The Black Power Mixtape 1967-1975 : mémoires d’indignés

Posté par kristofy, le 16 novembre 2011

Le film The Black Power Mixtape 1967-1975 est un documentaire construit avec des images d’archives inédites qui ont été retrouvées dans les archives d’une télévision de Suède. Le réalisateur suédois Göran Hugo Olsson est à l’origine du montage de ce film, coproduit par Danny Glover et présenté aux Festivals de Sundance, Berlin et Deauville.

Le mouvement 'Black Power' aux Etats-Unis pourrait se résumer rapidement par la lutte des noirs américains contre le racisme (accès aux bus, au logement, à l'université, au travail...) porté par des leaders comme Martin Luther King et Malcolm X. Les principales images de l’époque des télévisions américaines sont plus orientées vers une dénonciation d’activistes provocateurs… Ici, ces images de journalistes suédois font découvrir les revendications 'Black Power' telles qu’elles étaient exprimées durant ces années 70, ce sont des témoignages de ces années troubles. Ces archives ont été compilées dans un montage en 9 chapitres (pour chaque année entre 1967 et 1975), avec, parfois, un commentaire contemporain par certains artistes afro-américains sensibles eux-aussi au 'Black Power' (Erykah Badu, Talib Kweli, Questlove, Melvin Van Peebles).

Le montage chronologique de The Black Power Mixtape 1967-1975 permet de saisir l’évolution d’un mouvement : La lutte pour les droits civiques des noirs est aussi liée à la contestation de la guerre américaine au Vietnam, et aux assassinats de Martin Luther King (et celui de Robert Kenndy) en 1968. Martin Luther King (appelé Dr King) préférait la non-violence d’un mouvement pacifique, Malcom X déplorait que le gouvernement ait trop attendus pour engager des réformes sociales en faveur des plus pauvres, Stokely Carmichael à lui écrit un manifeste du Black Power (il a popularisé l’expression) et le Black Power Party fut le plus radical en vantant le droit de se défendre (avec des armes) face à la violence du racisme…

Le documentaire est riche de plusieurs séquences mémorables qui font entendre les paroles de ces militants. Ainsi Angela Davis est interviewée en prison sur la légitimité d’une organisation armée, et sa réponse <i>« lorsque quelqu'un me demande mon avis sur la violence, je trouve cela incroyable car cela signifie que la personne qui pose cette question n'a aucune idée de ce que le peuple noir a subi »</i> lui fait raconter le quotidien de son quartier en Alabama où des blancs racistes tuaient avec des bombes des familles noires… The Black Power Mixtape 1967-1975 s’intéresse d’ailleurs surtout à Angela Davis et à Stokely Carmichael : ce sont les personnes qui ont été le plus rencontrées par les journalistes suédois. Stokely Carmichael a voyagé en Europe, en France et en Suède, pour propager de ses idées. On apprendra d’ailleurs que le gouvernement américain n’appréciait guère que ces reporters suédois donnent une image positive des activistes -  les médias américains conservateurs évoquaient davantage des troubles et des violences- au point de geler les relations diplomatiques entre les deux pays.

La force de ce documentaire est de réussir à cerner plusieurs années de luttes idéologiques pour la liberté et l’égalité. Les images et les propos sont bien évidement plutôt à charge contre les Etats-Unis (en particulier le gouvernement du Président Nixon).  The Black Power Mixtape 1967-1975 est avant tout un document historique.