Le Festival Format Court revient sur sa première édition… en attendant la prochaine !

Posté par MpM, le 23 avril 2020

Alors qu'aurait dû se tenir la deuxième édition de son festival, décalée à l'automne, le site Format Court, dédié à l'actualité du court métrage depuis plus d'une décennie, propose depuis le 22 avril un retour en films et en images sur son édition 2019.

On peut ainsi découvrir chaque jour jusqu'à dimanche une douzaine de courts métrages sélectionnés l'an passé, articulés autour de plusieurs thématiques telles que les réalisateurs passés au long-métrage, les films interrogeant la marge, des courts primés aux César ou encore des films d'étudiants à l'ESRA.

Parmi les oeuvres mises en avant pour l'occasion, on vous recommande chaudement La Queue de la souris, film d'école de Benjamin Renner ; Foutaises de Jean-Pierre Jeunet, César du meilleur court métrage en 1991 ; Le Repas dominical de Céline Devaux, sélectionné à Cannes en 2015, puis César du meilleur court métrage d'animation, que l'on peut d'ores et déjà retrouver sur le site de Format Court, mais aussi Sassy-boy Slap-Party de Guy Maddin ou Longueur, fréquence, intensité, émotion de Xavier Séron et Méryl Fortunat-Rossi, qui seront ajoutées au fil des jours.

A noter que la sélection du 2e festival Format Court est déjà connue, et qu'elle réunit notamment Sapphire Crystal de Virgil Vernier, Genius Loci de Adrien Merigeau, Love he said de Inès Sedan, L’Aventure Atomique de Loïc Barché ou encore Sole Mio de Maxime Roy.

Jean-Pierre Jeunet, Bigbug sur Netflix et deux autres projets

Posté par vincy, le 23 janvier 2020

jean pierre jeunet helena bonham carter

Jean-Pierre Jeunet en dit un peu plus sur son nouveau film à travers un texte mis en ligne sur son compte Facebook. BigBug, produit par Eskwad et le réalisateur et diffusé sur Netflix, sera une "comédie de SF, en lieu clos, avec des humains et des robots, androïdes et mécaniques."

Il dévoile son casting: Claire Chust ("Scènes de ménages"), Elsa Zilberstein, Alban Lenoir, Manu Payet, Isabelle Nanty, Youssef Hadji, Claude Perron, François Levantal, Marysol Fertard et Helie Thonnat. Le tournage débutera le 20 avril pour une diffusion en mars 2021.

Un script rejeté partout

Surtout, il se justifie de pactiser avec Netflix et répond aux réfractaires: "Non, les plate-formes ne vont pas tuer le cinéma, car les choses s’empilent, se complètent, ne se remplacent pas. Le cinéma n’a jamais tué le théâtre, il y a même encore des films en noir et blanc…"

"J’ai vécu pour ce projet, (toute proportion gardée) un peu la même histoire que Scorsese avec The Irishman. J’ai traîné ce script en France pendant 4 ans, me suis vu rejeté par tous, comme l’avait été en leur temps Délicatessen et Amélie Poulain. Et comme Amélie, Brigitte Maccioni de UGC en est tombée amoureuse et a voulu le produire. Mais elle n’a pas réussi car visiblement des robots dans une comédie française, ça ne rentre pas dans une case. Et un jour David Kosse de Netflix m’a écrit de Londres me demandant si je n’aurais pas un projet. Le “oui” avec un grand sourire est revenu 24 heures après !" explique-t-il.

138 millions d'abonnés et pas le stress du box office

Il justifie aussi la non diffusion sur grand écran. "Le fait que BigBug ne sortira pas en salle n’est pas un problème, car contrairement par exemple à TS Spivet qui était tourné en 3D dans les grands espaces américains, celui-ci se prête particulièrement au petit écran, au format télé. Et je dois avouer que l’idée de ne pas avoir à affronter la sortie salle, avec les chiffres couperets qui tombent à 10h du matin, est plutôt un soulagement. Et savoir que 138 millions d’abonnés pourront le voir est extrêmement excitant !"

