Arras 2015 : rencontre avec Laurent Larivière et Jean-Hugues Anglade pour Je suis un soldat

Posté par MpM, le 12 novembre 2015

Présenté en avant-première à Arras après un passage remarqué par la section Un certain Regard de Cannes 2015, Je suis un soldat de Laurent Larivière sort sur les écrans mercredi prochain. Ce film noir et réaliste qui réunit Jean-Hugues Anglade et Louise Bourgoin à contre-emploi explore le monde souterrain, mafieux et immoral des trafics d'animaux domestiques.

Une allégorie transparente d'une société devenue si violente que pour survivre, la seule solution est l'illégalité, l'exploitation d'autrui et l'horreur. Car au-delà du thriller anxiogène qui évoque souvent Bullhead, Je suis un soldat est avant tout un drame social et familial qui renvoie au spectateur l'image de sa propre époque.

Rencontre avec le réalisateur et l'acteur principal dans le cadre de la télé du Festival, réalisée en partenariat avec Ecran Noir.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Jean-Hugues Anglade

Posté par kristofy, le 21 mai 2015

jean-hugues anglade

Cher Jean-Hugues,

Vous êtes déjà venu plusieurs fois charmer de votre classe la montée des marches du Festival de Cannes, mais cette année on vous retrouve dans un film en sélection Un Certain Regard : Je suis un soldat de Laurent Larivière, un premier film (après une poignée de courts-métrages) où vous jouez un beau salaud, pas forcément insensible à la douleur des autres mais sans vergogne avec celle des animaux.

On le sait, Cannes a été votre révélateur: votre nom a soudain été découvert par tous en 1983 avec, en compétition, L’homme blessé de Patrice Chéreau, votre premier rôle principal au cinéma (et seulement votre deuxième film), rôle suivi d’une nomination au César du meilleur acteur. On le sait, Cannes pour vous c’est aussi évidemment 1994 avec encore en compétition La reine Margot de Patrice Chéreau toujours, qui avait eu le prix du jury. Vous lui serez encore fidèle en 2009 pour tourner Persécution, et vous étiez aussi en 1996 à Cannes pour Les Affinités électives des frères Taviani.

Quand on regarde votre filmographie, on y voit autant des réalisateurs prestigieux français (Alain Corneau, Claude Sautet, Benoît Jacquot…) que d’autres à l’international (Ringo Lam, D.J. Caruso, Roger Spottiswoode…). C’est votre façon subtile de jouer des personnages qui essayent de montrer aux autres une assurance de façade, sans tout à fait masquer un certain trouble intérieur. Votre interprétation est pour beaucoup dans le triomphe de 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix, le succès de Nikita de Luc Besson, et le culte autour de Killing Zoé de Roger Avary.

Depuis quelques années, c’est presque un peu le même rôle de flic bourru qui vous occupe autant à la télévision avec succès (‘Caplan’ dans la série Braquo, ‘Adamsberg’ la série adaptée des romans de Fred Vargas) qu'au cinéma avec, injustement, moins de succès (Mineurs 27, L’autre vie de Richard Kemp).

Un film en particulier, parmi eux, aurait mérité d’être beaucoup plus vu. Vous y êtes manipulé et manipulateur, perdu et sauveur : Mortel Transfert de Jean-Jacques Beineix en 2001. Et on devine qu’on va vous redécouvrir de nouveau dans Je suis un soldat aujourd’hui. Barbu et proche de la soixantaine, vous voici de nouveau dans la lumière.

Festival Lumière – Jour 2 : le mélange des genres

Posté par Morgane, le 15 octobre 2014

Le Festival Lumière donne la possibilité de faire de véritables grands écarts cinématographiques en un seul jour. On peut entamer sa journée aux côtés de Capra pour commencer avec entrain, changer de rythme avec Sautet, (re)découvrir Kotcheff et enfin respirer une bouffée de nostalgie avec Reitman et ses héros de Ghostbusters.

C'est aussi un peu ça la magie du Festival Lumière. Tous les genres se côtoyant, le Cinéma avec un grand C est à l'honneur et chaque séance (ou presque) est présentée par un talent du 7ème Art qui n'est là que pour une seule et même raison: faire partager sa passion.

