Le réalisateur James Toback accusé de harcèlement sexuel

Posté par vincy, le 23 octobre 2017

Une enquête du Los Angeles Times a recueilli une trentaine de témoignages d'actrices accusant le scénariste et réalisateur James Toback d'harcèlement sexuel. Ce grand déballage est la conséquence d'une parole qui s'est libérée du côté des femmes, mais aussi des gays, après la révélation de l'affaire Weinstein.

Nommé aux Oscars, récompensé à Cannes

Au total, le quotidien de la métropole californienne a enregistré la plainte de 38 femmes contre le réalisateur. James Toback a scénarisé des films comme Le flambeur de Karel Reisz et Bugsy de Barry Levinson, et réalisé 9 longs-métrages (dont le dernier The Private Life of a Modern Woman, avec Sienna Miller et Alec Baldwin, présenté à Venise en septembre). Plusieurs stars ont tourné pour lui: Robert Downey Jr, Ben Stiller, Sarah Michelle Gellar, Harvey Keitel, Nastassja Kinski, Jared Leto... Il a également réalisé trois documentaires, dont Tyson sur le sulfureux boxeur Mike Tyson et Seduced and Abandoned présentés tous deux à Cannes respectivement en 2008 et 2013. Bugsy lui avait valu une nomination aux Oscars et aux Golden Globes comme meilleur scénariste. Tyson avait été récompensé sur la Croisette d'un Prix «KO du certain regard».

Ejaculation sous le caleçon

Selon le journal, James Toback, 72 ans, a abusé de son statut pour draguer des actrices lors de rendez-vous et d'auditions. Le cinéaste a nié toutes les accusations. Selon lui, il n'a même jamais vu 31 des 38 femmes qui l'accusent et rappelle que son diabète et ses problèmes cardiaques l'empêchent d'avoir un tel comportement.

Selon elles, le scénario était similaire dans tous les cas. Il aimait utilisé un langage ouvertement sexuel pour décrire les rôles avant de commencer une séance de masturbation sous son pantalon, jusqu'à l'éjaculation.

Cette situation répétitive a amené certaines actrices à inventer une expression: "You got Toback-ed".

"Il justifiait ses actes, comme si c'était quelque chose de normal", raconte ainsi Adrienne LaValley (Quantico). Elle raconte qu'en 2008, dans une chambre d'hôtel, le réalisateur a tenté de frotter son entrejambe contre sa jambe, avant d'éjaculer dans son pantalon lorsqu'elle l'a repoussé. "Je me suis sentie comme une prostituée, une immense déception pour moi, pour mes parents, pour mes amis. Et je ne méritais pas de le raconter à quiconque", confie l'actrice.

Aucune actrice n'a porté l'affaire en justice jusqu'à présent.

En 1989, pourtant, le magazine Spy dans son édition de mars, avait déjà révélé le comportement scandaleux de ce membre de la Director's Guild of America et du Club Harvard de New York. Le mensuel avait recensé 12 cas, qui expliquaient en détail les situations qu'elles avaient vécues!

James Gunn dénonce son comportement de prédateur sexuel

Le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, James Gunn, a avoué avoir rencontré au "moins quinze femmes, probablement plus, qui ont été accostées par lui à New York", dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux ce week-end. "Il l'a fait avec trois de mes copines, deux de mes proches amies et un membre de famille, deux fois" précise-t-il. "La prédation sexuelle se répand à Hollywood. Mais elle se répand aussi partout" en rappelant que des gérants de restaurants aux vendeurs de voitures d'occasion en passant par les prêtres, ce mal avait contaminé la société. "Ils sont partout, et ils nous tuent".

Enregistrer

Maradona versus Tyson : le choc des réals

Posté par MpM, le 3 juin 2008

Maradona et KusturicaPour quelle personnalité s’est-on le plus empressé, piétiné, quasi étripé cette année à Cannes ? Angelina Jolie ? Robert de Niro ? Wong Kar Wai ? Vous n’y êtes pas. Les grandes vedettes 2008 étaient plutôt des habitués des stades que des avant-premières, de la sueur et du sang que des paillettes. A ma droite, Diego Maradona, icône mondiale du foot, champion du monde avec l’Argentine en 1986. A ma gauche, Mike Tyson, surnommé « l’homme le plus méchant de la planète », double champion du monde de boxe catégorie poids lourds. Chacun d’entre eux venu défendre un documentaire lui étant consacré : Maradona by Kusturica d’Emir Kusturica pour l’Argentin et Tyson de James Toback pour l’Américain.

Deux ans après la présentation hors compétition du Zidane, un portrait du 21ème siècle de Philippe Parreno et Douglas Gordon, la tendance serait donc revenue aux gros muscles glamours (après celle des acteurs, mannequins et autres participants des émissions de télé-réalité) et aux films à caractère sportif. Pas si étonnant quand on analyse le potentiel cinématographique de destins comme ceux du footballeur prodige guidé par la main de Dieu et du boxeur virtuose capable de mettre KO le diable lui-même. Lorsque la réalité dépasse la fiction et qu’il s’agit de sports susceptibles de fédérer des millions de personnes sur la planète… pourquoi se priver ?

Et les films dans tout ça ? D’un côté comme de l’autre, les réalisateurs ont tenu à éviter le biopic traditionnel, Toback en privilégiant la parole de son personnage (qui se raconte face caméra), Kusturica en se mettant lui-même en scène (à l’écran et dans un monologue incessant en voix-off). Si le film du Serbe mérite son titre (Kusturica y donne un point de vue éminemment personnel sur Maradona), celui de l’Américain aurait pu s’appeler Tyson by Tyson, tant le souci du réalisateur semble avoir été d’accoucher la parole du boxeur. Toback, en effet, n’a pas de message à délivrer : il se contente de montrer, d’écouter et de relier entre eux les points livrés par Tyson. Même s’il nous en apprend long sur sa personnalité, ses doutes et ses démons, son portrait peut sembler en creux. Kusturica, lui, ne nous apprend rien, mais avec flamme et passion. Il dessine à grands traits approximatifs une image multiple de Maradona : révolutionnaire, musicien, Dieu vivant, stratège politique… tout sauf footballeur, et tente de recréer à l’écran le fantasme qu’il porte en lui. Son projet était certainement plus artistique que celui de Toback (à qui il manque indéniablement une vision susceptible de donner de la chair et de la vie à son documentaire), et c’est pourquoi la vacuité de son film déçoit autant. Les grands destins et les petits miracles du sport sont finalement plus difficiles à retranscrire au cinéma qu’ailleurs, de par leur alchimie unique et inimitable. A la moindre erreur de proportions, on tombe soit dans la démesure risible, soit dans l’académisme ennuyeux.