Bilan 2016 : le cinéma de genre en mutation

Posté par kristofy, le 28 décembre 2016

C’était quoi le cinéma de genre en 2016 ?

Depuis quelques années, en fait depuis Paranormal Activity en 2007, les films qui ont pour unique promesse de faire sursauter le spectateur avec des apparitions fantômes dans le noir ou des possessions démoniaques se suivent et se ressemblent presque tous. Cette année il y a eu par exemple Conjuring 2: le cas Enfield (29 juin), Dans le noir (24 août), Ouija : les origines (2 novembre), Don’t Breathe, la maison des ténèbres (5 octobre), et même un remake du légendaire Blair Witch (21 septembre). A noter d’ailleurs que deux films français qui, à leur manière, ont marqué le cinéma de genre tricolore ont eu leur remake en langue anglaise, Martyrs et A l’intérieur (mais aucun des deux n'est sorti en salles).

Et en France ? Il y a eu cinq films notables en 2016 qui, bien que très différents les uns des autres, ont été intéressants pour le ‘genre’. Julien Séri est enfin de retour avec Night Fare (13 janvier) et son mystérieux chauffeur de taxi, suivi de Julien Leclercq avec ses Braqueurs (4 mai). Jean-François Richet s’est retrouvé de nouveau aux commandes d’un film américain (10 ans après le remake de Assaut sur le central 13) avec Blood father (31 août) et signe par la même occasion le retour en grâce de Mel Gibson lors d’une séance de minuit au Festival de Cannes.

Cependant le genre français aura été beaucoup mieux conjugué au féminin, avec deux réalisatrices. Contrairement à leurs homologues masculins très influencés par des références américaines qu’ils reproduisent (comme ceux précédemment cités), celles-ci ont mis en images un univers bien à elles. Il y eu Evolution (16 mars) de Lucile Hadzihalilovic (qu’on attendait depuis 10 ans après Innocence) avec un petit succès d’estime et des récompenses aux festivals de San Sebastian et de Gérardmer. Mais le véritable évènement du genre a été découvert à Cannes puis récompensé dans divers festivals (Sitges, Toronto, Strasbourg, PIFFF…) et dont la sortie a été reculée au 15 mars 2017 (en parallèle avec une sortie aux Etats-Unis) : il s'agit de Grave de Julia Ducournau.

Aussi surprenant que cela paraisse le Festival de Cannes a mis en avant cette année ce genre peu habitué au glamour : Grave (à La Semaine de la Critique), Dog Eat Dog de Paul Schrader (Quinzaine des Réalisateurs), The Transfiguration de Michael O'Shea (Un Certain Regard), The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (en compétition), The Strangers de Na Hong-jin (hors-compétition) et Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho (séance de minuit).

Dans les salles de cinéma, pourtant, c'est plutôt la désaffection, à quelques exceptions près. Le spectre était pourtant varié : Midnight Special de Jeff Nichols (16 mars), 10 Cloverfield Lane (16 mars), Hardcore Henry (13 avril), Green Room de Jeremy Saulnier (27 avril), American Hero (8 juin), The Witch (15 juin), American Nightmare 3: Élections (20 juillet), The Wave (27 juillet), Dernier train pour Busan (17 août), Premier Contact de Denis Villeneuve (7 décembre), soit des extra-terrestres, des montres, des tueurs immortels, des dons surnaturels, une catastrophe naturelle, de la sorcellerie, des zombies et la fin de l'humanité.

Finalement, ce que l'on retient c'est bien le renouvellement du genre. Reprendre les vieilles recettes et les refaire non pas seulement au goût du jour, avec les moyens actuels, mais bien avec un point de vue singulier, une envie de surprendre, une volonté de donner au "genre" une profondeur avec plusieurs niveaux de lecture ou d'en faire une expérience physique et cérébrale, repoussant les limites du supportables ou explorant les limbes de nos cauchemars.

Cependant certains des meilleurs films seront restés eux invisibles, à l'exception de quelques projections dans certains festivals. Comme nous le disions récemment : « Les films fantastiques, avec des zombies, des vampires, d'horreur etc... ne manquent pas dans la production mondiale. Régulièrement les productions hollywoodiennes arrivent dans les salles. Ceux là parviennent à dépasser les 300000 entrées (voir atteindre les 700000 spectateurs comme American Nightmare 3 ou 1,5 million de spectateurs comme Conjuring 2. Pour les autres, c'est plus compliqué. Malgré leur excellente réputation et leur carton dans leur pays, les films coréens, espagnols ou japonais ont du mal à s'exporter. Et ne parlons pas du cinéma français qui prend des pincettes à produire des films de ce genre et qui quittent rapidement l'affiche une fois sorti. Quand ils ont été distribués. Qu'on aime ou pas ce genre de films, il s'agit quand même d'une diversité qu'il faudrait mieux défendre, mieux préserver. Il a peut être mauvais genre mais c'est du cinéma. Il n'y a pas de raison qu'il soit un passager clandestin dans les salles ou un apatride squattant les ordinateurs, souvent en téléchargement illégal, ou la vidéo à la demande. »