Ghostbuster "ressemble à un film d'Alain Resnais"

C'est Rachid Bouchareb qui présente La Vie est belle de Frank Capra devant une salle comble! "J'ai vu ce film sept ou huit fois et je pleure à chaque fois à la fin." Il définit Frank Capra comme un réalisateur engagé, politique, qui souhaite nous faire réfléchir à travers des films empreints de tendresse, de partage et de solidarité. Il est le cinéaste de la bouteille à moitié pleine et La vie est belle est un exemple qui illustre très bien cela.

Capra fait preuve ici d'un optimisme à toute épreuve montrant sa foi en l'humanité malgré certains déboires successifs que subit George Bailey. C'est aussi un film rempli d'humour, dans les dialogues comme dans les situations (le trio Dieu, Joseph et Clarence qui espère gagner ses ailes d'ange en venant en aide à George). C'est, comme le dit Rachid Bouchareb, "un merveilleux conte" qui n'a pas eu le succès escompté à sa sortie en 1946 mais qui a connu par la suite un véritable succès télévisé où il est rediffusé depuis chaque année à Noël.

jean hugues angladePour Nelly et Monsieur Arnaud, c'est Jean-Hugues Anglade qui vient en discuter. "Les films de Claude Sautet ont été pour moi une véritable révélation dans les années 70. Et j'ai eu la chance de faire partie de l'aventure pour son dernier film" dans lequel il incarne Vincent Granec, l'éditeur auquel s'adresse Monsieur Arnaud pour publier son livre et qui succombera aux charmes de la ravissante Nelly. Jean-Hugues Anglade nous parle de l'incroyable intransigeance de Sautet, de son goût du détail, de son envie de perfection jusque dans l'harmonie entre la couleur de la cravate et le papier peint dans une scène.

Avec ce film, Claude Sautet suit tout en douceur ce couple particulier que forment Michel Serrault et Emmanuelle Béart en qui il retrouve son idéal féminin qu'il avait perdu à la mort de Romy Schneider.

Changement de décor direction le Canada avec Ted Kotcheff toujours présent pour dire quelques mots aujourd'hui sur L'apprentissage de Duddy Kravitz (Ours d'or à Berlin en 1974). Et tout comme la veille pour Wake in fright, ce dernier ne manque pas d'anecdotes. La genèse de ce film remonte donc à 1957 lorsqu'il vient vivre dans le sud de la France où il rencontre Mordecai Richler qui deviendra par la suite un grand romancier canadien. Selon eux, à la façon d'Hemingway, ils se devaient de venir en Europe en laissant l'Amérique derrière eux afin de pouvoir vivre leur art.

En 1959, Mordecai Richler rédige L'apprentissage de Duddy Kravitz et "je lui ai dit que j'en ferai un grand film". Ted Krocheff cherche alors des financements durant plusieurs années mais en vain. Un producteur est enfin intéressé mais veut de Duddy Kravitz soit grec et non juif. Hors de question! Un autre était également sur les rangs mais l'histoire devait se dérouler à Pittsburgh et non à Montréal. No way! Il aura donc fallu attendre 14 ans avant que Ted Kotcheff puisse réaliser ce film sans dénaturer le livre de son ami grâce à la création d'un fonds de développement du film canadien.

On est ici assez loin de Wake in fright mais on a toujours ce rythme, cette vitesse tant chez le personnage que dans la réalisation. Cela donne au film un rythme incroyable, une urgence palpable chez Duddy Kravitz (qui la ressent physiquement), cette impatience, ce besoin d'avancer vite, très vite dans le monde, de devenir adulte avant l'heure quitte à griller quelques étapes et à s'en mordre les doigts…

On fait ensuite un bon de 10 ans en avant pour finir la journée sur un air de nostalgie avec Ghostbusters (1984). 30 ans tout juste et le film fait toujours son petit effet! Certes les effets spéciaux paraissent bien démodés, mais ils nous rappellent tout de même que pour l'époque, ils étaient plutôt bien réussis…

C'est Rebecca Zlotowski qui nous le présente avec cette réelle envie de choisir un film populaire, un film de série B mêlant comédie romantique (Bill Murray superbe en incorrigible dragueur) et science-fiction. Parabole d'un capitalisme qui est en train de disparaître, elle trouve très intéressant de le revoir aujourd'hui avec un autre regard et surtout dans le contexte actuel. Elle trouve même qu'étrangement il "ressemble à un film d'Alain Resnais".

