Lumière 2017 : La première séance avec La mort aux trousses

Posté par Morgane, le 15 octobre 2017

Le mois d’octobre est arrivé sur Lyon et avec lui son désormais traditionnel (neuvième édition déjà!) Festival Lumièret qui remettra son Prix Lumière cette année au grand Wong Kar-wai.

Comme de coutume, l’ouverture s’est déroulée à la Halle Tony Garnier et, comme de coutume, la salle était pleine à craquer. Les Lyonnais et autres aficionados du Festival étaient une fois encore au rendez-vous.

Mais il n’y a pas que chez les spectateurs qu’on retrouve des cinéphiles patentés. Parmi les réalisateurs/ices, acteurs/rices, certain(e)s sont fidèles au Festival. On a donc eu le plaisir de retrouver Tonie Marshall, Marina Foïs, Pierre Richard, Jerry Schatzberg, Marisa Parades, Vincent Lindon et d'autres encore… on s’attendait presque à voir débouler le tonitruant Quentin Tarantino, mais cette année il nous a fait faux-bond! D’autres ont foulé le tapis rouge de la Halle pour la première fois comme Catherine Frot, Robin Campillo, Gérard Jugnot, Tilda Swinton, Alfonso Cuaron, Guillermo Del Toro, Michael Mann… Et puis bien sûr, Eddy Mitchell qui est entré au son du Boogie Woogie, en invité spécial de cette cérémonie d’ouverture.

Rochefort dans toutes les têtes

Thierry Frémaux a pris le micro. La cérémonie a commencé, reprenant peu ou prou le même déroulement que les années précédentes. Certains s’en lassent peut-être mais elle a pour moi ce petit goût des bonnes choses que l’on connait déjà mais que l’on a si grand plaisir à retrouver. Ce sont donc enchaînés les applaudissements à Max Lefrancq Lumière, petit-fils de Louis Lumière, la diffusion de la compilation des films projetés cette année, et ils sont encore bien nombreux, l’hommage à Jerry Lewis et à Jean Rochefort décédés récemment - Bertrand Tavernier a rendu hommage à son interprète de L'horloger de Saint-Paul en ces mots : « Acteur génial et homme d’une qualité exceptionnelle » -, la diffusion des désormais classiques films des frères Krémos réalisés par les frères Lumière, puis la fameuse déclaration d’ouverture du festival par les stars sur scène et par les spectateurs dans la salle.

Une dernière séance

Pour conclure, Eddy Mitchell est monté sur scène, entouré de Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier, et a joué les prêcheurs. Véritable bible du cinéma et de ses anecdotes, Mister Eddy a été révélé au cinéma par Coup de Torchon du même Tavernier. Ce dernier a pris la parole : « Pour jouer un imbécile (personnage de Nono), seul quelqu’un de très intelligent pouvait le faire! » Eddy Mitchell, connu principalement comme chanteur, a aussi eu une véritable carrière au cinéma, de Coup de Torchon à Les Petits Princes en passant par Le bonheur est dans le pré, Cuisine américaine, I love you, À mort l’arbitre! etc. Le cinéma selon Eddy Mitchell, « il est tombé dedans petit. A la sortie de l’école, mon père venait me chercher et si je n’avais pas de devoir, on allait au ciné! ».

Puis toute la salle a entonné un karaoké sur La Dernière séance avant de laisser place à Hitchcock sur l’écran. Car cette année c’est La mort aux trousses qui a été projeté. Un vrai bonheur de retrouver Cary Grant et son humour en toutes circonstances face à la sublime Eva Marie Saint dans ce thriller spectaculaire qui compte au moins deux scènes d'anthologie du 7e art: la poursuite dans le champ de maïs et le final sur le Mont Rushmore.

Voilà, la neuvième édition du Festival Lumière est lancée et le rideau sur l’écran est tombé. Mais il va se lever à de très nombreuses reprises dans les salles obscures de Lyon et du Grand Lyon et ce jusqu’à dimanche 22 octobre. Projections, Ciné-concerts, Master-class, Rencontres, Dédicaces… la semaine promet d’être belle et riche cinématographiquement!

Jean Rochefort (1930-2017) s’en va au Paradis

Posté par vincy, le 9 octobre 2017

L'immensément populaire, le toujours élégant, le perpétuel fringant, l'éternel trublion Jean Rochefort a fait son ultime révérence à l'âge de 87 ans. Hospitalisé depuis près de deux mois, le facétieux troubadour, qui savait manier la légèreté aussi bien que les mots nous quittent et rejoint le Paradis cher à son ami Yves Robert.

