Lumière 2018 – Alfonso Cuaron: « Je ne fais des films que pour apprendre à faire le prochain. »

Posté par Morgane, le 17 octobre 2018

Festival Lumière. Mardi 16 octobre. 10h. Le soleil brille encore à Lyon et les gens son déjà dans la file d'attente pour la masterclass d'Alfonso Cuaron qui débutera à 11h.

Une heure plus tard, la salle est comble et Alfonso Cuaron, précédé de Thierry Frémaux, fait son entrée sous les applaudissements!

Alfonso Cuaron et Thierry Frémaux reviennent sur une longue discussion qu'ils avaient eu à Morelia quelques années auparavant. Après Gravity et ses nombreux Oscars, Thierry Frémaux voulait savoir si Alfonso Cuaron était toujours un enfant du Mexique? Au moment de cette discussion Cuaron était sur un tout autre projet, celui d'une histoire intimiste mais qui se passerait il y a 50000 ans. "Je faisais des recherches très poussées en anthropologie et archéologie. J'en ai parlé à Thierry Frémaux mais lui m'a juste dit que c'était le moment de retourner au Mexique (ndlr: il n'y avait pas tourné depuis Y tu mama tambien). J'étais très en colère contre Thierry de ne pas partager mon enthousiasme. Mais cette conversation est repassée en boucle dans mon esprit et j'ai décidé de retourner là-bas et de me poser la question si en effet j'étais encore mexicain. C'était le bon moment!" Aussi, il est retourné au Mexique. Et il s'est lancé dans Roma, un film très personnel, très intime, avec les outils dédiés en général aux grosses productions, qu'il avait appris à manier lors de ses précédents tournages et qui sont pour lui "très appropriés pour un film d'auteur".

Intimité

Concernant la question de l'intime dans chacun de ses films, selon lui, "un cinéaste ne peut pas faire un film sans qu'il soit personnel. Il faut trouver une veine personnelle dans chaque projet, c'est l'enjeu. Dans Y tu mama tambien c'est un récit du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Pour moi, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban était une manière de filmer le passage de l'enfance à l'adolescence. Tout comme Gravity. On le voit comme une grosse production mais c'est mon film le plus personnel. J'étais dans le besoin de le faire. La conception même de Gravity a été une succession d'épreuves et d'adversité."

Hollywood

Quant à son rapport à l'Amérique, à cette Californie, à ce Hollywood envahissant comme lui demande Thierry Frémaux, c'est une "période d'évolution du cinéma. C'est passionnant à observer". "Je vois Hollywood comme une industrie et non comme un lieu d'expression des cinéastes du monde entier. Le danger serait de voir Hollywood comme le Saint-Graal avec le risque de lisser et d'homogénéiser ce langage pour rentrer dans le moule d'Hollywood. Je porte cette culpabilité-là car moi-même j'ai recherché cette chimère, j'ai perdu ma voix. Je l'ai retrouvée avec Y tu mama tambien. J'ai aussi par la suite changé ma relation à Hollywood."

Mexique

Et maintenant son rapport au cinéma mexicain. "Ma relation au cinéma mexicain est très complexe. Je suis né dans le Mexique du XXe siècle, sous le joug du nationalisme révolutionnaire qui provoquait chez moi un grand rejet de la culture nationale. Et en même temps c'est une époque où, au cinéma, il y avait une très grande diversité des films projetés et cela a aussi marqué mon enfance. Cette diversité a été ma formation. Mais je me demande si je fais plus un cinéma d'auteur ou un cinéma de cinéphile."

Il revient aussi sur l'admiration qu'il a pour le film Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 d'Alain Tanner, la situation actuelle du Mexique où il ne vit plus mais où il retourne souvent et replonge dans sa filmographie lorsque Thierry Frémaux lui demande si il a certains regrets à propos de ses films. "Je ne fais des films que pour apprendre à faire le prochain."

Roma/amoR

Une fois qu'il les a tournés il ne les revoit jamais mais il a un excellent souvenir de tournage de La petite princesse. Mais si on parle de films de maturité alors pour lui ce serait le trio Y tu mama tambien, Les fils de l'homme et Roma. "Ce qui pèse au-dessus de ma tête c'est l'ombre des grands hommes. Quand je pense à eux je me dis alors que je serai ravi de faire un jour un bon film."

Et de conclure ces 2h de masterclass avec le film Roma. "Je suis frustré de me dire que le public français ne verra pas Roma dans une salle de cinéma, ce film ayant été pensé avec une ambition visuelle et sonore destinée au grand écran" explique-t-il en justifiant le choix de Netflix comme partenaire évident.