Sa "liberté totale", son "budget suffisant", ses "équipes enthousiastes" sont autant de satisfactions pour un cinéaste autrefois adulé et toujours culte (l'expo à la Halle saint-Pierre sur son œuvre a été un vif succès). Après sa traversée du désert (projets refusés, fiasco de l'adaptation d'Amélie en musical), il ne peut que se réjouir d'avoir trouver le bon partenaire en taclant un système qui l'a adoré et qui l'a aussi renié.

Il en profite pour annoncer deux autres projets: une série et un faux documentaire pour les 20 ans d'Amélie Poulain, "totalement délirant et poilant" !

Netflix s’engage sur le prochain film de Jean-Pierre Jeunet

Posté par vincy, le 21 décembre 2019

jean pierre jeunet © ecran noirDans une interview à Deadline, David Kosse, Vice-Président cinéma à l'international pour Netflix depuis avril, a annoncé quatre nouvelles productions pour la plateforme.

Quatre films qu'on ne verra pas sur les grands écrans en France, puisqu'il confirme que la stratégie de Netflix ne changera pas, ni pour les festival, ni pour les sorties en salles.

60% des abonnés hors Amérique du nord

David Kosse a la lourde responsabilité de développer le contenu international. Car désormais, la croissance des abonnements est hors Amérique du nord. Les chiffres dévoilés cette semaine montre que la zone Asie-Pacifique compte désormais 14,49 millions d'abonnés et une croissance de 153% en deux ans. L'Europe-Afrique-Moyen-Orient est un solide marché avec 47,4 millions d'abonnés, soit une hausse de 105% en deux ans. En Amérique latine, les abonnements ont connu une augmentation moindre +61%) pour atteindre 29,4 millions d'abonnés. A l'inverse les USA et le Canada sont en stagnation.  Et même si le marché principal avec plus de 60 millions d'abonnés, on constate qu'il y a désormais plus de "netflixiens" à l'étranger.

Il faut donc remplir de contenus locaux, exportables.

Premier projet d'ampleur: le nouveau film de Jean-Pierre Jeunet, Bigbug. Soit le retour derrière la caméra, après plusieurs projets avortés, du réalisateur d'Amélie Poulain. Il n'a rien tourné depuis 2013 (L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet). Pour le cinéaste, c'est l'occasion de faire le film qu'il veut et de le montrer au plus grand nombre. Le film sera tourné en français, scénarisé par Guillaume Laurant et produit par Eskwad.
Ce sera l'histoire d'un groupe de banlieusards chamailleurs qui se retrouvent coincés ensemble quand un soulèvement androïde amène leurs robots domestiques bien intentionnés à les enfermer pour leur propre sécurité.

Autre projet ambitieux, Munich, d'après le best-seller de Robert Harris, auteur et scénariste de The Ghost Writer et de J'accuse signés Roman Polanski. Ici, rein à voir avec le film éponyme de Steven Spielberg. On est en septembre 1938, lorsqu'Hitler est prêt à déclarer la guerre.Le premier ministre britannique Chamberlain veut tout faire pour sauvegarder la paix. Les deux hommes se rencontrent à Munich. Le secrétaire privé du chef de gouvernement britannique Hugh Legat et le diplomate allemand Paul Hartmann, anciens amis perdus de vue, se croisent à nouveau, prêts à trahir leur pays. Avec le français Édouard Daladier et l'italien Benito Mussolini, cela a donné les accords de Munich, démembrant la Tchécoslovaquie et ne reculant que d'une année l'entrée en guerre. Le dramaturge Ben Power est au scénario.

