Berlinale 2019 : trio amoureux à Fukuoka avec Zhang Lu

Posté par MpM, le 11 février 2019

Petit plaisir particulier de cette 69e édition berlinoise, avoir des nouvelles de Zhang Lu, réalisateur chinois que nous avions eu la chance de rencontrer au FICA de Vesoul en 2006. Il y avait d’ailleurs remporté le Cyclo d’or avec son deuxième long métrage, Grain in ear. On le retrouvait un an plus tard en compétition à Berlin avec Désert dream, puis en 2011 avec Dooman river. Ses films suivants ont ensuite eu les honneurs de Locarno (Gyeongju en 2014) et de Busan (A quiet dream en ouverture en 2016).

Le voilà donc de retour Pozdamer platz cette année avec Fukuoka, sélectionné au Forum, qui s’avère plus intéressant que la plupart des longs métrages présentés en compétition jusque-là. Même si ça n’est pas tellement difficile, vu la platitude de certains titres en course pour l'Ours d'or, il faut avouer que Zhang Lu nous surprend avec une sorte de conte allégorique qui oscille entre comédie, romance et fantastique.

Une version allégorique du cinéma d'Hong Sang-soo

Au cœur de l’intrigue, Jea-Moon, un libraire dont la vie est au point mort, qui décide sur un coup de tête de partir au Japon avec sa très jeune voisine qu’il connaît à peine. Là-bas, l’insolite duo retrouve son ancien ami et rival de collège, Hae-hyo, qui tient un bar. Tous les trois boivent, marchent dans les rues de Fukuoka, se disputent et tentent, tant bien que mal, de remettre de l’ordre dans leurs vies et leurs pensées.

Le film nous fait penser par moments à une version allégorique du cinéma d'Hong Sang-soo, avec son trio contemporain qui fait écho à l’ancien trio amoureux, et ses scènes de beuverie pleines d’humour qui n’en dévoilent pas moins la complexité des sentiments. À tout cela, Zhang Lu ajoute la tentation du fantastique, jouant avec ambiguïté sur le caractère fantomatique de certains de ses personnages, et sur l’irréalité fantasque de certaines scènes.

Emancipation

La jeune femme, So-dam, sert ainsi de médiateur énigmatique entre les deux protagonistes masculins, son plus grand pouvoir étant de permettre, par sa seule présence, aux êtres humains de se comprendre entre eux. Non seulement en aplanissant la barrière de la langue, mais aussi en rendant possible la communication en général. Cela se manifeste de manière sérieuse et profonde, lorsqu'elle incite Jea-moon et Hae-hyo à renouer le contact, mais aussi de manière plus fantaisiste, avec l'exemple du sourd muet qui met brutalement fin à un voeu de silence qui durait depuis dix années.

Le film est parsemé de jolies idées de scénario (comme celle de cette tour que l'on voit de partout, et qui disparaît pourtant, ou de cette bougie qui refuse de s'éteindre) et de plans simples (souvent fixes) mais élégants, et aux cadres recherchés. Ce n'est par exemple par un hasard si les deux personnages masculins apparaissent tous deux pour la première fois à l'écran comme engoncés dans l'image, prisonniers d'un cadre dans le cadre. Pas de hasard non plus dans l'élévation finale qui est la leur, réelle comme symbolique, et qui, en élargissant leur horizon, les libère d'une forme bien particulière de maléfice.

Zhang Lu réalise ainsi une oeuvre joyeuse, dont la légèreté apparente n'empêche nullement une profondeur plus symbolique, aux questions sans réponses. On ne sait si l'on a envie de (re)tomber amoureux après avoir vu le film, mais il est évident que l'on ne regrettera pas ce détour enchanté par Fukuoka.

Berlinale 2019: Les 39 films de la sélection Forum

Posté par vincy, le 18 janvier 2019

La 49e sélection Forum de la Berlinale comprend 39 films, pariant sur l'audace plutôt que la perfection selon son communiqué. Des films qui viennent d'Europe, d'Amérique du nord, centrale et du sud, d'Asie et d'Afrique montrent la grande diversité de la sélection.

