Le cinéma à la télévision couronne la programmation de TF1 et… de W9.

Posté par vincy, le 16 janvier 2010

 Sur le petit écran, les films du grand écran ne réprésentent plus que 11 des 100 meilleures audiences en France en 2009 et seulement deux des 30 meilleures audiences de l'année.

Ils sont de moins en moins fédérateurs : Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre a rassemblé 35,5 % de l'audience le jour de sa diffusion, ce qui en fait le film le plus dominateur de l'année ; on est loin des Enfoirés (53,1%), du foot (47,3%), de Dr. House (40,9%).

Parmi les six chaînes généralistes prises en compte par Médiamétrie, W9 (filiale de M6) a fait son record d'audience annuelle avec un film (toujours Astérix, mais en version animée avec Astérix et les vikings), Arte l'a réalisé avec le téléfilm diffusé au cinéma, La journée de la jupe et France 2 a réussi à être à son meilleur grâce à un documentaire, lui aussi projeté au cinéma, Home.

Avec sa 15e Grande Vadrouille, TF1 emporte la médaille d'or de l'audience

Mais force est de constater que les vingt plus grosses audiences "cinéma" en 2009 ont toutes été diffusées sur TF1. 11 films français (que des comédies ou des films familiaux à l'exception de La Môme) et 9 films américains (plutôt des thrillers et des films d'action, à l'exception du Diable s'habille en Prada et de Bruce Tout-Puissant). Le film américain le plus vu fut un Spielberg, La guerre des mondes avec 8,3 millions de téléspectateurs. Mais le grand vainqueur de l'année, la meilleure audience c'est ... La grande vadrouille. Inusable. 9 millions de téléspectateurs pour sa 15e rediffusion, un poil devant Astérix 2 et La maison du bonheur. Sinon, Besson, les acteurs du Splendid et Francis Veber cumulent plusieurs films dans ce classement.

Mais ces valeurs sûres voient leur emprise se fragiliser. Majoritairement inédits, les films les plus vus l'ont aussi moins été que les années précédentes, en moyenne. Avec davantage de films diffusés en première partie de soirée, on s'attendait à mieux. Le cinéma ne semble plus le produit d'appel idéal. France 2 a cartonné avec un James Bond, sans réussi à le placer dans les 20 meilleures audiences annuelles, et faisant à peine plus que Je vais bien ne t'en fais pas, le record de France 3, et Nos jours heureux, le record de M6.

En fait, la surprise provient de W9, la petite chaîne de la TNT. Jusque là Arte dominait le classement des films ayant eu plus d'audience que prévue, à jour comparable. La filiale de M6, avec une programmation grand public, a réussi à séduire davantage de téléspectateurs qu'habituellement. De nombreux films sont parvenus à attirer plus d'un million de téléspectateurs, et notamment le dimanche (face à TF1) et le lundi (jour de séries).  En prenant de gros risques de programmation, Arte a même souvent fait moins bien que les autres années avec le cinéma. Tendance inquiétante car si W9 a cartonné avec des films hollywoodiens et des dessins animés, Arte a l'avantage de  promouvoir des films d'auteur pointus et des oeuvres européennes rares sur le petit écran.

Home a-t-il réussi son pari?

Posté par vincy, le 24 août 2009

90% des recettes iront à la société de Yann Arthus-Bertrand, le reste payant les frais généraux et les 150 personnes collaboratrices. YAB reverse tout à sa fondation. Mais Home a-t-il réellement été regardé?

Luc Besson a affirmé qu'il avait été vu par environ 90 millions de personnes dans 134 territoires. Même si les chiffres sont surévalués, ou disons, gonflés - l'audimat est difficile à calculer dans certains pays - reconnaissons que le documentaire a reçu un accueil peu commun.

Son échec dans les salles françaises (moins de 100 000 entrées) ne doit pas faire oublier qu'il a été vu par 8,5 millions de téléspectateurs sur France 2. Ils étaient 40 millions derrière leur petit écran au Brésil, 2,5 millions en Egypte, 500 000 en Espagne...

Sur YouTube, on dénombrait 8,6 millions de visionnages. Et en France, on sait déjà que 200 000 DVD ont été écoulés. Il reste à attendre des chiffres provenant de Chine, qui bloquait l'importation du film. Quant aux Etats-Unis, il n'a été diffusé que sur une chaîne cablée (6 millions de téléspectateurs).

En fait le film a essentiellement marché dans les pays arabes, d'Amérique du sud, mais beaucoup moins en Occident, où l'audience des télévisions est très fragmentée.

