Magali Noël (1931-2015) rejoint les fantômes de Fellini, Visconti, Vian et Prévert

Posté par vincy, le 23 juin 2015

magali noelMagali Noël, qui avait interprété  la chanson"Fais-moi mal Johnny" écrite par Boris Vian, est décédée ce mardi matin à l'âge de 83 ans près de Cannes, selon sa fille Stéphanie Vial-Noël.

Née le 27 juin 1931 à Izmir (Turquie), elle commence sa carrière dans les années 50 au cinéma. On la voit dans Le Fils de Caroline Chérie de Jean Devaivre, Razzia sur la chnouf de Henri Decoin, Du rififi chez les hommes de Jules Dassin, Les Grandes Manœuvres de René Clair, OSS 117 n'est pas mort de Jean Sacha, Les Possédées de Charles Brabant, Elena et les Hommes de Jean Renoir, Assassins et Voleurs de Sacha Guitry, Des femmes disparaissent de Édouard Molinaro, Oh ! Qué mambo de John Berry, Le fauve est lâché de Maurice Labro, Boulevard de Julien Duvivier... En 1960, elle est Fanny dans La Dolce Vita de Federico Fellini, avec qui elle tournera aussi Satyricon en 1969 et Amarcord en 1973.

Sensuelle, charnelle, pétillante, pouvant être aussi mystérieuse qu'érotique, Magali Noël a tourné de nombreux films en Italie dans les années 60, à l'écart de la nouvelle vague française. En 1969, elle est la soeur de Georges Géret dans Z de Costa-Gavras. Princesse dans Tropique du Cancer de Joseph Strick à la fin des années 60, elle continue d'être un second-rôle récurrent de films plus ou moins oubliés dans les années 70. On la retrouve Les Rendez-vous d'Anna de Chantal Akerman, Qu'est-ce qui fait courir David ? d'Élie Chouraqui, Pentimento de Tonie Marshall, La Fidélité d'Andrzej Zulawski, en mère de Sophie Marceau, La Vérité sur Charlie de Jonathan Demme ...

Magali Noël tourne aussi pour la télévision (dans les années 90, on la voit dans Crimes et Jardins de Jean-Paul Salomé, la série Les Cœurs brûlés et Les Héritiers de Josée Dayan) et a toujours joué au théâtre, où elle a fait ses débuts en 1949, jouant Molière, Feydeau, Labiche, Shaw, Gibson (avec une mise en scène de Luchino Visconti), Dumas, Fario Fo, Hugo, Zweig... Dans les années 80, elle chante la célèbre chanson de l'ananas dans la comédie musicale Cabaret mise en scène par Jérôme Savary.

Car l'actrice savait danser et chanter. Elle a été la première chanteuse de rock en France mais a aussi interpréter des textes de Boris Vian et Jacques Prévert.

5 raisons d’aller à la Cinémathèque française d’ici la fin de l’année…

Posté par vincy, le 10 septembre 2012

La Cinémathèque française a lancé sa saison 2012/2013, proposant un programme aussi chargé que varié. Voici 5 bonnes raisons d'y aller régulièrement d'ici la fin de l'année. En 2013, la saison battra son plein avec le centenaire de Universal, les rétrospectives des Frères Coen, de Bertolucci et de René Clément, le cinquantenaire des Films du Losange, et surtout, bien entendu, la grande exposition dédiée à Jacques Demy.

1. Les enfants du Paradis.

Grande exposition de l'automne. Le film légendaire de Marcel Carné (tourné durant la libération de Paris et sorti en salles quelques semaines avant la fin de la guerre, en mars 1945), sur un scénario de Jacques Prévert, re-sortira en version restaurée dans les salles. Revoir ainsi sur le boulevard du Crime, Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur et Maria Casarès. La Cinémathèque organise pour l'occasion une rétrospective Marcel Carné, une autre sur le cinéma de Jacques Pierre Prévert. L'exposition promet des documents rares sur ce film, élu meilleur film de tous les temps par les critiques à l'occasion du centenaire du cinéma. 24 octobre-27 janvier 2013.

