[We miss Cannes] Le cinéma sud-coréen en vedette sur la Croisette

Posté par kristofy, le 17 mai 2020

Si 2019 devait être symbolisée par un seul film ce serait évidement Parasite de Bong Joon-ho : à l'international, il a gagné plus de 200 récompenses en plus d'avoir été un grand succès en salles un peu partout. #ParasiteMadeHistory aux Oscars : il a réalisé l'exploit d'en remporter 4 (Meilleur film, Meilleur film international, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario original). Et le détonateur aura été la Palme d'Or du Festival de Cannes 2019. C'est la première fois dans l'histoire du cinéma de Corée du Sud qu'un film provoque une telle adhésion populaire. Et ce n'est pas le seul film coréen à s'être imposé très largement au delà de ses frontières grâce à l'appui de Cannes.

Déjà en 2004 Old Boy de Park Chan-wook avait frôlé lui aussi la Palme d'or, et a terminé son beau parcours en recevant le Grand Prix. Depuis le début des années 2000 le cinéma coréen est l'un des plus dynamiques dans les festivals, devenant culte, souvent après coup. Le Festival de Cannes y a largement contribué. D'abord avec des films d'auteurs qui vont devenir de grands noms du cinéma mondial, puis avec des films de genre qui vont s'imposer comme des références. Bref un plaisir de cinéphiles sans cesse renouvelé par des scénarios maîtrisés et des mises en scène souvent épatantes.

Durant les années 1980 et fin des années 1990 le cinéma de Corée du Sud est en quelque sort encore considéré comme 'émergent'. Quelques films figurent dans certaines sections du Festival de Cannes comme dans celle Un Certain Regard : Le Rouet, l'histoire cruelle des femmes de Lee Doo-yong en 1984, la découverte de Hong Sang-soo pas encore connu avec Le Pouvoir de la province de Kangwon en 1998 et La Vierge mise à nu par ses prétendants du même réalisateur en 2000 (ces films ne sortiront dans les salles françaises qu'en 2003).

En sections parallèles La Semaine de la Critique découvre Christmas in August de Hur Jin-ho en 1998 et La Quinzaine des Réalisateurs révèle Le Printemps dans mon pays natal en 1998 aussi et surtout en 2000 Peppermint Candy de Lee Chang-Dong.

La Sélection officielle a été plus patiente. Outre une séance spéciale en 1994 de Vanished de Shin Sang-ok (à 59 ans après de nombreux films depuis les années 1960), il faut attendre le début des années 2000 pour que la Corée du Sud soit remarquée en compétition avec le réalisateur Im Kwon-taek (à plus de 60 ans, aussi après déjà de nombreux films depuis les années 1960) : en 2000 Le Chant de la fidèle Chunhyang puis en 2002  avec Ivre de femmes et de peinture.

Dès lors les choses bougeront un peu plus vite. Cannes va devenir plus réactif sous le règne de Thierry Frémaux, qui va sélectionner Park Chan-wook et Bong Joon-ho (Parasite, Okja, Mother; avant son The Host - plus gros succès coréen en 2006 - était à La Quinzaine des Réalisateurs).

Le réalisateur Park Chan-wook (Old Boy, Thirst, ceci est mon sang, Mademoiselle) et les acteurs star Choi Min-sik (Ivre de femmes et de peinture, Old Boy) et Song Kang-ho (Secret Sunshine, Thirst ceci est mon sang, Le bon, la brute et le cinglé, Parasite) sont donc devenu très familiers du tapis rouge.