Transatlantic 473 (anciennement Blood Red Sky) sera une production en allemand et en anglais, réalisée par Peter Thorwarth. Le récit prend place à bord d'un vol de nuit entre Berlin et New York. Mais l'avion se fait pirater. Mais, ça se corse, une mère désespérée, aux pouvoirs surnaturels et aux réflexes inimaginables, ne cherche qu'à protéger son fils...

The Last est une autre adaptation, celle du livre d'Hanna Jameson, inédit en France. Le film sera tourné en quatre langues - français, allemand, anglais et japonais. Un thriller post-apocalyptique à suspens où des survivants à une guerre nucléaire globale découvrent dans un ho^tel suisse le corps assassiné d'une jeune fille.

6 événements de la rentrée à ne pas rater: L’art brut de Caro et Jeunet

Posté par vincy, le 14 août 2017

"L'art brut de Caro et Jeunet", Exposition par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro
La Halle-Saint-Pierre, Paris 18e
7 septembre 2017 - 31 juillet 2018

A deux pas du café d'Amélie Poulain, La Halle Saint Pierre accueillera Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro pour une première grande exposition en France. On y trouvera leur cinéma, à travers extraits de films, objets, costumes et autres documents vient dialoguer avec les dessins et peintures de Marc Caro et des œuvres d’art singulier réalisées ou collectionnées par Jean-Pierre Jeunet. D'Amélie Poulain à Alien, on se confrontera aussi à l’electromécanomaniaque Gilbert Peyre et son esthétique foraine, Ronan-Jim Sevellec et ses cabinets de curiosités miniature à l’élégance fanée ou encore Jéphan de Villiers et son petit peuple imaginaire nostalgique des civilisations perdues.

Œuvres et objets « fétiches » des films des deux réalisateurs ouvriront de nouvelles voies vers l’imaginaire, un monde onirique et fantastique.

"Pour ma part, notre filiation revendiquée avec Meliès et l’art forain, trouve naturellement sa place à la Halle Saint Pierre qui a toujours sut accueillir ceux qui marchent en dehors des clous..." explique Marc Caro. Jean-Marc Jeunet de son côté dévoile un pan de ce que l'on y verra: "Marionnettes articulées pour les films d’animation, Machines Steampunk, costumes baroques, Aliens géants, objets emblématiques comme le cahier de photomaton d’Amélie, sans compter les storyboards, dessins de décors, BD et illustrations de Marc Caro... Tant d’objets qui traînaient dans mon bureau que je décidai de les partager."

Ultime soupir qui ne fait pas rire: Pierre Etaix est mort (1928-2016)

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Pierre Etaix est mort, a annoncé sa famille ce vendredi 14 octobre. Acteur, clown, cinéaste, affichiste, dramaturge et dessinateur, il avait 87 ans. Adorateur de Georges Méliès, ami de Jacques Tati, ex-époux d'Annie Fratellini, il était un héritier des Buster Keaton, Harold Lloyd et Charlie Chaplin.

Il avait commencé sa carrière en jouant les comiques dans les cabarets et les music-halls. En 1954, il rencontre Jacques Tati, avec qui il collabore en tant qu'assistant réalisateur sur le tournage de Mon Oncle, en plus de dessiner l'affiche. Logiquement, il passe derrière la caméra, avec Rupture, coréalisé avec Jean-Claude Carrière. Leur deuxième court, Heureux anniversaire, obtient l'Oscar du meilleur court métrage en 1963. Cette année là, il signe son premier long, Le soupirant, Prix Louis-Delluc.

La critique et la cinéphilie l'auront longtemps abandonné sans doute, soyons indulgents, par malentendu. Lors de sa grande traversée du désert, suite à l'échec de Pays de cocagne en 1969, il fonde, en 1973, l'Ecole nationale du cirque. Inventeur perpétuel, il se frottera au théâtre, aux images de synthèse, au feuilleton télévision et même au format Omnimax pour la Géode.

