Libert & Stefano Canapa, France
Mademoiselle Else, Isabelle Prim, France
The Indian Boundary Line, Thomas Comerford, U.S.A
Low Cost, Lionel Baier, Suisse

Compétition Cinéastes du présent
Aardvark, Kitao Sakurai, U.S.A
The Belly of the Whale, Ana Lungu & Ana Szel, Roumanie
Foreign Parts, Verena Paravel & J.P. Sniadecki, U.S.A/France
Songs of Tomorrow, Jonas Holmstrom & Jonas Bergergard, Suède
Ivory Tower, Adam Traynor, Canada
Jo Pour Jonathan, Maxime Giroux, Canada
La Lisiere, Geraldine Bajard, France
The Life Sublime, Daniel V. Villamediana, Espagne
Mandoo, Ebrahim Saeidi, Irak
Memory Lane, Mikhael Hers, France
Intolerance Now, Takahiro Yamauchi, Japon
Norberto's Deadline," Daniel Hendler, Uruguay/Argentina
Paraboles, Emmanuelle Demoris, France
Prud'Hommes, Stephane Goel, Suisse
Pulsar, Alex Stockman, Belgique
September 12, Ozlem Sulak, Allemagne/Turquie
The Fourth Portrait, Chung Mong-Hong, Taiwan
Tilva Ros, Nikola Leraic, Serbie
You Are Here, Daniel Cockburn, Canada

Projections sur la PIAZZA GRANDE
Au Fond Des Bois, Benoit Jacquot, France - ouverture
Cyrus, Jay Duplass and Mark Duplass, U.S.A
The Silence, Baran bo Odar, Allemagne
The Ugly Duckling, Garri Bardine, Russie
Hugo Koblet -- Pedaleur De Charme, Daniel von Aarburg, Suisse
Invisibleboy, Philippe Parreno, France
King's Road, Valdis Oskarsdottir, Islande
L'avocat, Cedric Anger, France
Monsters," Gareth Edwards, U.K.
Rammbock," Marvin Kren, Germany
Rare Exports: A Christmas Tale, Jalmari Helander, Finlande
Rubber, Quentin Dupieux, France
Little Paradise, Paul Riniker, Suisse
The Light Thief, Aktan Arym Kubat, Kirgizistan
The Mission Of the Human Resources Manager, Eran Riklis, Israel
To Be or Not to Be, Ernst Lubitsch, U.S.A
Uomini Contro, Francesco Rosi, Italie

Le 63ème Festival de Locarno promet de belles surprises

Posté par anne-laure, le 25 juin 2010

locarno poster 2010Du 4 au 14 août 2010, la ville de Locarno, en Suisse, fait la part belle au cinéma de demain mais aussi à celui d'hier. Dans son cadre entre lac et montagne, entre Italie et Suisse, son Festival, qui met en lumière des films d’auteur indépendants, ouvre ses portes pour la 63ème fois.

Quelques nouvelles de la programmation
Samedi 7 août, la Piazza Grande de Locarno accueillera la première européenne de Cyrus de Jay et Mark Duplass, une comédie sentimentale et familiale américaine avec Los Angeles en toile de fond. Interprété par John C. Reilly, Jonah Hill, Marisa Tomei et Catherine Keener, le film est produit par Michael Costigan. La projection aura lieu en présence de John C. Reilly et des réalisateurs. Cet acteur américain de talent que l'on a vu notamment chez Paul Thomas Anderson, Martin Scorsese  ou dans les productions de Judd Apatow  recevra d'ailleurs un hommage pendant le Festival.
L’affiche de la Piazza Grande prévoit également la présentation en première mondiale des toutes premières images de The Invisible Boy, un projet de long métrage de l’artiste plasticien français Philippe Parreno. Le Festival programmera aussi à cette occasion une sélection de courts métrages du cinéaste, ainsi que Zidane, un portrait du 21èmesiècle, long métrage co-réalisé avec Douglas Gordon en 2006.

Les deux premiers titres de la Compétition internationale ont été révélés : le cinéaste italien Daniele Gaglianone (I nostri anni, Nemmeno il destino) présentera en première mondiale son troisième long métrage de fiction, intitulé Pietro et pour la première fois le sulfureux réalisateur canadien Bruce LaBruce (Hustler White, The Raspberry Reich) viendra à Locarno avec la première internationale de L.A. Zombie. Une vingtaine de films en tout seront en lice pour le Léopard d'or.

alain tannerLéopards d’honneur pour les réalisateurs Alain Tanner et JIA Zhang-ke
Né en 1929, à Genève, le cinéaste Alain Tanner est devenu le chef de file du « nouveau cinéma suisse » depuis son premier film Charles mort ou vif, en 1969. Suivront La Salamandre (1971), Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), Dans la ville blanche (1983), Les Années lumière (1981, Grand Prix du Jury à Cannes)… Indiquant son soutien envers ce festival, le réalisateur effectuera une leçon de cinéma ouverte au public. Pour Olivier Père, « ce prix me paraît saluer comme elle le mérite une filmographie qui a démontré une indépendance et une intelligence rares. Témoins de leur temps, les films d’Alain Tanner en formulent aussi la critique et osent s’aventurer sur les territoires du rêve, de la poésie, du désir et de la révolte. Placés sous le signe des utopies puis des voyages, imaginaires ou réels, les films d’Alain Tanner comptent parmi les plus beaux des nouveaux cinémas du monde entier et ont profondément marqué plusieurs générations de spectateurs »

jia zhang keJIA Zhang-ke, réalisateur chinois, ne sera pas en reste. Figure de proue de la « sixième génération » de cinéastes chinois, JIA Zhang-ke est né en 1970 à Fenyang et diplômé de la Beijing Film Academy. Lion d’or à la Biennale de Venise avec Still Life en 2006, JIA Zhang-ke est l’auteur de neuf longs métrages à ce jour, dont trois documentaires. Il recevra lui aussi un Léopard d’honneur et le Festival projettera à cette occasion un des chefs d’œuvre de l’auteur, Platform (2000), ainsi que son dernier documentaire, I Wish I Knew (2010), présenté dans la section « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes.

