Cannes 2015: Carte postale de Corée du sud

Posté par vincy, le 20 mai 2015

Le modèle français a du bon. En reproduisant le schéma de financement du cinéma français, le cinéma de Corée du sud est devenu un acteur majeur de la cinéphilie mondiale, en moins de vingt ans, profitant d'une "movida" liée à la libéralisation politique du début des années 80.

Non seulement les films nationaux cartonnent au box office, et même à l'export, mais en plus, cela a donné toute une génération de nouveaux auteurs devenus cultes, renouvelant, notamment, le film de genre.

A Cannes, les deux cinémas - le traditionnel et le moderne - cohabitent depuis le début du millénaire. Im Kwon-taek, Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Im Sang-soo, Kim Jee-woon sont devenus des grands noms du cinéma avec des oeuvres radicalement différentes, parfois extrêmes, parfois poétiques, flirtant avec la SF ou ancré dans un réalisme social.

Et aucun de ces styles n'a été oublié par les jurys des différentes éditions depuis 2000: la mise en scène pour Im Kwon-taek avec le très beau Ivre de femmes et de peinture, le Grand prix du jury avec l'ultra-violent Old Boy et le prix du jury pour Thirst, ceci est mon sang, tous deux de Park Chan-wook, le scénario pour Lee Chang-dong avec l'étrange Poetry, le Prix Un Certain regard pour Hong Sang-soo avec Hahaha et pour Kim Ki-duk avec Arirang.

En pleine renaissance, ce "jeune" cinéma sud-coréen a largement mieux conquis le monde que ceux de ses voisins en misant sur la variété. contrairement au cinéma de Hong Kong, il n'a pas voulu produire que des polars, thrillers et autres séries B même brillantes ; contrairement au Japon, il n'a pas laissé ses auteurs sans moyens de production et de diffusion ; contrairement à la Chine, il n'y a pas de système de censure qui empêche l'épanouissement des cinéastes. A cela s'ajoute la création du plus grand Festival et marché du cinéma en Asie, à Pusan, et une farouche envie de ne pas se laisser envahir par les productions étrangères (avec un système de quotas).

Pas étonnant, dans ce cas, que chaque année, parmi les 200 films produits dans le pays, des films sud-coréens soient sélectionnés à Cannes ou ailleurs. Les sud-coréens sont des cinéphiles exigeants: avec 215 millions de spectateurs vont dans les salles chaque année (plus qu'en France donc) et la moitié de ces entrées concernent des films nationaux.

Nouveaux talents au Festival franco-coréen du film de Paris

Posté par MpM, le 1 novembre 2009

Festival franco-coréen du filmIl n’y a pas que Park Chan-wook et Lee Chang-Dong dans la vie ! Sans renier le talent de ces grands réalisateurs à la carrière internationale, l’association 1886 a eu envie d’élargir notre horizon cinématographique en organisant chaque année depuis 2006 un festival de cinéma coréen à Paris. Pour sa 4e édition, la manifestation propose un programme riche en nouveautés et inédits qui devrait offrir aux festivaliers un vrai tour d’horizon du cinéma coréen contemporain.

Section-clef du festival, la sélection 2009 propose ainsi une vingtaine de films récents (dix courts et dix long) mêlant documentaires, fiction, animation et cinéma expérimental. On découvrira notamment Rough cut, premier film de Jang Hoon, collaborateur de Kim Ki-Duk, écrit et produit par le cinéaste lui-même, ainsi que Dust kid de Jung Yumi, présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2009. Par ailleurs, la section "regards croisés" (justifiant l’appellation de festival "franco-coréen") invite les spectateurs à réfléchir sur un thème de société (cette année, l’homosexualité) au travers de dix courts métrages coréens et français.

Le patrimoine cinématographique n’est pour autant pas oublié puisqu’il sera à l’honneur au travers de deux sections. D’une part une mini-rétrospective consacrée au réalisateur Lee Myung-se (Dualist) que l’on découvrira ici sous un jour romantique et d’autre part un choix de quatre films de caractère propagandiste réalisés entre 1965 et 1975 et présentant un véritable témoignage sur le contexte socio-politique de l’époque. Parmi eux, deux œuvres d’Im Kwon-Taek (Parade of wives et Testimony) qui ont obtenu l’autorisation exceptionnelle d’être diffusées dans un pays étranger.