Lion d'or à Venise, le film devrait quand même concourir aux Oscars en étant projeté dans quelques salles américaines. Le cinéaste préfère parler de son tournage plutôt que de cette polémique entre Netflix, les festivals et les exploitants.

"Je donnais des indications contradictoires à chacun des acteurs. Chaque matin je donnais leur texte à certains mais pas à d'autres et je m'entretenais longuement avec chacun. Une fois sur le plateau c'était un vrai chaos! C'était génial car c'était comme la vraie vie!" D'ailleurs il nous révèle que pour une des scènes de Roma (n'ayez crainte je ne spoilerai/divulgâcherai rien) l'actrice principale n'était pas au courant de l'issue de cette scène, ce qui la rend encore plus émouvante. Et pour les seconds rôles, ils ont le métier qu'ils ont dans la vie et pour ainsi dire "ne jouent donc pas"...

Quant au titre du film Roma, c'est le nom du quartier dans lequel il a grandi et dans lequel se situe le film. C'est également le titre provisoire qui avait été inscrit pour lever des fonds etc. "J'avais dit 'ok mettez Roma comme titre provisoire mais on le changera, je n'aime pas du tout'. Et puis finalement on ne l'a pas changé." Puis il continue: "je pourrai également dire que c'est un lien qui m'unit avec Fellini et Rossellini. (il réfléchit) Mais surtout, Roma est l'anagramme de Amor!"

Un nouvel « Ocean’s 11″? George Clooney et Sandra Bullock ne se quittent plus

Posté par vincy, le 1 novembre 2015

george clooney sandra bullock

Hollywood est accusé de sexisme depuis quelques mois: seulement 17% des rôles principaux seraient tenus par des femmes. Pourtant, les actrices rapportent parfois davantage que les acteurs. De Jennifer Lawrence à Melissa McCarthy, les comédiennes prouvent qu'elles sont populaires et bankables.

Manière de se repentir ou volonté de toucher un autre public? Après la relance des Ghostbusters, avec un casting exclusivement féminin, c'est au tour de la séries des Ocean's 11 de se voir offrir une nouvelle vie au cinéma, avec là aussi une équipe composée uniquement de femmes. La première fois que le projet a été officiellement dévoilé était d'ailleurs venu du côté de Sony, quand le studio s'est fait "hacké". Parmi tous les courriels de la directrice du studio, Amy Pascal, on découvrait l'existence d'un "Ocean's" au féminin, qui a conduit Sony a accéléré le projet du Ghostbusters au féminin...

C'est ce que révèle IndieWire. George Clooney et Sandra Bullock commencent à bien se connaître. Le premier à accepter le second-rôle masculin dans Gravity au pied levé pour jouer avec l'actrice. Ils se sont retrouvés cette année, lui en tant que producteur, elle comme comédienne principale pour le film Our Brand is Crisis, qui sort ce week-end aux Etats-Unis. Le rôle de consultante politique dans ce film était destiné, au départ, à George Clooney, et, finalement l'acteur l'a transmis à Sandra Bullock.

Un projet démarré il y a plus d'un an

Les voici qui réfléchissent désormais à une nouveau film où Sandra Bullock dirigerait une équipe de braqueuses. Gary Ross (Hunger Games, Seabiscuit, Pleasantville), très proche de Steven Soderbergh, réalisateur des trois premiers "Ocean's" (Ocean's 11 est sorti en 2001, Ocean's 12, avec Vincent Cassel et Catherine Zeta-Jones, en 2004, Ocean's 13, avec Al Pacino, en 2007), est déjà sur les ranges pour la réalisation.

A l'origine, le producteur Jerry Weintraub, disparu cet été, avait lancé l'idée l'année dernière pour prolonger la franchise lucrative, où l'on croisait Clooney en chef de bande, avec Brad Pitt, Matt Damon, Julia Roberts, Casey Affleck, Bernie Mac, Don Cheadle... et en méchant suprême Andy Garcia. Weintraub a alors enrôlé Olivia Milch pour écrire le scénario. Malgré le décès du producteur, le projet semble toujours sur les rails. Le scénario a été rendu, sans qu'on sache vraiment comment il connecte avec les trois précédents films: reboot, suite, spin-off? On sait seulement que George Clooney y aurait une apparition dans son personnage de Danny Ocean.

Reste à savoir qui va entrer dans le groupe de braqueuses. On imagine mal Julia Roberts, épouse de Danny Ocean dans la trilogie originelle. Mais il faut de ce calibre là pour que le projet ait une valeur égale. Au moins deux ou trois actrices de catégorie A vont sans doute harceler leur agent pour être de la "party".

Les trois premiers films ont rapporté 1,1 milliard de dollars de recettes dans le monde.

