François Cluzet (La mécanique de l’ombre): « il s’agit de faire des bons films avant tout »

Posté par vincy, le 11 janvier 2017

Dans La mécanique de l'ombre, François Cluzet incarne un homme au chômage depuis deux ans, licencié à cause d'un burn out. Le personnage lutte contre l'insomnie. Inscrit aux alcooliques anonymes, il vit seul. Fatigué mais déterminé à retrouver un job. "Je connais ça l'inutilité" explique le comédien après la projection privée du film, juste avant les fêtes. "Il est un peu comme le personnage du Pigeon de Patrick Süskind..."

Charmeur et charmant, l'acteur sait qu'il est populaire (l'an dernier son film Médecin de campagne est l'un des rares drames à avoir dépassé le million de spectateurs, en plus de très bien s'exporter). L'homme est hâbleur, courtois, franc, sincère. Mais il a aussi l'expérience des trous d'air dans une carrière, lui qui a vécu comme une résurrection le carton de Ne le dis à personne il y a dix ans.

"Le cinéma a changé"

Il défend avec ardeur La mécanique de l'ombre, premier film de Thomas Kruithof. "J'ai rarement vu un script - je parle de dramaturgie, de suspens - aussi bien foutu" avoue l'acteur. "Ce qui m'a plu, c'est l'instrumentalisation du personnage." "On n'a pas vu ce genre de films depuis Costa-Gavras" s'enflamme-t-il.

Thomas Kruithof ne cache pas que la toile de fond est inspirée de nombreuses affaires secrètes de la Ve République, de Takieddine à Squarcini en passant par les otages du Liban, influencé par le cinéma de complot des années 1970 et les livres de John Le Carré. Ce qui donne un premier film maîtrisé.

Refusant la notion de risques, Cluzet considère que ses choix de carrière n'ont rien à voir avec une forme de calcul. "Ce qui compte, c'est l'histoire, ce qu'on a à jouer. On se fout du budget du film". Il ajoute: "Ce n'est pas une histoire de rôles, il s'agit de faire des bons films avant tout. Si tu fais trois merdes qui marchent pas, c'est fini." Préférant un petit rôle dans un chef d'œuvre à être tête d'affiche d'un gros budget médiocre, François Cluzet rappelle que "le cinéma a changé". "On ne vient plus voir tel ou tel acteur, mais tel ou tel bon film."

Festival 2 Valenciennes 2016 : une sélection pleine de surprises

Posté par wyzman, le 6 mars 2016

Pour sa sixième édition, le Festival 2 Valenciennes accueille professionnels, passionnés et curieux du 14 au 20 mars. Intéressé par les films venus du monde entier, celui qui remplace le festival du film d'aventures de Valenciennes rend toujours hommage aux œuvres de fiction et documentaires avec des activités parallèles. Après nous avoir fait découvrir des films tels que Take Shelter (2011), Mud (2013), Eastern Boys et Tom à la ferme (2014), le Festival 2 Valenciennes proposera cette année encore une sélection de films tous très attrayants.

Avec Linda Hardy en maîtresse de cérémonie et Diane Kurys et Nathalie Baye en invitées, le festival devrait attirer en masse.  En effet, le programme impressionne et surprend. Les plus jeunes pourront par exemple découvrir les méthodes de travail de Thierry le Portier, dresseur de fauves avant de mater L'Odyssée de Pi quand les plus grands seront sans doute tentés par le Gladiator de Ridley Scott. Côté sélection officielle de films documentaires, Free to Run de Pierre Morath et Royal Orchestra de Heddy Honigmann nous ont déjà mis l'eau à la bouche. Tandis que la compétition côté films de fiction sera marquée par Tout pour être heureux (avec Manu Payet et Audrey Lamy), Colonia (avec Emma Watson et Daniel Brühl), L'Avenir de Mia Hansen-Love , Quand on a 17 ans d'André Téchiné ou encore Demolition de Jean-Marc Vallée !

