Le Prix Jacques Deray 2019 récompense « En Liberté! »

Posté par vincy, le 7 février 2019

Le 15e prix Jacques Deray du film policier a été attribué au film de Pierre Salvadori, En Liberté!. Le prix sera remis à l'Institut Lumière le 16 février.

En Liberté! a été salué en tant que "comédie policière joyeuse et burlesque", "pour son originalité, sa fraicheur, son humour et son rythme tonitruant".

Présenté en avant-première mondiale à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier à Cannes, le 9e film du réalisateur est en course pour neuf César don meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur pour Pio Marmaï, meilleure actrice pour Adèle Haenel, meilleur actrice dans un second-rôle pour Audrey Tautou et meilleur acteur dans un second rôle pour Damien Bonnard. Il vient de recevoir le Prix Lumières des correspondants de la presse étrangère dans la catégorie scénario. Il a aussi été distingué du Prix SACD à Cannes.

En Liberté! a séduit 770000 spectateurs en France lors de sa sortie cet automne. Il s'agit des frasques d'Yvonne, jeune inspectrice de police, qui découvre que son mari, le capitaine Santi (Vincent Elbaz), héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. C'est le début d'une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.

Le film succède à Mon garçon de Christian Carion, lauréat l'an dernier.

3 raisons d’aller voir The Guilty

Posté par vincy, le 18 juillet 2018

The Guilty, thriller danois de Gustav Möller, est l'histoire d'une femme kidnappée qui contacte la police. Mais la ligne est coupée. Le policier qui a reçu l'appel ne peut compter que sur ses intuitions, son imagination et le téléphone: chaque son peut avoir son importance pour sauver son interlocutrice.

De multiples récompenses. Prix de la critique au Festival de Beaune, prix du public et de la jeunesse à Rotterdam, prix du public à Sundance, ce film danois a déjà fait parler beaucoup de lui depuis janvier. Et si c'était le polar "sleeper" de l'été, ce succès inattendu qui survient chaque année à la même période? Il y a en effet tous les ingrédients pour captiver l'audience en 85 minutes chrono. Le film peut d'ailleurs faire penser à l'excellent Buried de Rodrigo Cortes. Un huis-clos (unité d'espace) anxiogène et suffocant. Mais, en filmant en temps réel (unité de temps), le cinéaste s'offre une deuxième contrainte, qui rappelle Victoria de Sébastien Schipper. Deux formes de cinéma qui donnent à une histoire banale son aspect fascinant.

Palpitant. Pas besoin de beaucoup d'effets pour nous faire palpiter. On ne peut pas dire que The Guilty soit un film d'esbrouffe. Il a cette épure et cette austérité toute scandinave. C'est le scénario, jusqu'au dénouement, qui produit la meilleure énergie à ce film immersif qui stimule notre propre imagination. Nous sommes le flic. Nous cherchons aussi à savoir ce que nous avons entendu, compris, deviné. Non exempt de sueurs froides et de suspens, le polar a un autre atout majeur, techniquement: le travail sur le son est d'une précision millimétrée. Au passage, le cinéaste rappelle que le cinéma est un art de l'illusion fondé sur des techniques accentuant au moins deux sens: la vue et l'ouïe.

Hors-champ. C'est peut-être là ce qu'il faut retenir du film. Le spectateur interagit avec l'histoire parce que l'essentiel du récit se déroule hors-champ, c'est-à-dire dans ce qu'on ne nous montre pas. Ainsi quand la victime appelle, on sent bien la frénésie qu'il y autour d'elle. Pourtant, nous ne voyons que le visage propret du policier dans son centre d'appel. Au contraire du son qui est analysé, décrypté, décodé, l'image est laissée à notre imaginaire. Un peu comme lorsqu'on nous lit une histoire. Chaque bruit a son importance et nous projette un monde nouveau. C'est maîtrisé, tendu, efficace. Sous son apparence manipulatrice, The Guilty est surtout psychologique, voire mentale. Pour le spectateur.

Antigang au cinéma et 10 films policiers à revoir

Posté par kristofy, le 19 août 2015

Antigang

Le film Antigang de Benjamin Rocher sort aujourd'hui dans les salles de cinéma, et l’affiche a de la gueule avec 7 gueules badass, dont 2 femmes.