Oscars 2014 : 12 Years a Slave et Gravity dominent le palmarès

Posté par vincy, le 3 mars 2014

Il aura été difficile de départager les deux favoris de la 86e Cérémonie des Oscars (voir le palmarès intégral).

On pourra dire que 12 Years a Slave a gagné la récompense suprême, en plus du prix du meilleur scénario / adaptation et du meilleur second-rôle féminin. Trois statuettes pour 9 nominations. Bon ratio. C'est aussi la première fois qu'un producteur noir - le réalisateur Steve McQueen - gagne l'Oscar du meilleur film. La seconde fois qu'un scénariste noir emporte un Oscar lié à l'écriture d'un film (la première fois ne date que de 2009 avec Precious). La victoire de Lupita Nyong’o dans la catégorie du meilleur second-rôle féminin s'inscrit aussi dans les annales de l'événement : ce n'est que la 14e actrice noire à obtenir un Oscar et elle rejoint le club fermé (seulement 15) des comédiens oscarisés dès leur premier film. Enfin c'est également le deuxième Oscar du meilleur film pour Fox Searchlight, après Slumdog Millionaire. Et le premier Oscar pour Brad Pitt, coproducteur du film.

Gravity a gagné au volume. 7 Oscars (sur 10 nominations) : une invasion mexicaine. Le film rentre dans le cercle des films les plus récompensés (ils n'étaient que 25 à en avoir gagné autant ou plus). Alfonso Cuaron devient le premier cinéaste latino-américain à être consacré meilleur réalisateur. Il gagne aussi un deuxième Oscar dans la foulée en partageant celui du meilleur montage. Un an après l'Oscar du meilleur film pour Argo, Warner Bros continue d'être le seul grand studio à aligner blockbusters et films primés par l'Académie.

Parmi les autres faits notables :
- 3 Oscars pour Dallas Buyers Club dont celui du meilleur acteur à Matthew McConaughey, la star du moment, et du meilleur second-rôle masculin, Jared Leto, le revenant.
- 3 Oscars pour l'Australie à travers Cate Blanchett (meilleure actrice) et Catherine Martin (décors et costumes pour Gatsby le magnifique). Blanchett gagne ainsi son 2e Oscar (le premier était pour un second-rôle) et rejoint ainsi les 21 autres comédiens qui ont gagné dans les deux catégories. C'est aussi la seconde actrice à être oscarisée dans un film de Woody Allen, 36 ans après Diane Keaton dans Annie Hall
- La France repart avec l'Oscar du meilleur court métrage animé (Mr. Hublot)
- L'Italie assoit son pouvoir sur la catégorie du meilleur film en langue étrangère : La Grande Bellezza est le 14e film italien à remporter la statuette (le cinéma français est 2e avec 12 Oscars). Le cinéma italien n'avait pas gagné cet Oscar depuis La vita è bella en 1999.
- Enfin, avec la victoire de La Reine des neiges, Disney Animation gagne son premier Oscar dans la catégorie meilleur long métrage d'animation (qui existe depuis 13 ans). Le film a aussi ramené l'Oscar de la meilleure chanson dans son escarcelle.

Les deux grands perdants de la soirée sont évidemment Le Loup de Wall Street et American Bluff, qui repartent les mains complètement vides.

Gravity et 12 Years a Slave grands vainqueurs des BAFTA

Posté par vincy, le 16 février 2014

12 years a slave bafta 2014

En recevant son BAFTA d'honneur, tant mérité, Helen Mirren citait Shakespeare : "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves et notre petite vie est remplie en dormant. Ma petite vie est remplie par cet honneur, je vous remercie infiniment". C'est sans doute cette phrase que de nombreux vainqueurs des prix BAFTA (les Césars britanniques) auront eut en tête en montant sur scène ce dimanche soir.

Deux films se partagent les lauriers. 12 Years a Slave, avec deux prix majeurs (meilleur film et meilleur acteur pour le britannique Chiwetel Ejiofor), déçoit un peu puisqu'il était nommé 10 fois. De son côté Gravity fait une razzia avec 6 prix sur 11 nominations dont meilleur film britannique, meilleur réalisateur et meilleure image.

Dans un registre plus modeste, American Bluff (3 prix, dont scénario et second rôle féminin) ne démérite pas. La Grande Bellezza confirme son statut de film en langue étrangère favori des anglo-saxons. Et Cate Blanchett a rayonné avec le prix de la meilleure actrice, 15 ans après celui qu'elle avait obtenu pour Elizabeth.