Avec un peu de chance, nous retrouverons Frédérique Bel, Antoine Chappey, Frédéric Chau et Jean-Pierre Mocky parmi le jury officiel. Rencontres, dédicaces ou master classes, tout a été pensé pour satisfaire la curiosité des festivaliers toujours plus nombreux. En partenariat avec l'Académie de Lille, les Jeunes étoiles 2 Valenciennes proposeront une sélection de 10 court-métrages réalisés par ds élèves en audiovisuel. Et pour les fêtards, notez qu'après la projection du film de clôture (Médecin de campagne avec François Cluzet), vous pourrez venir faire la fête avec nous à l'Ephémère ! On vous le dit, cette sixième édition du Festival 2 Valenciennes est à ne manquer sous aucun prétexte. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site de cet événement culturel incontournable du mois de mars.

Prix Lumière pour Martin Scorsese: « C’est très émouvant pour moi de recevoir cet hommage dans la ville où le cinéma est né »

Posté par Morgane, le 18 octobre 2015

Vendredi 16 octobre, 19h30, l'Amphithéâtre de la cité internationale de Lyon fait salle comble, comme tous les ans depuis 7 ans pour cette occasion si spéciale qui ponctue le Festival Lumière. Après Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu, Ken Loach, Quentin Tarantino et Pedro Almodovar, cette année c'est Martin Scorsese à qui va être remis le Prix Lumière… mais des mains de qui? Les suppositions vont bon train. Le choix de Taxi Driver projeté à la suite de cette cérémonie laisse libre cours à notre imagination… On en vient à rêver que Robert De Niro himself vienne remettre le Prix à Martin Scorsese qui lui a offert ses plus grands rôles!

La traditionnelle séance de photocall devant l'effigie de la star du jour commence. Tout le monde passe sous les flash des photographes et les applaudissements du public. Jean-François Stévenin, Jane Birkin, Vincent Perez, Elsa Zylberstein, Françoise Fabian, Richard Anconina, Pierre Lescure, Thierry Frémaux, Michèle Laroque, Géraldine Chaplin, Tony Gatlif, Anne Le Ny, Pierre Richard, Michel Hazanavicius, Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Léa Drucker, Edouard Baer, Vincent Lacoste, Hippolyte Girardot, François Cluzet, Salma Hayek… Le bal du 7e Art français.

Nombreux et divers hommages à un des grands maîtres du 7e Art

Et c'est au tour du grand Scorsese de faire son entrée sous un tonnerre d'applaudissements.

La soirée peut alors commencer avec les traditionnelles dix minutes de montage montrant les films projetés durant cette édition 2015. Puis c'est au tour de Camelia Jordana de prendre le micro pour entonner un New York, New York sensuel et intimiste.

La chanteuse laisse la place à Robert De Niro qui n'a malheureusement pas pu être là en chair et en os mais qui a tenu à envoyer un message de 25 secondes (apparemment ce n'est pas un grand parleur) à Martin Scorsese, concluant par ces mots : "amuse-toi bien!"

Puis une petite dizaine de films des Frères Lumière (sur les 1500 environ qu'ils ont tournés) sont projetés dont un sur Istanbul (en hommage à Elia Kazan) et un sur New York (spécialement projeté pour Scorsese).

C'est au tour d'Abbas Kiarostami de rendre hommage à Martin Scorsese en projetant son court-métrage Thanks Marty tout en contemplation dans un paysage enneigé.

Les musiques des films de Scorsese se suivent sans se ressembler sous les doigts du pianiste Jean-Michel Bernard pour laisser place ensuite à un extrait de Around midnight, film de Bertrand Tavernier (1986) dans lequel Scorsese n'est cette fois plus réalisateur mais acteur aux côtés de François Cluzet et Dexter Gordon.

Jane Birkin prend ensuite le micro et entonne As time goes by.

