Et si on lisait… un scénario inédit de Spike Lee

Posté par vincy, le 1 avril 2020

Premier à soutenir la décision d'un report du Festival de Cannes, Spike Lee, président de la prochaine édition, a trouvé un moyen de vous divertir en période de confinement. Il a mis en ligne la cinquième version du scénario d'un film qu'il n'a jamais réalisé, Jackie Robinson.

Cela ravira les fans de baseball. Le projet a longtemps traîné depuis 1996. A l'époque, Lee voulait refaire équipe avec Denzel Washington, avec qui il avait tourné Malcolm X. Il s'agit de l'histoire des Brooklyn Dodgers, équipe new yorkaise légendaire de 1883 à 1957 (avant de migrer à Los Angeles, où elle est devenue mythique). Mais Denzel Washington se trouvait trop vieux pour le rôle et le film fut abandonné.

Il s'agit là encore d'un biopic sur le joueur Jackie Robinson (1919-1972), premier afro-américain à avoir joué dans une équipe de baseball nationale en 1947, devenu l'un des plus grands joueurs de ce sport dans les années 1940-1950. Il a été élu au Temple de la renommée du baseball en 1962, dès sa première année d'éligibilité. En 1999, il est nommé dans l'Équipe du siècle. Surtout, le numéro 42 que portait Robinson est retiré du baseball, honneur unique, de l'ensemble des franchises de baseball de la MLB le 15 avril 1997. Depuis 2004, la Ligue dédie le 15 avril à la mémoire de Robinson avec le « Jackie Robinson Day ».

Jackie Robinson a été la vedette d'un musical, The First, en 1981, sur Broadway, mais aussi dans un téléfilm pour HBO en 1996, Soul of the Game, et surtout en 2013, dans le film 42, incarné par Chadwick Boseman.

Bon, et pour finir, vous avez remarqué que Mookie, le personnage principal de Do the Right Thing (1989), film culte de Spike Lee, aporte un maillot avec le numéro 42?

Un scénario de Stanley Kubrick retrouvé

Posté par vincy, le 16 juillet 2018

Un scénario co-écrit par Stanley Kubrick a été retrouvé par un professeur de l'Université Bangor (Pays-de-Galles), qui faisait des recherches documentaires sur le film Eyes Wide Shut. Burning Secret est une adaptation de la nouvelle éponyme de Stefan Zweig, écrite en 1913 par l'écrivain autrichien, traduite en Français en 1945 sous le titre de Brûlant secret. Cette nouvelle a déjà fait l'objet d'une adaptation en 1933 par Robert Siodmack et par Andrew Birkin (ancien assistant de Kubrick) en 1989.

Le scénario retrouvé, écrit avec Calder Willingham (Le Lauréat), date de 1956. Un an avant leur collaboration sur les Sentiers de la Gloire. L'histoire suit une mère et son fils en vacances, quand un mystérieux homme se lie d'amitié avec le garçon pour mieux séduire la mère. L'universitaire l'a retrouvé chez le fils d'un ancien collaborateur de Kubrick.

S'il était connu que Kubrick avait cette histoire parmi ses multiples projets, on ignorait qu'il y avait un scénario achevé. Le document fait plus de 100 pages révèle The Guardian. En revanche rien n'indique que c'est un scénario finalisé, même s'il est complet. Il a quand même le tampon du département du scénario de la MGM, en date du 24 octobre 1956.

Deux hypothèses prévalent : la MGM aurait considéré que son contrat était rompu avec Kubrick quand celui-ci a commencé à travaillé sur les Sentiers de la Gloire ou l'associé de Kubrick, le producteur James B. Harris a considéré qu'il n'y avait pas la matière nécessaire à en faire un film, ou qu'il était moralement trop risqué.

Terry Gilliam : Don Quichotte repoussé, le Sacré Graal ressuscité!