Son génie est davantage apprécié de l'autre côté de l'Atlantique. Son sens du comique, sa maîtrise du gag. Il y a 7 ans, grâce au festival Lumière, les Français redécouvre son immense talent avec la restauration de son œuvre. Longtemp impossible ce travail de restauration n'a pu être fait qu'après la décision d'un tribunal lui rendant les droits de ses films, détenus frauduleusement par Gavroche productions (lire notre actualité du 30 juin 2009).

Côté cinéma, il n'a réalisé que six films (dont le dernier en 1989, J'écris dans l'Espace. Sa carrière a été plus fournie en tant que comédien. On l'a notamment vu récemment dans les films d'Otar Iosseliani (Chantrapas), chez Jean-Pierre Jeunet en inventeur d''histoires drôles (Micmacs à tire-larigot), chez Philippe Kaufman (Henry et June) et enfin en docteur dans Le Havre d'Aki Kaurismäki.

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Amazon drague Jean-Pierre Jeunet pour une série sur Casanova

Posté par redaction, le 9 avril 2015

jean pierre jeunet © ecran noirAmazon Studios a recruté Jean-Pierre Jeunet pour le pilote d’une nouvelle série sur Casanova. L’acteur mexicain Diego Luna, et compère de Gael Garcia Bernal (qui est l’acteur d’une autre série d’Amazon, Mozart in the Jungle), incarne le séducteur italien.

Sur son site, le cinéaste avait confirmé le projet début février. « C’est parti pour Casanova. La règle du jeu est foncièrement différente, il faut préparer en une dizaine de semaines au lieu des huit mois pour un long-métrage, tourner en une vingtaine de jours au lieu d’une vingtaine de… semaines. Bref un challenge intéressant, paniquant et excitant. Moi qui voulais faire un truc érotique… le voilà! »

Les journaux professionnels américains indiquent que Jeunet, à ce jour, n’a été engagé que pour l’épisode pilote. Au casting, on retrouve également Bojana Novakovic (Madame de Pompadour), Miranda Richardson (Marquise d’Urfé), Ben Daniels (Francois-Joachim de Bernis) et Amelia Clarkson (Manon Ballett).

La série cherche à révéler les autres facettes du personnage, notamment son rôle d’espion. Le pilote commence alors qu’il s'échappe d'une prison vénitienne et se rend à Paris pour refaire sa vie, en 1758.

Libertin et subversif, Giacomo Casanova (1725-1798) a été l’unique prisonnier à s’être évadé dans l’histoire de la prison des Plombs (ce qu’il retrace dans ses Mémoires).  Héros mythique du cinéma, il a été incarné par Marcello Mastroianni, Alain Delon, Heath Ledger, John Malkovich, Richard Chamberlain, Tony Curtis, Vittorio Gassman, Vincent Price, Donald Sutherland…

Jean-Pierre Jeunet n’a rien tourné depuis L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, sorti en 2013. Le film a été un échec : de ses sept longs métrages, c’est le seul à ne pas avoir dépassé le million de spectateurs en France.

Les studios de Bry-sur-Marne victimes de la spéculation immobilière?

Posté par vincy, le 16 novembre 2014

Les mythiques Studios de Bry-sur-Marne sont menacés. 12 associations du monde du cinéma et de l'audiovisuel ont lancé mi-octobre une pétition, une page Facebook et un compte Twitter avec pour objectifs:

1. Empêcher la possible démolition des Studios de Bry-sur-Marne.
2. Créer une synergie pour le rachat et le développement de ces studios.
3. Maintenir l’activité location du stock de meubles et accessoires au
sein du studio.

A Bry-sur-Marne, on tourne des émissions TV comme The Voice ou Le plus grand cabaret du monde ou des films comme Hunger Games 3, Marie-Antoinette, Le Prénom, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Carnage, Micmacs à tire-larigot, Un long dimanche de fiançailles, Babylon AD, Trois places pour le 26, L'odeur de la papaye verte, Le pacte des loups, Jeune & Jolie, Le passé...