Reste que la cérémonie a surtout snobé le cinéma anglais. Un comble. Gravity a certes été tourné au Royaume Uni, mais le film du mexicain Cuaron est une coproduction américano-mexicaine. En obtenant le prix du meilleur film britannique, alors qu'il l'est moins que 12 Years a Slave (dont le réalisateur et l'acteur principal sont anglais), on s'interroge sur les objectifs des BAFTA.

Finalement, on retrouve peu de talents britanniques dans ce palmarès. La moitié des prix ont été décernés à des artistes venus d'ailleurs.

Liste complète des prix BAFTA 2014

Meilleur film : 12 Years a Slave
Meilleur film britannique : Gravity
Meilleur film en langue étrangère : La Grande Bellezza
Meilleur film d'animation : La Reine des neiges
Meilleur documentaire : The Act of Killing

Meilleur réalisateur : Alfonso Cuaron (Gravity)
Meilleur acteur : Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave)
Meilleure actrice : Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Second rôle masculin : Barkhad Abdi (Captain Phillips)
Second rôle féminin : Jennifer Lawrence (American Bluff)
EE Rising Star : Will Poulter (prix du public)
Nouveau talent : Kirean Evans (Keely + Victor)

Scénario original : American Bluff
Scénario / adaptation : Philomena

Image : Emmanuel Lubezki (Gravity)
Musique : Steven Price (Gravity)
Décors : Gatsby le magnifique
Son : Gravity
Montage : Rush
Costumes : Gatsby le magnifique
Coiffures et maquillages : American Bluff
Effets visuels : Gravity

Court métrage : Room 8
Court métrage animé : Sleeping with the Fishes

Bafta d'honneur : Helen Mirren
Hommages à Peter O’Toole, Philip Seymour Hoffman, Shirley Temple et Saul Zaentz

Oscars 2014 : les nominations, les gagnants et les perdants

Posté par vincy, le 16 janvier 2014

poster oscars 2014American Bluff et Gravity récoltent 10 nominations, 12 Years a Slave en reçoit 9 : la course est lancée pour les prochains Oscars (qui se tiendront le 2 mars) et la concurrence est serrée pour ne pas dire ouverte.

Toutes les nominations

Les 10 snobés

Le majordome et Rush complètement zappés, Emma Thompson (Dans l'ombre de Mary) et Kate Winslet (Labor Day) oubliées, Robert Redford (All is lost) et Tom Hanks (Capitaine Phillips) perdus en pleine mer, James Gandolfini (All about Albert) même pas honoré, Pixar hors-service et plus grave Epic hors concours, et La vie d'Adèle même pas cité... Les Oscars ont déjoué certaines prévisions et déclassé des films primés par des palmarès respectés.

Les 3 méprisés

Inside Llewin Davis (cité juste pour l'image et le mixage), Her (ni réalisateur, ni acteur), August : Osage county (ni meilleur film, ni meilleure adaptation) sauvent leur honneur mais doivent se contenter d'une place d'outsider dans chacune des catégories où ils sont cités.

Les 7 exploits

American Bluff réitère l'exploit d'Happiness Therapy l'an dernier avec un acteur nommé dans chacune des quatre catégories d'interprétation. C'est le 15e film de l'histoire des Oscars à réitérer cet exploit. Le film reçoit un total de 10 nominations

Leonardo DiCaprio n'a pas été oublié : c'est sa quatrième nomination, alors qu'il aurait pu au moins être cité huit autres fois.

Philomena (4 nominations) sera le Weinstein à battre dans une compétition où il n'y a pas vraiment de favoris. Depuis 2008, Harvey Weinstein a toujours eu un film nominé dans la catégorie du meilleur film.

Gravity est le seul film du Top 10 mondial (en recettes) à être nominé dans la catégrie meilleur film : il est aussi l'un des trois favoris avec 10 nominations.

Meryl Streep augmente son record de nominations, désormais porté à 18. Woody Allen fait de même dans la catégorie scénario avec 15 nominations.

Deux films d'animation sur les cinq nommés dans la catégorie du meilleur long métrage animé ne sont pas hollywoodiens : le français Ernest & Célestine et le japonais Le vent se lève, de Hayao Miyazaki. Rappelons que Miyazaki a été le seul réalisateur étranger primé dans cette catégorie (Le voyage de Chihiro en 2003).

Avec La grande bellezza, le cinéma italien se rapproche de la France qui a le record de nominations dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. 28 pour l'Italie, 36 pour la France. Le Cambodge enregistre sa première nomination, la Palestine sa deuxième, la Belgique sa septième, le Danemark sa dixième.

