Fin de vadrouille pour Marie Dubois (1937-2014)

Posté par redaction, le 15 octobre 2014

marie duboisMarie Dubois est morte à l'âge de 77 ans ce mercredi 15 octobre, près de Pau. Elle était jolie, talentueuse, avec ce visage un peu moderne des Annie Girardot dans les années 60. Elle aura donné la réplique aux plus grands: Belmondo, Trintignant, Depardieu, Moreau, Huppert, Brasseur, Montand, De Funès, Noiret, Giannini, Kinski, Blier, Piccoli, Brynner, Fonda (père et fille), Lafont, Ventura, Lollobrigida, Simon...

Mais une sclérose en plaques la ronge depuis ses 23 ans et l'oblige a, progressivement, quitté les plateaux de cinéma depuis le milieu des années 80.

Dans un entretien au site Doctissimo, le 25 février 2003, elle explique: « J'avais 23 ans lorsque la maladie s'est déclarée. C'était après le tournage du film de François Truffaut Tirez sur le pianiste. Heureusement, cette première alerte n'a pas été trop sévère et je me suis empressée de l'oublier ; mais la maladie, elle, ne m'a pas oubliée Elle m'a rattrapée après le tournage de La menace, avec Alain Corneau, quelques vingt ans plus tard. Ces années de répit m'ont permis de mener à bien ma carrière sans que la maladie ne soit omniprésente. »

Née Claudine Huzé le 12 janvier 1937 à Paris, elle débute avec la Nouvelle vague, tournant avec Eric Rohmer (Signe du lion, 1959), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, 1961) et François Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960, Jules et Jim, 1962). Truffaut fut son mentor. C'est lui qui a choisi son nom de scène (emprunté à un roman de Jacques Audiberti, intitulé Marie Dubois).

La Grande Vadrouille et douze ans plus tard un césar

Après ses débuts, Marie Dubois, actrice capable d'être tragédienne et dramatique autant que comique, va alterner les grands succès populaires et les grands auteurs: Week-end à Zuydcoote d'Henri Verneuil, La Chasse à l'homme d'Édouard Molinaro, La Ronde de Roger Vadim, Les Grandes Gueules de Robert Enrico, Le Voleur de Louis Malle et bien entendu La Grande Vadrouille de Gérard Oury en 1966.

De 1967 à 1973, elle tourne souvent, mais les films sont moins remarquables. On la voit quand même dans Gonflés à bloc avec Tony Curtis, Bourvil et Mireille Darc et elle obtient le prix d'interprétation de l'Académie Nationale du Cinéma pour son rôle dans Les Arpenteurs en 1972.

En 1973, lle retrouve alors un second souffle, avec Le Serpent d'Henri Verneuil, Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet, L'innocent de Luchino Visconti, La Menace d'Alain Corneau, qui lui vaudra un César du meilleur second rôle féminin en 1978, Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais et Garçon ! de Claude Sautet.

A partir de 1984, elle se raréfie. Elle est nominée au César du meilleur second-rôle pour Descente aux enfers de Francis Girod, en 1987. On la retrouvera en vieille duchesse dans Les Caprices d'un fleuve de Bernard Giraudeau et chez Claude Chabrol dans Rien ne va plus.

En 2002, elle publie ses mémoires, J'ai pas menti, j'ai pas tout dit (Plon).

Festival Lumière – Jour 1: Ted Kotcheff et Faye Dunaway in the Town

Posté par Morgane, le 14 octobre 2014

Le Festival Lumière à Lyon a fait claquer son clap d'ouverture! Et pour cette 6ème édition, les festivaliers ont eu droit à des séances supplémentaires avant même l'ouverture officielle du lundi soir… Pour ma part ça a été Wake in frightde Ted Kotcheff (surtout connu pour son opus Rambo) à qui le festival rend hommage cette année.

Un film sauvé de la destruction
Le réalisateur canadien était présent pour nous dire quelques mots avant la projection. On apprend alors que le film a été apprécié par la critique lors de sa sortie mais boudé par le public australien qui n'aimait pas du tout le portrait que Ted Krotcheff dressait d'eux (qui est en effet assez peu reluisant). Et le réalisateur d'enchaîner: "Savez-vous pourquoi j'aime les Français? Quand le film a été présenté à Cannes en 1971, il a eu les honneurs de la critique mais aussi l'amour du public!". En effet le film est resté 9 mois dans les salles parisiennes puis a disparu littéralement pendant 25 ans! En 1996, un producteur australien s'est demandé ce qu'il était advenu et est parti à sa recherche, mais en vain. Puis le monteur du film (qui adorait Wake in fright) s'est lancé lui-même à sa recherche durant 13 ans. Londres, Dublin, New York pour finalement retrouver négatifs, bandes-sons etc. à Pittsburgh, dans une boîte sur laquelle il était inscrit "for destruction". "À une semaine près le film était détruit" nous dit Ted Krotcheff, amusé…

