Retour sur l’ouverture du 19e Black Nights Film Festival de Tallinn

Posté par redaction, le 17 novembre 2015

Festival Tallinn

Plus de 2500 films nominés, 72 pays représentés, 16 avant-premières mondiales, dont deux coproductions françaises, 24 avant-premières internationales, un millier d'invités provenant de l'industrie du cinéma pour 17 jours de projections : les chiffres de cette année confèrent le titre de Festival de classe A à Talinn, manifestation de renommée internationale. Retour sur la cérémonie d'ouverture qui rendait hommage au cinéma géorgien.

Jeudi 13 Novembre, 19h à Tallinn - Estonie. Le prestigieux Nordea Concert Hall ouvre ses portes à une foule d'invités venus assister à la cérémonie d'ouverture du festival. Indrek Saar, ministre de la Culture estonien et Mikheil Giorgadze, ministre de la Culture géorgien, introduisent le festival par deux allocutions portant sur la fonction vitale de la culture dans le changement des mentalités au sein de nos sociétés modernes. La culture est en effet le langage choisi pour développer les relations entre ces deux pays, à l'heure où Tangerines du réalisateur Zaza Urushadze, premier film résultant d'une collaboration entre l'Estonie et la Géorgie, est nominé pour les Oscars 2015.

Dirigé par l'illustre chef d'orchestre Nikoloz Rachveli, l'Orchestre philharmonique national de Géorgie amorce ensuite un concert sur un collage de films muets historiques réalisés en noir et blanc, comprenant notamment certains des immenses moments du cinéma géorgien.

Elisso de Nikolaï Chenguelaia (1928), Saba de Mikhail Tchiaoureli (1929), Le père du soldat de Revaz Tchkheidze (1964), Gueorgui Saakadzé de Mikhail Tchiaoureli (1943), La caravane blanche de Tamaz Meliava (1963) ou encore Alaverdoba de Giorgi Shengelaia (1962) sont ainsi présentés au public, mêlant scènes épiques de batailles à cheval, représentations de la vie rurale et danses traditionnelles, constituant autant de moments historiques et identitaires de la nation géorgienne.

Puis quatre récompenses sont décernées à des Estoniens durant cette cérémonie d'ouverture :
- le "Prix Bruno O'Ya du Meilleur Jeune Acteur Estonien" revient à Sergo Vares pour son interprétation de Hamlet au théâtre, ainsi qu'à Taavi Tonisson pour sa contribution au cinéma estonien ;
- les "Prix pour l’œuvre d'une vie" ont été attribués à deux compositeurs légendaires dont les œuvres musicales ont été largement utilisées dans de nombreux films estoniens : Arvo Pärt et
Veljo Tormis.

Suit une performance de 4 chants polyphoniques en Estonien et à cappella par 6 chanteurs de l'ensemble "Estonian Voices". Une projection de photographies illustrant les moments forts de la vie des deux compositeurs accompagne cette symphonie vocale dans une cascade de tonalités mélodiques.

La soirée se conclut enfin par la projection du film comique muet géorgien Chemi Bebia (Ma grand mère) réalisé en 1929 par Kote Mikaberidze, dont la pellicule a été restaurée en 1976. Ce monument du cinéma géorgien constitue une satyre du système bureaucratique soviétique de l'époque mettant en scène les membres du gouvernement réunis autour d'une table.

On y voit les nombreuses errances d'un système hyper centralisé où les décisions ne se prennent pas : un député écrit sur les feuilles des textes officiels des lettres d'amour qui restent sans réponse et il les envoie sous forme d'avions en papier à sa secrétaire, avant de se suicider sous l’œil amusé de la jeune femme. Un ouvrier apporte au bureau central une lettre de préavis de grève nationale qui se déplace devant le nez des membres du gouvernement endormis sur leur table, alors que les pages du calendrier s'envolent et que l'on remarque cette phrase inscrite sur la porte d'entrée : "ne gaspillez pas le papier".

Une quinzaine de films français, ainsi qu'une quarantaine de co-productions françaises, seront à l'affiche pendant les 17 jours du Black Nights Film Festival 2015, parmi lesquels : Adama de Simon Rouby, Love de Gaspar Noé, Le Petit Prince de Mark Osborne, Le testament d'Alexander McQueen de Loic Prigent, L'hermine de Christian Vincent, La glace et le ciel de Luc Jacquet, Braqueurs de Julien Leclercq, La peur de Damien Odoul, Les Oiseaux de passage de Olivier Ringer, Bang Gang (une histoire d'amour moderne) de Eva Husson ou encore Hubert de Givenchy, un destin Haute Couture de Éric Pellerin.

Anna de Jacques Toulemonde Vidal sera également projeté en avant-première mondiale, et Finding Babel de David Kovacs en avant-première internationale. Cette co-production internationale (Canada, France, USA, Russie, Ukraine) suit un homme sur les traces de son grand père, Isaac Emmanuilovich Babel, exécuté à Moscou en 1940 pour son travail cinématographique traitant de la guerre civile russe (1918-1921) et de la mafia juive de l'époque (Tales Of Odessa,1921-1931).