Le palmarès du cinéma coréen au Festival de Cannes :

2002 : meilleur réalisateur pour Im Kwon-taek avec Ivre de femmes et de peinture (son 100ème film !)
2004 : Grand Prix pour Old Boy de Park Chan-wook
2007 : meilleure actrice pour Jeon Do-yeon dans Secret Sunshine de Lee Chang-Dong
2009 : prix du jury pour Thirst, ceci est mon sang de Park Chan-wook
2010 : prix du scénario pour Poetry de Lee Chang-dong
2016 : prix technique Vulcain pour la directrice artistique Seong-Hie Ryu avec Mademoiselle de Park Chan-wook
2019 : palme d'or pour Parasite de Bong Joon-ho

Mais ils ne sont pas les seuls, Cannes a aussi accueilli dans l'une ou l'autre de ses sections d'autres grandes personnalités du cinéma coréen, comme Hong Sang-soo avec une grande partie de ses films. On y a aussi vu plusieurs fois donc Bong Joon-ho (The HostMother, Okja, Parasite), le réalisateur Kim Ki-Duk (L'Arc, Arirang, Souffle), Im Sang-soo (The Housemaid, L'ivresse de l'argent), Lee Chang-dong (Secret Sunshine, Burning)... Autant de variations stylistiques (et thématiques) en provenance d'un des pays à la cinématographie chaque année plus riche.

Mais si le cinéma sud-coréen brille plus que tout autre pays, c'est grâce à ses films d'action, ses films de genre et ses polars, ou plus largement le 'cinéma de genre'. Park Chan-wook et Boon Jong-ho en sont les parfaits exemples, et finalement les deux maîtres (avec aussi Kim Jee-woon). Cannes n'est pas passé à côté de ce phénomène particulier en y invitant (souvent en séance de minuit) Na Hong-jin avec ses 3 films (The Chaser, The Murderer, The Strangers), Kim Jee-woon (le jouissif Le bon, la brute et le cinglé), Yen Sang-ho (Dernier train pour Busan, devenu culte, et dont la suite Peninsula était attendue à Cannes cette année), Yoon Jong-bin (The spy gone North), Lee Won-jae (le percutant et malin Le gangster, le flic et l'assassin).

Les sections parallèles ont elles aussi su dénicher et mettre en avant d'autres films coréen comme Bedevilled de Jang Cheol-soo et Coin Locker Girl de Han Jun-hee à La Semaine de la Critique; La Quinzaine des Réalisateurs a souvent été initiatrice des premières sélections de certains grands noms comme évidemment Bong Joon-ho (The Host), Ryoo Seung-wan (Crying Fist, avec Choi Min-sik), Yeon Sang-ho (The kings of pigs, en animation), Kim Sung-hoon (Hard day)...

Et c'est dans la section Un Certain Regard qu'une femme réalisatrice a eu l'honneur d'être présente au Festival de Cannes : July Jung et son A girl at my door, avec la star Bae Doo-na.

Vesoul 2016 : table ronde sur l’évolution du cinéma coréen

Posté par kristofy, le 7 février 2016

table ronde cinéma coréen

Le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul est cette année à l’heure de la Corée du Sud avec notamment une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » (pour marquer l'Année France-Corée, le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud). Les spectateurs ont ainsi pu découvrir Le rêve avec le réalisateur Bae Chang-hoLe vieux Jardin avec Im Sang-soo (le président du jury 2016), et en compétition Another way de Cho Chang-ho (qui avait déjà réalisé The Peter Pan formula).

Trois générations de cinéastes coréens étaient donc présents à Vesoul, l’occasion de les faire se réunir ensemble lors d’une table ronde pour évoquer à la fois la problématique de la production en Corée et de la diffusion à l'étranger. Retour sur un bref historique du cinéma coréen avec quelques morceaux choisis lors de la discussion de ce tour de table...

Double censure

La Corée du Sud a connu bien des troubles politiques qui pendant longtemps ont freiné la production de films : l’occupation japonaise au début du siècle, la division de la Corée en deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud après la seconde guerre mondiale), la guerre de Corée (1950-1953) avec un premier âge d’or du cinéma coréen qui n’a duré qu’un dizaine d’années avant de péricliter…  En 1962 arrive le régime dictatorial de Park avec la ‘Motion Picture Law’ qui va limiter à la fois le nombre de films importés de l’étranger (de l’occident dont Etats-Unis tout comme du reste de l’Asie) et le nombre de films produits en Corée du Sud (le nombre de compagnies de production va chuter de environ 70 à une dizaine…), avec aussi en 1972 carrément une censure de tout film avec une critique politique ou sociale.

bae chang hoBae Chang-ho : « J’ai tourné mon premier film en 1982. C'était Les gens d’un bidonville, soit des personnages qui n’étaient pas un genre de représentation souhaitée officiellement, donc le film ne devait pas être montré dans des festivals étrangers.