Mais heureusement que ce ne fut pas le cas: ce film quelque peu inclassable est une très belle découverte, qui nous plonge de suite dans une atmosphère bien particulière. La scène d'ouverture, un panorama sur un hôtel miteux et une école perdus au milieu du désert australien, scindé en deux par une voie de chemin de fer. L'ambiance est posée en quelques minutes seulement. L'immensité est omniprésente et pourtant, d'entrée de jeu, on étouffe. La scène de fin, la même que celle d'ouverture, métaphore de cet endroit d'où l'on ne peut s'échapper, accentue ce sentiment oppressant. Le soleil écrasant, la sueur qui perle sur les visages, tout semble poisseux, collant.

Une plaque Ted Kotcheff sur le mur des cinéastes
John Grant, jeune instituteur, doit rentrer à Sidney pour retrouver sa petite amie lors des vacances de Noël. Mais en route il se retrouve en quelque sorte bloqué à Yabba, ville étrangement étrange où tout le monde est très - trop - accueillant et qui se révèlera finalement être une ville cauchemar pour John. Ville qui va le plonger dans la douce folie de ses habitants l'entraînant peu à peu dans une véritable descente aux enfers durant laquelle il va perdre contact avec la réalité.

Ted Kotcheff donne à son film un rythme déconcertant pour le spectateur alternant des scènes qui semblent n'en plus finir au point de nous enivrer, suivies d'un retour au calme qui fait suite à la tempête, pour que celle-ci reprenne ensuite le dessus de plus belle. Le spectateur est baladé, ballotté tout comme le héros qui a bien du mal à reprendre son souffle.

Donald Pleasance y est superbe en docteur mi-sage mi-fou, parfois bouée de sauvetage mais doux dingue avant tout. Ce film est surtout surprenant et donne le "la" au festival. À l'issue de la projection, Ted Kotcheff s'est rendu rue du Premier Film pour inaugurer sa plaque sur le Mur des Cinéastes.

4000 personnes à l'ouverture
L'ouverture officielle du Festival Lumière à la Halle Tony Garnier s'est déroulée devant plus de 4000 personnes. Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier présidaient la cérémonie durant laquelle on a pu apercevoir Nicole Garcia, Michel Legrand, Pierre Richard, Jerry Schatzberg, Jean-Hughes Anglade, Richard Anconina, Michael Cimino, Laetitia Casta, Tonie Marshall et quelques autres ainsi que Gérard Collomb (maire de Lyon) et Jean-Jack Queyranne (président du conseil régional de Rhône-Alpes).

Et pour ouvrir cette 6ème édition allait être projeté le classique d'Arthur Penn, Bonnie and Clyde (1967, 10 nominations aux Oscars), en présence d'une Faye Dunaway émue aux larmes. "Voici quelques mots pour décrire notre art: excellence, intelligence, intuition et surtout beauté, juste la beauté. Car si c'est beau c'est forcément de l'art. C'est pour cela qu'on travaille, qu'on espère, pour chaque film, chaque personnage. Et sans vous tous, je ne serai pas la même Faye Dunaway."

Un scénario destiné à Truffaut puis Godard
Bertrand Tavernier a ensuite dit quelques mots sur le film. On a ainsi appris que Faye Dunaway est arrivée sur le film de Bonnie and Clyde un peu par hasard, par un concours de circonstances. Curtis Hanson a fait des photos d'elle et celles-ci ont intrigué Arthur Penn et Warren Beatty. C'est donc un peu grâce à lui que Faye Dunaway est devenue Bonnie Parker.

Le scénario, lui, avait été écrit en premier lieu pour François Truffaut puis pour Jean-Luc Godard. Il a ensuite été refusé par plusieurs réalisateurs - dont Arthur Penn d'ailleurs car il ne voulait pas que Clyde Barrow soit bisexuel. Warren Beatty a insisté et Arthur Penn a finalement accepté en faisant quelques modifications et en transformant notamment Clyde Barrow en bisexuel impuissant. Peu de gens croyaient au film finalement, alors que ce fut un énorme succès dû, dit-on, à son côté anti-establishment.

Ce film a aussi pris beaucoup de libertés par rapport à la véritable histoire de Bonnie et Clyde qui n'étaient apparemment pas aussi magnifiques et romantiques. Et Tavernier de citer alors pour l'occasion: "Quand la légende devient plus intéressante que la réalité, imprimons la légende."

Les lumières s'éteignent, la légende s'illumine et la magie peut opérer…

Truffaut à la Cinémathèque et chez vous

Posté par vincy, le 10 octobre 2014

Depuis hier et jusqu'au 25 janvier 2015, la Cinémathèque française rend hommage avec une exposition consacrée à François Truffaut, dont on célèbre les 30 ans de sa disparition.

