Berlin 2010 : James Franco réalise deux poèmes sur la frustration et le fantasme

Posté par vincy, le 14 février 2010

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James Franco est partout à Berlin cette année. L'acteur connu pour son rôle dans Spider-Man est notamment présent dans la compétition à travers Howl, où il incarne le poète gay de la Beat Generation, Allen Grinsberg. Le film est réalisé par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, les réalisateurs des documentaires The Celluloïd Closet et de The Times of Harvey Milk. Franco a aussi été remarqué pour avoir interpréter l'amant de Sean Penn dans Harvey Milk, le film de Gus Van Sant.

Après trois courts métrages - Fool's Gold, The Ape, Good Time Max - il est à Berlin pour montrer ses deux derniers films courts, tous deux produits et réalisés en 2009. Deux poèmes où l'homosexualité ne rode jamais loin. Pour la première fois, il écrit aussi ses scénarii tout seul. Herbert White, titre du film tourné au printemps et nom du personnage joué par un Michael Shannon plus vrai que nature, s'inspire d'un poème de l'auteur "gay" Frank Bidard. Mais là aucune homosexualité sous-jascente. Le film traque un père de famille, col bleu et classe moyenne, qui essaie de réfréner ses pulsions sexuelles. Son désir le domine et le pousse à ne plus être lui-même. White, l'homme quelconque, est pourtant un monstre. Il ne tue pas que la forêt en découpant des arbres - c'est son métier -, il ne fait pas que l'amour et assouvir ses besoins éjaculateurs dans cette même forêt...

La forêt est aussi présente dans The Feast of Stephen, d'après la pièce homoérotique d'Anthony Hecht. Mais le film est raidcalement différent, et pa seulement à cause du noir et blanc. Un ado (très bien casté : Remy Germinario) mate des mecs de son âge jouant au basket. Il ne voit que leur peau, les muscles, les regards. Il s'imagine avec eux nus dans les bois... Sans qu'il ne montre quoique ce soit de son attirance, ces jeunes ont compris sa tendance et vont lui faire sa fête. Castagne, simulation de viol... Mais Stephen prend son pieds, s'imagine objet sexuel dans cette forêt avec ses "camarades", dans des séquences violentes d'une sensualité troublante. La perversité du plan final résume toutes les intentions de Franco-réalisateur : le désir enfoui comme un secret, la frustration de ne pas pouvoir l'exprimer, le vivre, la réalisation d'un fantasme, en réalité plus sordide.
Outre ses sujets, son style n'est pas sans rappeler le cinéma de Gus Van Sant. Prometteur. The Feast of Stephen est en lice pour le Teddy Award du court-métrage.

Dimanche, sur la chaîne Planète, le documentaire sur Harvey Milk

Posté par vincy, le 27 juin 2009

25 ans avant le film de Gus Van Sant, Harvey Milk, qui a valu l'Oscar du meilleur acteur à Sean Penn dans le rôle-titre, il y avait eu un documentaire, The Times of Harvey Milk. La chaîne Planète a la bonne idée de diffuser le documentaire dimanche 28 juin à 22h30.

Le film de Robert Epstein et Richard Schmiechen dresse le portrait d'Harvey Milk, premier homme politique gay à être élu en Californie, et dont l'assassinat en 1978 par Dan White, conseiller municipal, eut un très fort retentissement dans la société américaine.

Le documentaire a reçu six récompenses, dont l'Oscar du meilleur documentaire en 1984.

Une bonne idée alors que la "Gay Pride" parisienne (officiellement Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans) ce samedi célèbre 40 ans de luttes homosexuelles depuis les émeutes new yorkaises de Stonewall sous le thème de « 1969 – 2009 : Fier-e-s de nos luttes, à quand l’égalité réelle ? ».

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voir aussi mon blog sur les Toiles Roses

Harvey Milk : rencontre avec Sean Penn

Posté par Morgane, le 2 mars 2009

Sean PennCostume noir, chemise blanche, Sean Penn, très élégant,  traverse la salle du Fouquet’s ornée des portraits artistiques de Steve McQueen, Paul Newman, Sharon Stone et d’autres encore. Tableaux qui lui feront dire : "je me sens cerné par cette chose terrible qu’on nomme la beauté".

D'Harvey Milk l'activiste...

Prenant place devant une grande affiche du film, les journalistes, impatients de converser avec le comédien fraîchement oscarisé, commencent alors à poser leurs nombreuses questions. La discussion s’engage sur le personnage d’Harvey Milk. Sean Penn avoue avoir des souvenirs plutôt confus de sa mort. En 1978, il était alors lycéen et c’était une période très riche au niveau politique et engagement. "C’est grâce à ce projet que j’ai vraiment connu le personnage d’Harvey Milk", déclare-t-il avant d'avouer que la mort d’Harvey Milk est une grande perte politique mais aussi humaine. "Si Harvey Milk avait vécu, beaucoup de vies auraient été sauvées. Il aurait alors pu changer le cours de l’Histoire par rapport au sida en Amérique".