Dans les années 80, il y avait presque une double censure, avant avec le scénario et après le tournage. Des représentants du gouvernement indiquaient des modifications à faire… »

Im Sang-soo : « Je me souviens avoir vu ce film quand j’étais jeune, c’était au moment de sa sortie en salles. Ce que j’ai ressenti à sa vision m’a inspiré, et m’a conforté dans mon désir de faire du cinéma .»

Quotas

Il y a presque toujours eu en Corée différentes règles de quotas, à la fois pour limiter l’impact des films étrangers et aussi dans le but de favoriser un relèvement des productions coréennes.

Face aux films américains produits à Hollywood, il y a eu par exemple une limitation d’importer un film étranger uniquement si en parallèle une société produisait 4 films coréens (donc souvent avec peu de moyens et d’ambition juste pour satisfaire le quota), une limitation du nombre de jours durant lesquels un film étranger était exploité dans les salles (les cinémas devaient diffuser au moins 146 jours par an des productions coréennes en 1993), une limitation du nombre de films importés par an (une mesure aussi en vigueur en Chine)…

Un assouplissement arrivera au cours des années 80, avec des règles de quotas revues, et au début des années 90 certains studios américains ont une filiale installée en Corée du Sud (United international pictures, Twentieth century fox, Warner bros, Columbia, Disney…) et on arrive en 1999 à une situation de 42 films coréens contre 233 films étrangers…

Avec les années 90, il y a un développement des multiplexes (588 écrans en 1999 à 1451 écrans en 2004) tout comme des grosses sociétés de production aux moyens importants (Daewoo, Hyundai, Samsung produisent du cinéma, et les studios CJ, Orion et Lotte qui produisent et possèdent aussi leur circuits de salles pour distribuer leurs films…), et le cinéma coréen s’exporte de plus en plus à l’international.

En 1999 la Corée du Sud se dote du KOFIC (l’équivalent de notre CNC) et le film Shiri (avec la révélation de Choi Min-sik) dépasse sur son territoire le box-office de Titanic, et la répartition en tickets vendu entre films coréens est autour de 50% face aux films américains (un peu comme en France).

Im Sang-soo : « Je me souviens en particulier de l’année 1998, dans notre industrie du cinéma il n’y avait plus d’intervention du gouvernement de type censure, mais plutôt des mesures favorables pour soutenir la culture. Du coup il y avait plus d’investisseurs pour les créateurs. Cette année-là, j’ai pu moi réaliser mon premier film Girls night out, et moins de deux ans après je sortais Tears.» (ndr : son 3e film en 2003 Une femme coréenne le fait connaître en France)

cho chang hoCho Chang-ho : « La capacité créative individuelle est une force importante. Le cinéma commercial est celui qui est très bien distribué, les autres films c’est du cinéma indépendant moins bien distribué et c’est logique.

C’est peut-être plus le canal de distribution (multiplexes ou pas) qui fait une différenciation entre les types de films. Pour les distributeurs de films indépendants c’est difficile d’obtenir des salles pour que leurs films soient vus par le plus grand nombre de spectateurs.