Et de conclure avec un extrait de Laurel et Hardy au Far West (1937) qui avait été projeté aux obsèques d'Alain Resnais, décédé l'année dernière. Thierry Frémaux nous apprend alors que parmi les amitiés de Scorsese il y avait Alain Resnais et que tous deux aimaient beaucoup débattre pour savoir quel malheur serait le plus grand. Ne plus voir de films ou ne plus faire de films? Pas sûr qu'ils aient un jour trouver la réponse.

"Celui qui se perd dans sa passion perd beaucoup moins que celui qui perd sa passion."

Les invités de Martin Scorsese, parmi lesquels Géraldine Chaplin, Tony Gatlif, Max von Sydow, Suleymane Cissé, Matteo Garrone, Jean-Pierre Jeunet, David Tedeschi (co-réalisateur avec Martin Scorsese du documentaire 50 year of argument), Abbas Kiarostami, Olivia Harrisson etc., viennent alors sur la scène pour accueillir Martin Scorsese.

Thierry Frémaux et François Cluzet lisent à deux voix la lettre adressée par Bertrand Tavernier, malheureusement absent, à Scorsese et qui se conclue ainsi : "Celui qui se perd dans sa passion perd beaucoup moins que celui qui perd sa passion."

Et ce sera finalement des mains de Salma Hayek que Martin Scorsese reçoit le Prix Lumière 2015. Le choix de Salma Hayek est quelque peu surprenant sachant qu'ils n'ont jamais tourné ensemble… L'émotion était du coup beaucoup moins forte qu'avec Quentin Tarantino qui s'était vu remettre le Prix par Uma Thurman en présence de Harvey Keitel ou encore avec Ken Loach et Eric Cantona ou Gérard Depardieu et Fanny Ardant. Déjà l'année dernière le choix de Juliette Binoche pour remettre le Prix à Pedro Almodovar (alors qu'étaient présentes Marisa Paredes, Rossi de Palma et Elena Anaya) nous avait étonné mais Juliette Binoche lui avait tout de même adressé un beau discours tandis que là, pas un mot de la part de Salma Hayek… Bref, on aurait aimé une belle surprise pour cette remise du Prix à ce grand homme du Cinéma. On n'osait espérer Robert de Niro ou Leonardo DiCaprio ou même Sharon Stone, mais quand le choix de la projection de Taxi Driver après la cérémonie a été annoncé (alors qu'il était déjà projeté à plusieurs reprises durant la semaine du Festival), le nom de Robert De Niro était dans tous les esprits… So sad

Mais cela n'a tout de même pas empêché Martin Scorsese de nous honorer d'un beau discours commençant en ces termes : "Je ne sais pas si je vais survivre à cela. C'est très émouvant pour moi d'être ici ce soir et de recevoir cet hommage dans la ville où le cinéma est né." Il a parlé de son amour du cinéma né de son asthme et de ses parents qui, ne sachant que faire de lui, l'emmenaient alors énormément au cinéma avec eux. L'ouverture au monde que lui a apporté le cinéma, puis le bonheur de pouvoir enfin faire des films et de pouvoir continuer à en faire. Ce besoin par la suite de préserver des films (qui l'a conduit à créer The Film Foundation's World Cinema Project) qui est venu non pas d'un désir mais bien d'une colère et d'une frustration de voir tant de beaux films disparaître.

Petit homme au débit de paroles impressionnant, Martin Scorsese est apparu avant tout comme un grand homme du Cinéma, un de ceux qui fait que le paysage cinématographique actuel est ce qu'il est. Car le cinéma de Scorsese, et ce depuis son premier long-métrage Mean Streets (1973), ne déçoit pas ou si peu. Car son univers musical classique, rock ou jazz nous transporte. Car sa caméra sait toujours être au bon endroit et trouver le bon rythme. Car ses personnages sont emblématiques et qu'on n'oubliera jamais Travis dans Taxi Driver, Jake La Motta dans Raging Bull, Jimmy, Henry et Tommy dans Les Affranchis, Max Cady dans Les nerfs à vif, Ace et Nicky dans Casino, Amsterdam dans Gangs of New York ou bien encore Jordan dans Le Loup de Wall Street. Et pour tout ça,la salle a ovationné ce petit italo-américain devenu géant de son art et lui a adressé un immense MERCI.