Avec un budget de 12 millions d'euros, dont 10 financés par le groupe PPR, le film avait moins un enjeu économique que politique. Il s'inscrira un genre propre à notre époque : les documentaires écolo-moralistes.

Amerrika diffusé sur Cdiscount : une expérience avortée

Posté par vincy, le 21 juin 2009

amerrika.jpgD'un côté, un distributeur qui cherchait à faire connaître davantage son film parmi les 14 qui sortaient le mercredi 17 juin. Pour faire exister un (petit) film, les (bonnes) critiques ne suffisent plus. Il faut aussi passer le cap de la deuxième semaine d'exploitation. Memento avait imaginé de diffuser gratuitement le film de Cherien Dabis, Amerrika, sur le site Cdiscount.com. Une sorte d'avant-première globale, et gratuite, deux jours avant la sortie du film, limitée à 10 000 internautes.

Mais le distributeur a été confronté à une fronde des exploitants (mais aussi des chaînes de télévision et des éditeurs vidéo) qui avaient décidé de programmé le film, apprécié depuis sa projection à la Quinzaine des réalisateurs. 10 000 internautes cela fait peut-être du buzz, mais c'est autant de tickets payants potentiels perdus. L'opération a donc été suspendue quelques heures après son lancement. Selon Cdiscount, le film a été visionné 2 500 fois avant son retrait. Chiffre qu'il faut comparer au 3 311 curieux qui l'ont vu dans 23 salles de région parisienne mercredi, soit le sixième démarrage de la semaine. L'expérience aurait pu être intéressante. Mais on ne joue pas impunément avec la chronologie des supports...

Car la véritable révolution en cours pour le cinéma est bien l'ordre chronologiques des supports de diffusion - salle de cinéma, vidéo à la demande, édition DVD et Blu-ray, chaîne de télévision payante, puis gratuite..

Comment déterminer le succès d’un film si les entrées en salles n’est plus le seul critère de référence ?

Il y a trois mois, La journée de la jupe, d'abord présenté sur la chaîne de télévision Arte, avait été snobbé par les exploitants de cinéma (voir actualité du 23 mars 2009). Une pratique qui risque d'être pourtant de plus en plus courante. London River, de Rachid Bouchareb, vient d'être montré sur la chaîne culturelle franco-allemande alors que sa sortie en salle n'est prévue que le 23 septembre. Le meilleur exemple reste le film de Yann Arthus-Bertrand, Home, "projeté" simultanément sur le Net (Youtube), à la TV (8,3 millions de téléspectateurs sur France 2), en plein-air (sur le Champ-de-Mars) et dans les salles de cinéma (voir buzz du film). En France, il n'a attiré que 75 000 spectateurs.

Un impact à double tranchant : un carton cathodique signifie souvent un flop au box office. Aussi comment déterminer le succès d'un film si les entrées en salles n'est plus le seul critère de référence. La télévision a pour cela une vertu : elle attire les masses (parce qu'elle est gratuite?) là où le cinéma est un choix, une sélection de la part du "consommateur". Ainsi, Home ou La journée de la jupe ne seront pas classés dans les films les plus vus en salles, et pourtant ils sont parmi les films les plus vus de l'année.

La nouvelle Loi du gouvernement va bousculer un peu plus les habitudes. Désormais, un film pourra se retrouver en format vidéo (DVD, Blu-Ray...) quatre mois après sa sortie en salles, et non plus six mois. La Video à la demande va aussi transformer les habitudes. On peut imaginer que certains films qui ne trouvent pas leur place en salles (trop de sorties) soient directement vendus sur des canaux de VOD. Et si Hadopi se révélera vite impuissante, il reste qu'Amerrika a sans doute déjà rencontré son public en version piratée ... Nous n'en sommes qu'au début de cette mutation numérique...

Les films français que nous pourrions voir à Cannes

Posté par vincy, le 18 janvier 2009

l'elegance du herisson josiane balaskoJanvier, c'est la dernière line droite. Berlin, première levée du grand chelemn des festivals, a annoncé la couleur en recrutant Costa-Gavras, Ozon, Chabrol, Breillat, Lioret et surtout Tavernier, dont la sortie était en suspens depuis neuf mois... Cannes, toutes sélections confondues, a quand même de nombreuses cartes en main pour séduire les festivaliers.

Il semble que Jeunet ne pourra montrer qu'un teaser ou un extrait de son MicMacs à tire-larigot, qui devrait être prêt au début de l'été. Mais, cette déception sera compensée par d'immenses possibilités. Côté animation, Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville) devrait pouvoir présenter L'illusioniste (d'après une histoire de Jacques Tati). Et pour les documentaires, on voit mal Cannes passer à côté de Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand et produit par Luc Besson.