La hiérarchie

10 nominations : American Hustle, Gravity

9 nominations : 12 Years a Slave

6 nominations : Capitaine Phillips, Dallas Buyers Club, Nebraska

5 nominations : Her, Le loup de Wall Street

4 nominations : Philomena

3 nominations : Blue Jasmine, Le hobbit : la désolation de Smaug

Box office 2013 : Les productions nationales cartonnent en Chine et au Japon

Posté par vincy, le 11 janvier 2014

journey to the west - le vent se lève

Depuis l'an dernier, la Chine est devenu le 2e marché le plus important du monde, déclassant le Japon à la troisième place. 2013 n'aura fait que consolider cette hiérarchie.

La Chine a encaissé 3,6 milliards de dollars de recettes dans ses salles de cinéma (800 millions de $ de plus qu'en 2012). La part de marché des films chinois s'est élevée à 59% (48,5% en 2012). C'est d'autant plus remarquable que le nombre de films chinois produits en 2013 est en baisse. Ces bons résultats sont essentiellement liés à l'augmentation du nombre de salles, qui est passé de 13 000 écrans à 18 200.

En tête cette année, Journey to the West  Conquering the Demons, le film de Stephen Chow (205 millions de $, lire notre actualité du 14 février). Il devance de loin Iron Man 3 (124M$) et So Young de Vicky Zhao (118M$). Suivent Pacific Rim (114M$), Personal Tailor de Feng Xiaogang (107 M$), Young Detective Dee : Rise of the Sea Dragon (99M$), American Dream in China de Peter Chan (89M$), Finding Mr. Right de Wue Xiaolu (85M$), Tiny Rimes de Guo Jingming (79M$), Police Story 2013 de Jacky Chan (72M$, encore en salles) et Gravity (71M$).

Le box office est clairement dominé par les comédies (très hollywoodiennes même si elles sont chinoises) et les films d'action.

Le rival asiatique, le Japon, n'a pas encore publié ses statistiques annuelles. Mais le box office est indéniablement très nippon. Vainqueur toute catégorie, Hayao Miyazaki avec Le vent se lève. Miyazaki réussit un grand chelem : tous ses films depuis Princesse Mononoke ont été les leaders de l'année. Le film a rapporté 120 millions de $. Derrière on trouve un autre film d'animation, Monstres Academy (90M$) et Ted (44M$).

Notons que sur les dix premiers films de l'année, seuls deux n'étaient pas distribué par Toho : le Disney-Pixar et en 9e position Tel père, tel fils de Kore-eda Hirokazu, prix du jury à Cannes, et qui a récolté 31 millions de $. Hormis Ted et Monstres Academy, tous les films du Top 10 sont japonais.  Ainsi Iron Man 3 n'est que 17e et Gravity 24e. L'animation continue de dominer le marché avec les séries Pocket Monsters, Dragonball, Detective Conan et Doraemon.

2013 : 12 suites et remakes, 10 adaptations et 4 films d’animation dans le Top 20 nord-américain

Posté par geoffroy, le 10 janvier 2014

Rien ne change ou presque. Alors qu'un super-héros semblait s'assurer de terminer tout en haut du classement 2013 (Iron Man 3), The Hunger Games: l'embrasement va lui chiper la place et, par la même occasion, battre le score du premier opus.

Sur un marché en hausse de 0,8% par rapport à l'année 2012 (chiffres arrêtés au 31 décembre), les franchises dominent encore outrageusement le box-office Outre-Atlantique dans un top 20 assez prévisible. Avec quatre suites (Moi, moche et méchant 2, Star Trek Into Darkness, Thor: Le monde des ténèbres, Copains pour toujours 2), quatre franchises (Iron Man 3, Hunger Games 2, Fast and Furious 6, le Hobitt: La désolation de Smaug), un reboot (Man of Steel, nouvelle adaptation de Superman) et une préquelle (Monstre Academy), les studios ne brillent pas par leur prise de risque ni par leur goût de l'originalité.

Dans son livre Sleepless in Hollywood, la productrice Lynda Obst (The Fisher King: Le roi pêcheur, Nuits Blanches à Seattle…) observe qu'aujourd'hui c'est le "chiffre" qui commande le film (blockbuster), non l'idée. Le temps des propositions scénaristiques ambitieuses semble révolu ; celui des convictions aussi. Les studios, à tort, pensent pouvoir maitriser les risques en enrobant leurs projets de stars, dans des histoires universelles marketées des mois à l'avance. Il s'agit de remplacer des projets artistiques scénarisés, par des concepts marketing reconnaissable capables d'assurer presque à chaque coup le succès populaire (super-héros, franchise, adaptation littéraire ou jeu vidéo…). La recette ? En mettre plein les mirettes, peu importe la cohérence de ce que l’on raconte, du moment que l’on touche un public en ordre de marche venu se divertir dans un même élan fédérateur. Ainsi les têtes de gondoles s’affichent, lancées par d'immenses campagnes marketing de plus en plus coûteuses, elles-mêmes orchestrées par des hordes de directeurs marketings pendus à leurs sacro-saints Smartphones (avant d'être licenciés pour résultats décevants).