"Rénover Bry aurait coûté trop cher" selon le propriétaire

Les 12 associations ont alerté toutes les institutions concernées sur une fermeture programmée fin avril 2015, suite à la vente de ces studios par Euromedia. "Les promesses de développement des Studios de Bry-sur-Marne lors de leur rachat en 2001 par Euromedia n’ont jamais été tenues. Le désengagement du groupe Euromedia des studios de fiction français ne doit pas entraîner la disparition d’un outil de travail performant, indispensable à la profession, dans un pays positionné comme le premier producteur d’Europe" explique le communiqué. Euro Média répond que "Rénover Bry aurait coûté trop cher, d'autant que la rentabilité n'est pas là. Les tarifs de location des plateaux sont très serrés, et nous subissons la concurrence étrangère, où les subventions publiques sont plus importantes.". Le groupe a donc vendu le site.

Idéalement situé à côté de la future ligne de métro 15

Selon Mediapart, "les studios ont été vendus à un marchand de biens, adossé à un investisseur brésilien, spéculant vraisemblablement sur une flambée des prix à venir avec les opérations d’aménagement du « Grand Paris ». Seule une première partie de la transaction (12 millions sur 32 millions) a été versée." En effet, les studios seront à proximité de la future gare Bry-Villiers-Champigny de la ligne de métro express 15 qui doit être construite di'ici 10 ans. De quoi aiguiser les appétits immobiliers. L'enqûete de Mediapart ajoute "Aujourd’hui, sans changement de PLU, il est impossible de construire des logements sur cette zone d’activité. L'information concernant la transformation des studios en logements est donc erronée."

La Mairie de Bry-sur-Marne "s’est déclarée attachée au maintien et au développement de ce site." La région Ile-de-France et la mairie de Villiers-sur-Marne soutiennent également la poursuite d'activités du Studio.

"Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France"

Le regroupement d'associations, créé par L’Association des chefs décorateurs de cinéma (ADC) et l’Association des métiers associés de la décoration (MAD), affirme: "Alors que la mise en place du crédit d’impôts commence à porter ses fruits en ce qui concerne les relocalisations, il est vital pour l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel de conserver des infrastructures pour les tournages, comme les Studios de Bry-Sur-Marne".

Dans Télérama, en avril, le décorateur Allain Veissier rappelait que "Ces équipements n'ont pas d'équivalent en Ile-de-France. A moins d'occuper un plateau à moi tout seul, je n'aurais pu préconstruire ailleurs le décor de Rien à déclarer."  Il reste aussi à savoir ce que vont devenir les milliers d'accessoires de tournages en cas de fermeture définitive.

Forte mobilisation de la profession

La pétition a déjà recueilli plus de 3 500 signatures (dont celles de François Ozon, Jean-Pierre Jeunet, Pierre Salvadori, Michel Hazanavicius, Chantal Akerman, Patrice Leconte, Christophe Gans, Pascale Ferran, Caroline Champetier, Jean-Pierre Améris ...). C'est davantage que la lettre lancée au début de l'année qui avait recueilli 2300 signatures (Josiane Balasko, François Ozon, Gérard Jugnot, Jean-Pierre Jeunet, Claire Denis) envoyée à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, pour "sauver un patrimoine important du cinéma français".

Sur France Inter, Jean-Pierre Jeunet racontait récemment: "J'ai tourné à Bry-sur-Marne Un long dimanche de fiançailles et Micmacs à tirelarigot. Ces studios ont un look années 80 mais gardent de très beaux plateaux et sont très fonctionnels. Le problème en France, c'est que quand on crée de nouveaux studios, on en ferme d'autres. La Cité du Cinéma de Luc Besson est un endroit magnifique aux portes de Paris, mais pourquoi ne pas garder les deux ? À Londres ou à Prague, ils les additionnent. A Paris, on a déjà perdu Joinville et Arpajon. On revend nos studios à des promoteurs qui font du profit sur le dos d'un secteur fragile. Il faudrait que le gouvernement nous aide davantage à maintenir les tournages en France."