Une journée faite de tours et de détours cinématographiques nous rappellent que le 7ème Art, c'est avant tout de nombreux regards et tout autant de manières de les mettre en histoires et en images.

Patrice Chéreau (1944-2013), rideau!

Posté par vincy, le 7 octobre 2013

Patrice Chéreau

Patrice Chéreau vient de succomber d'un cancer du poumon à l'âge de 68 ans. Né le 2 novembre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), il a réalisé 10 longs métrages de 1974 à 2009. Il était avant tout considéré comme l'un des plus grands metteurs en scène de théâtre et d'opéras, transcendant des actrices comme Dominique Blanc (La douleur de Marguerite Duras) ou révélant Marina Hands (Phèdre). On lui doit de sublimes mises en scène de Marivaux et de Koltès. Il préparait également une mise en scène de Shakespeare.

Homme engagé politiquement (à gauche), assumé sexuellement avant l'heure (ardent défenseur de la lutte contre le SIDA), Chéreau fut un éphémère patron de la Fémis, patron emblématique du Théâtre des Amandiers à Nanterre durant 8 ans (il fit émerger toute une génération de comédiens) et président du jury du Festival de Cannes. Cette homme errait dans sa solitude. Et ne savait que transposer ses doutes existentiels : "Je ne sais raconter les choses qu'à travers moi".

8 ans après avoir commencé sa carrière théâtrale, il passe derrière la caméra, en 1974 avec La Chair de l'orchidée, avec Charlotte Rampling, Bruno Cremer, Edwige Feuillère et Simone Signoret. "J'ai dû le raccourcir car les producteurs me l'avaient demandé. Et à l'époque je pensais qu'en raccourcissant un film long, on le rendait rapide. Alors qu'en fait on fait un film long tronqué !" expliquait-il, comme pour justifier les maladresses de l'oeuvre. Il retrouve Signoret pour son deuxième long-métrage, Judith Therpauve (1978).

Mais c'est en 1983 que Chéreau se révèle comme cinéaste avec L'Homme blessé. Alors que l'homosexualité n'est plus un délit ni une maladie, depuis peu, il filme l'histoire d'un adolescent bourgeois qui croise un homme plus âgé impliqué dans le milieu de la prostitution et qui décide de se prostituer pour gagner son amour. Le film, César du meilleur scénario, forge la carrière du jeune et sensuel Jean-Hugues Anglade.

Pour Hôtel de France, il prend sa troupe des Amandiers, Laurent Grévill, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui et Vincent Pérez. Sa mise en scène s'affine, entre esthétisation, tragédie sentimentale et drame humain. Ce style sera porté à son paroxysme avec La Reine Margot en 1994, où Anglade, Auteuil, Lisi, Todeschini croisent la folie d'Adjani, qui joue ici, sans qu'on le sache alors, son dernier grand rôle. Le film est en compétition à Cannes et lui vaut le prix du jury et un prix d'interprétation à Virna Lisi.

Il revient sur la Croisette avec Ceux qui m'aiment prendront le train, épopée chorale qui transporte le cortège à Limoges, entre comédie à l'italienne et mélancolie très française. Il récolte le César du meilleur réalisateur. Mais, après ses deux films, Chéreau décide de changer de registre avec des films plus claustrophobes, plus sexuels aussi. Des films de passion.