Sauf que rien n'est maîtrisé puisque des bides tels que Lone Ranger (89M$ pour un budget de 215M$), 47 Ronin (32M$ pour un budget estimé à 175M$) ou encore R.I.P.D (33M$ pour un budget de 130M$) ripent la belle mécanique qui se trouve de plus en plus fragilisée. La quantité de films produits devient alors le garde fou d’investissements faramineux que rien ni personne ne semble vouloir/pouvoir arrêter.

1/ L'animation en mode majeur…

Morose en 2011, reprenant des couleurs en 2012, le genre explose les compteurs en 2013 avec trois films à plus de 260 millions de dollars. Si Moi, moche et méchant 2 confirme le succès surprise du premier opus, son plébiscite laisse quand même rêveur. Avec 367M$ engrangés, le film se place à la quatrième place des films d'animation de tous les temps hors inflation. Il sera bientôt talonné par le succès de Noël, La Reine des neiges. Le dernier né des studios Disney va dépasser les 300M$, sans doute les 322M$ de Shrek 3 et titiller les 350M$. Après Raiponce et les Mondes de Ralph, le retour au premier plan de la firme aux grandes oreilles est bel et bien confirmé. Dans ce contexte explosif n'oublions pas les succès, même si en retrait, de Pixar (268M$ pour Monstres University) et Dreamworks (187M$ pour le revigorant Les Croods).

2/ La comédie is back…

L'année 2013 est bel et bien celle de la comédie, malgré l'échec du troisième Very Bad Trip (112M$ là où les deux premiers avaient franchi les 250M$). Quatre films se placent dans le top 20, se tiennent dans un mouchoir de poche et sont tirés d'histoires originales (sauf pour la suite de Copains pour toujours). Melissa McCarthy est la grande gagnante de l'année en plaçant trois films au-dessus des 100 millions de dollars (Les flingueuses, Arnaque à la carte et Very Bad Trip 3). Jennifer Aniston, avec Les Miller, une famille en herbe, plaît toujours autant dans le seul rôle qu'elle semble devoir jouer au cinéma. Ce top comédie pourrait voir débarquer l'immense Will Ferrell dans la suite de La légende de Ron Burgundy sortit il y a presque dix ans (2004). Le film, qui vient de dépasser les 100 millions de dollars, pourrait bien faire son entrée dans le top 20 2013.

3/ Des super-héros comme une évidence…

Quatre super-héros étaient au menu 2013 pour trois succès et un demi-échec. Wolverine: le combat de l'immortel, avec 132M$, se classe 21èmeet loupe son retour. Ce qui n'a pas été le cas pour Iron-Man 3 (409M$), Man of Steel (291M$) et Thor 2 (203M$). Allez, ils ont assuré et rassuré sur le potentiel toujours intact de telles icônes dans le cinéma américain malgré la petite déception de voir Man of Steel en deçà des 300M$. Pas de surprise non plus pour 2014. L'année sera dans le prolongement des dernières années en nous offrant la panoplie des suites, reboots et nouvelles adaptations de super-héros.

4/ Quelques franchises au diapason …

Pas de souci pour  les franchises attendues. Hunger Games sera le vainqueur de l'année avec une marque au-delà des 415 millions de dollars. Cette suite, saluée par la critique, permet au studio Lionsgate de se classer 5ème devant la Paramount ou la Fox. Malgré le décès tragique Paul Walker, il y aura bien un Fast ans Furious 7 (en 2015 finalement). Le scénario du film a été réécrit et devrait intégrer sous la forme d'un hommage les scènes que l'acteur avait déjà filmé. Avec l'épisode 6 la franchise s'est rapprochée des 250M$ avec un final à 238M$ pour une 8ème place annuelle. La suite des aventures de notre cher Bilbo le Hobbit cartonne un peu partout dans le monde. Succès aux Etats-Unis, le film est toutefois en retrait par rapport au premier chapitre et devrait terminer sa course vers les 260M$. Si la quasi-totalité des films science-fiction ont échoué au box-office américain (Elysium, Oblivion, Pacific Rim, After Earth, La Stratégie Ender), Star Trek Into Darkness est le seul à sauver les meubles d'un genre pourtant propice à l'innovation (228M$).