Posté par vincy, le 22 octobre 2016

40 ans après Monty Python : Sacré Graal !, la troupe anglaise continue d'exploiter le sacré filon. John Cleese et Eric Idle font une tournée américaine avec leur duo sur scène, Together Again At Last…For The Very First Time. Michael Palin (l'amoureux des animaux dans Un poisson nommé Wanda) continue de promouvoir le troisième tome de son journal, Diaries 1988-98. Terry Jones a sorti coup sur coup un long métrage Absolutely Anything et un documentaire Boom Bust Boom, à quelques mois d'intervalle. Et Terry Gilliam?

On espérait vous annoncer le tournage de son Don Quichotte, confirmé au dernier festival de Cannes. Le projet qu'il traine depuis vingt ans a encore été frappé de malédiction (ce qui donnera peut-être un Lost in la Mancha 2). Le tournage devait commencer début octobre et faire son avant-première mondiale à Cannes l'année prochaine. Mais voilà Paulo Branco a jeté l'éponge. Gilliam le confirme: "Ça a été légèrement repoussé. J’avais ce producteur, un type portugais, qui prétendait qu’il aurait rassemblé l’argent à temps. Et puis il y a quelques semaines, il s’est avéré qu’il n’avait pas l’argent. Donc nous sommes encore en train de chercher des fonds.” Et d'ajouter: “Le projet n’est pas mort. Je mourrai avant que le film existe!”

Car les Monty Python, on le voit bien, sont toujours vivants. Et la bonne nouvelle c'est la résurrection sur le compte YouTube de la troupe de séquences d'animation de Terry Gilliam inutilisées pour le Sacré Graal.

DVD : Southland Tales ou le nihilisme salvateur

Posté par geoffroy, le 11 mai 2009

southland.jpgC’est un film étrange, déroutant, risqué, incompris, maîtrisé, envoûtant et proposant une vision fantasmée – ou cauchemardesque – d’une humanité courant à sa perte qui est sorti en DVD et Blu-ray le 25 mars dernier (achat sur alapage.com). Cet OVNI en celluloïd, ce Léviathan industriel crachant sa vapeur toxique, cet essai post apocalyptique d’un monde charriant sa propre décrépitude, ce maelström visuel où la contre-culture s’empale dans une bulle de poésie pure c’est Southland Tales, le dernier film de Richard Kelly, jeune prodige américain responsable d’un Donnie Darko à l’imaginaire de labyrinthe. Projeté au festival de Cannes en mai 2006 où il fut hué, remonté et amputé de vingt minutes peu de temps après, sortit dans l’indifférence coupable aux Etats-Unis fin 2007 et programmé en Europe avant d’être sans cesse repoussé, sa trajectoire, pour le moins chaotique, se termine donc dans les bacs froids de grands magasins.

Rappelons qu'Ecran Noir avait été l'un des rares magazines à défendre cette vision originale et casse-gueule, à l'époque.

Pourtant le film existe et, malgré ce triste constat, risque bien de devenir culte comme indispensable à tout bon cinéphile qui se respecte. Long-métrage lunaire aux multiples entrées, Southland Tales brasse dans un faux rythme contemplatif une série de rencontres entremêlées dans un présent d’uchronie glamour, trash, délétère, extatique mais dont le décalage subtile se prête admirablement bien à la redéfinition d’une réalité aussi factice que terriblement actuelle. Gonflé, Richard Kelly accouche d’un film hybride aux plans séquences enivrants, aux ballets improbables (voir la danse conclusive entre The Rock et Sarah Michelle Gellar), comme aux digressions psychédéliques. L’expérience visuelle vaut à elle seule le détour…

Oeuvre prophétique au sens premier du terme, elle le demeure surtout dans la manière dont le cinéaste reprend les codes du cinéma hollywoodien pour mieux les exploser en vol (scène du Zeppelin) et dire, à sa façon, le danger d’une dictature de l’image et de ses soi-disant symboles. L’inter-relation entre virtualité et réalisme s’élabore en continu dans un patchwork détonant diaboliquement contemporain qu’il faut absolument découvrir, même sur disque vidéo.