Avec son allure de dandy et ses somptueuses bacchantes, il avait cette silhouette aristocrate, doublée d'une voix chaude, qui lui ont souvent valu des rôles de notables ou d'adulescents, de salauds ou de sympathiques. Jean Rochefort est, dans l'esprit de tous, attaché à de nombreuses comédies (la moitié de sa filmographie). Pourtant, c'est aussi dans les films d'aventures, les drames et les polars qu'il a su imposer son éclectisme.

Lire aussi son portrait: Jean Rochefort, patrimoine national.
Voir aussi sa filmographie: de Ridicule à L'artiste et le modèle, toutes nos critiques

Avec 17 films au dessus des 2 millions d'entrées en France, il est incontestablement de la race de ces acteurs populaires qui, même s'ils ont surtout brillé durant une période (les années 1960 et 1970), ont su séduire les générations suivantes (grâce à la télévision entre autres).

De la bande de Noiret, Marielle, Cremer, Girardot et bien sûr Belmondo, Jean Rochefort avait aussi gagné le respect d'une profession, couronné par trois César (meilleur second-rôle, meilleur acteur et César d'honneur). Comme toute la bande, il a commencé en figurant, avec des petits rôles, dans l'ombre de Jean Marais et de Bébel; notamment dans des films de Cape et d'épée (Cartouche, Le Capitaine Fracasse, Le masque de fer, Angélique marquise des Anges et ses suites). En majordome dans Les Tribulations d'un Chinois en Chine, il parvient à tirer un peu la couverture à lui, en reprenant les codes rigides du domestique Nestor dans Tintin. Philippe de Broca le reprend dans Le Diable par la queue, où il incarne malicieusement un fils à maman et doux fainéant.

"J'étais obligé de beaucoup tourner pour vivre, parfois des films qui m'intéressaient peu: je les nommais mes films «avoine-foin», parce que j'étais déjà éleveur de chevaux, et il fallait que je les nourrisse, ainsi que moi-même. Angélique, cette rigolade, c'était pour les chevaux! C'est au début des années 70 que j'ai commencé à avoir de grands rôles au cinéma" a-t-il confié en 2013.

Il faut attendre sa rencontre avec Yves Robert pour le voir dans un rôle populaire plus noir. En Colonel Toulouse, il s'avère un redoutable manipulateur, froid comme un serpent, et sans affect dans Le Grand blond avec une chaussure noire. Robert en fait l'un de ses acteurs fétiches: Salut l'artiste, Le retour du grand blond, Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au Paradis, Courage, fuyons, Le château de ma mère (l'un de ses plus gros succès). Dragueur maladroit ou père de famille libertin, il montrait qu'il pouvait tout jouer, à commencer par "le bourgeois type que je représentais aux yeux des Français" comme il le disait.

Dans les années 1970, Rochefort mue et devient l'un des grands acteurs de sa générations. S'affranchissant des étiquettes, il passe ainsi de Michel Audiard à L'horloger de Saint-Paul de Bertrand Tavernier, de Patrice Leconte (années navets) au Fantôme de la liberté de Luis Bunuel. Claude Chabrol se laisse séduire par son ambivalence et le faut tourner deux fois (Les Innocents aux mains sales, Les magiciens). Bertrand Blier aime sa gueule impassible (Calmos). Mais, particularité, il est aussi l'un des rares acteurs français à tourner avec des cinéastes étrangers : Luigi Comencini (Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?, tournage qu'il a tant détesté qu'il a refusé de faire un autre film avec le réalisateur italien), Henning Carlsen (Un divorce heureux), Ted Kotcheff (La grande cuisine), Joachim Kurz (Grandison), Giorgio Capitani (Je hais les blondes), Laszlo Szabo (Davis, Thomas et les autres), Robert Altman (Prêt-à-porter), ou encore Alejandro Agresti (Le Vent en emporte autant)... On pourrait aussi citer L'enfer de Danis Tanovic ou Les vacances de Mr. Bean de Steve Bendelack, qui résument à eux seuls les grands écarts contorsionnistes de sa filmographie. Le grand acte manqué restera sa collaboration avec Terry Gilliam. Le tournage (maudit) de The Man Who Killed Don Quixote restera inachevé à jamais. Eleveur et cavalier accompli (il sera même embauché à la télévision pour commenter les épreuves olympiques d'équitation), sa chute de cheval sonne comme une allégorie à ce film adapté de l'œuvre de Cervantes.

En 1975, Tavernier en fait un libertin cynique dans Que la fête commence. Premier César. Deux ans plus tard, Pierre Schoendoerffer le met face à Jacques Perrin, Claude Rich et Jacques Dufilho dans Le Crabe-Tambour. Deuxième César, mais cette fois-ci du meilleur acteur. Il y est "le vieux", alors qu'il n'a que 47 ans. Un commandant atteint d'un cancer chargé d'une dernière mission et rongé par une promesse qu'il n'a pas pu tenir.