Les studios de Bry-sur-Marne sont situés à 10 kilomètres de Paris, juste à côté de l'INA (ce qui en fait un pôle audiovisuel majeur) et s'étendent sur 12,5 hectares. Construits en 1978, ils disposent de 8 plateaux ainsi que 1500 m² de décors extérieurs.
Euro Media possède d'autres studios en France, à Paris et à Nice, et notamment l'ultra-moderne Cité du cinéma à Saint-Denis, qui peine à remplir son carnet de tournages. A l'inverse, les studios de Bry tournent avec un taux de remplissage de 70 %.

BIFFF 2014 : Hollywood et le cinéma français selon Jean-Pierre Jeunet

Posté par kristofy, le 20 avril 2014

jean pierre jeunet © ecran noirJean-Pierre Jeunet a une étagère qui reçoit un nouveau César presque chaque décennie : 1981, César du meilleur court-métrage d'animation pour Le Manège (coréalisé avec Marc Caro), 1991, César du meilleur court-métrage de fiction pour Foutaises, 1992, César de la meilleure première œuvre et César du meilleur scénario original pour Delicatessen (avec Marc Caro), 2002, César du meilleur film et César du meilleur réalisateur pour Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain... Mais, au delà de ce palmarès officiel, sa filmographie reste un univers où le fantastique et l'enfance voisinent, lui conférant un style singulier au même titre qu'un Tim Burton.

Jean-Pierre Jeunet a été invité à donner une "master-class" au BIFFF cette année. À partir d'objet piochés dans une malle comme autant de symboles à ses films (un nain de jardin, un roman, un œuf...), il a évoqué autant son parcours que divers aspects de son métier pendant 2 heures devant une salle comble.

Les acteurs

J'ai l'amour des tronches et des rôles de composition, ce qui explique d'ailleurs pourquoi Dominique Pinon est dans tout mes films. Audrey Tautou est l'actrice parfaite comme Dominique Pinon est l'acteur parfait. Helena Bonham Carter est super aussi. Mon premier rendez-vous avec Jodie Foster pour lui proposer le rôle dans Un long dimanche de fiançailles, c'était au café des 2 Moulins où j'ai tourné Amélie Poulain, des touristes étaient là pour prendre des photos du café et ils ont demandé à Jodie de s'écarter sans la reconnaître !

La passion du cinéma

J'ai toujours eu l'envie de faire des films avant l'envie de voir des films. À des jeunes étudiants, je demande si ils ont envie de faire metteur en scène ou d'être metteur en scène, ce n'est pas pareil. L'essentiel c'est la joie de faire. Un des premiers chocs au cinéma ça a été Il était une fois dans l'ouest que j'ai dû voir à 17 ans, j'ai vu Orange Mécanique 14 fois. Mon film préféré c'est Quai des brumes de Prévert et Carné. Quand La Cité des enfants perdus a fait l'ouverture du festival de Cannes, on s'est fait descendre par les critiques. En France on lèche, on lâche, on lynche.

Alien 4

Le premier jour de tournage sur le plateau, on entend la traditionnelle annonce 'camera rolling' et puis rien, la caméra était en panne, c'est comme un symbole de ce tournage. J'ai par exemple entendu d'un "executive" du studio « fais un beau plan sur trois, ça suffira »... Maintenant les américains aiment bien le détester parce que trop arty, trop sensuel, pas assez de violence. Eux, quand il y a des centaines de coups de feu, il n'y a pas de problème, mais apercevoir un téton de femme ça leur fait peur. La version director's cut, c'est juste un truc de commerce pour ressortir le film une fois de plus en dvd: ma version c'est celle qui était au cinéma. Mathieu Kassovitz m'a fait un un jour ce compliment « on dirait un film de Jeunet mais avec des aliens dedans ».