Vous ne pouvez pas la voir? Vous voulez prolonger l'expérience de cette expo? Il y a plusieurs moyens  d'y parvenir.

- Un catalogue (35€) de 240 pages qui paraît cette semaine. Coédité par la Cinémathèque et Flammarion, l'ouvrage compile archives personnelles du cinéastes, grands thèmes de son oeuvre, entretiens, photographies de tournages et documents inédits. De nombreux livres sur François Truffaut sont récemment parus.

- Une rétrospective intégrale du 8 octobre - avec une version restaurée du Dernier Métro en ouverture - au 30 novembre. A noter que le 25 octobre L'homme qui aimait les femmes sera présenté par Brigitte Fossey. La rétro est accompagnée d'un cycle "Autour de Truffaut" (des films dont il a été scénariste ou coproducteur) et de documentaires sur lui.

- Une programmation spéciale à la Cinémathèque, "Après François Truffaut: décalques et influences", rassemble des films de Pierre Salvadori, Arnaud Desplechin, Christophe Honoré, Jacques Doillon, Olivier Assayas, Pascale Ferran, Leos Carax, Jean Eustache, Valérie Donzelli, Noémie Lvovsky...

- Sur le site internet de la Cinémathèque, une exposition virtuelle sous forme de journal intime, , "Truffaut par Truffaut", divisé en 14 chapitres sera mis en ligne pour découvrir un Truffaut différent. Chaque lundi, la publication d'un chapitre révélera des archives de l'INA, de la Cinémathèque et celles du réalisateur.

- Deux journées François Truffaut. Les 6 et 7 novembre, des conférences (critique, acteur, littérature, technique) et des dialogues (autour du scénario, de la musique), une lecture et deux tables rondes seront organisées à la Cinémathèque.

- Une programmation pour le jeune public, ainsi que des ateliers Kinokids, des stages pendant la Toussaint est également prévue.

- L'intégrale de François Truffaut en DVD avec un coffret de 21 films.

- Un coffret de cinq CD avec un livret et des photos, qui compile l'ensemble des BOF de sa filmographie.

- Enfin, Arte rendra hommage au cinéaste du 27 octobre au 7 novembre avec la diffusion de La peau douce, Le dernier métro et un documentaire inédit François Truffaut, l'insoumis, et Les Quatre cents coups.

Cannes 2014 : Capra, Wenders, Oshima, Hitchcock, Truffaut, Kieslowski parmi les chefs d’oeuvres de Cannes Classics

Posté par MpM, le 30 avril 2014

cannes 2014Voilà déjà dix ans que le Festival de Cannes a créé la section Cannes Classics qui met à l'honneur le travail de valorisation du patrimoine effectué à travers le monde par les sociétés de production, les ayants droit, les cinémathèques ou les archives nationales.

Films anciens et chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma sont ainsi présentés dans des copies restaurées, en présence de ceux qui les ont restaurés et, quand ils sont encore vivants, de ceux qui les ont réalisés ou interprétés. Une manière pour le Festival "d’enchanter le rapport du public d’aujourd’hui avec la mémoire du cinéma" en accompagnant toutes les nouvelles exploitations des grandes œuvres du passé.

Pour cette 67e édition, 22 longs métrages et deux documentaires ont été sélectionnés. Ils seront projetés selon le désir de leurs ayants droit en format DCP 2K ou 4K. Comme le souligne le Festival "pour la première fois, qu’on le déplore ou qu’on le célèbre, aucune copie 35mm ne sera projetée à Cannes Classic". La fin d'une époque ?

Après la blonde Kim Novak, c'est Sophia Loren qui sera l'invitée d'honneur de la sélection. Pour l'occasion, deux films seront montrés en sa présence : La voce umana d'Edoardo Ponti qui marque son retour au cinéma et Mariage à l'italienne de Vittorio De Sica dont on fête le 50e anniversaire. L'actrice a par ailleurs accepté de présenter une "masterclass".

Deux autres anniversaires seront particulièrement célébrés : celui du western italien, né en 1964, avec la projection de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone et celui de la Palme d'or 1984, l'envoûtant Paris, Texas de Wim Wenders.

Le reste de la sélection est éclectique et savoureux, permettant de naviguer un peu au hasard dans le meilleur du patrimoine cinématographique ou au contraire de découvrir des œuvres méconnues : Regards sur une révolution : comment Yukong déplaça les montagnes de Marceline Loridan et Joris Ivens, Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Oshima, Les croix de bois de Raymond Bernard, Overlord de Stuart Cooper, La peur de Roberto Rossellini, Le hasard de Krzysztof Kieslowski, Le dernier métro de François Truffaut (à l’occasion des trente ans de la disparition de François Truffaut), Dragon Inn de King Hu, Le jour se lève de Marcel Carné, La couleur de la grenade de Sergei Parajanov, Leolo de Jean-Claude Lauzon, La vie de château de Jean-Paul Rappeneau, La taverne de la Jamaïque d'Alfred Hitchcock, Les violons du bal de Michel Drach, Les montagnes bleues d'Eldar Shengelaia, Horizons perdus de Frank Capra, La chienne de Jean Renoir, Tokyo Olympiades de Kon Ichikawa.