African Mirror de Mischa Hedinger
Aidiyet (Belonging) de Burak Çevik
Bait de Mark Jenkin
Breathless Animals de Lei Lei
Chão (Landless) de Camila Freitas
Chun nuan hua kai (From Tomorrow on, I Will) de Ivan Markovic et Wu Linfeng
Demons de Daniel Hui
El despertar de las hormigas (Hormigas) d'Antonella Sudasassi Furniss
Erde (Earth) de Nikolaus Geyrhalter
Fern von uns (Far from Us) de Verena Kuri et Laura Bierbrauer
Fortschritt im Tal der Ahnungslosen (Progress in the Valley of the People Who Don’t Know) de Florian Kunert
Fourteen deDan Sallitt
Fukuoka de Zhang Lu
Heimat ist ein Raum aus Zeit (Heimat Is A Space in Time) de Thomas Heise
Kameni govornici (The Stone Speakers) de Igor Drljaca
Kimi no tori wa utaeru (And Your Bird Can Sing) de Sho Miyake
Die Kinder der Toten de Kelly Copper et Pavol Liska
Lapü de César Alejandro Jaimes et Juan Pablo Polanco
Malchik russkiy (A Russian Youth) de Alexander Zolotukhin
Man you (Vanishing Days) de Zhu Xin
Monstri. (Monsters.) de Marius Olteanu
Mother, I Am Suffocating. This Is My Last Film About You. de Lemohang Jeremiah Mosese
MS Slavic 7 de Sofia Bohdanowicz et Deragh Campbell
Nasht (Leakage) de Suzan Iravanian
Ne croyez surtout pas que je hurle (Just Don't Think I'll Scream) de Frank Beauvais
Nos défaites (Our Defeats) de Jean-Gabriel Périot (photo)
Olanda de Bernd Schoch
Oufsaiyed Elkhortoum (Khartoum Offside) de Marwa Zein
The Plagiarists de Peter Parlow
A portuguesa (The Portuguese Woman) de Rita Azevedo Gomes
Querência (Homing) d'Helvécio Marins Jr.
Retrospekt de Esther Rots
A rosa azul de Novalis (The Blue Flower of Novalis) de Gustavo Vinagre et Rodrigo Carneiro
Serpentário (Serpentarius) de Carlos Conceicço
So Pretty de Jessie Jeffrey Dunn Rovinelli
Gli ultimi a vederli vivere (The Last to See Them) de Sara Summa
Une rose ouverte / Warda (An Open Rose) de Ghassan Salhab
Weitermachen Sanssouci (Music and Apocalypse) de Max Linz, Germany
Years of Construction d'Heinz Emigholz

Berlin 2013 : un forum axé sur l’Europe et les bouleversements sociaux

Posté par MpM, le 22 janvier 2013

berlin 2013La section Forum est traditionnellement la plus audacieuse de la Berlinale, celle qui propose un cinéma de recherche et de découverte, voire d'expérimentation. Cette année, on y trouvera 41 longs métrages venus du monde entier, avec une belle représentation de l'Europe.

Les bouleversements sociaux et les périodes de transition et de changement devraient être au cœur des thématiques abordées, à l'image du film croate A Stranger de Bobo Jel?i? qui observe les divisions insurmontables entre les différentes communautés de la ville de Mostar ou The Plague de l'Espagnol Neus Ballús, à mi chemin entre documentaire et fiction,  qui suit cinq personnes d'origines diverses dans les rues de Barcelone, luttant désespérément pour leur survie.

Une fois encore, la sélection du Forum devrait ainsi ouvrir une fenêtre à la fois sur le monde tel qu'il est, mais également sur le cinéma tel qu'il est en train de se faire.

La sélection

Die 727 Tage ohne Karamo de Anja Salomonowitz (Autriche)
A Single Shot de David M. Rosenthal (USA/Grande Bretagne/Canada)
Al-khoroug lel-nahar de Hala Lotfy (Egypte)
A batalha de Tabatô de João Viana (Guinée-Bissau/Portugal)
Computer Chess d'Andrew Bujalski (USA)
Echolot d'Athanasios Karanikolas (Allemagne)
Elelwani de Ntshavheni Wa Luruli (Afrique du Sud)
Fahtum pandinsoong de Nontawat Numbenchapol (Thaïlande/Cambodge)
Fynbos de Harry Patramanis (Afrique du Sud/Grèce)
Grzeli nateli dgeebi de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß (Géorgie/Allemagne)
Halbschatten de Nicolas Wackerbarth (Allemagne/France)
Hélio Oiticica de Cesar Oiticia Filho (Brésil)
I aionia epistrofi tou Antoni Paraskeua d'Elina Psykou (Grèce)
I kóri de Thanos Anastopoulos (Grèce/Italie)
I Used to Be Darker de Matt Porterfield (USA)
Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia (France)
Krugovi de Srdan Golubovi? (Serbie/Allemagne)
Kujira no machi de Keiko Tsuruoka (Japan)
Lamma shoftak d'Annemarie Jacir (Palestine/Jordanie)
Matar extraños de Jacob Secher Schulsinger, Nicolás Pereda (Mexique/Danemark)
Materia oscura de Massimo D’Anolfi et Martina Perenti (Italie)
Das merkwürdige Kätzchen de Ramon Zürcher (Allemagne)
Le météore de François Delisle (Canada)
Mo sheng de Quan Ling (Chine)
…Moddhikhane Char de Sourav Sarangi (Inde)
Obrana i zaštita de Bobo Jel?i? (Croatie)
La Paz de Santiago Loza (Argentine)
La plaga de Neus Ballús (Espagne)
Powerless de Fahad Mustafa et Deepti Kakkar (Inde)
Sakura namiki no mankai no shita ni d'Atsushi Funahashi (Japon)
Senzo ni naru de Kaoru Ikeya (Japon)
Shirley – Visions of Reality de Gustav Deutsch (Autriche)
Sieniawka de Marcin Malaszczak (Allemagne/Pologne)
Stemple Pass de James Benning (USA)
Sto lyko de Christina Koutsospyrou et Aran Hughes (Grèce/France)
Terra de ninguém de Salomé Lamas (Portugal)
Tian mi mi de Hsu Chao-jen (Taiwan)
Vaters Garten – Die Liebe meiner Eltern de Peter Liechti (Suisse)
Viola de Matías Piñeiro (Argentine)
The Weight of Elephants de Daniel Joseph Borgman (Nouvelle Zélande/Danemark)
Za Marksa... de Svetlana Baskova (Russie)