Les relations avec les Américains

Après Alien 4, le studio de la Fox s'est montré intéressé par produire Amélie Poulain puis leur service marketing à dit non. Ils ont beaucoup regretté ensuite. On m'a proposé de faire Harry Potter 5 mais ce n'était pas très intéressant parce que tout était déjà en place, et puis j'étais sur le projet de L'Odyssée de Pi: j'ai écrit une vraie adaptation du roman avec mon co-scénariste Guillaume Laurant, ainsi que tout le storyboard. Ça aurait coûté 85 millions de dollars mais la Fox ne voulait mettre que 70 millions de budget. Et c'était aussi trop tôt pour que la technologie produise des images de synthèse de la qualité qu'il fallait, on a attendu plusieurs années. Trois ans plus tard, ils ont finalement mis un budget de plus de 100 millions de dollars et c'est Ang Lee qui l'a fait. On m'a aussi proposé à un moment Stoker que j'ai refusé, je ne regrette pas, Park Chan-Wook l'a fait et je n'ai pas trouvé ça terrible.

L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet va être distribué par à Harvey Weinstein qui va vouloir couper le montage, comme pour Grace de Monaco de Olivier Dahan et Snowpiercer de Bong Joon-ho : ça va faire scandale (lire nos actualités du 18 octobre 2013 et du 25 août 2013). Il a déjà fait le coup, il y a 22 ans avec Delicatessen.

Le test-screening : le studio appelle ça le 'focus group' mais les réalisateurs appellent ça le 'fuckers group', personnellement je fais un test-screening juste pour vérifier que telle ou telle scène est bien comprise mais le final-cut ça reste à moi.

Le cinéma français aujourd'hui

Depuis quelques temps il y a une sorte de retour à la 'nouvelle nouvelle vague' où on revient au réalisme, je n'aime pas ça. Delicatessen a pu ouvrir une porte à des gens comme Mathieu Kassovitz et à Jan Kounen, mais depuis ? J'aimerai être foutu dehors à coup de pompes pour des nouveaux réalisateurs, mais je ne vois pas vraiment de relève du cinéma français. Le cinéma français c'est 90% de laideur, on ne s'intéresse qu'aux acteurs et pas à l'image...

jean pierre jeunet helena bonham carter

Amélie Poulain : and now, the musical!

Posté par vincy, le 24 août 2013

audrey tautou mathieu kassovitz jamel debbouze amélie poulainJean-Pierre Jeunet a cédé les droits de son film Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain pour qu'il soit adapté en comédie musicale à Broadway, afin de soutenir l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque.

Qu'on ne se trompe pas : il le fait à contre-coeur. Sur RTL, il a affirmé : "J'ai absolument horreur des comédies musicales et je hais Broadway. Je considère que c'est l'incarnation même de la ringardise". "J'ai résisté pendant longtemps, j'ai refusé toutes les propositions et puis une dizaine d'années après, c'est un peu la crise. Je soutiens une association qui s'appelle Mécénat Chirurgie Cardiaque. Il faut 10 000 euros pour sauver un enfant, j'ai déjà participé à sauver une bonne douzaine d'enfants et là je me dis qu'il y a peut-être une opportunité d'en sauver d'autres". A vot' bon coeur!

"J'ai donc fait taire mes petits problèmes de conscience, ça me dégoûte profondément cette comédie musicale, je peux vous dire je n'irai pas le voir, je ne veux pas en entendre parler, je n'écouterai pas ce qu'ils font mais si ça doit rapporter de l'argent eh bien peut-être que je pourrais sauver quelques vies... donc c'est uniquement pour ça que j'ai accepté", a dit Jean-Pierre Jeunet.