Cette situation est je pense la même dans plein de pays. Je voudrais moi faire moi-même la distribution de mes films, le réalisme de Another way est d’ailleurs compliqué à commercialiser. »

Im Sang-soo : « Il faudrait peut-être une nouvelle loi à propos des gros conglomérats de la distribution, leurs poids et leur influence est peut-être trop lourd. Mais les réalisateurs coréens les plus en vogue actuellement avec du succès vivent de ces conglomérats, alors… »

Désormais chaque année ou presque un nouveau film coréen dépasse un record de spectateurs comme The Host en 2006 (qui a fait bondir à 64% le taux de tickets vendus pour voir un film coréen), The king and the clown, D-war, Joint security area, My sassy girl (qui aura un remake américain)…

Les festivals européens récompensent régulièrement des talents de Corée du Sud comme les films de Lee Chang-dong (Oasis à Venise, Secret sunshine et Poetry à Cannes), Kim Ki-duk (Samaritan girl à Berlin, Locataires et Pieta à Venise, Arirang à Cannes) ou de Park Chan-wook (Oldboy et Thirst à Cannes), mais aussi des réalisateurs comme Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Kim Ji-woon, et évidement Im Sang-soo (son dernier film Intimate enemies n'a pas encore pas de date de sortie en France).

Crédit photos : José Da Cunha

Vesoul 2016 : le 22e Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul est ouvert

Posté par kristofy, le 5 février 2016

Ce fut le premier festival de cinéma français dédié à l’Asie, et c'est désormais le seul (le petit cousin de Deauville s'étant arrêté) : le FICA de Vesoul se déroule jusqu’au 10 février avec la projection de 90 films répartis entre compétitions, hommages, rétrospectives et panoramas.

Le jury de la compétition "longs métrages" a cette année l’honneur d’être présidé par le réalisateur coréen Im Sang-soo (Une femme coréenne que l'on a vu à Venise; The president’s last bang et L'ivresse de l'argent découverts à Cannes…), qui a d’ailleurs reçu un Cyclo d'or pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d'ouverture. Un autre Cyclo d’or d’honneur a été décerné en même temps au cinéaste Eran Riklis à qui le festival rend par ailleurs hommage en présentant neuf de ses films.

Dans le jury, on retrouve également la réalisatrice Mania Akbari (Iran), la réalisatrice et productrice Nan Triveni Achnas (Indonésie) et le réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). En tout, il y aura 17 films (inédits en France) en compétition (fictions et documentaires), en provenance de toute l’Asie géographique : Japon, Chine, Corée, Philippines, Inde, Myanmar, Bangladesh, Pakistan, Kazakhstan, Turquie, Iran, Liban…

Dans le cadre de l'Année France-Corée (qui commémore le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud), le festival programme une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » avec des films coréens adaptés de livres très divers (Le rêve de Bae Chang-ho, La guerre blanche de Jeong Ji-young, My sassy girl de Kwak Jae-yong, Deux sœurs de Kim Jee-woon, Secret sunshine de Lee Chang-dong…).

Autre thématique élaborée par le FICA : un regard sur « Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais, 1940-2000 » avec des séances de films qui auront lieu uniquement à Vesoul (dont une dizaine inédits, Country hotel de Rong Raem Narok ou Citizen 1 de Prince Chatrichalerm Yukol par exemple jamais vu ailleurs en Europe…).

Une autre section « Entre l’Orient et l’Occident » pourra elle trouver des échos particuliers avec certaines actualités en rapport avec le terrorisme mais surtout avec des interrogations sur deux parties du monde en fait très proches : l’occasion de revoir sur grand-écran des films comme De l’autre côté de Fatih Akin, Amreeka de Cherien Dabis, Tokyo fiancée avec Pauline Etienne, In another country avec Isabelle Huppert, Voyage en Chine avec Yolande Moreau... Le temps des aveux de Régis Wargnier à propos du Cambodge de 1971 était d’ailleurs le film d’ouverture.

Vesoul va aussi proposer de redécouvrir le film Dogora, ouvrons les yeux en compagnie de Patrice Leconte qui viendra à la rencontre des festivaliers. Vous savez donc maintenant où venir pour fêter de la plus belle façon le nouvel an chinois…

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22e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Site de la manifestation

Vesoul 2016 : Im Sang-soo, Eran Riklis et Patrice Leconte célèbrent tous les cinémas asiatiques

Posté par MpM, le 19 janvier 2016

On ne présente plus le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA pour les habitués) qui proposera du 3 au 10 février prochain sa 22e édition, plus que jamais placée sous le signe de la découverte et de l'éclectisme.