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Adèle Exarchopoulos, Tilda Swinton, Catherine Deneuve, Vincent Cassel …

Posté par redaction, le 14 mai 2014

marché du film - cannes- StudioCanal vient d'acheter les droits de deux films internationaux.
Le premier projet est celui de James Watkins (La dame en noir) intitulé Bastille Day. Il s'agit d'un thriller d'action qui mettra en scène Adèle Exarchopoulos et Idris Elba (Mandela). Le tournage est prévu cet été à Paris.
Le second projet quant à lui réunira Ralph Fiennes et Tilda Swinton, tous deux vu récemment ensemble dans The Grand Budapest Hotel, ainsi que l'australienne Margot Robbie (Le Loup de Wall Street) et le belge Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os). Il s'agit d'un thriller sur fond de séduction. Le tournage est également prévu cet été mais cette fois en Italie.

- Catherine Deneuve retrouve Emmanuelle Bercot. Après Elle s'en va (en compétition au Festival de Berlin l'an dernier), la réalisatrice et la comédienne tourneront La tête haute (Standing Tall pour le marché du film). Produit par la société Elle Driver, le film mettra en scène Deneuve dans le rôle d'une juge pour enfant qui s'occupe d'un jeune délinquant. Benoît Magimel et Sara Forestier feront partis du casting.

- Vincent Cassel va aussi célébrer des retrouvailles avec un cinéaste qu'il connaît bien puisqu'il s'est engagé sur le tournage du prochain Jean-François Richet, le réalisateur du diptyque Mesrine. Cassel jouera aux côtés de François Cluzet dans Un moment d'égarement, remake de la comédie de Claude Berri sortie en 1977. Dans ce film originel, deux amis, la fille de Victor Lanoux, 16 ans, tombait amoureuse de Jean-Pierre Marielle. Cassel reprendra le rôle de Marielle tandis que Cluzet héritera de celui de Lanoux.

François Cluzet, président normal des Césars 2014

Posté par vincy, le 21 janvier 2014

françois cluzet césar 2007On connaissait la Maîtresse de cérémonie, Cécile de France (lire notre actualité), voici le nom du Président de la 39e cérémonie des Césars (28 février prochain) : François Cluzet succédera à Jamel Debbouze.

A 58 ans, Cluzet est l'un des acteurs préférés des Français. César du meilleur acteur (Ne le dis à personne, 2007), il a été nommé au total dix fois depuis 1984 : Meilleur jeune espoir masculin (Vive la sociale!) et meilleur second-rôle masculin (Un été meurtrier) la même année, meilleur second-rôle masculin (Force majeur), meilleur acteur (Les apprentis), meilleur second-rôle masculin (L'adversaire), meilleur second-rôle masculin (Quatre étoiles), meilleur acteur (A l'origine), meilleur acteur (Le dernier pour la route) et meilleur acteur (Intouchables).

Après le triomphe mondial d'Intouchables, il a été à l'affiche de trois films, tous des échecs publics : En solitaire, 11.6 et Do Not Disturb. En avril, il sera à l'affiche du nouveau film de Lisa Azuelos, Une rencontre, face à Sophie Marceau.

Azuelos organise une rencontre entre Marceau et Cluzet

Posté par vincy, le 16 mars 2013

Après Ainsi soient-elles en 1995 puis Comme t'y es belle (1 million d'entrées), LOL (3,6 millions d'entrées), son remake LOL US (un flop), Lisa Azuelos entame son cinquième long-métrage, Une rencontre.

Pour cette comédie romantique, elle y retrouve Sophie Marceau, sa star de LOL. Marceau jouera pour la première fois face à François Cluzet. L'acteur avait révélé l'information dans Le Parisien en novembre dernier : "[avec Sophie Marceau], on se connait depuis vingt ans et on se disait que ça serait bien si on faisait un film ensemble un jour. Et voilà que la réalisatrice Lisa Azuelos nous a écrit une très belle histoire d’amour qu’on fera au printemps 2013."