Il faut ajouter deux documentaires produits cette année : Life itself de Steve James, sur le critique de cinéma américain Roger Ebert, et The go-go boys: the inside story of cannon films sur l’histoire de Cannon Films et des producteurs Menahem Golan et Yoram Globus.

Enfin, Cannes Classics s'invite à nouveau au Cinéma de la plage (dont le programme complet sera annoncé ultérieurement) en faisant l'ouverture avec Huit et demi de Federico Fellini, projeté en hommage à Marcello Mastroianni et en écho à l’affiche de cette 67e édition du Festival.

Claude Miller (1942-2012) : la meilleure façon de partir…

Posté par vincy, le 5 avril 2012

Claude Miller, réalisateur, scénariste et producteur, est décédé mercredi 4 avril au soir à l'âge de 70 ans. 7 fois nommé au César du meilleur réalisateur (sans jamais l'obtenir), trois fois dans la catégorie du meilleur scénariste (avec le prix pour Garde à vue), et quatre fois cité dans la catégorie du meilleur film (La meilleure façon de marcher, Garde à vue, L'effrontée, Un secret), Miller était parfois méprisé par une partie des critiques et de la profession qui voyait en lui un cinéaste populaire et non pas un auteur héritier de la Nouvelle Vague. Une ironie si l'on connaît son parcours : il a débuté avec Marcel Carné avant d'être l'assistant réalisateur de Michel Deville (Martin Soldat), Jean-Luc Godard (Week-end), Jacques Demy (Les demoiselles de Rochefort) et surtout le directeur de production de François Truffaut (La Sirène du Mississipi, L'enfant sauvage, Domicile conjugal, Les deux anglaises et le continent, La nuit américaine, L'histoire d'Adèle H.).

Deux fois sélectionné à Cannes (avec le prix du jury pour La classe de neige en 1998), prix de la Critique internationale à Berlin (La chambre des magiciennes), grand prix des Amériques à Montréal (Un secret) et enfin prix Louis Delluc en 1985 (L'effrontée), Miller a pourtant l'un des plus beaux palmarès de sa génération.

Charlotte for ever

De La meilleure façon de marcher, son premier film en 1976 à Thérèse Desqueyroux, avec Audrey Tautou, tout juste achevé (le film pourrait être à Cannes et sortira le 21 novembre), il aura tourné 17 films, dont quelques grands succès en salles comme Garde à vue, L'effrontée, La petite voleuse, L'Accompagnatrice ou Un secret. Certains de ses films ont également été de cuisants échecs, souffrant de sorties trop discrètes. Surtout, Miller, depuis La classe de neige, avait des difficultés à trouver des financements pour ses films. L'impossibilité de concrétiser son grand projet, Nana, l'a contraint à trouver des sujets plus modestes. Cela a d'ailleurs coïncidé avec sa découverte des caméras numériques, lui ouvrant de nouvelles perspectives et finalement une nouvelle façon de filmer, plus libre, plus rapide.

Le cinéma de Claude Miller était un cinéma d'émotions. Les visages des acteurs importaient plus que le décor. Les plus grands comédiens, qui lui furent très fidèles - certains ont tourné plusieurs films avec lui - sont passés devant sa caméra: Michel Serrault, Romy Schneider, Lino Ventura, Patrick Dewaere, Isabelle Adjani, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Marina Hands, Sandrine Kiberlain, Jean-Claude Brialy, Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, Richard Bohringer. Il fut aussi un grand directeur de jeunes acteurs en herbe : Charlotte Gainsbourg lui doit son premier César, Romane Bohringer l'un de ses meilleurs films et on devrait aussi citer Ludivine Sagnier, Vincent Rottiers, ...

Les âmes grises

Il aimait les histoires ambigües, troubles, où la carapace morale se faisait taillader par des vérités blessantes ou la cruauté de l'humanité. L'ambivalence des comportements, des situations est ainsi admirablement incarné à l'image par Michel Serrault dans Garde à Vue (coupable ou pas d'un crime affreux) et Mortelle randonnée (à la fois flic et ange gardien de sa cible). Il plongeait dans l'intime, révélant les zones d'ombres, souvent dans des films où la lumière, artificielle ou naturelle, était omniprésente. Ces petites histoires ultra-sensibles composaient au final une oeuvre sur la lâcheté et la complicité, dans un ensemble empreint de tristesse. Le sombre l'attirait. Les zones obscures le tourmentaient. Miller faisait un cinéma anti-mélo, où la complexité prévalait sur les bons sentiments. L'adolescence et l'enfance l'intéressaient sans doute pour cela : coupable ou non, personne n'est innocent à ses yeux.