Dans les années 1980, il tourne moins. Il est d'une autre époque, se glisse dans des farces ou des drames un peu datés. Patrice Leconte change de registre et tourne Tandem, où Rochefort incarne un magnifique animateur radio qui s'use à résister à l'air du temps. Une nouvelle génération de cinéastes voit en lui un grand monsieur. Ils ne se trompent pas, contrairement aux éléphants, et vont lui offrir des personnages splendides, qui vont presque anoblir sa carrière, faisant oublier ses débuts de comique-troupier. Leconte en fait d'ailleurs sa "muse", trouvant en lui un comédien qui a le même sens de la dérision, de la vanne et du tragique. Dans Le mari de la coiffeuse, Rochefort y est superbement mélo-romantique. On le revoit dans Tango, Les grands ducs (dont il ne reste que Marielle), Ridicule (exquis marquis), L'homme du train (face à Johnny). "Leconte m'a offert mes plus grands rôles" avouait-il.
De Régis Wargnier (Je suis le seigneur du château) à Philippe Lioret (Tombés du ciel) en passant par Pierre Salvadfori (Cible émouvante), il trouve des cinéastes qui font oublier ses parenthèses caustiques chez Antoine de Caunes, Etienne Chatiliez, Laurent Tirard (dans un Astérix), Edouard Baer (son fils spirituel), Alain Chabat (RRRrrrr!!!!) ou Laurent Baffie.

Cela ne l'empêche pas de tourner pour Francis Veber (Le Placard) ou Guillaume Nicloux (La clef), Samuel Benchetrit (J'ai toujours rêvé d'être un gangster) ou Philippe Le Guay (Floride). Toujours cette volonté équilibriste de ne pas s'enfermer dans une image ou un personnage. De rester digne même dans la vieillesse. De s'amuser comme un enfant même avec les cheveux grisonnants. De montrer sa face sombre pour mieux revenir dans la lumière (la série Les Boloss des belles lettres, sa dernière apparition l'an dernier, est à ce titre un monument "rochefortien", entre transmission du "classique" et adaptation au "moderne").

Si Rochefort a été si important dans notre accompagnement cinéphile, c'est bien parce qu'il pouvait être sur le petit écran familial du dimanche soir et sur le grand écran de salles art et essai, sans qu'on lui en veuille de jouer indifféremment les clowns ou les ordures. Guillaume Canet, avec Ne le dis à personne, partage avec lui son amour des chevaux. Dans l'un des derniers grands rôles de l'acteur, il y a onze ans, il en fait un homme politique véreux et meurtrier. Et ça lui va bien. Pourtant, on retiendra plutôt son incroyable incarnation d'un sculpteur qui retrouve l'inspiration au contact d'une jeune femme, durant la seconde guerre mondiale, dans L'artiste et son modèle de Fernando Trueba. Il est nommé aux Goyas comme meilleur acteur. Mais surtout il renoue avec ces personnages un peu mélancoliques, un peu intérieurs, portés par le désir et l'amour, qui lui vont si bien.

Rochefort n'a jamais pris le melon. Il préférait l'absurde. Il aimait écouter. Il savait d'où il venait. Entre le quai d'Orsay et Rambouillet, ville et campagne, diplomatie professionnelle et tranquillité personnelle, l'acteur a tracé sa vie comme il l'entendait.

Jean Rochefort s'en va au Paradis. Qui doit ressembler à la côte bretonne, avec des chevaux. "«On ne quitte pas le monde, c’est le monde qui vous quitte». Je sens la mort qui se rapproche, je le dis sans drame: l’avenir m’inquiète, pas le mien, mais celui de l’humanité. Alors je repense à ce qui m’a beaucoup plu par ici. Une promenade à cheval, le vent sur la joue. Ou encore la marée qui monte. Je suis Breton, j’aime aussi la marée qui descend."

Dinard 2015 : le cinéma anglais sort de ses frontières

Posté par kristofy, le 1 octobre 2015

La 26ème édition du Festival du film britannique de Dinard fait venir autour de la plage de l'Ecluse le meilleur du cinéma d’outre-Manche, et souvent le plus inédit. Sur les 46 films présentés en compétition et hors compétition, 9 seulement disposent d'un distributeur en France. Dinard se veut plus que jamais être le lieu où le cinéma britannique est montré pour être découvert, et partagé. Certains des films ayant déjà gagné le Hitchcock d’or ont été nombreux à être plébiscités par le public une fois sortis en salles : The Full Monty de Peter Catan, Billy Elliot de Stephen Daldry, Bloody Sunday de Paul Greengrass, Boy A de John Crowley, Tyranosaur de Paddy Considine, Le Géant égoïste de Clio Bernard…, soit autant d’histoires avec une identité typiquement british.