Le tournage débute lundi à Paris.

La scénariste (Classe Mannequin, 15 août) et productrice (Tout ce qui brille, Max) continue, en parallèle, de préparer son biopic sur Dalida, avec Nadia Farès. A l'origine le film devrait sortir cette année. On l'attend désormais pour 2014 au mieux. Elle devait également tourner Saint-Tropez, comédie chorale dont on n'a plus aucune nouvelle.

Intouchables : un film « raciste », « réactionnaire », « sarkozyste » élu événement culturel de l’année

Posté par redaction, le 24 décembre 2011

Avec bientôt 15 millions de spectateurs, Intouchables est devenu cette semaine le 3e plus gros succès français depuis 1945, le 5e toutes nationalités confondues, battant Avatar, au passage. Un phénomène qui, logiquement, a été choisi comme l'événement culturel le plus marquant de l'année 2011 (sondage BVA/FNAC/Le Parisien/Europe 1 auprès de 1003 personnes). 52% des Français interrogés l'ont plébiscité.

Il est donc loin devant The Artist, Harry Potter, les Césars pour Des Hommes et des Dieux et Polisse. Le cinéma squatte une bonne moitié des dix premières réponses, laissant un peu de place à la musique, aux expos et reléguant les livres en queue de peloton.

Évidemment, tout phénomène amène une série d'analyses plus ou moins sérieuses, cherchant les causees de cette irrationalité qui dépasse les esprits les plus cartésiens. D'un point de vue cinématographie, on peut y voir une bonne comédie, bien écrite, bien interprétée, mise en scène avec efficacité, sans être médiocre. Intouchables est plus proche de Trois hommes et un couffin que des Visiteurs ou Bienvenue chez les Ch'tis.

Acte 1 : Marcela Iacub accuse le film d'être sarkozyste

Libération a publié deux textes voulant absolument rendre le film abject. Le raisonnement peut tenir, l'équation ne convainc pas. Ainsi Marcela Iacub (lire le texte intégral), qui a décidément un problème dès qu'elle analyse la culture après avoir attaqué prétentieusement l'exposition de Lilian Thuram au Musée du Quai Branly, qualifie le film de "propagande voilée des politiques sociales de Nicolas Sarkozy." Rien que ça. "Le succès de ce film montre à quel point la société française lui reste fidèle sur le fond et pourrait annoncer, mieux que d’autres enquêtes d’opinion, celui de l’actuel président dans les urnes de 2012. Car on sait que si jamais le chef de l’Etat était amené à faire un second mandat, son but sera de rendre chaque œuf volé au lieu d’ouvrir de grands débats afin de savoir qui devrait être considéré comme leur véritable propriétaire." Elle reproche en effet que Philippe/François Cluzet veuille récupérer l'oeuf de Fabergé que lui a volé Driss/Omar Sy. Le vol est certainement pardonnable,le personnage de Cluzet aurait pu en effet transmettre cette valeur à celui de Sy, comme une sorte de redistribution des richesses. Mais aux dernières nouvelles, l'handicapé ne porte pas plainte contre le noir, et ne fait que récupérer un objet qui lui rappelle sa défunte épouse. L'attachement sentimental n'a donc aucune valeur?

Acte 2 : Intouchables, un conte à la Cendrillon réactionnaire

Dans un autre texte (lire le texte intégral), le quotidien dit de gauche, le professeur de philosophie en classes préparatoires (c'est un métier honorable, mais à quand la tribune d'une maîtresse en cours préparatoire?) Jean-Jacques Delfour trouve Intouchables "parfaitement réactionnaire". Pour lui il s'agit de l'histoire de deux saints, "le saint crucifié par sa tétraplégie et l’autre saint qui le sert, crucifié par son milieu de naissance et sa peau, forment un couple sacré, intouchable. Leur rencontre et leur amour sont une rédemption qui les lave de tous leurs péchés : l’arrogance et la hauteur sociale pour l’un, la délinquance et la déchéance pour l’autre. Un film religieux, sans autre Dieu que la richesse qui a permis cette rencontre."