Parmi les habitués de Cannes, Robert Guédiguian (L'armée du crime), Alain Resnais (Les herbes folles), Christophe Honoré (Non, ma fille), Xavier Gianoli (Je voudrais te dire), Patrice Chéreau (Persécution), Lucas Belvaux (Rapt!) et Tsai Ming-Liang (Visages, tourné à Paris) font évidemment figures de favoris. Mais, parmi eux, quelques uns, recalés ou préférant ne pas trop être exposés à la dureté de la critique cannoise, feront le choix vénitien.

La jeune génération, déjà repérée à Cannes, désirant sans doute un peu de promotion pourra compter sur Julie Lopes-Curval (La cuisine) et Mia Hansen-Love (Le père de mes enfants). On peut aussi imaginer que Olivier Ducastel /Jacques Martineau (plus habitués à Berlin), avec L'arbre et la forêt, ou Fanny Ardant, avec son premier film, Cendres et sang, intéressent les programmateurs.

Audiard, Van Dormael, Mihaileanu et un hérisson...

Pourtant, les marches pourraient être montées par d'autres.... Jacques Audiard, par exemple, sans doute l'un des meilleurs cinéastes français depuis quinze ans, aurait toutes ses chances avec Un prophète. Jaco Van Dormael semble inévitable. Même si le réalisateur est belge, la production est essentiellement française. Le film, Mr. Nobody, sera prêt à temps, douze ans après Le huitième jour. Un choix passionnant serait Le concert, de Radu Mihaileanu (Va, vis et deviens), avec Mélanie Laurent. Enfin, le match des Coco Chanel, normalement prévu en avril dans les salles françaises, pourrait êre décalé si Coco avant Chanel, d'Anne Fontaine, avec Audrey Tautou, se retrouvait dans une des sélections officielles. Nul ne doute qu'au marché, on observera avec attention le box office de celui-ci et de celui de Jan Kounen, Coco Chanel et Igor Stravinsky, avec Anna Mouglalis.

Ultime possibilité, mais non des moindres : un premier film, produit par Anne-Dominique Toussaint (Caramel), en lice pour le poste de la présidence d'Unifrance. Ce premier film de Mona Achache est l'adaptation littéraire de L'élégance du hérisson, best-seller européen (en France, plus de un million trois cent mille exemplaires se sont vendus, alors que l'édition poche n'est pas encore parue), avec Josiane Balasko, qui vise le César 2010, Garance Le Guillermic et Togo Igawa. le film ne doit sortir qu'en octobre, et pourtant, la productrice a surpris tou le monde en disant qu'elle pensait pouvoir proposer une version à Thierry Frémaux au début du printemps. Assurément, ce serait le plus beau coup français du Festival.

Les « Oscars » européens se préparent

Posté par vincy, le 5 octobre 2008

Les "European Film Awards" ont toujours du mal à s'imposer, jamais cités dans les dossiers de presse, rarement mentionnés sur les affiches, valorisés ad minima dans les articles de presse. Si l'échec populaire et médiatique est patent, il faut au moins reconnaître que, cinématographiquement, l'audace est de mise. Ils viennent de révéler les quatre films en course pour le prix de la meilleure première oeuvre et, reconnaissons, qu'il y a une volonté de primer des cinémas singuliers : Hunger, de Steve McQueen (Royaume Uni), Premières neiges, de Aida Begic (Bosnie Herzégovine), Tulpan, de Sergey Dvortsevoy (Kazakhstan), tous trois primés à Cannes, mais aussi Tatil Kitabi, de Seyfi Teoman (Turquie).

Pour les nominations dans les autres catégories, la France a présenté Bienvenue chez les Ch'tis, Un conte de noël, Entre les murs et La graine et le mulet. On note que de nombreux films "cannois" sont dans le "pipeline" comme Moscow, Belgium, Delta, Gomorra, Il Divo, Home, O'Horten, Le silence de Lorna, Valse avec Bashir, Trois singes, Wolke 9...
Parmi les grands cinéastes en lice pour la nomination au prix du meilleur réalisateur, on note la présence de Nikita Mikhalkov, Mike Leigh, Andrzej Wajda, Sergei Bodrov.

On sait déjà que Dame Judi Dench, oscarisée, jamesbondisée, shakespearisée, sera honorée d'un prix spécial pour l'ensemble de sa carrière. De même les fondateurs du Dogme danois, créé en 1995, lancé sur les écrans en 1998 avec Festen et Les Idiots, seront récompensés d'un prix pour leur contribution au cinéma mondial. Thomas Vinterberg, Lars Von Trier, Kristian Levring et Soren Kragh-Jacobsen seront, à coup sûr, les vedettes de cette 21e cérémonie, qui aura lieu cette année, le 6 décembre, à Copenhague.