Fils d'un employé du Grand Rex, à Paris, né de parents juifs en pleine guerre, major de l'Idhec (ex-Fémis), Claude Miller a aussi été un cinéaste impliqué dans sa profession, en président la Fémis ou les salles Europa Cinémas.

Nous l'avions rencontré deux fois (mai 1998 et janvier 1999). La mélancolie - certains évoquaient même une dépression chronique - qu'il dégageait était atténuée par une douceur non feinte. Il aimait le dialogue avec les autres tout en étant abattu par la dureté de l'époque.

La meilleure façon de partir pour un cinéaste est celle de nous laisser un dernier film, posthume, pour nous consoler de sa disparition.

Le Salon du Livre de Paris : le cinéma en vedette

Posté par vincy, le 15 mars 2012

Cette année, le Salon du livre de Paris, qui ouvre ses portes demain vendredi, fait une place au cinéma. "Du livre au film" reflète une tendance de plus en plus structurelle : les films font vendre les livres dont ils sont l'adaptation. Surtout, depuis quelques années, les écrivains préfèrent les adapter eux-mêmes. Philippe Claudel, David Foenkinos, Frédéric Beigbeder ou encore Virginie Despentes sont à la fois en librairie et sur les affiches de leurs films.

Depuis 4 ans, le salon du livre organisait les Rencontres SCELF des droits audiovisuels où producteurs et éditeurs passaient une journée en séances de speed dating.

Mais cette année, le Salon du livre a décidé de parler de cinéma autrement qu'aux professionnels. Plusieurs rendez-vous destinés au grand public vont permettre de mieux comprendre comment on passe de l'écrit à l'écran. Cette année, suprême bonus, les Comics arrivent pour la première fois Porte de Versailles avec une exposition des super héros de DC Comics. A cela s'ajoute les Mangas en grands invités de l'année, avec l'anniversaire de Naruto.

Demandez le programme!

Vendredi 16 mars

14h : Littérature jeunesse au cinéma et cinéma dans la littérature jeunesse.

15h30 : Autour du manuscrit Le Quai des brumes de Prévert.  Retour sur la genèse d'une création à travers le manuscrit d'un film.

16h : Ecrire pour le cinéma en Outre-mer.

16h30 : Présentation du film d'animation Aya de Yopougon, d'après la bande dessinée de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. Sortie du film cet été.

17h30 : remise des prix Animeland (meilleurs oeuvres japonaises)

19h : Ecrire des livres, écrire des films, avec Delphine de Vigan.

Samedi 17 mars

14h30 : Les interprètes du roman, avec Morgan Sportès et son adaptateur Richard Berry, mais aussi le scénariste Julien Rappeneau (Cloclo) et le cinéaste Jérôme Salle (Largo Winch).

16h : Master Class : L'adaptation, du livre au film

16h30 : Grand débat autour du Marsupilami, star de la BD européenne

17h30 : Grande rencontre avec David Foenkinos (La délicatesse)

18h30 : Grande rencontre avec Frédéric Beigbeder (L'amour dure 3 ans)

Dimanche 18 mars

12h : Présentation du film Le Petit Prince, la planète Libris.

12h30 : Grande rencontre avec Milena Agus et Nicole Garcia (Le mal de pierre)

14h30 : Présentation des Adieux de la Reine (en salles le 21 mars) avec Benoît Jacquot et Chantal Thomas.

15h : L'argent des autres, du roman à l'écran (nouvelles aides, écriture de scénario, ...)

16h30 : Le roman "idéal" pour le cinéaste, avec Jean Becker, Serge Joncourt et Jean-Christophe Grangé.

Lundi 19 mars

14h : Raconte-moi le cinéma : François Truffaut, pour les enfants de 8 ans et plus.

La Master Class de Steven Spielberg suivie par 10 000 internautes

Posté par vincy, le 10 janvier 2012

Steven Spielberg est à l'honneur de la Cinémathèque française, depuis hier et jusqu'au 3 mars. Un honneur d'autant plus logique que cet amoureux du cinéma mondial a deux films à l'affiche actuellement. Les aventures de Tintin, sorti en octobre en France et pour les fêtes en Amérique du nord, a déjà dépassé les 330 millions de $ de recettes internationales. Cheval de guerre, qui sortira sur les écrans français le 22 février, film épique dans la veine des oeuvres de David Lean, sorti le jour de noël en Amérique du nord, a déjà rapporté 60 millions de $ malgré sa longueur et son sujet dramatique.

La Cinémathèque française, à l'occasion de la rétrospective intégrale des films de Spielberg, avait organisé lundi 9 janvier une Master Class animée par Serge Toubiana, directeur de l'institution, et Costa-Gavras, président, avant la projection en avant-première de Cheval de guerre. Cette Leçon de cinéma était simultanément diffusée sur les sites internet d'Arte.TV et de la Cinémathèque. 10 000 internautes ont suivi le streaming. A noter que la vidéo est disponible durant un an sur les deux sites, en VO et en VF.

