BIFFF 2014 : 3 films cultes en quête de distributeur

Posté par kristofy, le 19 avril 2014

Cheap Thrills est un premier film réalisé par E.L. Katz, et pour un coup d'essai c'est un coup de maître avec son humour noir à la fois glaçant et grinçant  : c'est horrible mais ça fait rire. L'histoire portée par 4 personnages se déroule presque en huis-clos durant une longue nuit d'épreuves de plus en plus cruelles.

Le pitch : Tout juste licencié et menacé d'expulsion, un jeune papa endetté voit sa vie bouleversée quand il rencontre avec un ami d'enfance dans un bar un couple de gens aisés qui leur proposent une solution à leurs problèmes financiers... Le couple commence sur le ton de la plaisanterie à lancer des défis pour s'amuser, comme 200 dollars pour celui qui se fera gifler par une filel au hasard. Le riche couple, qui fête l'anniversaire de la jeune femme, propose aux deux amis de continuer la soirée chez eux. Les paris vont se suivre avec de plus en plus d'argent à gagner et les deux amis se retrouvent en rivaux pour gagner cet argent. Les défis ont de plus en plus un caractère pervers et immoral : 800 dollars à celui qui ira déposer des excréments chez le voisin, 4500 dollars pour faire l'amour à la femme de l'autre, 25 000 dollars pour se couper un petit doigt... On y retrouve l'esprit cinglant de Very Bad Things (1999, avec Christian Slater) où tout va de pire en pire. Avec Cheap Thrills le spectateur découvre de manière ironique une spirale vers l'horreur qui est autant inattendue que souhaitée. Cheap Thrills a déjà eu un prix du public au Festival International du Film Fantastique de Paris, et il est en compétition au BIFFF.

All Cheerleaders Die est le dernier film de Lucky McKee & Chris Sivertson : Lucky McKee nous est apparu il y a 10 ans avec le succès de May puis ses autres films ont été plus confidentiels. En 2011 son film The Woman a gagné de nombreux prix dans des festivals comme Sitges et Strasbourg mais il avait déjà été jugé trop dérangeant pour une sortie en salles. All Cheerleaders Die circule aussi dans les festivals comme Toronto et Gerardmer... C'est davantage une comédie, qui, à sa façon, remet au goût du jour le genre teen-movie horrifique  (Jennifer's Body en 2009, avec Megan Fox et Amanda Seyfried).

Le pitch : Au lycée la jeune Maddy décide de rejoindre les populaires pom-pom girls et elle délaisse son amie différente à l'allure gothique d'une sorcière. Il s'agit surtout de se venger du populaire capitaine des joueurs de football. Mais un accident va 'transformer' ces filles qui auront alors une manière de se comporter surprenante... Lucky McKee continue d'ausculter les travers de la société américaine tout en se rangeant du côté des féministes, ici ce sont les adolescents star du lycée qui vont être malmenés.

Cheap Thrills et All Cheerleaders Die auraient tout à fait leur place en salles de cinéma. Malheureusement, ce sera plus improbable pour Pinup Dolls on Ice réalisé par Geoff Klein et Melissa Mira. Le film présenté au BIFFF durant la nuit fantastique est un concentré d'ingrédients pour être un slasher efficace.

Le pitch : Un psychopathe tendance serial-killer chasse des serveuses tendance strip-teaseuses. Il y a un tueur lourdement brutal et des jolies filles légèrement vêtues. Pinup Dolls on Ice est l'essence même du film d'horreur mais celui-ci est très réussi : les héroïnes ne sont pas comme souvent des jeunes filles écervelées. Ici, il s'agit d'une bande de femmes avec beaucoup de personnalité (ce qu'avait essayé de faire Tarantino dans Boulevard de mort), et le tueur est un grand type au visage indistinct - ce qui le rend d'autant plus effrayant (on n'a que faire de qui il est vraiment). Les scènes sanglantes se suivent avec un certain suspens et une vraie sauvagerie . Pinup Dolls on Ice est donc un slasher comme on en faisait auparavant avec à l'image un certain esprit de transgression, ce qui n'ets pas la tasse de thé des exploitants actuellement

Après leur projections au BIFFF dans une ambiance électrique, ces films Cheap Thrills, All Cheerleaders Die, et Pinup Dolls on Ice sont clairement du genre qu'on voudrait ranger dans sa DVDthèque. A quand une sortie salles ou vidéo en France ?