Cette année la sélection montre un glissement vers un dépassement des frontières, avec des films qui, en majorité, nous racontent des histoires tournées vers l’ailleurs où filmées par un regard extérieur. Hussam Hindi, le directeur artistique, en avait fait la remarque : « ce qui frappe c’est le nombre de films tournés en dehors des frontières du Royaume-Uni (American Hero, Couple in a hole, Departure…) ou qui évoquent l’ailleurs, l’éloignement, le voyage. Des films réalisés par des étrangers (The Lobster par le grec Yorgos Lanthimos, Up & down par le français Pascal Chaumeil) ou qui font appel à des acteurs non-britanniques (Denis Ménochet dans Norfolk, Jérome Kircher dans Couple in a Hole) sont aussi au programme. »

Le festival sera rythmé aussi par un hommage au scénariste Hanif Kureishi et à l’acteur Tom Hollander.

© vincy thomas ecran noir

La composition du jury qui a pour président monsieur petites-blagues Jean Rochefort, habitué des lieux de cette côte d’émeraude, montre aussi une bonne parité français-britanniques : Emma de Caunes (la fille de l'animateur viré de Canal + dixit Rochefort), Mélanie Doutey, Alexandra Lamy (celle dont l'ex-mari a vu sa carrière s'effondrer avec la fin du cinéma muet dixit encore Rochefort), Bernard Lecoq, Pierre Salvadori, le producteur Bertrand Faivre, et Amara Karan, la productrice Helena Mackenzie, Natalie Dormer et Noah Taylor. Le hasard fait que ces deux derniers ont déjà été au générique de la série "Game of Thrones", tout comme l’actrice Kate Dickie présente pour découvrir pour la première fois en même temps que le public le film qu’elle accompagne Couple in a Hole… d’ailleurs en grande partie tourné en France. Virginie Efira, finalement, n'a pas pu rejoindre le jury comme initialement prévu mais l'actrice belge devrait passer le week-end à Dinard.

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26e édition du Festival du film britannique de Dinard
du 30 au 04 octobre 2015
Infos et programmation sur le site de la manifestation Mot-dièse pour les réseaux sociaux: #DinardFilm2015

Dinard 2015: jury, compétition et avant-premières

Posté par vincy, le 1 septembre 2015

dinard 2015Le 26e festival du film britannique de Dinard (30 septembre-4 octobre) s'ouvrira avec Up & Down (A Long Way Down), dernier film de Pascal Chaumeil, décédé ce week-end. Cette comédie très britannique avait été présentée à Berlin en 2014. Une comédie noire et drôle avec Pierce Brosnan, Toni Collette et Imogen Poots, quoi de mieux pour donner le tempo à un programme chargé et varié?

Jury

Présidé par Jean Rochefort - la classe - le jury sera composé des actrices françaises Alexandra Lamy, Emma de Caunes, Mélanie Doutey, de l'actrice belge Virginie Efira, de l'actrice britannique Amara Karan (A bord du Darjeeling Limited), du comédien français Bernard Lecoq, du réalisateur britannique Julien Temple et du producteur Bertrand Faivre.

Compétition

On ne connait que 5 des 6 films en compétition. Mais  il y a un des films anglais les plus attendus de l'année: Kill Your Firends d'Owen Harris, avec Nicholas Hoult, Ed Skrein, James Corben et Rosanna Arquette. Les quatre autres films déjà connus pour la compétition sont: Just Jim de et avec Craig Roberts et aussi Emile Hirsch ; Departure d'Andrew Stegall, avec Juliet Stevensen et Alex Lawther ; American Hero de Nick Love avec Stephen Dorff et Eddie Griffin; et Couple in a Hole de Tom Geens, avec Paul Higgins et Jérôme Kircher.

Avant-premières

Outre Up & Down en ouverture, 19 films autres films seront présentés aux festivaliers: 45 Years d'Andrew Haigh, avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay (double prix d'interprétation à Berlin cette année), Hide and Seek de Johanna Coates (meilleur film anglais à Edimbourg), The Lobster de Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Ben Wishaw et Lea Seydoux (prix du jury à Cannes cette année), Norfolk de Martin Radich  (sélectionné à Rotterdam), Still de Simon Blake (meilleur réalisateur au festival indépendant de Londres), Hector de Jake Gavin avec Peter Mullan (sélectionné au Festival d'Edimbourg), Mr. Holmes de Bill Condon, avec Ian MacKellen et Laura Linney.