A la question "l’art de l’acteur est-il de ne pas voir l’acteur dans le personnage ?", il botte en touche : "le processus est différent pour chacun. Je travaille avant tout avec mes tripes, à l’instinct. Mais comme je panique et que je suis timide, je ne sais jamais si ça va marcher avant qu’on dise Action. Alors, va-t-on puiser en soi ou, au contraire, dans le personnage ? Ca dépendMais Harvey Milk m’a inspiré.", confie-t-il. Il explique notamment que tous les gens de l’époque encore vivants ont été très solidaires du projet.

Par contre, pas d'ambiguïté sur son statut d’acteur/réalisateur : "ce film revient à Gus Van Sant seul. Je n’aurais jamais pu faire ce travail en étant également derrière la caméra". Quant à sa relation avec Gus Van Sant, il admet "admirer son travail depuis fort longtemps" et ajoute même : "je ne pense pas qu’il puisse faire de mauvais films car il est tout à fait unique et à part dans l’univers du cinéma américain. Tous ses films sont toujours très différents. Je lui suis entièrement dévoué".

Il avait déjà discuté du projet Harvey Milk avec Gus Van Sant douze ans auparavant. Le scénario était alors complètement différent. Aujourd’hui, le film est né et, entre temps, Sean Penn est également passé à la réalisation. Il a beaucoup observé Gus Van Sant mais admet que les conversations avec ce dernier "sont nettement plus abstraites". Les propos qu'ils ont échangés étaient ceux entre un réalisateur et son acteur, et non entre deux réalisateurs.

...à Sean Penn, le comédien engagé

Bien sûr, quand on connaît le caractère engagé de Sean Penn, difficile de ne pas imaginer une foule de questions en rapport avec de grands sujets de société. Florilège : Lire le reste de cet article »

Le box office américain profite peu des Oscars

Posté par vincy, le 17 février 2009

oscars preparatifsLes votes sont quasiment finis. La cérémonie se prépare déjà. Les Oscars hésitent désomrais sur le scénario. Un film a remporté tous les prix de la saison : la statuette suprême peut-elle lui échapper? C'est hautement improbable tant le film est en train de compenser sa seule faiblesse par rapport au marketing de Benjamin Button : sa popularité.

Depuis la révélation des nominations le 22 janvier, le box office des films nommés n'est pourtant pas à la hauteur des espérances. Les cinq productions nommées dans la catégorie du meilleur film n'ont accumulé que 90 millions de $ en trois semaines, soit un tiers des recettes globales accumulées. Et en fait seul un film a cartonné : Slumdog Millionaire. Pour l'instant, il a rapporté autant de dollars avant les nominations qu'après, un exploit en soit. Surtout, avec 42 millions de $ de bonus, il fait largement mieux que les 18 millions de $ de Benjamin Button et les 11 millions de $ de The Reader.

Benjamin Button, malgré ses 13 nominations, n'a pas été en mesure de transformer cet avantage en plébiscite. Le film se hisse difficilement dans le Top 20 annuel 2008 et a séduit 85% de son public avant l'annonce des Oscars.

En fait, ce sont les films oubliés des Oscars ou nommés dans des catégories moins visibles qui attirent les spectateurs. Ainsi la nomination de Mickey Rourke a presque triplé le box office de The Wrestler.Les noces rebelles est passé de 6 millions de $ de recettes à 21 millions de $. Ainsi Kate Winslet fait un plus gros succès avec le film où elle n'est pas nommée qu'avec le film où elle est citée (The Reader).

Mais surtout, Hollywood est confronté à un phénomène nouveau. Habituellement, le mois de janvier permet aux films des fêtes de finir leur carrière en douceur et aux films art et essais, oscarisables, de conquérir les salles. Cette année, les films des fêtes se sont crashés juste après les vacances, ayant fait, pour la plupart 90% de leurs recettes en trois semaines. Les films art et essai, hormis Slumdog Millionaire, Doute et Milk, n'ont pas dépassé les 25 millions de $ de recettes totales. Aucun film étranger sortis après octobre n'a percé au delà des 2 millions de $.

En fait, et c'est nouveau, ce sont des blockbusters qui ont pris possession du marché hivernal. En premier lieu, Clint Eastwood, leader du mois avec Gran Torino et ses 130 millions de $. Du jamais vu depuis Impitoyable pour le mythe. Paul Bart : Mall Cop a aussi dépassé le cap des 100 millions de $ et Taken a fait largement mieux qu'espéré avec 80 millions de $. Des films de genre (comédie romantique ou horreur) ont démarré en trombe durant leur premier weel end. Résultat, les films à Oscars n'ont pas pu résister à cette concurrence.

Alors que le box office a progressé de 20% par rapport à 2008, les huit films nommés dans les quatre catégories artistiques et encore en cours d'exploitation, n'ont contribué qu'à 20 % des recettes depuis trois semaines. Merci Slumdog.