Cannes 2013 : où sont les femmes ? – François Ozon et la prostitution féminine

Posté par MpM, le 22 mai 2013

jeune et jolieFrançois Ozon aurait mieux fait de se taire... Lors d'une interview accordée au magazine professionnel Hollywood reporter en début de semaine, le cinéaste avait déclaré : "Je pense que les femmes peuvent ressentir une connexion avec l'héroïne du film, car la prostitution est un fantasme commun à de nombreuses femmes. (...) Cela ne veut pas dire qu'elles le font, mais le fait d'être payé pour coucher est quelque chose qui est assez évident dans la sexualité féminine."

Propos qui ont à juste titre ému, notamment dans les réseaux sociaux, poussant le réalisateur à essayer maladroitement de se rattraper sur son compte Twitter : "Propos maladroits et mal compris. Évidemment je ne voulais pas parler des femmes en général, juste des personnages de mon film". Rétro-pédalage en règle...

Dans l'imaginaire collectif (et pas uniquement masculin), la prostituée est une figure archi-classique du cinéma. En une semaine de festival, on en a déjà croisé chez Jia Zhang-ke, Amit Kumar, James Franco, Paolo Sorrentino, Guillaume Canet, Mahamat-Saleh Haroun, Nicolas Winding Refn et bien sûr François Ozon. Mais pour la plupart des personnages, il ne s'agit guère de réaliser des fantasmes sexuels. Se prostituer est parfois l'un des rares moyens, pour une femme, de subvenir à ses besoins. Comme le dit l'héroïne de Grigris : "il faut bien qu'elle mange, Mimi."

Pour d'autres réalisateurs, la prostituée est avant tout une jolie femme sur laquelle chacun peut projeter ses fantasmes. Toujours sexy, toujours consentante, facilement interchangeable. Une récompense pour les héros (Monsoon shootout), une proie facile pour les pervers (Only God Forgives). Pas très éloignée de la poupée gonflable, au fond. Même François Ozon aura rectifié de lui-même : peu de femmes rêvent de connaître une telle réalité.

Cannes 2013 : Qui est Marine Vacth ?

Posté par vincy, le 16 mai 2013

Marine VacthElle est jeune (23 ans) et (très) jolie. François Ozon en a fait sa nouvelle muse pour son film, Jeune et jolie, en compétition au Festival de Cannes. Nul ne doute que Marine Vacth va faire briller les pupilles et faire crépiter les flashs lorsqu'elle foulera le tapis rouge.

Les flashs, elle connaît. Il y a huit ans, elle débute une carrière de mannequin, qui la consacrera en devenant l'égérie des parfums Parisienne d'Yves Saint Laurent et de la marque Chloé, en signant un contrat avec Ralph Lauren. La lyonnaise incarne la parisienne contemporaine, blouson de cuir et baskets, avec en arrière plan un décor de carte postale.

Fille de chauffeur-routier, un peu alcoolique et violent, et d'une mère qui ne voulait rien voir, cette taiseuse écorchée qui aime laisser voguer ses pensées dans un ailleurs indéfinissable a grandi en banlieue parisienne : un endroit sordide mais pas répulsif, sans âme mais à elle. Son univers, elle se l'est construit, en quittant tôt le domicile familial, en habitant à Paris. Elle est belle, mais veut être actrice. Le mannequinat est une transition qui lui permet d'acheter son indépendance et de financer ses voyages.

Marine Vacth ne magasine pas, sort peu, aime réfléchir chez elle. En 2011, elle débute sur les plateaux avec Cédric Klapisch : Ma part du gâteau, titre prémonitoire? Le cinéaste a craqué sur elle lors des essais et lui offre un petit rôle. Cette comédie sociale séduit le grand public. Alexandre Arcady aussi succombe. Il l'enrôle pour un personnage plus important dans Ce que le jour doit à la nuit. Elle incarne la fille de Vincent Perez, convoitée pour sa beauté et la richesse de son père, et s'affranchissant des règles imposées par la situation familiale et politique.

Elle confiait récemment qu'elle avait envie de se salir, de tourner un film sur l'inceste, de montrer sa face cachée. Marine pas si candide, mais authentique, pourrait affoler la Croisette : Ozon lui a composé un hymne en 4 saisons et 4 chansons...