Les autres avant-premières sont Birthday de Vadim Jean, Bypass de Duane Hopkins, Dough de John Hordschmidt avec Jonathan Pryce, The Ecstasy of Wilko Johnson, documentaire de Julien Temple, Gold de Nial Heery, Lapse of Honour de Rayna Campbell, Orthodox de David Leon, The Survivalist de Stephen Fingleton et Love is blind de Dan Hodgson.

Dinard projettera plusieurs films de Roger Mitchell: The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday en avant premières, The Mother, Venus et Un week-end à Paris dans le cadre de l'hommage au scénariste et écrivain Hanif Kureishi. Ce dernier et Roger Mitchell feront une Master class. D'autres films scénarisés par Kureishi seront présentés: My Beautiful Laundrette et Samie et Rosie s'envoient en l'air de Stephen Frears, Mon fils le fanatique de Udayan Prasad et Intimité de Patrice Chéreau.

Dinard 2015 : Mister Jean Rochefort, président du jury

Posté par kristofy, le 6 juillet 2015

jean rochefortLe Festival du film britannique de Dinard prépare sa 26ème édition qui fera venir sur sa côte d’émeraude le meilleur du cinéma d’outre-Manche. Pour la sélection des films en compétition le jury a connu de prestigieux présidents et présidentes : Catherine Deneuve, Eric Cantona, Nathalie Baye, Etienne Chatillez, Jean-Paul Rappeneau, Lambert Wilson, Régis Wargnier, Emily Watson, Jane Birkin, Kristin Scott-Thomas, Charlotte Rampling, Ben Kingsley…

Un choix classe et évident

Pour ce jury 2015, le jury sera présidé par un acteur qui cultive une élégance et un humour presque british : Jean Rochefort, 3 Césars du meilleur acteur et même une nomination au Goya espagnol en 2013 pour L'Artiste et son modèle. On le retrouvera le 12 août dans Floride avec Sandrine Kiberlain, qui ne sera peut-être pas son dernier film, même s'il fait régulièrement ses adieux, puisqu’il a confirmé son souhait de continuer jouer dans des films si on lui propose un rôle qui l’amuse.
Le public du Festival du film britannique de Dinard avait déjà pu découvrir lors de séances spéciales ses films Désaccord parfait où il partage la vedette avec Charlotte Rampling en 2006 et Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté où il faisait une apparition en 2012, deux films français qui avaient l’Angleterre pour décor. Jean Rochefort a aussi participé à quelques films britanniques, il avait joué le rôle d’un serveur à côté du comique préféré des anglais Rowan Atkinson dans le film Les Vacances de Mr Bean et il avait commencé 2000 L'Homme qui tua Don Quichotte (dont le tournage avait dû être stoppé) pour Terry Gilliam.

Hommages à Gary Lewis et Hanif Kureishi

Le Festival de Dinard 2016 va rendre hommage à l’acteur Gary Lewis révélé par Ken Loach dans Ken Loach dans Carla’s song en 1996 et My Name is Joe en 1999, en 2000 c’était lui le père de Billy Elliot de Stephen Daldry, rôle pour lequel il recevra le BAFTA Awards du meilleur acteur dans un second rôle. Sa carrière est internationale, on l’a vu aussi dans Orphans de Peter Mullan, Gangs Of New York de Martin Scorsese, Joyeux Noël de Christian Carion, Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn.

Hommage aussi à l’écrivain et scénariste Hanif Kureishi, on lui doit les scénarios de My Beautiful Laundrette (nommé aux Oscars pour le prix du meilleur scénario) en 1985 et Sammy et Rosie s’envoient en l’air en 1987 réalisés par Stephen Frears, Mauvaise Passe de Michel Blanc en 1999, The Mother et Un week-end à Paris (le film de clôture de Dinard en 2013) de Roger Michell. Patrice Chéreau avait librement adapté un de ses romans en réalisant Intimité, Ours d’or du meilleur film et l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour Kerry Fox (d’ailleurs membre du jury à Dinard en 2007) à Berlin en 2001.

Premiers films choisis

Le Festival du film britannique de Dinard se déroule sur 5 jours du 30 septembre au 4 octobre,  une trentaine de long-métrages seront programmés en avant-première dont Bypass de Duane Hopkins, American Hero de Nick Love, 45 Years d’Andrew Haigh (Ours d’argent pour Tom Courtenay et Charlotte Rampling à Berlin cette année, double prix à Edimbourgh il y a quelques jours), Gold de Niall Heery, Breaking The Bank de Vadim Jean, Just Jim de Craig Roberts, Still de Simon Blake, The Survivalist de Stephen Fingleton, Laps of Honor de Rayna Campbell, Kill Your Friends de Owen Harris, ainsi que les dernières réalisations de Roger Michell, The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday.