Pour lui, ce film doit son succès public, entre autres, au conte revisité de Cendrillon. "Ce conte misogyne enseigne comment changer sa vie lorsqu’on est une pauvre fillette exploitée. La beauté de cette souillon ne peut suffire : il lui faut une jolie robe, de jolies chaussures, une belle bagnole avec de beaux canassons. Mais cela ne suffit toujours pas, il lui faut de la chance : un prince riche et puissant qui daigne la trouver ravissante et ne point s’émouvoir de sa basse extraction. Le message du conte est simple : l’instruction, la culture, le désir d’émancipation, la révolte sont inutiles ; la beauté cosmétique et le hasard ont seuls quelque puissance."

Nous aurions tendance à le conforter dans son analyse, en ajoutant une donnée : si ce film est bien tel qu'il le décrit, alors il s'agit d'une comédie réaliste. Elle reflète en tous points l'Etat de notre société, la valeur de l'humain dans une civilisation consumériste et matérialiste. On peut s'en désoler, mais c'est ainsi. On taxe la culture à 7% et non pas comme un bien de première nécessité, et ça ne choque personne. On préfère le cinéma aux livres, le people à la critique, la propagande à la réflexion. Intouchables est bien un film symptomatique de notre époque, avec, en bonus, un morale basée sur la confiance en l'autre et la transgressions des barrières sociales. Mieux, Intouchables est un film sur deux minorités qui s'unissent pour retrouver une liberté, une "normalité". Il brise le tabou des handicapés, isolés, et des immigrés de deuxième génération, parqués en banlieue, sans espoir d'ascenseur social, rejetés.

Iacub a tort en expliquant qu'il n'y a pas de redistribution des richesses : le personnage d'Omar Sy trouve un job grâce à un riche un peu illuminé. Delfour n'a pas plus raison. Le personnage d'Omar Sy se met à peindre - c'est bien de la culture, non? - et grâce à son patron, se fait un beau pactole, après avoir vendu une de ses toiles à un avocat méprisable et payant certainement l'ISF.

Acte 3 : Variety n'y voit que des stéréotypes raciaux et sociaux

Avant d'en arriver à notre conclusion, on doit aussi relever la critique du magazine professionnel américain Variety. Son auteur, Jay Weyssberg, estime que Driss  (Omar Sy) est "traité comme un singe de compagnie qui apprend au blanc coincé à s'amuser, en remplaçant Vivaldi par Boogie Wonderland, et en lui montrant comment on bouge sur la piste de danse".  Le journaliste trouve qu'il est "pénible de voir Omar Sy, un acteur joyeusement charismatique, dans un rôle qui se détache à peine de l'époque de l'esclavage, dans lequel il divertit le maître blanc, en endossant tous les stéréotypes raciaux, et de classe."

Intouchables raciste. En plus d'être sarkozyste et réactionnaire. N'en jetez plus.

Intouchables est adapté d'une autobiographie, une histoire vraie. En écoutant les témoignages des deux véritables protagonistes de cette histoire, on se dit que leur vie est incompréhensible pour ceux qui la jugent. Pas l'impression de voir Driss/Abdel Sellou/Omar Sy maltraité et malheureux, même encore aujourd'hui. La fin est d'autant plus ouverte que le personnage d'Omar Sy a la vie devant lui, de l'argent, et s'est sorti de la spirale infernale des Cités sans emploi.

Au delà de tout ce pataquès philosophico-intellectuel, le film est davantage une histoire d'amitié, certes un peu misogyne, qu'un manifeste politique.

Finalement ce n est pas Intouchables qui est raciste reactionnaire et sarkozyste mais bien la France. Le film insuffle en plus un peu d'espoir, de générosité et d'altruisme, pour nous faire croire que ce n'est pas une fatalite.