BIFFF 2016 : Kevin Smith, Les Visiteurs et les cinémas asiatiques et espagnols à l’honneur

Posté par kristofy, le 14 mars 2016

Le 34ème BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) se déroulera du 29 mars au 10 avril: chaque année Bruxelles se transforme en capitale du fantasy, thriller, science-fiction, zombies et autres films du genre mais-pourquoi-est-il-si-méchant-? dans une ambiance festive.

L’invité d’honneur du BIFFF qui deviendra Chevalier de l’Ordre du Corbeau (l’hommage du festival) est d’ailleurs un des plus gros fans de ce type de films et l'un des réalisateurs les plus fantasques de ces dernières années (des religieux tortionnaires dans Red State, un homme mutilé en morse dans Tusk…) : Kevin Smith viendra présenter en avant-première Yoga Hosers (après le festival de Sundance en janvier). En vedette les actrices Harley Quinn Smith (sa fille) et Lily-Rose Depp (la fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis, qui font d’ailleurs une apparition dans le film). Elles avaient toutes deux fait leur première apparition au cinéma dans le film précédent du cinéaste, Tusk. Elles reprennent leurs rôles dans Yoga Hosers, cette fois-ci centré sur elles : les deux amies seront invitées à une soirée plutôt démoniaque...

Parmi les autres invités il y aura l’espagnol Javier Luiz Caldera (Grand prix du BIFFF 2013 pour Ghost Graduation) avec son nouveau film Anacleto, Agente Secreto (un genre de Kingsman), le coréen Ryoo Seung-wan (No Blood No Tears et Arahan c’était lui) avec ses polars Veteran et The Unjust, l’autrichien Hartl Dominik pour Attack of the Lederhosenzombies, la réalisatrice taïwanaise Hsieh Lingo et son angoissant The Bride, l’actrice chinoise Bai Ling pour le film parodique ABC’s of Superheroes

Les films asiatiques seront encore une fois très nombreux et prestigieux: Ghost Theater de Hideo Nakata, Tag et aussi The Virgin Psychics les derniers films de Sono Sion, Yakuza Apocalypse de Takashi Miike, The Strange House de Danny Pang, Memories of the sword avec  Lee Byung-hun, le succès chinois Monster Hunt, les thrillers coréens The Deal de Son Young-ho, The Exclusive : Beat the Devil’s Tattoo de Roh Deok, The Phone de Kim Bong-joo, The Tattooist de Lee Seo, la curiosité The Beauty Inside de Baek Jong-yeol, le film d’animation Seoul Station de Yeon Sang-ho, l’adaptation du manga japonais I am a Hero par Shinsuke Sato…

Les films espagnols seront aussi bien présents avec El Cadaver de Anna Fritz de Hector Hernandez Vicens, El Desconocido de Dani de la Torre, Segon Origen de Carles Porta, Summer Camp de Alberto Marini... Et bien d'autres films en provenance d'Argentine, du Méxique, de Suède... Du côté français, la production de films fantastiques étant assez faible, on se contentera de The End de Guillaume Nicloux (avec Gérard Depardieu, qui était au festival de Berlin et qui ne sortira qu'en vidéo à la demande en France) et, gloups, Les Visiteurs:la Révolution (avec Christian Clavier et Jean Réno de retour dans les couloirs du temps)... C'est dire le niveau de fantaisie dans l'Hexagone.

Chaque jour des films très attendus feront l’évènement : 31 de Rob Zombie (qui a secoué le festival de Sundance), The Invitation de Karyn Kusama, Hardcore Henry (filmé en caméra subjective façon fps), The Wave du norvégien Roar Uthaug, Into the Forest avec Ellen Page et Evan Rachel Wood, aussi Green Room de Jeremy Saulnier (découvert à Cannes puis Deauville) et The Survivalist de Stephen Fingleton (que nous avions rencontré à Dinard)... Le BIFFF s'ouvrira avec Orgueil et Préjugés et Zombies et pour la clôture le tout nouveau Alex de le Iglésia, Mi gran noche.