Les films en compétition ayant déjà gagné le Hitchcock d’or ont été nombreux à connaître un succès critique et public en salles : The Full Monty de Peter Catan, Billy Elliot de Stephen Daldry, Bloody Sunday de Paul Greengrass, Boy A de John Crowley, Tyranosaur de Paddy Considine, Le Géant égoïste de Clio Bernard.…
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26e édition du Festival du film britannique de Dinard
du 30 au 04 octobre 2015
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Jean Rochefort n’a pas encore dit adieu au cinéma

Posté par vincy, le 19 août 2014

En février, Jean Rochefort annonçait qu'il tirait sa révérence après 58 ans de beaux et loyaux services (lire notre actualité). Finalement, le comédien s'est résigné et a signé pour un nouveau long métrage, Floride. Cette comédie dramatique écrite et réalisée par Philippe Le Guay (Les Femmes du 6e étage, Alceste à bicyclette) est prévu dans les salles l'année prochaine.

Rochefort y sera un vieil homme, légèrement alzheimer, décidé à partir aux Etats-Unis pour rejoindre sa petite-fille, à Miami. Sandrine Kiberlain interprète le rôle de la mère célibataire de la gamine, et donc la fille (aînée) du vieil homme.

Le film s'annonce comme un "drame drôle" selon les propres mots de Kiberlain, césarisée cette année pour son rôle dans 9 mois ferme.

Le casting pour la petite fille et pour des figurants a été lancé cet été. Le tournage, qui se déroulera entre Annecy et Paris, doit commencer le 15 septembre.

Jean Rochefort tire sa révérence après 58 ans de beaux et loyaux services

Posté par vincy, le 18 février 2013

A 82ans, Jean Rochefort pense que c'est le bon moment. Ses deux prochains films, L'Artiste et son modèle, de l'espagnol Fernando Trueba et Jappeloup de Christian Duguay, sortent le 13 mars dans les salles françaises. Ce seront peut-être ses deux dernières apparitions au cinéma. Il l'avait déjà fait comprendre dans un entretien à France Culture il y a quelques mois. Il le confirme en termes plus clairs dans le dossier de presse du film de Trueba.

"Quand on fait partie de ma génération, je n'aime pas dire 'à mon âge', on ne veut plus s'emmerder. J'ai une peur bleue que l'osmose ne s'opère pas avec un metteur en scène, de devoir penser 'encore trois semaines de tournage avec lui. J’ai la sensation que ça va, que la route a été faite. Avec des joies, des peines, des insatisfactions... une vie, quoi. J’ai déjà décidé de ne plus jouer au théâtre. A moins que je tombe sur un projet de film qui me bouleverse, j’arrêterai aussi le cinéma. Et je serai très heureux que ce soit avec ce film-là : j’ai eu énormément de plaisir à le tourner, à passer du temps avec l’équipe technique. Vous savez, je reçois beaucoup de scénarii qui racontent comment se débarrasser de Pépé, ou Pépé part en vacances... En aucun cas je ne veux sortir de scène avec ça. Quand j’ai vu L’artiste et son modèle, je me suis dit qu’il y avait matière à le faire, la tête haute."

Le film a reçu la Coquille d'argent du meilleur réalisateur au dernier Festival de San Sebastian.

Rochefort a arrêté le théâtre en 2007. Trois fois récompensé aux Césars (pour son second-rôle dans Que la fête commence, son interprétation dans Le Crabe-tambour et honoré en 1999) et quatre fois nominé aux Césars, il vient de recevoir une nomination aux Prix Goya (Espagne) pour son rôle dans L'Artiste et son modèle. Passant de Chabat à Canet (Ne le dis à personne), de Tavernier à Leconte, de Robert à de Broca, le comédien et tragédien éclectique aura connu les succès populaires, les navets alimentaires et les grands drames signés des plus grands auteurs.

Pierre Schoendoerffer (1928-2012) : le dernier combat

Posté par vincy, le 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer, 83 ans, est mort dans la matinée de ce mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à quelques kilomètres de Paris. Grand reporter, écrivain, cinéaste, sa carrière polymorphe est centrée sur la grande histoire : la guerre, et la décolonisation.

Témoin d'événements sanglants et violents, il a voulu les restituer avec justesse et vérité que ce soit dans l'écriture ou l'image. Observateur à distance, artiste individualiste, il était pourtant au coeur du XXe siècle.

Membre fondateur des César, académicien aux Beaux-Arts dans le collège du cinéma, récipiendaire de multiples honneurs militaires et culturels, Pierre Schoendoerffer a filmé les combattants, entre grandeur et décadence.