Avec son nouveau film, Emmanuel Mouret se fait plaisir

Posté par vincy, le 7 octobre 2010

Ses comédies sentimentales et romantiques séduisent un public fidèle qui pourrait s'apparenter à une forme de culte. Le réalisateur-scénariste-acteur Emmanuel Mouret tourne actuellement son 7e film : L'art d'aimer. Encore une fois, il se fait plaisir dans le choix de ses comédiens. Outre les habitués (Frédérique Bel, Judith Godrèche, Ariane Ascaride), il a enrôlé les césarisés François Cluzet et Julie Depardieu, le sociétaire de la Comédie Française Laurent Stocker, la jolie Elodie Navarre, la souvent mal employée Pascale Arbillot et la vedette de la nouvelle pub Chanel, Gaspard Ulliel.

La rentabilité des stars selon Capital : une méthode trompeuse

Posté par vincy, le 30 mars 2010

capital magazine avril 2010Le magazine Capital a passé au peigne 20 acteurs et actrices françaises pour juger leur rentabilité. Valérie Lemercier et Kad Merad prennent la tête de ce classement, où Jean Réno et Christian Clavier sont bons derniers. On y retrouve Belmondo, qui ne tourne plus, et Huppert dans le bas du classement, tandis que Dujardin et Deneuve seraient des valeurs sûres. L'estimation s'est basée sur les recettes de leurs films, comparé à leurs cachets.

La méthode pose malgré tout de nombreux problèmes et nous permettent d'affirmer que ce classement n'est pas juste. D'une part, le choix des comédiens est très subjectifs. Certes on y retrouve Frot, Marceau, Adjani, Cornillac... Mais Mélanie Laurent, Marion Cotillard, Guillaume Canet, Juliette Binoche, Sandrine Bonnaire, Michèle Laroque, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Michel Blanc, Jacques Gamblin, Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Yolande Moreau, Romain Duris, André Dussollier, Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Karin Viard, Fabrice Luchini n'y sont pas. Ces énormes oublis sont gênants pour se faire une idée précise de la rentabilité des têtes d'affiches françaises.

Ensuite, une donnée essentielle que ne prend pas en compte cette "Cote des stars" ce sont les recettes à l'étranger des films pris en compte. Audrey Tautou est par exemple jugée peu rentable sous prétexte que son énorme cachet de Coco avant Chanel (1,5 millions d'euros) n'a pas rapporté gros avec un million de spectateurs au box office français. Mais Audrey Tautou a été engagée dans ce rôle grâce à sa notoriété internationale. Le film d'Anne Fontaine a d'ailleurs été la plus grosse recette dans le monde pour un film français en 2009, cumulant ainsi plus de 40 millions d'euros de recettes au total. Ca change le ratio de la rentabilité. A l'inverse, Coco, de Gad Elmaleh, s'est peu exporté, et cela diminuerait sensiblement son très bon score.

Enfin, il faut prendre en compte l'influence des télévisions, principaux financiers du cinéma français, qui réclament des stars du rire pour faire de l'audimat. Ne nous étonnons pas si Clavier, Lanvin ou Réno continuent de demander de gros cachets : ils cartonnent régulièrement à l'audimat, même avec des médiocres films. Ce qui aide à boucler les budgets avant la mise en production.

Un travail plus rigoureux n'aurait pas été inutile.  La rentabilité d'un film est complexe : elle s'étale sur des années, entre la sortie du film, en France et à l'étranger, sa diffusion en DVD, et maintenant en VOD, ses passages télévisés... Une Deneuve ou une Binoche feront le bonheur d'un producteur pour vendre un film sur des territoires lointains. Tout comme un Boon est une valeur sûre pour le petit écran. Et un François Cluzet, qui permet de récolter quelques prix...

Bilan 2009 : Kad Merad et Jean Dujardin, premiers de la classe

Posté par vincy, le 2 janvier 2010

merad-dujardin.jpgDeux hommes ont su conquérir à la fois les médias et les salles de cinéma cette année. Issus sensiblement de la même génération, étiquetés comiques, alors qu'ils ont aussi brillé dans le dramatique, Kad Merad et Jean Dujardin sont les deux comédiens les plus populaires en France, cette année encore.

