Le jour le plus court 2013 : Sauve-toi de Jean-Marc Fabre, choisi par Sébastien Betbeder

Posté par MpM, le 21 décembre 2013

sbetbederInvité par Ecran Noir à sélectionner trois courts métrages qui l’ont particulièrement marqué au cours de sa vie, le réalisateur Sébastien Betbeder (notre parrain pour cette 3e édition du Jour le plus court) a choisi (après Mon enfance de Bill Douglas et Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza) le moyen métrage Sauve-toi de Jean-Marc Fabre.

Jean-Marc Fabre est connu pour son travail de chef opérateur sur les films de Noémie Lvovsky, Danièle Thompson ou encore Nicole Garcia. On lui doit également la photographie d'Un héros très discret de Jacques Audiard et de Lemming de Dominik Moll. Après Sauve-toi (1992), il a signé son premier long métrage (Beluga) en 2007.

Sébastien Betbeder a découvert Sauve-toi avant de devenir réalisateur mais n'a jamais oublié l'ambiance singulière du film. Il nous explique les raisons de ce troisième et dernier choix.

« Là, c’est plus un souvenir de jeunesse. C’est un film que je n’ai jamais revu. J’ai juste regardé un extrait sur internet, qui m’a donné très envie de le revoir. C’est un film français qui s’appelle Sauve-toi de Jean Marc Fabre. Je l’ai découvert, je me souviens très bien, une nuit sur France 2, dans la case des courts métrages. C’est un film qui date de 92 et auquel je pense très souvent. Je l’avais trouvé incroyable. C’est un film qui diffuse une ambiance très singulière de mystère, à la Lynch, à la Twin Peaks.

L'acteur principal est Emmanuel Salinger. Je le trouve fascinant dans ses premiers rôles, et c’était peut-être une des raisons pour lesquelles j’ai voulu regarder ce film. Son personnage commet un hold-up dans une pharmacie mais s’y prend de manière un peu maladroite. Je ne sais plus comment ça se passe mais il braque quelqu’un, il prend peur, il fuit et il va chez quelqu’un en lui expliquant la situation. Ce quelqu’un lui propose de se cacher dans une maison de campagne en attendant que ça se calme. Il s’installe tout seul dans cette maison et on lui dit de rester enfermé.

Il observe un voisin qui a un comportement très étrange. Il y a une fameuse scène où il est derrière sa fenêtre et il regarde le voisin en pensant ne pas être vu. Mais l’autre le voit, et il y a un échange de regards. Celui qui pense être en situation d’observateur devient l’observé. C’est assez beau comme relation. Et il y a une scène fabuleuse que j’ai revue puisqu’on la trouve en ligne, où le type tond sa pelouse, en costume, il fait une première ligne et ensuite il réfléchit au chemin que va pouvoir emprunter son deuxième passage de tondeuse. C’est très beau, pas absurde, mais lynchéen, sur une attitude presque burlesque et en même temps très inquiétante.

Et il y a une histoire de complots. Alors ce sont vraiment des souvenirs puisque je n’ai jamais revu le film, mais le personnage a l’impression qu’il y a un complot autour de lui, donc il est là pour être protégé et en même temps, par sa position de voyeur, il entre dans une espèce de schizophrénie très étrange et très belle. »

Découvrir un extrait du film :