Cela vient de son enfance. Adorateur de Joseph Kessel, qu'il rencontrera à Hong Kong, et de Joseph Conrad, cet ancien cancre s'embarque sur un bateau suédois à la sortie de l'adolescence. Ce garçon auvergnat rêve d'aventures et de grand large. Après la Baltique, il s'engage en 1952 au service cinématographique des armées, où il fait ses débuts de caméraman en Indochine. Il apprend le cinéma en filmant la guerre durant trois ans. En 1954, il est fait prisonnier par le Viêt Minh à Diên Biên Phu, passant quatre mois en captivité. Il transcrira l'expérience de cette défaite française ça dans son film Diên Biên Phu (1992), fresque puissante et brutale.

Une fois libéré, il quitte l'armée et devient reporter photographe pour le magazine Life. 4 ans plus tard, il adapte La Passe du diable, roman de Kessel, à l'écran. Il s'agit de sa première réalisation. L'année suivante, il adapte un roman de Pierre Loti, autre romancier du voyage, avec Le pêcheur d'Islande.

Mais c'est en 1963 que Schoendoerffer se fait un nom. Il écrit La 317e section qu'il adapte deux ans plus tard pour le cinéma. Jacques Perrin et Bruno Cremer donnent corps à cette guerre d'Indochine, dans l'ombre de la seconde guerre mondiale pas si lointaine. Déjà il pose les fondations de son oeuvre : les sacrifices inutiles de la chair à canon, l'honneur de l'armée, les illusions saccagées, la dureté des combats. Ses films sont aussi documentaires que fictifs, francs et humains. Prix du scénario à Cannes, 45 ans plus tard, il s'agit toujours du film symbolique sur la guerre d'Indochine.

En 1967, il réalise un documentaire, toujours sur le Vietnam, La section Anderson, où l'on suit une troupe de soldats américain en pleine guerre. Oscar à Hollywood. Puis il y aura une longue absence au cinéma. Il écrit en 1969 L'adieu au Roi, qui sera transposé au cinéma 20 ans plus tard par John Milius, prix Interallié.

En 1976, il écrit un autre roman, Le Crabe-tambour. Grand prix du roman de l'Académie française, le livre croise les guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). Il réalise le film un an plus tard, inspiré de la vie du Commandant Pierre Guillaume, avec Jean Rochefort, en officier austère proche de la retraite, et Claude Rich. 6 nominations aux César (dont film et réalisateur), dont trois prix : acteur (Rochefort), second-rôle masculin (Dufilho), photo.

5 ans plus tard, il filme L'honneur d'un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia,de nouveau un portrait de soldats, durant la Guerre d'Algérie. Toute cette filmographie a fait de Schoendoerffer une icône de l'Armée comme de l'extrême droite, rôle qu'il refusait obstinément. Lui préférait se voir en contributeur d'un récit de l'Histoire de France contemporaine, réveillant les mémoires et affrontant les sujets tabous.

La guerre et l'humanité, voilà son oeuvre. Un homme d'honneur, pudique, tourmenté, nostalgique que le goût des horizons lointains a mené à l'horreur des émotions intimes. L'homme en gros plan dans des situations extrêmes où la vie de chaque des personnages est en jeu. Un cinéma hanté, lucide, réaliste, prenant tous les risques, voulant flirter avec ses souvenirs atroces.

Loyal et fidèle, cet ancien combattant détestait les artifices et faisait l'éloge de la liberté. Sa caméra héroïsait des hommes à son image. Des individus défaits. Comme pour vouloir se prouver qu'il n'avait pas subit son calvaire indochinois en vain. Il préférait l'universalité de son propos à la récupération politique. De même sa condition d'artiste, d'artisan selon lui, sublimait son passé militaire.

En 1981, il écrit son avant-dernier roman, Là haut (le dernier date de 2003, L'aile du papillon), qui deviendra son dernier film, en 2004. Bruno Cremer, Jacques Perrin et Claude Rich retrouvent leur cinéaste d'autrefois. Il utilise d'ailleurs des images de ses précédents tournages avec ces comédiens pour des flash backs dans cette histoire qui revient en Indochine, période post-coloniale. Un film testament.

Premier clap pour Astérix et Obélix : God save Britannia en 3D

Posté par kristofy, le 2 avril 2011

Vendredi 1er avril : quelque part à Malte a commencé le premier tour de manivelle du tournage du 4ème film adapté des bandes dessinées de René Goscinny et Albert Uderzo, 'Les aventures d'Astérix le gaulois'. Après Christian Clavier les deux premières fois et ensuite Clovis Cornillac, le héros gaulois aura les traits d'Edouard Baer (qui jouait d’ailleurs un autre personnage dans le second film). Le choix paraît étranger tant le poète excentrique Edouard n'a rien à voir avec l'obstiné combattif gaulois....