Une rétrospective d’Ernst Lubitsch
olivier pere locarnoLe Festival international du film de Locarno consacrera une rétrospective complète au grand cinéaste américain d’origine allemande, auteur du très célèbre To be or not to be en 1942. Olivier Père, nouveau directeur artistique du Festival (photo), depuis le 1er septembre 2009, explique son choix. « A travers cette rétrospective, nous voulons rendre hommage à l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma, et maître incontesté de la comédie. Cette intégrale veut offrir au public de Locarno comme aux historiens l’occasion de (re)découvrir dans toutes ses facettes la fameuse « Lubitsch Touch », ce mélange unique d’élégance, de satire, d’esprit, de sens du rythme et de l’ellipse. » Cette rétrospective sera reprise à la Cinémathèque française en septembre 2010.

Les jurys
erik khooLe jury de la Compétition internationale sera présidé par le réalisateur singapourien Eric Khoo (Be with Me, My Magic, photo). A ses côtés pour décerner le Léopard d’or, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani (Mensonges d’État, À propos d’Elly), l’acteur français Melvil Poupaud (Le temps qui reste, Un conte de Noël), le réalisateur suisse Lionel Baier (Garçon stupide, Un autre homme) et le réalisateur américain Joshua Safdie (The Pleasure of Being Robbed, Go Get Some Rosemary).

Le jury de la Compétition Cinéastes du présent, désormais réservé aux premiers et seconds films, sera quant à lui présidé par Eduardo Antin, ancien directeur du Festival de cinéma de Buenos Aires (BAFICI). Il sera accompagné de la réalisatrice allemande Maren Ade et du réalisateur belge Joachim Lafosse.

le jury des Léopards de demain, section consacrée aux courts métrages, sera présidé par le réalisateur argentin Lisandro Alonso (Los Muertos, Liverpool). Pour élire le meilleur film de la compétition internationale et de la compétition suisse, il sera accompagné de la productrice française Sylvie Pialat, fondatrice des Films du Worso, de l’actrice suisse Nina Meurisse et du réalisateur portugais Miguel Gomes.

locarno piazza grandeGrande première : les Industry Days du 7 au 9 août
Pour la première fois cette année, trois journées seront entièrement consacrés aux professionnels du cinéma.
Les Industry Screenings, réservés aux acheteurs, proposeront en avant-première les films des deux compétitions de longs métrages -la Compétition internationale et la Compétition Cinéastes du présent. En parallèle, producteurs et distributeurs pourront assister pendant ces trois jours à plusieurs workshops et tables rondes organisés en collaboration avec les partenaires de l’Industry Office de Locarno.

Open Doors aux pays d’Asie centrale
Après la Chine en 2009, le Festival, déviant un peu vers l’Ouest, met à l’honneur l’Asie centrale. Organisée avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération (DDC) du Département fédéral des affaires étrangères (Suisse), la section Open Doors permet aux réalisateurs et aux producteurs des projets sélectionnés de trouver des partenaires de co-production et de réaliser leur film. Les inscriptions pour ces Open Doors ont débuté en janvier 2010. Une douzaine de candidats seulement ont été retenus provenant de pays qui sont actuellement en guerre les uns avec les autres...

Kazakhstan: Harmony Lessons de Emir Baigazin ; The Fierce Horse Rustlers de Adilkhan Yerzhanov ; Sunny Days de Nariman Turebayev

Kirghizistan: Jolbakan de Elnura Osmonalieva ; Princess Nazik de Erkin Saliev ; The Singing Grannies de Nurlan Asanbekov

Ouzbékistan: Aral de Ella Vakkasova ; Barzagh de Saodat Ismailova ; Gaulish Village de Shukrat Karimov

Tadjikistan: Halola de Bakhtyar Khudojnazarov ; Buzkashi! de Najeeb Mirza

Turkménistan: Ener de Bayram Abdullayev et Lora Stepanskaya

« Les nombreux réalisateurs et producteurs que nous avons rencontrés au cours de nos différents voyages dans la région doivent faire face quotidiennement à d’innombrables difficultés », a commenté Martina Malacrida, responsable de Open Doors. « Dans ce contexte, la coproduction avec l’étranger prend une importance vitale. Nous sommes convaincus que les 12 projets choisis ont tous le potentiel nécessaire pour séduire des partenaires internationaux. »
Au terme de trois jours de workshop, une bourse de soutien à la production d’une valeur de 35 000 euros, financée dans le cadre de l’initiative Open Doors, sera attribuée par un jury composé de représentants du Festival et de « visions sud est », fonds suisse d'aide à la production. Par ailleurs, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée, France) offrira une bourse d’aide au développement de projet, dotée de 7 000 euros. L’édition 2010 marquera aussi l’inauguration du nouveau International Relations ARTE Prize, d’une valeur de 6 000 euros.