Cette année, c'est le réalisateur coréen Im Sang-Soo (The housemaid, L'ivresse de l'argent, Le vieux jardin...) qui est l'invité d'honneur de la manifestation. Il sera notamment présent pour recevoir un Cyclo d'or d'honneur et présider le jury international, aux côtés de la réalisatrice et actrice Mania Akbari (Iran), de la productrice et réalisatrice indonésienne Nan Achnas et du réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). Un hommage sera également rendu au cinéaste israélien Eran Riklis à qui une rétrospective est consacrée.

Outre les deux compétitions, qui réunissent 17 longs métrages venus du Banglasdesh, de Myanmar ou encore du Kazakhstan, l'édition 2016 consacre un focus au cinéma thaïlandais de 1940 aux années 2000 ainsi qu'une rétrospective "Corée : littérature et cinéma (1949 - 2015)" dans le cadre de l'année France-Corée. La traditionnelle section thématique confrontera quant à elle les points de vue de cinéastes occidentaux et orientaux sur les rapports Orient/Occident, en présence notamment du réalisateur Patrice Leconte pour son film tourné au Cambodge, Dogora, ouvrons les yeux.

Enfin, comme tous les ans, le festival sera agrémenté de soirées festives, rencontres, débats, tables rondes et séances spéciales pour faire vivre aux festivaliers une semaine 100% cinéma asiatique.


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22e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Locarno complète ses jurys avec Roger Avery, Im Sang-soo, Noémie Lvovsky…

Posté par vincy, le 28 juin 2012

Pour le prochain Festival de Locarno (1er-11 août), on connaissait les Présidents des jurys (voir article du 10 mai), mais pas ceux qui l'entouraient.

Pour la Compétition internationale, Apichatpong Weerasethakul, le président aura comme membres le scénariste, producteur et réalisateur américain Roger Avery (Pulp Fiction, Les lois de l’attraction), le réalisateur sud-coréen Sang-soo Im (Une femme coréenne, The Housemaid, The Taste of Money qui était en compétition à Cannes cette année), la réalisatrice, scénariste et actrice française Noémie Lvovsky (La vie ne me fait pas peur, Leopard d’Argent « Jeune cinéma » à Locarno en 1999, Camille redouble, sensation de la dernière Quinzaine des réalisateurs, Les adieux à la reine) et le curateur et écrivain suisse basé à Londres Hans Ulrich Obrist (codirecteur de la Serpentine Gallery de Londres depuis 2006).

Pour la Compétition Cinéastes du présent présidée par Mahamat Saleh Haroun, on retrouvera l’actrice portugaise Ana Moreira (Transe , Tabu ), le réalisateur américain Alex Ross Perry (Impolex, The Color Wheel, présenté dans cette même sélection en 2011), le producteur suisse d’ARTE Luciano Rigolini (Love And Diane, Léopard d’Or de la Compétition vidéo en 2002, Tarachime , présenté dans cette sélection en 2006, Mekong Hotel d’Apichatpong Weerasethakul, projeté à Cannes hors-compétition cette année) et le réalisateur malaisien Yuhang Ho (At the End of Daybreak, en compétition à Locarno en 2009, Open Verdict).

La section Léopards de demain, consacrée aux courts métrages de réalisateurs n’ayant pas encore tourné de longs métrages, sera présidée par le scénariste et réalisateur anglais Mark Peploe (Profession : reporter, Le dernier empereur ), qui sera aux côtés du réalisateur français Laurent Achard (Le dernier des fous, Léopard de la meilleure mise en scène en 2006, Dernière séance, en compétition à Locarno en 2011), de l’acteur et réalisateur suisse Robin Harsch (Un autre homme de Lionel Baier, en compétition à Locarno en 2008), de la réalisatrice et programmatrice suisse Isabelle Mayor (La Ménagerie de Betty, 100% Yssam) et du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho (Green Vinyl, Eletrodoméstica, Neighbouring Sounds).