BIFFF 2014 : 10 choses à savoir sur Lloyd Kaufman (Troma)

Posté par kristofy, le 16 avril 2014

lloyd kaufmann © ecran noirLa société Troma fête son 40ème anniversaire, et le producteur/réalisateur Lloyd Kaufman qui incarne l'esprit gore et potache de ces films compte bien continuer dans la même veine : des monstres vengeurs et des filles topless avec du sang et autres liquides gluants, un budget proche de zéro et une passion toujours aussi grande...

Cet anniversaire a été fêté au BIFFF avec une projection nocture du dernier film en date de Lloyd Kaufman Return to Nuke em High, vol.1, qui est une relecture moderne de Class of Nuke 'Em High et inspiré de leur film le plus réussi Poultrygeist: Night of the Chicken Dead (qui était d'ailleurs au BIFFF en 2007). Pour l'occasion le film a été précédé de plusieurs bandes-annonces des films Troma les plus cultes (dont Troméo and Juliet, Toxic Avenger, Sgt Kabukiman NYPD...) et d'un court-métrage de fan délirant Banana Motherfucker.

L'industrie du cinéma en général et beaucoup de monde en particulier détestent Troma et leur réputation de producteurs de films de série Z, stupides et dégoûtant. « Ce qui se passe dans le monde est souvent plus fou que ce qu'on a dans la tête pour nos films ». En fait Lloyd Kaufman est en réalité le plus sympathique des cinéastes. Au BIFFF, il a signé des autographes jusqu'à 5h du matin avec sa compagne. Voici 10 choses à savoir pour s'intéresser encore plus à ses films :

1. il se réfère à Quentin Tarantino et son Kill Bill vol.1 et vol.2 pour lui aussi proposer un grand film monumental qui représentera en quelque sorte la quintessence de l'esprit Troma : après Return to Nuke em High, vol.1 , il y aura Return to Nuke em High, vol.2 (qui est en montage actuellement).

affiche return to nukeem troma2. Return to Nuke em High, vol.1 a eu l'honneur d'une avant-première américaine au prestigieux MOMA (musée d'art moderne de New-York) qui chaque année sélectionne des films pour leur impact culturel (il y était donc avec Gravity, 12 years a slave, Blue Jasmine...).

3. Troma a mis beaucoup de ses films sur internet pour qu'ils soient vus gratuitement en créant une chaîne YouTube.

4. Certains films Troma ont à leur générique Samuel L. Jackson, Vincent D'Onofrio, Kevin Costner, et certains réalisateurs très connus y ont travaillé à leurs débuts comme Oliver Stone, J. J. Abrams, James Gunn Trey Parker et Matt Stone, Eli Roth...

5. Poultrygeist: Night of the Chicken Dead est aussi une adaptation du livre Fast Food Nation (également adapté par Richard Linklater). Cette version Troma dénonce les tortures infligées aux animaux aussi bien qu'aux salariés et aux paysages par l'industrie agro-alimentaire.

6. Lloyd Kaufman soutient l'association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) contre les mauvais traitements infligés aux animaux, il a fait une vidéo à ce sujet.

7. La saga Toxic Avenger va continuer : il y a un projet de remake hollywoodien avec un grand studio, réalisé par Steve Pink. Il y a aussi une suite Toxic Avenger 5 qui était écrite et qui devait se tourner en Ukraine. Mais avec les bouleversements politiques actuels du pays le projet est suspendu.

lloyd kaufmann au bifff © ecran noir8. Lloyd Kaufman parle très bien français, et Troma est presque chaque année présent au festival de Cannes avec des projections secrètes et gratuites organisées en dehors du Palais pour les fans qui n'ont aucune accréditation.

9. Lloyd Kaufman défend le cinéma indépendant. Il en parle dans deux documentaires qu'il a réalisé: All the love you Cannes en 2002, et cette année pour le 40ème anniversaire de Troma sera dévoilé Occupy Cannes. Il avait déjà écrit plusieurs livres sur le sujet comme Make Your Own Damn Movie!: Secrets of a Renegade Director ou All I Need To Know About FILMMAKING I Learned From THE TOXIC AVENGER: The Shocking True Story of Troma Studios !.