Autour de Jean Reno (qui nous rappelle quel acteur impressionnant il est), il y a Alban Lenoir (fidèle de Rocher avec Lazy Compagny, Goal of the dead, futur nominé au César du meilleur acteur pour Un Français), Oumar Diaw (Une histoire banale, autre meilleur film de 2014), Jean-Toussaint Bernard, Sébastien Lalanne, Thierry Neuvic, Stephen Scardicchio, Caterina Murino (James Bond girl dans Casino Royale), Stéfi Celma (dans la comédie à succès Les Profs 2), la future révélation Anne Serra

Une telle réunion de talents est d’ailleurs aussi rare que rafraichissante dans le cinéma français. A l'image d'Antigang qui secoue enfin le genre du film policier qui en avait bien besoin.

Ces dernières années, le film policier ronronnait avec toujours les mêmes acteurs interchangeables comme Gérard Lanvin (Colt 45, 96 heures, Les Lyonnais…), JoeyStarr (Les gorilles, Colt 45, La marque des anges…), Gilles Lellouche (La French, Mea culpa, Gibraltar…)... il était temps d' avoir un peu de renouveau !

Antigang, c’est des personnages mais aussi de l’action et de la comédie en équilibre pour un film qui détonne.  Si les films policiers français récents ne parviennent pas vraiment à surprendre les spectateurs, certains ont su se montrer assez mauvais genre pour qu'on s’en souvienne.

10 'film policier' à revoir :

Les Ripoux, 1984, réalisé par Claude Zidi : Philippe Noiret est inspecteur dans le 18e arrondissement de Paris, devenu son quartier de combines. Il prélève sa commission sur le dos des petits voyous pour fermer les yeux sur leurs trafics, quand Thierry Lhermitte en jeune inspecteur avec des principes arrive… César pour Claude Zidi et César du meilleur film, c’est rare qu’une comédie policière reçoive cette récompense.

Nikita, 1990, réalisé par Luc Besson : Une jeune braqueuse est condamnée pour avoir tué un policier, sa seule porte de sortie est d’être formée comme tueuse professionnelle pour le compte des services secrets français… Premier film de Luc Besson à défier le savoir-faire des Américains (il y aura ensuite remake et série-télé), premier personnage de femme héroïne d’un film d’action avec un César de meilleure actrice pour Anne Parillaud.

L.627, 1992, réalisé par Bertrand Tavernier : une fiction aux allures de documentaire dans le quotidien du travail de policiers et leurs actions de lutte anti-drogue, et la révélation de Philippe Torreton.

Dobermann, 1997, réalisé par Jan Kounen : face à une redoutable bande de braqueurs de banque il y a le sauvage commissaire Tchéky Karyo qui n’a que faire du règlement de police, le Dob’ sera sa chasse à l’homme… Une claque de mise-en-scène qu’on n’a guère revu depuis.

Le cousin, 1997, réalisé par Alain Corneau : Alain Chabat en policier et Patrick Timsit en indic, dans des contre-emplois dramatiques et sérieux, quand il s’agit de fabriquer des ‘affaires’ pour en élucider certaines et pas d’autres… Le dernier film policier de Alain Corneau qui a eu un véritable succès public (10 ans plus tard Le deuxième souffle et Crime d’amour seront plutôt des déceptions).

Les rivières pourpres, 2000, réalisé par Mathieu Kassovoitz : Jean Reno dirige une enquête qui rejoint une enquête de Vincent Cassel. Tous deux vont collaborer, avec leurs différentes méthodes, pour relever des pistes vers une machination effroyable… C’est le premier roman policier de Jean-Christophe Grangé qui sera transposé au cinéma, et de loin la meilleure adaptation (suivront plus tard Le concile de pierre, L’empire des loups, La marque des anges).

Le Petit Lieutenant, 2005, réalisé par Xavier Beauvois : Un jeune originaire de Normandie fraichement émoulu lieutenant de l'école des officiers de police arrive en poste à Paris dans une brigade criminelle, son commandant est une femme marquée par un passé d’alcoolisme… Une plongée dans le quotidien des policiers, comment les enquêtes déteignent sur leurs vies. Nathalie Baye est une des rares femmes flic à l’écran, rôle qui lui a valu un César de meilleure actrice.

Polisse, 2011, réalisé par Maïwenn : Une incursion dans le travail de policiers d’une brigade de protection des mineurs, avec comme un catalogue de souffrances des enfants et des comportements délictueux des adultes. Film choral qui remporta le Prix du jury au Festival de Cannes 2011.

