Rémi Waterhouse, Peter von Bagh et George Sluizer : semaine noire pour le cinéma

Posté par vincy, le 28 septembre 2014

remi waterhouse peter von bagh george sluizerCette semaine, trois personnalités du cinéma nous ont quittés.

Rémi Waterhouse, 58 ans, est mort le 21 septembre des suites d'une longue maladie. Scénariste de Ridicule, pour lequel il fut nommé aux Césars, qu'il souhaitait tourner avant de confier la réalisation à Patrice Leconte, il s'était fait remarquer comme réalisateur en 1999 avec Je règle mon pas sur le pas de mon père, où Jean Yanne côtoyait Guillaume Canet. Waterhouse avait écrit trois films de Yannick Bellon - La triche, L'affût et Les enfants du désordre - et participé à l'adaptation d'Absolument fabuleux. En 2002, il a réalisé un deuxième film, Mille millièmes.

Ridicule, sélectionné au Festival de Cannes en 1996, avait reçu le César du meilleur film, de David di Donatello et le BAFTA du meilleur film étranger, et avait été nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Scénariste, historien du cinéma et critique, le finlandais Peter Von Bagh, 71 ans, est décédé le 17 septembre. Il a réalisé près de soixante films documentaires pour le cinéma et la télévision. Il a rédigé une quarantaine de livres sur le cinéma. Le seul ouvrage publié en France est le fabuleux Aki Kaurismäki, une anthologie autour du cinéaste publiée par Les Cahiers du Cinéma en 2006 à l'occasion de la rétrospective qui lui était consacrée au Festival de Locarno. Avec les frères Kaurismäki, ils avaient fondé le Midnight Sun Festival en 1986. On le croise aussi comme figurant dans certains des films d'Aki. Rédacteur de chef de la revue Filmihullu, il fut également membre du jury du Festival de Cannes en 2004.

Enfin, le réalisateur néerlandais George Sluizer a disparu le 20 septembre, à l'âge de 82 ans. Depuis plusieurs années, sa santé était fragile. Né à Paris en 1932, il s'était fait remarqué à Hollywood en 1993 avec The Vanishing (La Disparue), dans lequel jouaient Sandra Bullock, Jeff Bridges et Kiefer Sutherland. Cette année-là, il tournait Dark Blood, avec River Phoenix dans le rôle principal. Mais la mort soudaine de l'acteur a interrompu le tournage. Sluizer n'a jamais abandonné l'idée de sortir le film. Au moment de la mort de River Phoenix, quelque 80% des images avaient été tournées, selon le cinéaste. Le film avait finalement été présenté en avant-première en 2012 à Utrecht (Pays-Bas) puis au Festival de Berlin en 2013. Parmi ses autres films, notons Utz (1992) avec Armin Mueller-Stahl, qui a reçu deux prix à la Berlinale, et La balsa de piedra (2002).

Exposition « Filmer les camps »: l’Histoire capturée par le 7ème art.

Posté par Benjamin, le 28 février 2010

samuel fullerDu 10 mars au 31 août prochain, le Mémorial de la Shoah propose une exposition intitulée « Filmer les camps ». Une exposition qui se focalisera notamment sur les travaux, sur les images de trois grands cinéastes américains, George Stevens (réalisateur des comédies musicales avec Fred Astaire et Ginger Rogers), Samuel Fuller (réalisateur de polars nerveux et sociétales, en photo) et John Ford qu’il est inutile de présenter. Trois hommes qui ont porté leurs caméras sur les différents théâtres d’opération de la Seconde Guerre mondiale : l’Afrique du Nord, le débarquement de Normandie, la bataille du Midway (où John Ford perdit son œil) et bien entendu, les camps de travail et de concentration (ceux de Dachau et de Falkenau notamment).

Cette exposition, bien qu’elle porte sur une période de l’Histoire tristement célèbre, est une occasion de s’interroger sur le rôle du cinéma dans l’Histoire et sur l’importance de l’Histoire dans notre société. Un débat, une réflexion qui peut être relancée également avec la sortie prochaine de La rafle, film français avec Jean Reno et Gad Elmaleh qui retrace lesépisodes qui ont conduit des français judaïques du stade du Vel’ d’Hiv’ aux camps de concentration, à l’heure où le débat sur l’identité nationale est au cœur de l’actualité. Un film de fiction qui refait « vivre » un tragique évènement de notre Histoire (l’occasion de confronter – si on le désire - le rôle des fictions et des documentaires lorsqu’il s’agit de toucher à l’Histoire, tout en écartant les films comme 10 000 d’Emmerich qui place les pyramides en 10 000 av. J.C…)

Que peut alors apporter le cinéma à l’Histoire ? Quel pouvoir ont ces images qu’ils nous livrent ? A-t-il un rôle à jouer dans l’Histoire ?

Il ne faut pas perdre de vue que ces images témoignent également d’une évolution majeure. En effet, avec la Seconde Guerre mondiale, ce sont avec les soldats de nombreuses caméras qui débarquent sur les différents lieux du conflit et qui suivent les combats au plus près du danger. Certes, la télévision n’est pas encore là pour reléguer massivement les images aux citoyens comme ce sera le cas avec le Vietnam, mais c’est ici le cinéma qui se pose en acteur du conflit avec des hommes qui risquent leur vie pour capturer des images précieuses. Des images d’autant plus importantes que la Seconde Guerre mondiale est un véritable cap dans l’Histoire de l’humanité où l’horreur a atteint un pic relégué par les témoignages des survivants et des images qui mettent devant le fait accompli les plus sceptiques.

Une exposition, un rendez-vous donc qui semble incontournable au Mémorial de la Shoah parce que ces images (pour la plupart inédites !) témoignent d’un pan unique de notre Histoire. Des films qui maintiennent intact la mémoire qui est certainement notre bien le plus précieux pour avancer…

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Site internet et informations sur le Mémorial de la Shoah

17 rue Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris
FILMER LES CAMPS, JOHN FORD, SAMUEL FULLER, GEORGE STEVENS
De Hollywood à Nuremberg, exposition du 10 mars au 31 août 2010