Deux projets en cours pour Maïwenn

Posté par vincy, le 22 septembre 2017

On savait depuis le printemps que Maïwenn voulait adapter Chanson douce, le roman de Leïla Slimani paru l'an dernier et lauréat du Goncourt. Mais la réalisatrice de Polisse et Mon roi a confié récemment que ce ne serait pas son prochain film. Elle écrit actuellement La favorite, l'histoire de Jeanne Du Barry, dernier amour de Louis XV, plus connue sous le nom de Comtesse du Barry. La compagne royale fut guillotinée à l'âge de 50 ans, 19 ans après le décès du Roi. Ce sera le premier film historique de la cinéaste, qui a trouvé dans cette histoire un écho à la sienne: le complexe d'infériorité, l'envie de devenir intelligente, érudite et bourgeoise.

On est loin de Chanson douce. Le roman de Leïla Slimani est l'histoire d'une famille bobo parisienne qui ne parvient pas à équilibrer leur vie professionnelle, amicale et familiale. Pour maintenir leur niveau de vie et leur confort, ils engagent une dame qui va jouer les nounous. Malheureusement, la nounou, se croyant de la famille, prend vite la place des parents. Cette histoire oppressante et meurtrière est écrite de manière très cinématographique, avec un découpage proche du thriller psychologique.

Le premier roman de Leïla Slimani, Dans le jardin de l'ogre, sorte de Madame Bovary plutôt trash, devrait être adapté par Jacques Fieschi.

Maïwenn est actuellement à l'affiche du film Le prix du succès, aux côtés de Tahar Rahim. Le film a attiré un peu moins de 10000 spectateurs.

Cannes 70: la littérature, the Festival’s Best Kept Secret

Posté par cannes70, le 1 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-17. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

On ne le sait pas forcément, mais la littérature a toujours été liée au cinéma. On croit que l'adaptation est un phénomène récent. Que nenni. Gulliver, La belle et la bête, Robinson Crusoé, La case de l'Oncle Tom, Alice au pays des merveilles ou encore Don Quichotte ont connu des vies cinématographiques durant les premiers pas du cinéma, avant 1905.

Le Festival de Cannes n'a jamais dédaigné sélectionner et même primer des adaptations de livres ou de pièces de théâtre. On peut en piocher quelques unes dans le palmarès. Othello d'Orson Welles d'après Shakespeare, Le salaire de la peur d'Henri Verneuil d'après Georges Arnaud, Orfeu Negro de Marcel Camus d'après Vinicius de Moraes, Le Guépard de Luchino Visconti d'après Giuseppe Tomasi du Lampedusa, Sailor et Lula de David Lynch d'après Barry Gilford, Entre les murs de Laurent Cantet d'après François Bégaudeau, qui joue le premier rôle dans le film... tous des Grands prix ou Palmes d'or. Rien que l'an dernier, rappelons que deux chéris des festivaliers en étaient : Elle (compétition) et Ma vie de Courgette (Quinzaine), avec la présence des deux écrivains sur la Croisette.

Le saviez-vous?

Saviez-vous que Blow up était adapté d'une nouvelle de Julio Cortazar ? Que M.A.S.H. tirait son sujet d'un roman de Richard Hooker ? Que l'écrivain Leslie Poles Hartley a été deux fois palmé, indirectement bien sûr, grâce aux films de Joseph Losey (Le messager, 1971) et de Alan Bridges (La méprise, 1973) ? Que la seule bande dessinée adaptée et palmée est française : La vie d'Adèle d'après Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh ? Il y eut aussi des coups doubles. Comme en 1951 avec le double Grand prix pour Miracle à Milan de Vittorio De Sica, adapté d'un roman de Cesare Zavattini et Mademoiselle Julie d'Alf Sjöberg d’après la pièce d’August Strindberg. Mais, le plus beau coup fut sans doute en 1979 : une Palme ex-aequo entre Apocalypse Now d’après une nouvelle de Joseph Conrad et Le tambour d’après un roman de Günter Grass, le tout avec un jury présidé par l'écrivaine Françoise Sagan.

De grandes plumes

Car le Festival de Cannes a toujours fait une grande place aux écrivains. Moins ces derniers temps, il est est vrai. Mais depuis 1946, plus de 90 auteurs ont été membres du jury. Et parfois Présidents de jury ! Et on compte quand même quelques Prix Nobel de littérature comme Miguel Ángel Asturias, président en 1970, Gabriel Garcia Marquez, membre en 1982, Patrick Modiano, membre en 2000, Toni Morrison, membre en 2005 (photo), Orhan Pamuk, membre en 2007.