Enfin, pour le prix du meilleur premier film (choisit parmi les oeuvres de la Compétition internationale, la Compétition Cinéastes du présent et les films projetés sur la Piazza Grande), la responsaibilité incombera aux deux critiques de cinéma Dennis Lim (The New York Times, Moving Image Source, Artforum, États-Unis) et Boris Nelepo (Séance, Russie) et à la programmatrice cinéma Abi Sakamoto (Japon).

Cannes 2012 : Qui est Kim Kang-woo ?

Posté par MpM, le 26 mai 2012

Ce trentenaire à la beauté animale et sensuelle a simultanément commencé une carrière à la télévision et au cinéma au début des années 2000, apparaissant dans les séries Breathless et Three Leafed Clover et dans The coast guard de Kim Ki-Duk. Ses rôles pour le petit écran lui valent rapidement le surnom de "Mr Right", parce que ses personnages sont honnêtes et consciencieux.

En 2005, Kim Kang-woo a obtenu son premier rôle d’envergure dans The Aggressives de Jeong Jae-eun ; cela lui vaut, ainsi qu’à son partenaire Chun Jung-myung, le prix du meilleur acteur des "Film Critics Awards" de Pusan. Le film suit un étudiant qui s’ouvre au monde en intégrant une bande de virtuoses du roller, dont le chef, incarné par Kim Kang-woo, semble ne pas avoir de limites. L’année suivante, les talents de comédien du jeune homme sont une nouvelle fois récompensés lors du festival international de Turin. Le jury salue sa prestation dans The Railroad de Park Heung-sik, l’histoire de deux inconnus qui partagent leurs souffrances le temps d’une nuit, tandis que le film lui-même reçoit le prix FIPRESCI décerné par la critique internationale.

La carrière de Kim Kang-woo semble désormais lancée. Lui qui s’était battu pour donner une visibilité à The Railroad lors de sa sortie dans seulement dix salles sud-coréennes connaît un important succès commercial avec son film suivant, Le grand chef de Jeon Yun-su, où il est un cuisinier se battant contre son rival pour l’obtention d’un titre prestigieux. Top chef! Il enchaîne alors les rôles avec une belle régularité, s’essayant à des registres variés : les thrillers Rainbow Eyes de Yang Yun-ho et Marine boy de Yoon Jong-seok, le romantique film à sketchs Five senses of Eros, la comédie Ha Ha Ha de Hong Sang-soo ou encore l’œuvre de science fiction Doomsday book de Kim Ji-woon and Yim Pil-sung.

Ajoutant une nouvelle corde à son arc, il est l’un des personnages principaux du nouveau film d’Im Sang-soo, The Taste of money, que le réalisateur lui-même présente comme une "extension" de son film précédant, The Housemaid. Une œuvre qui explore les rapports ambivalents de l’avidité, du désir, du sexe et de l’ambition dans la bonne société sud-coréenne… Tout un programme qui, on l’espère, rendra autant hommage à la plastique de Kim Kang-woo qu’à ses talents d’acteur.

Cannes 2012 : Match SANG-SOO – IM vs. HONG

Posté par MpM, le 25 mai 2012

Hasard des circonstances, à moins qu’il ne s’agisse d’un élan de facétie plutôt cocasse, Thierry Frémaux et Gilles Jacob ont choisi de compliquer la vie des journalistes et festivaliers cannois en sélectionnant cette année deux cinéastes aux noms phonétiquement proches, surtout pour des oreilles occidentales, les Coréens Im Sang-soo et Hong Sang-soo.

On ne doute pas que cette double présence donnera lieu à quelques quiproquos, voire à des erreurs gênantes, dans les médias les moins aguerris, ou lors des conférences de presse. L’essentiel est qu’au moment du palmarès, si l’un des deux devait figurer, Nanni Moretti ne fasse pas de lapsus cruel… Pire, que personne ne se trompe au moment de rédiger le diplôme, ou de graver la Palme d’or ! Le plus simple serait peut-être de les récompenser tous les deux, ex-aequo, pour limiter les risques de confusion.