Si la diversité est le maître mot de cette grande fête du cinéma coréen, les spectateurs les plus assidus verront peut-être deux thèmes se dégager : le ressenti douloureux face à toute forme de violence (particulièrement perceptible dans Breathless, le film d’ouverture signé Yang Ik-June) et le cours sinueux des relations amoureuses (homosexuelles dans les "Regards croisés", transsexuelles dans 3xFTM de Kim Il-Rhan, "scandaleuses" dans Viva ! Love de Oh Jeoum-Kyun, etc.). L'occasion rêvée pour s'extraire d'une partie de nos clichés concernant cette cinématographie qui ne se résume ni aux thrillers violents à la Park Chan-wook, ni aux films d'auteur ultra-référencés d'un Hong Sang-soo.

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4e édition du Festival franco-coréen du Film
Du 4 au 17 novembre 2009
Action Christine, Forum des Images, Cinéma le Bijou
Plus de renseignements sur www.ffcf-cinema.com/

Trois questions à Im Kwon-Taek

Posté par MpM, le 17 mars 2008

Im Kwon-Taek
Ecran Noir : Vous avez réalisé 100 films en 46 ans. Quel est votre secret ?

Im Kwon-Taek : Ca s’est fait sans que je m’en rende compte… 50 d’entre eux ont été fait au début de ma carrière, sur une dizaine d’années. Ils n’avaient rien à avoir avec la description de la vie et de la société, mais étaient des œuvres purement commerciales. Des séries B et même des séries C ! Lorsque l’on me dit que j’ai réalisé 100 films, j’en ai très honte, car il y en a la moitié que j’aurais voulu ne jamais tourner !

EN : Parlez nous de l'art du chant coréen, le pansori, qui est au coeur de votre dernier film Beyond the years. En quoi cet art vous a-t-il inspiré ?

IKT : Il existe deux sortes de chant en Corée : un chant classique, académique, plutôt destiné aux nobles, et le pansori qui est plus populaire. Aujourd’hui, le pansori est classé patrimoine culturel à l’UNESCO. Il est donc mondialement reconnu comme un trésor. C’est un chant caractéristique de la musique coréenne : il est très difficile à apprendre mais également à écouter. C’est compliqué de percevoir la force, l’énergie mais aussi l’énergie que procure ce chant. On dit des gens qui sont capables de l’apprécier qu’ils ont des "oreilles sopranos" ! Autrefois le pansori comportait douze chants, chacun durant de 4 à 5 h, comme un opéra. Aujourd’hui il n’en subsiste que cinq. Pour le film, nous avons choisi les extraits les plus importants de contes connus, comme notamment Le Chant de la fidèle Chunhyang. Mon défi était de montrer que la musique peut toucher d’une manière autre qu’auditive. Je voulais ainsi transmettre et partager ce trésor avec le monde entier.

EN : Dans vos films, on retrouve souvent des personnages qui ne vivent que pour l'art, notamment dans Ivre de femmes et de peinture et dans Beyond the years. Est-ce une situation qui vous est personnelle ou tout simplement qui vous fascine ?

IKT : J’aspire à être comme ces artistes qui ne vivent que pour leur art... C’est peut-être parce que je n’y arrive pas moi-même que je les mets dans mes films.

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Deauville versant asiatique

Posté par MpM, le 14 mars 2008

La 10e édition du Festival du Film asiatique de Deauville a démarré en beauté mercredi soir avec un hommage rendu au réalisateur coréen Im Kwon-Taek, dont le centième film, Beyond the years, faisait l'ouverture. Jusqu'au 16 mars, l'Asie est donc à l'honneur dans la cité normande au travers de plusieurs rétrospectives, d'un panorama du cinéma asiatique contemporain, d'une compétition officielle et d'une compétition "Action Asia". Jeudi soir, c'était au tour du compositeur japonnais Joe Hisaichi et de l'acteur japonnais Kôji Yakusho (Cure, L'anguille, Eureka...) d'être honoré par le festival, avant les réalisateurs chinois Jia Zhang-Ke et Jiang Wen.