Intimité (Intimacy), en 2000, est cru. Ce film londonien expose homosexualité et hétérosexualité en chair et en os. Brillamment mis en scène, sans doute son plus abouti, le film est primé (Ours d'or à Berlin, Prix Louis-Delluc) mais boudé par le public. Prix de la mise en scène à Berlin, Son frère en 2003, à l'origine un téléfilm, est dans la même veine. Inspiré d'un livre de Philippe Besson, cette oeuvre presque mortifère, avec Bruno Todeschini et Eric Caravaca, évoque le combat contre la maladie (le SIDA). Sans doute le plus beau film français sur le sujet. Mais derrière ce thème, Chéreau filme avant tout une superbe relation fraternelle, où l'émotion, palpable, tire les larmes.

Après Gabrielle, huis clos en costumes avec Isabelle Huppert et sa "muse" Pascal Greggory, il flirte avec Visconti mais échoue à séduire public et critiques. Son ultime film, Persécution, en 2009, avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hugues Anglade, ne parvient pas plus à reconquérir ses aficionados malgré un thème très contemporain, le harcèlement et l'intrusion.

Chéreau était aussi acteur, souvent impeccable et même parfois formidable. On l'a vu chez Andrzej Wajda (Danton), Youssef Chahine (Adieu Bonaparte), Michael Mann (Le dernier des Mohicans), Claude Berri (Lucie Aubrac), Raoul Ruiz (Le temps retrouvé), Ronie Marshall (Au plus près du Paradis) et Michael Haneke (Le temps du loup). Rien que ça.

Audacieux, le metteur en scène avait cet aspect bipolaire qui introduisait de la théâtralité dans le cinéma et du mouvement presque cinétique sur les planches. Amoureux des acteurs, il aimait les voir souffrir sur scène et semblait fasciner par les gros plans sur grand écran. Lyrique, spectaculaire, sa mise en scène était aussi intérieure et intimiste. Désir, folie, mort et liberté étaient les piliers d'une oeuvre où l'homme, aliéné par le conformisme, était prêt à tous les excès pour s'en sortir. Peu importe le risque, l'issue.

A l'image de cet homme qui ne se reposait jamais et qui lançait sans doute à ceux qui acceptaient de s'engager avec lui : "que ceux qui m'aiment me suivent". Peu le pouvaient.

Gérardmer 2010 : Dans l’espace personne ne vous entend crier

Posté par geoffroy, le 27 janvier 2010

dp_gerardmer_2010-1.jpgLe 17e festival international du film fantastique de Gérardmer retiendra son souffle, du  27 au 31 janvier, en nous proposant de redécouvrir les vertus du silence. Procédé ô combien cinématographique capable de composer le cadre par l’absence, le silence impose une expression originelle chargée de sens. Acte créatif par excellence, il précède le verbe pour lui donner sa raison d’être. Dans un monde abreuvé de bruits en tout genre, un tel choix n’est pas anodin. Une rétrospective lui sera consacrée, ainsi qu’une nuit Zombies, créatures aphones contrastant avec les cris et autres hurlements d’humains en proie à la panique.
Le festival, présidé par le cultissime John McTiernan, lui rendra hommage sous la forme d’une rétrospective des plus alléchante (Predator, Le treizième guerrier, Rollerball, Last Action Hero, Nomads, Die hard : Une journée en enfer). Comme l’année dernière, le président sera secondé par un jury essentiellement français mais non paritaire. Six hommes (président compris) pour 3 femmes.

Ils devront trancher dans le vif d’une compétition solide et éclectique. Drame fantastique (Hierro), film de zombies féroces (la Horde), Giallo (Amer), huis clos spatial (Moon), thriller surnaturel (The Door), épouvante-horreur (Le témoin du mal, Possessed, 5150 rue Orme).
Pour ce qui est des films présentés hors compétition, signalons la présence des derniers Rob Zombie (Halloween 2), George A. Romero (Survival of the Dead) et Vincenzo Natali (Splice). Dans ton sommeil, film français de Caroline et Eric Potet avec Anne Parillaud, Thierry Frémont et Jean-Hugues Anglade aura le privilège d’ouvrir la 17e édition du festival qu’Ecran Noir vous fera suivre sur son Blog.