Mais on s’égare. Car le plus amusant dans l’histoire, c’est qu’Im Sang-soo et Hong Sang-soo étant coréens, leurs noms ne sont au final pas plus proches l’un de l’autre que ceux de Claude Miller et Claude Lelouch... Sang-soo, en effet, est leur prénom. Une fois qu’on le sait, il n’y a plus qu’à se concentrer sur la première syllabe pour les différencier. D’autant que leur style cinématographique, lui, est absolument impossible à confondre.

Hong Sang-soo est cet auteur d’apparence débonnaire qui semble se livrer année après année à une variation toujours plus subtile autour des mêmes thèmes : les relations amoureuses, la création, la solitude… Son premier film,  Le jour où le cochon est tombé dans le puits (1996), lui vaut des récompenses dans des festivals internationaux comme Rotterdam ou Vancouver. Il y est déjà question de chassés croisés amoureux décomplexés et modernes entre plusieurs personnages malheureux en amour.

En 1998, son deuxième long métrage (Le Pouvoir de la province de Kangwon) est présenté à Cannes, en section Un certain Regard. Le réalisateur continue d’explorer les triangles amoureux, sillon qu’il creuse avec La vierge mise à nu par ses prétendants, puis Turning gate, et globalement tous les films qu’il a réalisés depuis. A chaque fois, les évolutions de l’intrigue, le degré de dérision et les procédés narratifs viennent nuancer cette impression d’un seul et unique film répété à l’infini. Néanmoins, le dispositif cinématographique reste lui aussi sensiblement le même, basé sur le plan fixe et le zoom, et consistant souvent à faire boire les acteurs plus que de raison (à l’image de leurs personnages) avant de commencer à tourner.

Ce cinéma intuitif, à la fois réaliste, romanesque et ironique, séduit la presse et les organisateurs de Festival. La femme est l’avenir de l’homme et Conte de cinéma concourent pour la palme d’or, Les femmes de mes amis est présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Ha ha ha remporte le prix Un certain regard, Woman on the beach et Night and day sont projetés à Berlin, Oki’s movie va à Venise…

La série continue puisque voilà Hong Sang-soo de retour en compétition officielle à Cannes (la première fois depuis 2005) avec In another country, un film tourné en Corée avec l’actrice française Isabelle Huppert. Comme en écho à Night and day, tourné à Paris, avec un casting principalement coréen ?

Im Sang-soo, malgré un nombre plus réduit de films à son actif, est lui aussi un habitué des festivals internationaux. The taste of money représente en effet sa deuxième sélection officielle à Cannes, après The housemaid en 2010, et parmi ses films précédents, Une femme coréenne était à Venise et The president’s last bang à la Quinzaine des Réalisateurs.

Le cinéaste a d’abord commencé sa carrière en tant qu’assistant auprès de Im Kwon-taek, grand maître coréen à la filmographique riche et complexe, avant de travailler sur ses propres projets. Son cinéma, sociologique et sans tabou, aime à décortiquer la société coréenne, et notamment les contradictions des classes aisées.

Il s’intéresse ainsi aux derniers jours du président Park Chung-hee parvenu au pouvoir suite à un coup d’état (The president’s last bang), à l’émancipation d’une jeune épouse frustrée socialement comme sexuellement (Une femme coréenne) ou encore à l’hypocrisie feutrée d’une grande famille engoncée dans ses principes (The housemaid). L’argent, le sexe et la violence se mêlent ainsi dans toute son œuvre, souvent mis en scène avec un soin esthétique appuyé et presque ostentatoire.

Une tendance qui semble se poursuivre dans son nouvel opus que le réalisateur présente lui-même comme une "extension" de son film précédant, The housemaid, et qui explore les rapports ambivalents de l’avidité, du désir, du sexe et de l’ambition dans la bonne société sud-coréenne… Tout un programme qui devrait lui permettre de se distinguer définitivement du cinéma plus "rohmerien" de son compatriote Hong !