2. Otto Preminger.

Deux semaines après sa grande rétrospective au Festival de Locarno, la Cinémathèque lui rend hommage. Gene Tierney dans Laura, Marilyn dans La Rivière sans retour, James Stewart dans Autopsie d'un meurtre, Paul Newman dans Exodus ou encore Frank Sinatra dans L'homme au bras d'or : il a donné aux légendes hollywoodiennes quelques uns de leurs plus grands rôles, entre drame intense et tragédie noire. Prince du classicisme, il a réalisé quelques unes des plus belles oeuvres du cinéma américain, avec un génie de la direction d'acteur et un certain talent pour provoquer la censure. 30 août-8 octobre.

3. Manoel de Oliveira.

Le doyen du 7e art tourne toujours. Avec une carrière en deux temps, qui commence en 1929 mais ne reprend qu'avec la disparition de la dictature au Portugal, ce maître qui sait si habilement mêlé littérature, théâtre et cinéma, a construit une oeuvre aussi singulière que radicale, ironique qu'élégante,, parfois joyeuse, et gourmande en grands comédiens de toutes nationalités. Au-delà de son style a priori statique, cette rétrospective permet  également de deviner les grands thèmes qu'il a voulu aborder en 80 ans de cinéma. 6 septembre-21 octobre.

4. Jean-Louis Trintignant.

L'un des plus grands comédiens français. Devenu rare, pour ne pas dire absent, depuis la tragédie personnelle qui l'a anéanti (la mort de sa fille Marie), il revient en géant dans Amour de Michael Haneke, Palme d'or de l'année (en avant-première le 15 octobre). 4 fois nommé aux Césars, sa nomination en 2013, qui ne fait aucun doute, devrait être la bonne. Un César pour un sacre. Il aura tourné avec les plus grands : Chabrol, Chéreau, Cavalier, Costa-Gavras, Bertolucci, Clément, Deville, Vadim (avec Bardot), Risi, Comencini, Rohmer, Audiard, Scola, Kieslowski, Deray, Lelouch (chabadabada), Truffaut... Une rencontre avec l'acteur se déroulera le 14 octobre. Sans doute l'une des dernières du comédien, qui veut arrêter de faire du cinéma. 26 septembre-12 novembre.

5. Toute la mémoire du monde.

Du 28 novembre au 2 décembre, la Cinémathèque organise son premier Festival international du film restauré. Une manière d'explorer, découvrir, partager le travail de restauration, la sauvegarde d'un patrimoine fragile, les films rescapés, autour de débats et d'ateliers.

Jacques Prévert, une vente aux enchères paradisiaque

Posté par vincy, le 23 juin 2010

jacques prevertLe 9 juin, une partie de la collection de Jacques Prévert a été mise en vente aux enchères à Drouot (Paris). Un énorme succès. La planche scénaristique du film culte Les Visiteurs du soir (de Marcel Carné) a été préemptée par la Bibliothèque nationale de France pour 99 136 euros. Ce story board, estimé à moitié moins, dévoile le nom des personnages, leurs traits de caractère, des détails physiques, la distribution envisagée. S'y ajoutent de superbes dessins, des esquisses des décors et des costumes.

Le Musée des lettres et manuscrits a acquis le manuscrit original du scénario du film Le Quai des Brumes (de Marcel Carné, encore), soit 150 pages pour 557 640 euros. Deux fois son estimation là aussi. Ce premier jet ne comporte pas la réplique légendaire de Gabin, "T'as de beaux yeux, tu sais" puisque, dans le premier jet , l'acteur devait dire "T'as de jolies jambes, tu sais".

Au total, les 49 lots, évalués à 700 / 800 mille euros, se sont arrachés à 2,28 millions d'euros. Carton plein qui confirme l'intérêt pour ce poète, scénariste, chansonnier, écrivain, qui marqua la France du XXe siècle.

Notons par ailleurs que la Cinémathèque Française a reçu de l'unique petite-fille de l'auteur, Evelyne Bachelot-Prévert, à l'origine de cette vente, un don exceptionnel: le manuscrit original du scénario du film Les enfants du Paradis (de Marcel Carné, toujours).