Le compositeur américain Dan Messe (Twelfth Night pour Shakespeare in the Park, membre du groupe Hem) a été chargé d'adapter le film pour Broadway. C'est d'ailleurs lui qui a annoncé le projet sur sa page Facebook. Le dramaturge Craig Lucas (The Light in the Piazza, Prelude to a Kiss, et la comédie musicale australienne King Kong) et le compositeur Nathan Tysen (pour les paroles) collaboreront avec lui. La mise en scène devrait être confiée à Pam MacKinnon (Qui a peur de Virginia Woolf?), selon Playbill, qui songe à travailler avec la troupe Pilbolus pour les chorégraphies, connue pour ses danses très athlétiques.

Quatre fois césarisé, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain avait séduit 8,6 millions de Français ; il avait surtout connu un succès mondial avec 173 millions de $ de recettes et cinq nominations aux Oscars.

Jean-Pierre Jeunet se lance à son tour dans la 3D

Posté par vincy, le 18 novembre 2011

Jean-Pierre Jeunet revient derrière la caméra. Il a annoncé aujourd'hui dans Le Film Français qu'il réaliserait l'adaptation du roman L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen. Le titre du film ne devrait pas être celui du livre, selon le magazine. Le scénario a été écrit avec son collaborateur habituel, Guillaume Laurant. Le film sera produit par Epithète, Tapioca, la société de Jeunet, et Gaumont.

Dans son entretien au Film français, Jeunet raconte :"Pour l'anecdote, quand j'ai contacté l'auteur, Reif Larsen (dont il s'agit du premier livre, ndlr), il m'a dit qu'il avait cinq réalisateurs à qui il pensait pour un film : David Fincher, Tim Burton, Wes Anderson, Michel Gondry et moi-même. Et j'étais le premier à le contacter. Depuis, nous n'avons plus cessé de travailler ensemble. (...) C'est une belle rencontre. En plus,  le bouquin est réputé à peu près inadaptable."

Dès janvier, Jeunet avouait avoir été conquis. Sur son blog, il écrivait que "L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (en Anglais The selected works of T.S.Spivet) est un livre magnifique de Reif Larsen dont je suis en train d’acheter les droits. Plutôt que de mal en parler, je vous invite à visiter le site extraordinaire de ce livre extraordinaire : www.tsspivet.com. J’ai rencontré Reif Larsen il y a deux semaines à New York et ai eu l’impression de découvrir un frère jumeau juste vingt huit ans plus jeune que moi. Il m’a dit: « Quand j’ai vu Amélie, j’ai eu l’impression que quelqu’un avait gratté au fond de mon crâne »…"

Le cinéaste explique comment il a été séduit par ce livre. "Quant à moi, j’ai été conquis dés la sixième ligne du livre: "Le téléphone a sonné un après-midi du mois d’août, alors que ma soeur Gracie et moi étions sur la véranda en train d’éplucher le maïs doux dont les grands seaux en fer-blanc. Les seaux étaient criblés de petites marques de crocs qui dataient du printemps dernier, quand Merveilleux, notre chien de ranch, avait fait une dépression et s’était mit à manger du métal.""

T.S. Spivet sera ainsi son premier film en 3D et sera tourné en anglais."J'ai écrit T.S.Spivet en le concevant en 3D. Je vais l'utiliser sans sur-découper comme le font beaucoup de films, mais de manière contemplative et narrative. Un peu comme les effets spéciaux pour Amélie qui servaient l'aspect poétique et narratif du film. Je veux prendre le contre-pied de ce qu'on voit habituellement."

L'histoire est celle d'un pré-ado surdoué, dessinant tout ce qu'il voit,. En apprenant qu'il gagne un prix, il s'aventurera à traverser seul les USA pour aller recevoir sa récompense. Jeunet a commencé les repérages au Canada. Il restera à trouver le casting, qui devrait être américain.

Le livre est paru en France en avril 2010 chez NIL, et en format poche en juin dernier.

Hormis sa publicité pour Chanel n°5, Jeunet n'a rien tourné depuis Micmacs à tire-larigot, sorti en 2009, et relatif échec pour le cinéaste habitué aux succès.