Namur résiste à Angoulême

Posté par vincy, le 4 octobre 2008

Il a la légitimité pour lui. Le 23e festival international du film francophone de Namur ne se laisse pas abattre par l'arrivée tonitruante et médiatique de son rival d'Angoulême.

Le festival belge, qui s'est tenu du 26 septembre au 3 octobre, a présenté 140 films. Des invités comme Karin Viard, Sergi Lopez, Fabrice Luchini, François Bégaudeau, Roschdy Zem, Claire Simon, Nicole Garcia, Karim Dridi ont fait un (dé)tour par la Sambre & Meuse. Le jury était présidé par l'un des plus grands cinéastes africains, Abderrahmane Sissako.

Le palmarès a d'abord honoré Isabelle Huppert, avec un Bayard d'honneur. L'actrice était venue présenter Home, où elle partage l'affiche avec Olivier Gourmet.

Le Bayard d'or du meilleur film a été remis au documentaire franco-brésilien Puisque nous sommes nés, de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana. Le Québécois Guillaume Vigneault (meilleur scénario, Tout est parfait), les Françaises Agnès Godard (meilleure photographie, Home) et Léa Seydoux (meilleure actrice, La belle personne), le Marocain Mohamed Majd (meilleur acteur, En attendant Pasolini) complètent le palmarès.

Notons que le film français L'apprenti, réalisé par Samuel Collardey, a reçu un Prix spécial du jury et le Prix de la meilleure première oeuvre. Tout est parfait, du Québécois Yves-Christian Fournier, a aussi été récompensé d'un prix Nouvelles Technologies.

Le public et les jeunes ont préféré le film algérien de Lyes Salem, Mascarades.

« Home », le compte-à-rebours est lancé

Posté par Morgane, le 5 juin 2008

Luc Besson et Yann Arthus-BertrandYann Arthus-Bertrand et Luc Besson ont choisi la date symbolique du 5 juin 2009 (le film sortira, sur tous types d’écrans dans un an jour pour jour), journée mondiale de l’environnement, pour présenter leur film unique, Home (le projet s'appelait Boomerang).

Les premières images diffusées à cette occasion promettent un film riche visuellement et d’une beauté inégalable. Pour le moment, le cinéaste a déjà 350 heures de rushes dans sa petite boîte noire. Le tournage, qui a débuté en mars 2007 sur l’île de Pâques, devrait se terminer en septembre prochain par la Corée du Nord. Certains pays tels que la Chine et l’Inde restent toutefois encore bien délicats à survoler. Le film terminé devrait normalement avoir coûté entre 10 et 15 millions d’euros, compensation carbone comprise.

Les voix off accompagnant le film devraient être différentes selon les pays. Yann Arthus-Bertrand assurera peut-être la version française. Pour la version américaine, le nom d’Al Gore a été évoqué.

Pourquoi donc l’homme de La Terre vue du Ciel a-t-il décidé de passer derrière la caméra et de projeter toutes ses images non plus sur du papier mais sur les écrans ? Pour lui, un véritable intérêt pour l’écologie est palpable dans nos sociétés actuelles et le cinéma, notamment, a plus d’impact qu’un livre et est le « meilleur moyen pour inscrire l’écologie dans les consciences humaines ».

Mais alors, qu’a ce film de si extraordinaire que les autres n’ont pas ? Aucune finalité commerciale !!! Le film est réalisé avec le mécénat du groupe PPR (dont le Président-Directeur général, François-Henri Pinault, est marié à Salma Hayek) et produit par Elzevir Films et EuropaCorp (Président du Directoire, Luc Besson).

La spécificité tient alors essentiellement dans sa distribution. Le film sortira de manière gratuite, ou presque, et simultanée dans tous les pays du monde, ou presque, sur tous les supports, Cinéma, Télé, Internet, DVD. Je rajoute le « presque » car même si le film en lui-même ne coûtera rien, la séance cinéma et le dvd ne pourront être entièrement gratuits (exploitants, supports…). Néanmoins, le film sortira tout de même dans plus de 50 pays sur petit et grand écran en versions légèrement différentes pour des raisons juridiques. Le phénomène n’est pas banal et tient au cœur des deux intervenants qui souhaitent une sortie véritablement mondiale. Normalement, le film sera également projeté le 5 juin 2009 au Théâtre du Châtelet accompagné d’un orchestre symphonique.

Rendez-vous donc dans un an…