10. Lloyd Kaufman est féministe ! Dans ses films récents les personnages principaux sont des femmes, le cliché du jeune américain macho est souvent un abruti qui meurt de façon horrible et il valorise les lesbiennes. Il déplore également la faible proportion de femmes par rapport aux hommes qui travaillent dans le cinéma, et il n'hésite pas à critiquer ses collègues qui œuvrent dans les films d'horreur pour le peu de place qui est accordé aux femmes. "Le monde est plein de films médiocres créés par des hommes" affirme-t-il.

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Site officiel de Lloyd Kaufman

Bienvenue au Cottage : à en perdre la tête

Posté par Morgane, le 7 juillet 2008

cottage2.jpg"- Tu ne ferais même pas peur à un môme dans le noir "

Synopsis : Un kidnapping raté tourne au cauchemar pour les quatre protagonistes, perdus au fin fond de la campagne anglaise et poursuivis par un fermier psychopathe.

Notre avis : Après sa première réalisation, London to Brighton, le cinéaste Paul Andrew Williams revient à ses premiers amours et met enfin en images son projet initial. Il nous présente alors Bienvenue au cottage. Film gore, ce dernier sait respecter les règles du genre tout en intégrant une certaine dose de décalage très appréciable. Bienvenue au cottage (vous aurez bien entendu compris l’ironie du titre) ressemble, en son début, à une parodie à l’anglaise. Deux frères kidnappent une jeune fille dans l’idée d’obtenir une rançon. Malheureusement, ils ne sont pas aussi futés qu’il faudrait ni aussi méchants qu’ils voudraient et le kidnapping tourne vite au cauchemar…pour eux. Puis, peu à peu, le film se transforme et montre son vrai visage avec l’apparition d’un fermier psychopathe, à mi-chemin entre Freddie Krueger et le film Massacre à la tronçonneuse.

La riche idée du film réside dans son introduction (assez longue par ailleurs, et tant mieux) qui se rapproche fortement de la comédie noire. Les personnages des deux frères un peu loosers, ainsi que le lien qui les unit, sont très travaillés et les dialogues, des plus percutants, réussissent leur effet quasiment à chaque fois. Par la suite, le film bascule dans le gore pur et dur. Le récit paraît quelque peu scindé, la deuxième partie ne s’appuyant plus sur la force des dialogues ni le cynisme des personnages. Désormais, le sang gicle, les têtes tombent…la Mort rôde. Le film  joue alors uniquement sur (avec) la sensibilité épidermique (parfois stomacale) du spectateur. Surgira ou surgira pas ? Découpera ou découpera pas ?

Néanmoins, le résultat est plutôt réussi et le mélange du gore et de la comédie noire est bluffant. Ames sensibles s’abstenir !! Fans du genre, régalez-vous !!

BIFFF 2008 the french touch is not dead

Posté par denis, le 7 avril 2008

Moment fort et attendu du BIFFF en cette belle journée pluvieuse et grise que fut ce samedi, Frontière(s) enthousiasma un public friand de pellicules extrêmes. Et c’est peu dire qu’avec Frontière(s) ils furent servis jusqu’à la dernière seconde. Porté par une mise en scène parfois tape-à-l’œil et actuelle (accéléré de l’image, saturation des couleurs), l’histoire jusqu’au-boutiste de cette famille consanguine de dégénérés nazis remue les tripes et ne fait pas de quartiers. C’est bien simple, depuis Massacre à la tronçonneuse, on n’avait pas vu un tel étalage de boucherie humaine et de complaisance dans la violence. Et cette complaisance serait gênante si elle ne servait le propos du film qui ne se veut que le portait de la dégénérescence humaine. Si le film de Xavier Gens n’est pas exempt de défauts, tics de mise en scène et découpage un peu brouillon des scènes d’action, il restera toutefois dans les annales du cinéma d’horreur pour sa scène du repas particulièrement malsaine et sa crudité bestiale.

La famille de Leatherface a enfin une petite sœur, et elle est française !