"Si je n'ai pas d'histoire à raconter, je deviens fou" a assuré le réalisateur devant une salle depuis longtemps complète. Standing ovation du public, "Je t'aime", en français du cinéaste qui s'avoue surtout "raconteur d'histoire". Il ne semble pas se lasser de faire des films : il a si soif de travail qu'il peut travailler sur deux films en même temps, à des vitesses différentes (trois ans pour Tintin, 7 mois pour Cheval de Guerre, écriture incluse).

Enfant prodige du cinéma américain de ces 40 dernières années, désormais vétéran vénérable et honoré, il partage son expérience devant une salle comblée. "Le premier conseil, c'est de bien choisir son casting. J'y consacre beaucoup de temps et, une fois que c'est fait, le second point, c'est d'écouter les acteurs choisis. A quoi ça sert, sinon, de sélectionner des gens talentueux ? En écoutant vos acteurs, vous écoutez votre histoire".

C'est François Truffaut qui lui a donné le meilleur conseil: "On s'est rencontré à Mobile, Alabama, il venait de terminer 'L'Argent de poche' et il m'a dit: tu devrais travailler avec des enfants, travailler pour les enfants. Et c'est ça que je suis aujourd'hui: ce que vous êtes transparaît dans vos films. Et dans le fond, je ne me suis jamais éloigné de l'enfant que j'étais".

Mais l'enfant est désormais analysé par tous les critiques, experts, professeurs de cinéma. Son succès mondial en a fait une star aussi populaire que les acteurs. La Cinémathèque organise des conférences cet hiver : "Spielberg / Eastwood : chronique du chaos et de l'au-delà" le 16 janvier, "Spielberg 2001-2005 : récits abimés, récits de l'abyme" le 23 janvier et une table ronde sur 'Le cinéma américain ou l'art de raconter des histoires : Eastwood - Spielberg - Altman (et les autres..." le 4 février.

Marie-France Pisier (1944-2011) : un fantôme en liberté

Posté par vincy, le 26 avril 2011

Marie-France Pisier, la promeneuse du Jardin du Luxembourg, n'était pas que cette voix si distinguée, qui l'avait rendue si singulière dans le cinéma français. Cette voix, qui lui donnait un ton si particulier dans les films de Truffaut et ses héritiers de la Nouvelle Vague, était aussi celle des femmes. Féministe engagée depuis la première heure, signataire du fameux manifeste des 342 salopes, diplômée en droit et fréquentant les cercles intellectuels et les milieux politiques, Pisier était une actrice par accident et une politicienne contrariée.

Si j'osais un aparté personnel, je voudrais écrire à quel point sa voix me ravissait, mais, encore plus, sa contemplation. Jeune cinéphile (gamin, quoi), elle faisait partie de mon panthéon de l'idéal féminin. Brune, gracieuse, élégante, égalitariste et intelligente : son féminisme et sa féminité me séduisaient bien plus que les cérébrales froides ou les géniales tragiques qui émergeaient alors dans le cinéma français.

L'absente de la Croisette

Quelle tristesse d'apprendre, à distance, sa mort, à 68 ans. Retrouvée morte dans sa piscine, une nuit de week-end pascal. L'autopsie est en cours.  Une fin précoce, inattendue, "choquante" selon l'expression de son amie Kristin Scott-Thomas, que Pisier avait dirigée dans sa première réalisation. On devait la voir au prochain Festival de Cannes (voir l'actualité du 30 mars dernier). Elle avait été récemment interviewée dans le cadre du documentaire Belmondo, Itinéraire... qui sera présenté à l'occasion de l'hommage à Jean-Paul Belmondo.

Pisier a joué deux fois avec l'acteur le plus populaire de France. Une première fois en 1976, au sommet de sa gloire cinématographique, dans Le corps de mon ennemi (1,8 million d'entrées), d'Henri Verneuil. Film noir sur la corruption, elle incarnait une bourgeoise raffinée qui s'encanaillait avec le voyou Bébel. Elle retrouvera le comédien dans la comédie L'As des As (5,5 millions d'entrées), où elle joue une journaliste qui s'apprête à interviewer Hitler et pousse Belmondo à jouer les sauveurs d'un enfant juif.

La Colette de Truffaut

Mais Marie-France Pisier a surtout été la muse de deux cinéastes, que tout relie. François Truffaut qui l'a découverte, et André Téchiné, qui l'a consacrée. Le premier en a fait le pendant féminin de Jean-Pierre Léaud dans la série des Antoine Doinel. Elle répond à une petite annonce, alors qu'elle n'a aucune information, pour devenir le rôle principal féminin d'Antoine et Colette (1963). Sa désinvolture, son chic naturel, sa vivacité conquièrent le cinéaste, qui, parlant de sa voix, disait qu'elle était son meilleur atout et son pire handicap. Cette voix qui pouvait être à la fois distante, snob, moqueuse, cinglante, ironique, indifférente, blessante...