Une nuit, 2012, réalisé par Philippe Lefebvre : Le temps d’une nuit le flic de la mondaine Roschdy Zem fait le tour des différents bars nocturnes accompagné par la débutante Sara Forestier, elle va découvrir un imbroglio entre différents mafieux et policiers… Une belle tentative de tenir un film uniquement le temps de quelques heures, uniquement dans divers bars et une voiture, la nuit.

De l'autre côté du périph, 2012, réalisé par David Charhon : La rencontre du flic des beaux quartiers Laurent Lafitte et d’un autre de banlieue Omar Sy pour une enquête, chacun ses méthodes et ses préjugés, le scénario évoque avec légèreté des trafics de caisse noire entre responsables du patronat et des syndicats politiques… Une comédie entre hommage et parodie qui a su devenir un succès public.

La loi et l’ordre (Righteous Kill) : ça laisse froid…

Posté par geoffroy, le 6 octobre 2008

righteoustokill.jpgSynopsis: Après avoir passé trente ans ensemble dans la police de New York, les détectives Turk et Rooster sont prêts à tout, sauf à prendre leur retraite. Peu avant leur départ, plusieurs criminels ayant échappé à la justice sont assassinés selon un mode opératoire qui rappelle celui d'un serial-killer que les deux enquêteurs ont mis sous les verrous plusieurs années auparavant. Une insupportable question se pose alors : Turk et Rooster se seraient-ils trompés ?
L'officier Karen Corelli (Carla Gughino) s'interroge, et les détectives Perez (John Leguizamo) et Riley (Donnie Wahlberg) espèrent résoudre l'affaire avant Turk et Rooster. Très vite, le lieutenant Hingis (Brian Dennehy), leur chef, commence à craindre qu'un policier ne soit impliqué. C'est le début d'une enquête à hauts risques...

Notre avis: Douze ans après l’étourdissant polar urbain que fut Heat de Michael Mann, Jon Avnet signe les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino dans La Loi et l’Ordre, improbable polar mou du genou et de la tête. Pour tout dire nous assistons, consternés, à un enlisement scénaristique digne d’un mauvais requiem de fin de carrière tant l’histoire est convenue, caricaturale et surtout dénuée d’intérêt. Le réalisateur ne nous épargne rien et passe complètement à côté de son formidable sujet, à savoir réunir sur la même affiche ces deux monstres sacrés. Au lieu de construire un polar tendu prenant en compte cette donnée indispensable, le scénario les ringardise outrageusement puis les enferme dans une intrigue absurde qui essaie sans une once d’intelligence de juxtaposer par effet d’opposition malhabile les carences d’une justice grippée et le recours, ainsi légitimé, de la loi du talion.

L’ensemble est si pauvre, si peu argumenté et tellement mal amené qu’il n’est pas surprenant de voir nos deux acteurs dérouler un jeu bien en deçà de leurs talents habituels. Pacino nous la joue sur du velours de supermarché en solde tandis que De Niro cabotine à qui mieux mieux en espérant épaissir la lamentable caractérisation de son personnage. Et pourtant, ils captent l’attention, bouffent chaque scène et sauvent ce qu’ils peuvent du naufrage. Le butin, bien maigre, s’accommode d’un scénario prévisible et ronflant qui pousse l’affront jusqu’au rebondissement final lui-même injustifiable, indigeste, grossier et, osons l’affirmer, inepte. La mise en scène ne rattrape aucune faiblesse et se trouve de toute façon incapable d’insuffler le moindre dynamisme à même d’explorer les psychologies en saillie.

Jon Avnet aurait dû revoir ses classiques. Il aurait compris qu’avec ce genre d’acteur il faut pouvoir créer des espaces de liberté, des lignes de fracture, des tonalités discordantes, des nervures dans le jeu afin d’autoriser l’éclosion d’interprétations en interaction. C’est ce que nous attendions, c’est ce que le public est en droit d’attendre. Le miracle n’a pas eu lieu, la saveur d’une rencontre mythique non plus. Après la désillusion des premières bobines, l’ennui pointera le bout de son nez lui-même remplacé, dès les lumières rallumées, par un sentiment violent de frustration nous faisant regretter le jour où De Niro accepta la proposition d’Avnet.