5/ Deux outsiders et trois machines hollywoodiennes originales…

Comment ne pas parler de Gravity. Le film d'Alfonso Cuaron démontre qu'un film de studio osé graphiquement, superbement réalisé et admirablement porté par une Sandra Bullock au diapason, peut mettre à terre des grosses machines à la pyrotechnie folle deux fois plus onéreuses. Le film totalise en fin de carrière 255M$, ce qui le place à la septième position annuelle. Sa carrière n'est peut être pas terminée avec l'épisode prochain des Oscars. Deux ou trois statuettes pour, pourquoi pas, une nouvelle mise sur orbite. Avec Gravity et Les Flingueuses, c'est aussi une année royale pour Bullock, qui prouve qu'une femme peut porter deux productions sur ses épaules en séduisant différents publics. Bullock s'avère plus rentable qu'un Cruise ou un Damon.

Même son de cloche avec l'étonnant Conjuring: Les dossiers Warren de James Wang. Comme Gravity, il s'agit d'un film Warner, leader de l'année. 20M$ de budget, 137M$ de recettes. Qui dit mieux? Personne. Le film symbolise à lui seul la rentabilité d'un genre de plus en plus populaire. Ce cinéma, celui de l'ingéniosité, à de l'avenir devant lui. Reste trois films tous très différents dans leur contenu. Un point commun tout de même. Ils sont produits par des grands studios et portés par des acteurs stars. Le monde fantastique d'Oz (James Franco), World War Z (Brad Pitt) et Gatsby le magnifique (Leonardo DiCaprio), sans proposer une quelconque originalité, ont apporté un petit vent neuf, entre divertissement familial et spectacle plus adulte. Ils ont, chacun à leur manière, touché leur cible.

  1. Iron Man 3: 409M$
  2. Hunger Games : L'embrasement: 407M$*
  3. Moi, moche et méchant 2: 367M$*
  4. La Reine des neiges: 298M$*
  5. Man of Steel: 291M$
  6. Monstres Academy: 268M$
  7. Gravity: 255M$*
  8. Fast and Furious 6: 238M$
  9. Le monde fantastique d'Oz: 234M$
  10. Le Hobbit: La désolation de Smaug: 230M$*
  11. Star Trek Into Darkness: 228M$
  12. Thor: Le monde des ténèbres: 203M$*
  13. World War Z: 202M$
  14. Les Croods: 187M$
  15. Les flingueuses: 159M$
  16. Les Miller, une famille en herbe: 150M$
  17. Gatsby le magnifique: 144M$
  18. Conjuring: Les dossiers Warren: 137M$
  19. Arnaque à la carte: 134M$
  20. Copains pour toujours 2: 133M$

* Toujours en exploitation

Gravity domine les nominations des si peu britanniques BAFTA

Posté par vincy, le 8 janvier 2014

gravityLes BAFTA (Oscars britanniques) prouvent une fois de plus la dépendance du cinéma britannique au colonisateur Hollywood : Gravity domine la course avec 11 nominations, devant le film américain du britannique Steve McQueen, 12 Years a Slave, et American Hustle (American Bluff en français) qui reçoivent chacun 10 nominations. Capitaine Phillips suit avec 9 nominations.

On sera toujours surpris de voir autant de films américains dans un événement censé valoriser une cinématographie nationale.

Heureusement il y a Philomena de Stephen Frears pour sauver l'orgueil national. Seul film anglais dans la catégorie meilleur film. Il est aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique, aux côtés de Gravity, Mandela, Rush, A l'ombre de Mary et Le géant égoïste. Cette catégorie accueille seulement trois cinéastes anglais. Un paradoxe.

Deux réalisateurs sujets de sa majesté sont nommés dans la catégorie du meilleur cinéaste, Steve McQueen et Paul Greengrass, qui feront face à David O. Russell, Alfonso Cuarón et Martin Scorsese.

Aucun scénariste britannique n'est remarqué dans la catégorie du meilleur scénario où se confrontent American Hustler, Blue Jasmine, Gravity, Inside Llewyn Davis et Nebraska. Pour les adaptations, on retrouve quand même Steve Coogan, prix du meilleur scénario à Venise, pour Philomena, face à 12 Years a Slave, Capitaine Phillips, Le Loup de Wall Street et Ma vie avec Liberace.

On plaint tout autant les excellents comédiens du Royaume: les votants préfèrent indiscutablement les stars hollywoodiennes : Christian Bale et Chiwetel Ejiofor affrontent Bruce Dern, Leonardo DiCaprio et Tom Hanks (acteurs) ; Emma Thompson et Judi Dench rivaliseront avec Amy Adams, Cate Blanchett et Sandra Bullock (actrices) ; Michael Fassbender est seul face à Barkhad Abdi, Bradley Cooper, Daniel Brühl et Matt Damon (seconds rôles masculins) ; et Sally Hawkins est isolée au milieu de Jennifer Lawrence, Julia Roberts, Lupita Nyong'O et Oprah Winfrey (seconds rôles féminins).