Elle prolongera l'aventure avec Truffaut dans Baisers volés (1968) et surtout L'amour en fuite (1979), qu'elle co-scénarise avec le cinéaste, Jean Aurel et Suzanne Schiffman. Elle revient en ex-amour et brillante avocate.

Après Truffaut, Marie-France Pisier trouve un deuxième mentor, Robert Hossein qui l'emploie pour trois polars (La mort d'un tueur, Les yeux cernés, Le Vampire de Düselldorf). Pisier prend alors son envol et tourne avec Alain Robbe-Grillet (Trans-Europe Express), Charles Belmont (L'écume des jours, d'après le best-seller de Boris Vian), Stanislas Stanojevic (Le journal d'un suicidé, mésestimé), Luis Bunuel (Le fantôme de la liberté, avant-dernier film du maître espagnol) et Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau, qu'elle co-scénarise aussi). Ce ne sont pas forcément des rôles principaux, mais à l'époque sa vie est un peu ailleurs : étudiante politiquement impliquée, ex-fiancée de Daniel Cohen Bendit qu'elle fait revenir en France, au premier rang pour la légalisation de l'avortement... Et à la télévision elle est l'une des héroïne du feuilleton populaire Les gens de Mogador.

Sans compromis chez Téchiné

En 1969, elle avait rencontré le deuxième cinéaste marquant de sa carrière. Avant Catherine Deneuve, le jeune André Téchiné en a fait son égérie : Pauline s'en va, Souvenirs d'en France, Barrocco, Les Soeurs Brontë. Dans Souvenirs d'en France, avec Jeanne Moreau, Pisier est sophistiquée et donne à quelques séquences des moments cultes de cinéma. "Foutaises!" aurait-elle clamé... Avec Barrocco, en second rôle face à la jeune Isabelle Adjani, elle gagne ses gallons : un an après son César dans Cousin, cousine, elle en remporte un second. Dans Les soeurs Brontë, entre Adjani la tragédienne et Huppert la cérébrale, elle trouve sa place en soeur aînée dont le destin sera le moins malheureux de tous. Le film est sélectionné à Cannes. Elle y retournera pour L'oeuvre au noir, d'André Delvaux (d'après Marguerite Yourcenar), en 1988 et pour Le temps retrouvé, de Raoul Ruiz, en 1999. Parfaite dans l'univers de Proust en madame Verdurin

Auparavant, en 1975, Cousin, Cousine de jean-Charles Tacchella, aura connu un joli succès, avec un prix Louis-Delluc et trois nominations aux Oscars. Parfaite pour donner la réplique aux monstres sacrés et aux stars, elle sait leur voler la vedette et habiter un personnage en un geste, un mot, un regard. Elle tourne à l'étranger (La montagne magique, d'après Thomas Mann) et dans des productions de grands auteurs français comme Le prix du Danger (Boisset), La banquière (Girod), Parking (Demy). On l'emploie aussi pour incarner les géantes : Coco Chanel dans Chanel solitaire en 1981, George Sand dans La note bleue en 1991. Elle accepte des rôles plus populaires comme Les Nanas (l'un des premiers films avec Juliette Binoche) et puis récemment Il reste du jambon? d'Anne de Petrini.

La mère d'une nouvelle génération

Son destin est ailleurs. Car, certes, elle a récemment tourné pour une nouvelle génération, sans doute respectable de l'héritage des Truffaut et Téchiné : Maïwenn (Pardonnez-moi), Yamina Benguigui (Incha'Allah Dimanche), Stéphane Giusti (en mère perturbée dans la comédie gay Pourquoi pas moi ?) ou encore Manuel Poirier (Marion). Le plus bel exemple est ce personnage magnifique dans le film de Christophe Honoré, Dans Paris, où elle était la mère, au visage encore sublime, de Romain Duris et Louis Garrel.

A partir des années 80, elle commence à écrire, notamment Le bal du gouverneur, évocation de son enfance en Nouvelle-Calédonie, qu'elle adaptera elle-même au cinéma en 1990. Elle réalisera une suite, Comme un avion, autour du suicide de ses parents. Dans les années 90, elle monte sur les planches. Elle jouera souvent du Guitry. On la croisera aussi sur le petit écran.

Et puis finalement on ne la verra plus. Coincée dans une chaise, dans une piscine, une nuit d'avril, Marie-France Pisier a disparu... A 66 ans, cette native de la ville des fraises des montagnes du centre sud du Vietnam (à l'époque, l'Indochine) a rejoint ses fantômes, ceux de ses parents et d'autres tout aussi intimes. Pour elle, on ne peut que croire à une libération. Il faudra quand même attendre l'élucidation des circonstances de son décès. Cette discrète n'avait sans doute pas prévue le battage médiatique qu'elle susciterait en s'en allant si soudainement...