Ne soyons pas mondialistes: il y a eu aussi quelques prix Goncourt parmi les jurés : Maurice Genevoix (président en 1952 et membre en 1957), Romain Gary (membre en 1962) et Modiano donc. On ne peut-être complet si on n'indique pas, parmi cette pléiade d'écrivains, ceux qui ont présidé des jurys : Georges Huisman en 1947 et 1949, André Maurois en 1951, Jean Cocteau en 1953 et 1954 (et président d'honneur en 1957 et 1959), Marcel Pagnol en 1955, Marcel Achard en 1958 et 1959, Georges Simenon en 1960 (premier étranger à présider le jury cannois), Jean Giono en 1961, Tetsuro Furukaki en 1962 (et premier président issu d'un pays non francophone), André Maurois en 1965, André Chamson en 1968 (année maléfique) et William Styron en 1983. Et sinon : Tennessee Williams, Mario Vargas Llosa, Jorge Semprun, Paul Auster, Raymond Queneau...

Franc-parler

Longtemps les écrivains étaient les autres stars du Festival, chargés de donner une aura artistique à l'événement. Cela ne veut pas dire que ça se passe toujours très bien. Les liaisons ont même été périlleuses. Un auteur est soucieux de son indépendance. Un écrivain peut mal prendre la critique. Ainsi Sagan et Simenon n'ont jamais encaissé l'idée qu'on leur impose un autre choix pour la Palme que celui qu'ils voulaient (les deux ont obtenu victoire). Duras a vu un de ses scénarios traité de "merde" par un président du jury pourtant académicien français. La même Duras qui se demandait en 1967 lors d'une chronique comment des films aussi mauvais étaient sélectionnés, à partir de quels critères, sans attendre la deuxième semaine pourtant riche en grands films.

Cocteau, lui, s'amusait du jeu cannois tout en désespérant des luttes politiques autour des films et en déplorant les compromis à faire avec les autres jurés. "Voir de très mauvais films rend malade. On en sort diminué, honteux" écrivait-il à l'époque, tout en s'enthousiasmant pour Le salaire de la peur de son copain Clouzot et Peter Pan. Il s'emportait contre le public pas assez respectueux (Duras a carrément déclaré que les festivaliers étaient incultes).

"Il me plairait que les festivals ne distribuassent pas de prix et ne fussent qu'un lieu de rencontres et d'échanges" écrivait-il, rêvant, lyrique, à un Cannes ne jugeant pas le cinéma mais l'admirant. C'est sûr que l'imparfait du subjonctif, ça envoie tout de suite plus de classe que les discours actuels.

Deux cinéastes au jury du Goncourt

Posté par vincy, le 6 janvier 2016

Ils ont moins de 60 ans, sont très populaires, et touche aussi bien à la littérature qu'à d'autres arts: le jury du Goncourt s'est renouvelé avec deux nominations annoncées hier. Eric-Emmanuel Schmitt est familier avec le cinéma. Il avait co-écrit le scénario adapté de son roman, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du coran, avec le réalisateur François Dupeyron. Il a aussi collaboré au scénario du film de Gabriel Aghion, Le libertin. Il a aussi réalisé Odette Toulemonde, avec Catherine Frot et Albert Dupontel, d'après son propre recueil de nouvelle, et Oscar et la dame rose, d'après son propre roman. Schmitt a également écrit des spectacles musicaux des scénarii de téléfilms, de nombreuses pièces de théâtre (en plus de mettre en scène des classiques), sans oublier sa douzaine de romans.

L'autre arrivée est celle de Virginie Despentes. La plus "punk" et rockeuse de nos écrivains, Prix Renaudot pour l'excellent Apocalypse bébé, classée parmi les meilleurs romans de l'année 2015 grâce à son diptyque Vernon Subitex, va sans doute bousculer les vénérables habitudes du prix littéraire. Elle avait aussi traduit un texte de Johnny Depp dans la revue Bordel il y a quelques années. Gilles Paquet-Brenner a réalisé Les jolies choses (d'après son roman éponyme) et Olivier de Plas a filmé Tel père tel fille (d'après son roman Teen Spirit). Elle-même est passée derrière la caméra pour Baise-moi, adaptation de son premier roman choc, et pour Bye Bye Blondie, son 5e roman. Elle a aussi réalisé un documentaire pour la télé (Mutantes, Féminisme Porno Punk).

Schmitt et Despentes rejoignent un autre cinéaste, Philippe Claudel, déjà membre du jury Goncourt, présidé par Bernard Pivot.

Deux prix Goncourt derrière la caméra

Posté par vincy, le 17 août 2014

prix goncourtDeux prix Goncourt s'apprêtent à tourner un film dans les prochains mois.

Pour Jonathan Littell, ce sera une première fois. Prix Goncourt en 2006 pour son épais roman Les bienveillantes, le romancier se lance dans un long métrage documentaire, L'ennemi invisible. Le film sera une enquête sur les exactions commises en Ouganda, aux confins de la jungle impénétrable du Congo et de la Centrafrique, entre la fin des années 80 et 2006. Le tournage est prévu pour décembre, produit par Veilleur de Nuit production et distribué par Le Pacte. Il a obtenu l'avance sur recettes.

Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour Syngué sabour. Pierre de patience, qu'il a lui même transposé au cinéma en 2013, ce sera son troisième long métrage (il avait aussi réalisé Terres et Cendres d'après son propre roman en 2004). Cette fois-ci, il réalisera un film dont il n'est pas l'auteur. Avec Jean-Claude Carrière, avec qui il avait déjà scénarisé Syngué Sabour, ils adaptent la nouvelle indienne Kabuliwala de Rabindranath Tagore, Prix Nobel de littérature en 1913. L'histoire a déjà été portée sur grand écran, en 1957 par Tapan Sinha, en 1961 par Hemen Gupta et en 1993 par Siddique-Lal. Le film sera une version moderne, en anglais, hindi et persan, tourné pà Calcultta. Le Pacte, là encore, distribuera le long métrage de cette co-production franc-allemano-italienne.

Albert Dupontel s’attaque à la Grande Guerre (et à un Goncourt)

Posté par vincy, le 4 août 2014

albert dupontel neuf mois ferme

Presque six mois après son César pour le scénario original de Neuf mois ferme, Albert Dupontel va s'attaquer à l'adaptation d'un roman: Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 (entre autres). C'est la première fois que le comédien et réalisateur va écrire un film dont il n'est pas à l'origine de l'histoire.

Il co-écrira dès cet automne le scénario avec l'écrivain, comme l'a révélé RTL. A l'AFP, Pierre Lemaitre explique qu'il a eu "plusieurs propositions d'adaptation du roman pour le cinéma et la télévision et c'est celle d'Albert Dupontel qui était la plus séduisante, la plus originale". "Le contrat d'écriture est signé et les producteurs sont réunis. Je participerai au scénario au côté d'Albert", a-t-il précisé. "C'est un projet très lourd, qui demande un gros budget, comme toutes les reconstitutions historiques. Le film ne sera pas sur les écrans avant deux ou trois ans" poursuit-il. Lemaitre promet : "Avec son univers très spécifique, mais proche de celui du livre, à la fois noir et drôle, Dupontel va faire de cette histoire autre chose, mettre des coups de projecteur sur des endroits pas forcément attendus. Et c'est ça que je trouve intéressant, ce qui m'a guidé: ne pas faire une photocopie filmique du roman mais que l'adaptation apporte une plus-value artistique".

"Mon travail sera d'aider Albert Dupontel car je connais la mécanique de l'histoire. Il y aura forcément de grands choix narratifs à faire, beaucoup de changements par rapport au roman" a ajouté l'auteur.

Son roman, qui va également être transposé en bande dessinée, était un changement de cap majeur dans la carrière de cet auteur de polars. Au revoir là-haut, best-seller vendu à plus de 400 000 exemplaires selon les chiffres de Livres Hebdo, est l'histoire de deux hommes ayant survécu à la première guerre mondiale. Exclus d'une France qui préfère glorifier ses morts que de s'occuper des survivants, ils imaginent une énorme arnaque qui va faire sensation dans toute la nation, qui peine à se reconstruire.

Albert Dupontel, qui sera à l'affiche d'En équilibre de Denis Dercourt l'année prochaine, a réalisé cinq long-métrages : Bernie, Le créateur, Enfermés dehors, Le Vilain et Neuf mois ferme, son plus gros succès avec 2 millions d'entrées, mais aussi deux Césars (et 4 autres nominations).

Un Goncourt pour Renoir

Posté par vincy, le 4 juin 2013

Jean Renoir Pascal Merigeau FlammarionL'Académie Goncourt a récompensé une biographie sur l'un des plus grands cinéastes du XXe siècle, Jean Renoir. Sobrement intitulée Jean Renoir cette anthologie signée par Pascal Mérigeau (journaliste au Nouvel Obs), parue chez Flammarion en octobre 2012, avait déjà été distinguée par le Prix du meilleur livre français sur le cinéma 2013 décerné par le Syndicat de la Critique et le  Grand prix SGDL de l'essai 2013 avant de recevoir ce prestigieux Prix Goncourt de la meilleure biographie.

Monument de 1100 pages, le livre est aussi colossal qu'instructif. Ce portrait précis du cinéaste dévoile la face sombre d'un homme indécis, nonchalant, exigeant, perfectionniste même. Mérigeau n'hésite pas à explorer les zones floues de ses opinions fluctuantes (tour à tour anarchiste, communiste, mussollinnien...). Au-delà des anecdotes d'archiviste, Mérigeau décrit les tournages difficiles, les succès et les échecs, et surtout le style de celui qui fut l'ami de tous, le généreux et chaleureux bonhomme qui préférait s'entendre avec tout le monde plutôt que de se fâcher avec certains par idéologie. Le livre n'est pas là pour arrondir les angles d'un créateur qui lui savait contourner les polémiques.

Le livre se lit comme un roman. Le personnage suscite l'empathie tant la tendresse qu'il inspire se lit au fil des pages. Pourtant Renoir est un fieffé menteur, un globe-trotteur citoyen du monde avant l'heure, un immense réalisateur (La grande illusion, La règle du jeu, Le fleuve pour n'en citer que trois), un narcissique qui façonne sa réputation en omettant quelques vérités sur la réalité des faits... Le livre démontre toutes les ambivalences d'un artiste légendaire. Cela le rend humain, alors qu'il est parfois fortement déplaisant. Mais Mérigeau utilise une narration très américaine pour rendre tout cela passionnant.