Et pour vous mettre en appétit de ce BIFFF 2016 en voici un avant-goût :

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34e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 29 mars au 10 avril 2016, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Deauville way of life: la semaine de la névrose

Posté par cynthia, le 15 septembre 2015

Oyé oyé cinéphiles ! Après un weekend bien chargé, retour sur notre périple journalistique durant cette semaine du 41e Festival du cinéma américain de Deauville.

Lundi, ou le jour où nous sommes mort d'ennui de bon matin

experimenterDeauville est un festival très sympathique. En effet, lorsqu'un film est projeté en avant-première à 20h et que vous avez une chance sur 40000 d'avoir une place, (donc plus de chance de gagner au Loto, partir vivre à Las Vegas et épouser Paul Walker, que Dieu ait son âme), les organisateurs proposent pour les journalistes non VIP une projection presse de beau matin.

C'est ainsi que nous avons débuté la semaine avec Experimenter de Michael Almereyda, l'histoire vraie de l'expérience de Milgram qui consistait à faire croire à certaines personnes qu'ils infligeaient des décharges électriques à d'autres individus. Cette expérience a été créée afin de trouver une réponse aux actes abominables de la Seconde Guerre Mondiale.

Sujet intéressant n'est-ce pas ? Seulement le sujet ! Entre des tirades interminables et incompréhensibles, un éléphant qui apparaît d'un coup (rassurez-vous, il n'était pas rose) et des effets visuels qui se veulent originaux mais qui sont ennuyeux, Experimenter est aussi captivant qu'un dîner aux chandelles avec un clown dépressif et sous Xanax !

Afin de nous réveiller nous nous sommes enfermés dans nos appartements avec un café plus que corsé (à la limite de la cocaïne) avant de visionner Day out of days de Zoe Cassavetes, une satire du Hollywood d'aujourd'hui : une actrice de plus de 40 ans qui lutte afin de continuer à faire son métier dans une société où, après 30 ans, vous êtes considéré comme une épave. Notre niveau de névrose a augmenté ensuite d'un cran avec le juste mais pas énorme Tangerine de Sean Baker. Filmé à l'aide d'un Iphone 5, ce film est une satire (encore) de Los Angeles à travers le monde de la transsexualité. Même si le sujet est à la mode, le trash (songé mais pas dévoilé) manque cruellement à l'appel de nos rétines assoiffées.

Mardi, et Dieu créa Al Pacino

Troisième jour de la compétition Al Pacinoet toujours pas un équivalent aux petits bijoux de l'année passé (le prodigieux Whiplash entres autres). De bon matin Dixieland de Hank Bedford où le film le plus cliché de la semaine. Un ex-taulard qui tente de se remettre dans le droit chemin tombe amoureux d'une stripteaseuse qui a sérieusement besoin d'argent, etc.

Entre une scène de striptease longue, ennuyante et vulgaire, le stéréotype d'une maman roturière et aussi bien fringuée que Kim Kardashian et une fin courue d'avance, nous avons regretté d'avoir sauté le petit déjeuner !

Quoique vu le film d'après (Green Room de Jeremy Saulnier) nous avons bien fait de ne pas manger de la journée. Des bras coupés, une gorge arrachée en direct par un gros toutou méchant, notre estomac a joué aux montagnes russes et nous ne nous sommes pas éclatés comme à Disneyland !

L'éclate est arrivée à 20h avec Al Pacino et son film Danny Collins de Dan Fogelman. Voir un grand Monsieur tel que lui incarner une ex star de la chanson qui chante pour les plus de 50 ans à la manière de Franck Michael et se drogue à ses heures perdues tant sa vie l'ennuie, nous a pas mal émoustillé les globes oculaires !

Mercredi, ou la journée du sexisme (merci Vincent Lindon)

Elisabeth Olsen et Vincent LindonJames White de Josh Mond nous met en appétit mais pas de quoi dévorer un siège de cinéma non plus. Puis l'espoir remonte avec Emelie de Michael Thelin, l'histoire d'une babysitter littéralement dingue qui séquestre trois pauvres enfants pendant que leurs parents savourent une soirée au restaurant.

Entre donner le hamster de la petite fille au serpent du grand frère ou encore leur faire voir la sextape de leurs parents au dîner, Emelie qui, se fait appeler Anna nous a enfin stimulés en ce 41e festival de Deauville, mais encore une fois rien à voir avec la sélection 2014. Imaginez juste que vous passez du Champagne à la bière!

Ensuite, le plus chanceux d'Écran Noir a pu assister (après 4 heures de queue tel un mouton que l'on conduit à l'abattoir) à la cérémonie d'hommage consacré à Elizabeth Olsen. La belle avait fait le chemin des États-Unis afin de chercher son prix. Vu le discours de Vincent Lindon, elle aurait mieux fait de rester à Los Angeles dans son appartement à déguster des Donuts.

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