Les Archives d’Eric Rohmer remises à l’Imec

Posté par vincy, le 13 janvier 2011

"Conformément à la volonté du cinéaste, les archives d'Éric Rohmer ont rejoint les collections de l'Imec", a annoncé aujourd'hui l'institut Mémoires de l'édition contemporain. Tout juste un an après sa mort.

Créé en 1988, l'institut rassemble les fonds d'archives et d'études consacrés aux principales maisons d'édition, aux revues et aux différents acteurs de la vie du livre et de la création.

L'établissement situé à Caen en Normandie a reçu aujourd'hui "plus de 140 boîtes de documentaires et près de 20 000 pièces d'archives qui viennent éclairer la généalogie du cinéma rohmérien, et révèlent notamment l'importance de son activité littéraire dès les années 1940".

Il ne reste plus qu'à traiter les archives et classer le fonds.  «Ce fonds d’une exceptionnelle richesse permet de retracer l’ensemble de la carrière cinématographique et critique » indique le communiqué. Il comprend notamment une importante quantité d'écrits (récits, nouvelles, romans, théâtre, correspondance d’Eric Rohmer avec, notamment, François Truffaut, Jean Cocteau, Jean-Luc Godard ou André Bazin) mais surtout des témoignages «de ses talents de metteur en scène, de photographe, de dessinateur, de concepteur de costumes et de décors, de compositeur de chansons et de musiques.»

L’Imec fait aussi savoir qu’Antoine de Baecque, qui vient de sortir le documentaire sur Truffaut et Godard Deux de la vague,  et Noël Herpe travaillent à une biographie d’Eric Rohmer pour l'éditeur Grasset.

Bourges : rencontre avec Jean Gruault

Posté par MpM, le 29 mars 2009

Jean GruaultC'est une Pascale Ferran très émue qui accueille le scénariste Jean Gruault sur la scène du théâtre Jacques Coeur où, en tant qu'invitée d'honneur du Festival, elle l'a convié à un "séminaire-hommage" venant conclure ces cinq jours de débats et de rencontres . "J'ai l'impression d'avoir énormément appris en décortiquant vos films", déclare-t-elle notamment, avant de se lancer dans la longue litanie des réalisateurs pour lesquels ce vétéran du scénario a travaillé : François Truffaut, Alain Resnais, Roberto Rossellini, Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Chantal Akerman... "L'exercice, donc, consiste à ne pas être transie d'admiration", avoue-t-elle en guise de conclusion. Réponse du principal intéressé : "oui, mais vous ne parlez pas de tous les mauvais films !". Immédiatement, la glace est rompue.

Jean Gruault est comme ça : spontané, ne s'embarrassant pas de précautions oratoires et prenant un plaisir évident à démonter certains mythes ("Truffaut était très franco-français... voire franchouillard"). Il embarque donc l'auditoire avec lui dans l'histoire complexe et passionnante de sa vie : le théâtre de guignol de son grand père, le Napoléon d'Abel Gance visionné en bobines de 10 mètres, le journal de Mickey ("une révolution dans ma vie")... et puis la rencontre avec Rivette et Truffaut, les séances de cinéma ou encore l'influence de Rossellini qui le pousse à écrire. Il se lance finalement avec Rivette et ce sera Paris nous appartient. "Vous n'avez peut-être pas vu le film... ce n'est pas une grosse perte ! On n'avait aucune méthode et aucune expérience..."

Lui-même se laisse entraîner par les souvenirs, un sujet en appelant un autre. En bon scénariste qu'il est, ses digressions le mènent toujours quelque part, de préférence vers une anecdote acide ou amusante ("Le séminaire était une pépinière de communistes", "Ce qui m'intéressait, au fond, au théâtre comme au cinéma, c'était d'être dans le coup", "Truffaut , il fallait toujours qu'il corrige mes scénarios, même si ça lui plaisait. Il avait besoin de réécrire pour que ce soit sa langue, et plus la mienne", etc.), et il finit ainsi par retomber sur ses pieds. A défaut de connaître sa méthode de travail (il s'entête à assurer qu'il n'en a pas), on voit le cheminement de sa pensée en action, toujours aussi vive. Mais déjà le séminaire s'achève, et c'est à peine si l'on a abordé le tiers de son œuvre foisonnante. Heureusement, pour un prochain rendez-vous avec Jean Gruault, on peut toujours se tourner vers ses livres ou tout simplement revoir l'un des nombreux chefs d'œuvre qu'il a co-signés : Jules et JimMon oncle d'Amérique, Les carabiniers, La religieuse... L'avantage, c'est qu'il y a l'embarras du choix.

Crédits photo : Alfredo Altamirano pour le Festival des Scénaristes.