Côté meilleur film en langue étrangère, La vie d'Adèle affronte The Act of Killing (également cité dans la catégorie documentaire), La grande Bellezza, Metro Manila (de l'anglais Sean Ellis) et Wadjda.

Moi moche et méchant 2, La reine des neiges et Monstres Academy se battront pour le prix du meilleur film d'animation.

Enfin, il ne faut pas omettre les 5 nominés pour le Rising Star Award, qui ont été révélés lundi.

Golden Globes 2014 : 12 Years a Slave et American Bluff en tête

Posté par vincy, le 12 décembre 2013

jennifer lawrence american hustleLes nominations des Golden Globes ont été révélé ce matin en direct à Los Angeles. Ils seront décernés dans un mois.

En tête des nominations, avec 7 citations chacun, les films de Steve McQueen et David O' Russell, 12 Years a Slave et American Bluff (American Hustle). Mais le jeu reste très ouvert tant de nombreux films cumulent plusieurs nominations, à commencer par Nebraska (5 citations), Capitaine Phillips et Gravity (4 chacun), Inside Llewyn Davis, Mandela et Philomena (3 chacun).

Parmi les favoris, il y a quelques films qui manquent à l'appel dans les catégories principales comme August : Osage County, Le Majordome, Le Loup de Wall Street, Her et Fruitvale Station.

On pourrait aussi remarquer que le chouchou des critiques Ernest & Célestine n'est pas dans la liste. Ironiquement, le dernier Miyazaki, Le vent se lève, n'est pas dans la catégorie animation, mais dans la catégorie film en langue étrangère, qu'il doit partager avec quatre films cannois, La chasse (édition 2012), La vie d'Adèle et Le passé (tous deux français), et La grande Bellezza. Cocorico again avec la nomination de Julie Delpy en meilleure actrice / comédie. Catégorie où l'on retrouve Meryl Streep, qui enregistre ainsi sa 27e nomination aux Golden Globes (un record!).

Outre un certain rajeunissement des nominés et une ouverture à des genres aussi variés que la SF ou la comédie indépendante, on notera enfin quelques surprises comme la confirmation de Lupita Nyong'o et Daniel Brühl et l'arrivée de Greta Gerwig et d'Oscar Isaac dans les oscarisables.

Screen Actors Guild Awards : 12 Years a Slave, August : Osage County et Le Majordome favoris

Posté par vincy, le 11 décembre 2013

12 Years A Slave

Les votants des Screen Actors Guild Awards, qui représentent le plus fort contingent de votants aux Oscars, ont réservé quelques surprises avec leur crû. Déjà notons l'absence de trois grands favoris : Le loup de Wall Street de Martin Scorsese, Inside Llewyn Davis des frères Coen et Her de Spike Jonze.

Le grand vainqueur des nominations est le film de Steve McQueen, 12 Years of Slave, nommé dans 4 catégories. August : Osage County marque aussi de nombreux points.

C'est aussi un match des multinominés. C'est la 9e nomination pour Meryl Streep dans la catégorie meilleure actrice, la 7e pour Cate Blanchett, la 6e pour Judi Dench, la 3e pour Jennifer Lawrence. Côté masculin, Tom Hanks reçoit sa 4e nomination.

Et puis l'arrivée de Daniel Brühl, ou la confirmation des comédiens du Majordome et de Nebraska, montrent à quel point cette année le jeu est très ouvert.

Un prix honorifique sera remis à Rita Moreno (West Side Story, Chantons sous la pluie, Le Roi et moi, The Ritz).

Meilleur acteur
Bruce Dern (Nebraska)
Chiwetel Ejiofor (12 Years of Slave)
Tom Hanks (Captain Phillips)
Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club)
Forest Whitaker (Le Majordome)

Meilleure actrice
Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Sandra Bullock (Gravity)
Judi Dench (Philomena)
Meryl Streep (August : Osage County)
Emma Thompson (Saving Mr. Banks)

Meilleur second-rôle masculin
Barkhad Abdi (Captain Phillips)
Daniel Brühl (Rush)
Michael Fassbender (12 Years a Slave)
James Gandolfini (All about Albert)
Jared Leto (Dallas Buyers Club)

Meilleur second-rôle féminin
Jennifer Lawrence (American Bluff)
Lupita Nyong'O (12 Years a Slave)
Julia Roberts (August : Osage County)
June Squibb (Nebraska)
Oprah Winfrey (Le Majordome)

Meilleur ensemble d'acteurs
12 Years a Slave
American Bluff
August : Osage County
Dallas Buyers Club
Le Majordome