Edito: L’avenir, quand on a 17 ans

Posté par redaction, le 7 avril 2016

Quand on a 17 ans, on a l'avenir devant soi. Mais il semble que ce soit plus compliqué à imaginer quand on vieillit, que la mort rode. Etrangement, cette semaine, les fantômes hantent les salles de cinéma. Le deuil est ainsi diversement vécu. Jake Gyllenhaal est prêt à tout démolir, avec une certaine jubilation. Tom Hiddleston cherche vainement un anonymat au milieu de gens qu'il ne connaît pas. Kate Dickie et Paul Higgins se sont isolés dans une forêt, se coupant de tout contact avec le reste du monde. Dakota Johnson fuit le paradis factice d'une villa italienne pour retourner chez sa mère. Le peuple argentin refuse qu'on lui retire le corps de son idole défunte, Evita, prête à être embaumée. Et le spectre de Manoel de Oliveira plane dans un film posthume.

Quand on a 17 ans, que son père meurt, on peut toujours lutter: on ne pense qu'à l'amour, aux sentiments, aux sensations, à ce désir prégnant qui nous donne l'impression d'être invincible, capable de toutes les audaces, d'être comme des lions, de passer des nuits debout, de croire que Demain sera toujours meilleur. Il suffit de faire confiance à la vie. Le cinéma, quand il nous renvoie cette envie folle de vivre par procuration des moments que l'on a pu vivre ou, mieux, que l'on aurait aimé vivre, est alors doté d'une force ensorcelante qui réveille en nous le plaisir pervers qui nous conduit dans une zone floue où réalité et rêve se confondent.

Quand on 17 ans, on peut aimer croire aux fantômes ; et on ne sait pas encore qu'ils existent vraiment quand nos proches sont passés de l'autre côté du Styx. On dérive alors sur son Y. En espérant atteindre l'instant X. Le 7e art joue alors de catalyseur et même, parfois, d'embarcation vers ces limbes virtuelles où les personnages fictifs deviennent comme nos amis. On se prend d'empathie ou de compassion pour ces gens qui souffrent de la perte de leur épouse, soeur, fils, père, icône.

"Et si la mélancolie nous gagne infailliblement lorsque nous sommes au bord des eaux, une autre loi de notre nature impressible fait que, sur les montagnes, nos sentiments s'épurent". Quand on a 17 ans, on devrait lire Honoré de Balzac.

Décès de J.G. Ballard, le père de Crash (1930-2009)

Posté par geoffroy, le 21 avril 2009

jgballard.jpgL’écrivain anglais J.G. Ballard est décédé dimanche dernier des suites d’un cancer de la prostate. Il avait 78 ans.

Auteur d’une science-fiction post-apocalyptique novatrice pour la littérature anglo-saxonne de l’époque, celui-ci devient culte en explorant dès 1969 les psychoses sexuelles et mentales dans des romans d’anticipation sociale tels que la Foire aux atrocités, Crash ou encore l’île de béton.

Né à Shanghai le 15 novembre 1930 où son père dirigeait une entreprise de textile, il sera fait prisonnier dans un camp de détention en 1942 suite à l’invasion japonaise en Chine. Cette épreuve traumatisante fera l’objet d’un livre célèbre, L’Empire du Soleil (1984), magnifiquement rendu par le film éponyme de Steven Spielberg (1987).

De retour en Angleterre dès 1946, JG Ballard renonce, quelques années plus tard, à devenir psychiatre et s’entête alors avec talent à décortiquer par sa plume aiguisée les obsessions d’un monde violent, confiné et de plus en plus technologique. De cette vision sortira son premier grand succès, Crash (1973). En 1996, David Cronenberg adaptera cette imbrication du corps et de la machine dans un film tout aussi brillant.

Son oeuvre, tournée vers la codification de rapports sociaux factices et décadents à bien des égards, a toujours été d'une lucidité tranquille et pénétrante.

Spielberg et Cronenberg l'avaient bien compris. Les droits de son roman, High Rise, viennent d'être acquis pour une adaptation cinématographique.