Kad Merad a une longueur d'avance cependant. D'une part, comme Sophie Marceau chez les femmes, son capital sympathie est au plus haut chez les Français. Ensuite, il est le père du Petit Nicolas,  qui, avec ses 5,5 millions d'entrées sera le plus gros succès français de l'année. Pour l'acteur c'est un remake de 2008, puisqu'il était aussi à l'affiche du carton de cette année-là (et de la décennie), Bienvenue chez les Ch'tis. Tandis que son collègue Dany Boon n'a jamais pu dépasser les 2 millions de spectateurs par film (De l'autre côté du lit : 1,8 millions ; Le code a changé : 1,6 millions ; Micmacs à tire-larigot : 1,3 millions), Merad cumulait avec Safari (près de 2 millions de touristes), qu'il portait seul sur ses épaules. Et RTT est la comédie française de cette fin d'année (avec déjà plus de 800 000 glandeurs). Champion du rire.

Bien sûr il n'est pas le seul. Et Jean Dujardin n'a pas démérité cette année, une fois de plus. Loin de Un gars, une fille, définitivement détaché de son image de Brice de Nice, il parvient à séduire petits et grands sur des projets aussi différents que OSS 117, Rio ne répond plus et Lucky Luke. Dans le premier (2,5 millions de fans), il confirme son sens de la dérision, sa classe et un talent incontestable pour se glisser dans le costume d'un agent secret nullissime. Dans le second, malgré la très grande faiblesse du script, il incarne un Lucky Luke (1,9 millions de curieux) crédible à l'écran. Ses anciens films cartonnent à la télé. Et son mariage avec Alexandra Lamy fut un événement de la presse people cet été.

A ces deux beaux gosses, il faut ajouter Gad Elmaleh pour compléter le podium. Coco, qu'il a écrit, réalisé et interprété, est l'un des quatre films français à avoir dépassé les 3 millions de tickets gold. Un exploit pour une comédie très faiblardre, qui prouve l'immense popularité du comédien, sur scène comme à l'écran. Car pour le reste, le bilan est contrasté.

Parmi les acteurs qui ont marqué l'année, on retiendra quand même Denis Podalydès. Son Bancs Publics a été un flop, mais en second rôle masculin dans Neuilly sa Mère!, La journée de la jupe et Rien de personnel, omniprésent sur les planches, il reste l'un des comédiens les plus intéressants et éclectiques de sa génération. Vincent Lindon, quant à lui, est proche de son premier César (il a déjà été nommé trois fois) grâce à Welcome (1,2 millions de généreux), l'un des meilleurs films européens de l'année, et Mademoiselle Chambon (presque 500 000 amoureux). En plus d'être attachant, ses prises de position citoyennes l'ont aussi rendu plus visible dans les médias.

Soulignons aussi les succès personnels avec des films au genre prononcé de Guillaume Canet (le thriller L'affaire Farewell), Daniel Auteuil (le mélo Je l'aimais), Albert Dupontel (la comédie décalée Le vilain). Tous ont su capter le public. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, de François Cluzet, pourtant impeccable dans A l'origine, et d'une justesse impressionnante dans Le dernier pour la route, ou encore de Jean-Hugues Anglade, dont c'est le retour en grâce avec le beau Villa Amélia, le troublant Persécution et la série TV de Canal +, Braquo. Côté comiques, Franck Dubosc (Incognito) l'a emporté sur Elie Seimoun (Cyprien), mais les deux prouvent surtout l'impact du petit écran sur les entrées : soyez partout, dans n'importe quelle émission, un jour ça paiera.

Le bilan s'achèvera en fait sur un nouveau talent. Meilleur acteur européen, favori pour le César du meilleur espoir, en course pour tous les prix de l'hiver, Tahar Rahim, alias Un prophète (1,2 millions de spectateurs), a surgit de nulle part. Et emporté tout avec lui ...