Bilan 2009 : Kad Merad et Jean Dujardin, premiers de la classe

Posté par vincy, le 2 janvier 2010

merad-dujardin.jpgDeux hommes ont su conquérir à la fois les médias et les salles de cinéma cette année. Issus sensiblement de la même génération, étiquetés comiques, alors qu'ils ont aussi brillé dans le dramatique, Kad Merad et Jean Dujardin sont les deux comédiens les plus populaires en France, cette année encore.

Kad Merad a une longueur d'avance cependant. D'une part, comme Sophie Marceau chez les femmes, son capital sympathie est au plus haut chez les Français. Ensuite, il est le père du Petit Nicolas,  qui, avec ses 5,5 millions d'entrées sera le plus gros succès français de l'année. Pour l'acteur c'est un remake de 2008, puisqu'il était aussi à l'affiche du carton de cette année-là (et de la décennie), Bienvenue chez les Ch'tis. Tandis que son collègue Dany Boon n'a jamais pu dépasser les 2 millions de spectateurs par film (De l'autre côté du lit : 1,8 millions ; Le code a changé : 1,6 millions ; Micmacs à tire-larigot : 1,3 millions), Merad cumulait avec Safari (près de 2 millions de touristes), qu'il portait seul sur ses épaules. Et RTT est la comédie française de cette fin d'année (avec déjà plus de 800 000 glandeurs). Champion du rire.

Bien sûr il n'est pas le seul. Et Jean Dujardin n'a pas démérité cette année, une fois de plus. Loin de Un gars, une fille, définitivement détaché de son image de Brice de Nice, il parvient à séduire petits et grands sur des projets aussi différents que OSS 117, Rio ne répond plus et Lucky Luke. Dans le premier (2,5 millions de fans), il confirme son sens de la dérision, sa classe et un talent incontestable pour se glisser dans le costume d'un agent secret nullissime. Dans le second, malgré la très grande faiblesse du script, il incarne un Lucky Luke (1,9 millions de curieux) crédible à l'écran. Ses anciens films cartonnent à la télé. Et son mariage avec Alexandra Lamy fut un événement de la presse people cet été.

A ces deux beaux gosses, il faut ajouter Gad Elmaleh pour compléter le podium. Coco, qu'il a écrit, réalisé et interprété, est l'un des quatre films français à avoir dépassé les 3 millions de tickets gold. Un exploit pour une comédie très faiblardre, qui prouve l'immense popularité du comédien, sur scène comme à l'écran. Car pour le reste, le bilan est contrasté.

Parmi les acteurs qui ont marqué l'année, on retiendra quand même Denis Podalydès. Son Bancs Publics a été un flop, mais en second rôle masculin dans Neuilly sa Mère!, La journée de la jupe et Rien de personnel, omniprésent sur les planches, il reste l'un des comédiens les plus intéressants et éclectiques de sa génération. Vincent Lindon, quant à lui, est proche de son premier César (il a déjà été nommé trois fois) grâce à Welcome (1,2 millions de généreux), l'un des meilleurs films européens de l'année, et Mademoiselle Chambon (presque 500 000 amoureux). En plus d'être attachant, ses prises de position citoyennes l'ont aussi rendu plus visible dans les médias.

Soulignons aussi les succès personnels avec des films au genre prononcé de Guillaume Canet (le thriller L'affaire Farewell), Daniel Auteuil (le mélo Je l'aimais), Albert Dupontel (la comédie décalée Le vilain). Tous ont su capter le public. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, de François Cluzet, pourtant impeccable dans A l'origine, et d'une justesse impressionnante dans Le dernier pour la route, ou encore de Jean-Hugues Anglade, dont c'est le retour en grâce avec le beau Villa Amélia, le troublant Persécution et la série TV de Canal +, Braquo. Côté comiques, Franck Dubosc (Incognito) l'a emporté sur Elie Seimoun (Cyprien), mais les deux prouvent surtout l'impact du petit écran sur les entrées : soyez partout, dans n'importe quelle émission, un jour ça paiera.

Le bilan s'achèvera en fait sur un nouveau talent. Meilleur acteur européen, favori pour le César du meilleur espoir, en course pour tous les prix de l'hiver, Tahar Rahim, alias Un prophète (1,2 millions de spectateurs), a surgit de nulle part. Et emporté tout avec lui ...