Parmi les autres nombreux événements proposés, on peut aussi signaler un Forum professionnel du film européen, un marché du film international (Black Market Online) ainsi qu'un programme dédié au cinéma d'animation : Animated Dreams.

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Retrouvez le programme de ces événements sur le site de la manifestation et celui d'Animated Dreams.

Texte : Alain Andrieux
Photographie : Lys Le Corvec

Festival de La Rochelle: Visconti, Assayas, Bellocchio, HHH, Feuillade, MacKendrick à l’honneur

Posté par vincy, le 4 mai 2015

Le 43e Festival international du film de La Rochelle (26 juin - 5 juillet) a révélé l'essentiel de sa programmation. En 2014, la manifestation avait attiré plus de 82 000 spectateurs.

Cette année, La Rochelle rendra hommage à Olivier Assayas, Marco Bellocchio, Hou Hsiao-hsien, dont le dernier film The Assassin est en compétition à Cannes cette année, et à la famille Makhmalbaf avec les films du père Mohsen et de ses enfants, Samira, Hana et Maysam.

Le Festival fera découvrir le cinéma géorgien, avec les films de Levan Koguashvili, George Ovashvili, Nana Ekvtimishvili, Rusudan Chkonia, Tinatin Kajrishvili, Teona et Thierry Grenade et Salomé Alexi.

Côté cinéma classique, les rétrospectives mettront en lumière Louis Feuillade, avec ses Fantômas et ses Vampires, et l'actrice Musidora, égérie de l'affiche du Festival cette année. Une intégrale de Luchino Visconti fera l'évènement, l'occasion de découvrir la récente restauration de Rocco et ses frères, accompagnée de deux documentaires sur le maître. Deux autres rétrospectives concerneront le réalisateur Alexander MacKendrick et les trésors animés des studios d'art de Shanghaï.

La Rochelle présentera aussi des versions restaurées de grands classiques comme Le Troisième Homme, Les Oiseaux, Le Convoi de la peur ou Y aura-t-il de la neige à Noël ?.

Enfin, le Festival projettera en avant-première de nombreux films: Amnesia de Barbet Schroeder (hors compétition à Cannes), At Home d'Athanasios Karanikolas, Chorus de François Delisle, Cosmodrama de Philippe Fernandez, La Vie de Jean-Marie de Peter van Houten, Le Bouton de nacre de Patricio Guzman, primé à Berlin, Les Nuits blanches du facteur d'Andreï Kontchalovski, My Name is Salt de Farida Pacha, The Valley de Ghassan Salhab....

Quant à la Leçon de musique, elle sera conduite par Jean-Claude Petit.

Le programme complet

Le cinéma géorgien entend renaître de ses cendres

Posté par MpM, le 31 mai 2008

Si toutes les nationalités sont loin d’être représentées dans les différentes compétitions cannoises, au village international par contre, rares sont les absents. Ainsi pouvait-on cette année pour la première fois visiter le pavillon de la Géorgie, ancienne république soviétique au cinéma autrefois florissant qui a subi de plein fouet le démantèlement de l’URSS. "A l’époque, le cinéma bénéficiait d’un très gros budget, alloué automatiquement", explique Konstantin Chlaidze, le directeur du Centre national du Film géorgien. "L’état gérait tout, même la distribution. Mais depuis quinze ans, notre industrie s’est presque entièrement effondrée, par manque notamment de producteurs ou distributeurs professionnels."

D’où la nécessité pour la Géorgie d’être présente et visible dans le festival le plus important du monde pour rappeler à chacun que son cinéma fête ses cent ans en 2008 et s’apprête à revenir sur le devant de la scène ! Six longs métrages devraient ainsi être terminés au cours de l’année, tandis que dix nouvelles salles ouvriront leurs portes (il en reste actuellement 14, pour une population d’environ 4,6 millions d’habitants). La volonté de Konstantin Chlaidze et de son compatriote Archil Menagarishvili, le vice-directeur du studio Gruziafilm (un ancien grand studio national, désormais partiellement privatisé) est également de remettre en contact les différentes forces vives du cinéma géorgien, en permettant notamment à dix jeunes cinéastes de réaliser chacun un court métrage de dix minutes avec l’aide d’un professionnel plus aguerri.

Pour continuer dans cette direction volontariste, et vérifier que le marché est capable de suivre, le pays a besoin de trouver des alliés internationaux susceptibles d’investir dans la coproduction et la distribution de films nationaux. Pour ce faire, le Centre national du Film a élaboré un recueil des projets actuellement en cours (le "project book"), détaillant pour chacun son budget, ses producteurs actuels ainsi que son état d’avancement. Un outil intelligent et utile pour découvrir les potentialités de la cinématographie locale (en l’occurrence une trentaine de projets de fiction et documentaires, en pré et post-production) mais également le dynamisme de ses équipes. Pas anodin quand on sait que le pays aimerait attirer les tournages de films étranger sur son sol… Le pays, malgré sa petite taille (pratique pour les déplacements), offre en effet des paysages contrastés (montagne, mer, désert, forêts…) et des conditions climatiques extrêmement variées susceptibles de servir de décors naturels et peu onéreux à des productions ambitieuses. Après Holly, Bolly et Nolly, place à Georgywood ?