Après les jeux olympiques, l’histoire de Astérix et Obélix : God Save Britannia est inspirée de deux albums qui sont ‘Astérix chez les Bretons’ et ‘Astérix chez les Normands’. Comme dans Potiche (dont les producteurs sont ceux de ce nouvel Astérix), Fabrice Luchini en César va retrouver Catherine Deneuve en Cordélia, reine des Bretons, et Gérard Depardieu toujours en Obélix.

Après avoir envahit la Gaule (sauf le célèbre village d’irréductibles gaulois…), l’empereur romain traverse la Manche pour envahir la Bretagne, la reine envoie un émissaire (Guillaume Gallienne), Jolitorax, cousin d'Obélix, chercher de l’aide : Astérix et Obélix, avec Goudurix, snobinard frimeur et couard, le neveu du chef (Vincent Lacoste révélé avec Les beaux gosses) et de la fameuse potion magique. Malheureusement le tonneau est perdu et le jeune Goudurix est enlevé par les valeureux Normands (parmi lesquels le frêle Dany Boon qui remplace François Damien dans le rôle de Popcornbaf) à la solde de César…

En plus de ce casting prestigieux, la liste des autres seconds rôles ressemblent à un  bottin mondain du cinéma. Il y aura ainsi l’allemand Götz Otto (un géant de deux mètres) et les débuts de la miss météo de Canal + Charlotte Le Bon (Ophélia, qui tournera la tête à Goudurix) ; mais on verra surtout Valérie Lemercier (en gouvernante anglaise, Miss Macintosh, qui séduira Obélix) et Jean Rochefort (dont on ne sait pas vraiment s'il sera le romain Lucius Fouinus ou un britannique typique) ; Bouli Lanners alias Grossebaf (lui aussi avait un autre rôle dans le film précédent) sera le chef des méchants Normands ; Gérard Jugnot, qui devait réaliser le troisième Astérix (à l'époque en Hispanie), en capitaine des pirates ; et aussi la participation de Simon Astier, Yves Jacques (en psy de César) et de Stéphane De Groodt.

C’est le réalisateur Laurent Tirard (Le petit Nicolas, Molière) qui est derrière la caméra avec un budget confortable d’environ 50 millions d’euros, la nouveauté sera la 3D qui devrait mettre en relief les effets de la potion magique (voir aussi l'actualité du 2 février 2010). Astérix et Obélix : God save Britannia devrait comporter de multiples gags (y compris sémantiques) entre Gaulois, Bretons et Normands (il suffit de relire les albums).

Le tournage va durer tout l’été et se promènera jusqu’en Irlande pour les décors naturels, les scènes d’intérieur seront filmées en studio en Hongrie. Il faudra ensuite patienter jusqu’en octobre 2012 pour la sortie du film en France.

Cavaliers Seuls : calvaires solitaires

Posté par Claire Fayau, le 4 mai 2010

cavaliers seulsL'histoire : Marc, champion international de saut d'obstacles, séducteur inlassable et intransigeant, occupe aujourd'hui du haut de son fauteuil électrique, un box d'écurie aménagé en minuscule deux pièces... Sa survie ne tient qu'à quelques fils : entendre de l'autre côté de la cloison le cheval voisin se coucher dans la paille à la nuit tombée, attendre le jour et l'arrivée de Martine, auxiliaire de vie et exquise pousse-au-crime, puis celle du jeune Edmond, 18 ans, cavalier d'une grâce inouïe, dont la prestance n'a d'égale que l'économie de parole.

Notre avis : Surprenant Jean Rochefort . Passionné par les chevaux (et même expert lors des J.O. pour la télévision française), il a co-réalisé en 2007 avec Delphine Gleize  Cavaliers Seuls, qui évoque le quotidien d’un  ancien champion de sauts d'obstacles amputé des deux jambes et d’un poumon. Et c'est tout ? Oui, c'est tout. Pas de cascade, pas d'action spectaculaire, peu de dialogues, un rythme lent. Du cinéma vérité (parfois on ne sait plus si c'est improvisé ou dirigé).

Que reste -t-il alors ? Des tranches de vies , et le portrait attachant de Marc, Martine et Edmond, tiercé gagnant. Au-delà  de la description du monde du "cheval", Cavaliers seuls est un documentaire émouvant sur la vieillesse et la maladie, sur la passion qui maintient en vie, sur la transmission, sur une vie qui s'éteint  (l'attachant Marc) et une qui commence (le taciturne Edmond ). Un film drôle par moments et mélancolique. Comme la vie. Comme jean Rochefort qui ne peut plus monter à cheval depuis qu'une infection de la prostate le cloua au sol au moment du tournage (avorté) du film de Terry Gilliam sur Don Quichotte. Un calvaire solitaire.