Le BIFFF 2015 récompense Frankenstein de Bernard Rose

Posté par kristofy, le 20 avril 2015

La 33e édition du Bruxelles International Fantastic Film Festival (BIFFF pour les intimes) a fait couler des larmes et du sang, et sa résurrection d’outre-tombe est bien entendue déjà prévue pour 2016, ‘à l’aise’ selon l’expression belge.

Pendant 13 jours il y a eu une centaine de films, quelques unes en avant-première mondiale. Plusieurs jurys se répartissaient la Compétition Internationale, la Compétition Européenne, la Compétition 7ème Orbit, la Compétition Thriller… Pour les films en Compétition Internationale le jury 2015 était composé de Richard Stanley, Andy Muschietti, Timo Vuorensola et Jonas Govaerts.

Une fois n'est pas coutume, c'est un film britannique qui a remporté le Corbeau d'or. C'est la quatrième fois qu'un film anglais repart avec le prix suprême et la deuxième fois que Bernard Rose est sacré, 26 ans après Paperhouse. Le cinéma espagnol, toujours très en forme, est quand même reparti avec quelques prix puisque 3 des 6 films que nous avions vus sont repartis récompensés.

Le palmarès de la Compétition Internationale :

- Corbeau d’Or, Grand Prix : Frankenstein réalisé par Bernard Rose (lire Bernard Rose revient aux sources avec Frankenstein)

- Corbeau d’Argent ex aequo: The Infinite Man réalisé par Hugh Sullivan
- Corbeau d’Argent ex aequo: Goodnight Mommy réalisé par Veronika Franz et Severin Fiala

-mention spéciale : Starry Eyes réalisé par Kevin Kolsch & Dennis Widmyer
-Prix spécial du jury (prix Hong-Kong Economic and Trade Office pour leur 50e anniversaire de présence à Bruxelles) : The Blue Elephant réalisé par Marwan Hamed

Le palmarès des autres sections :

- Méliès d’Argent : L’altra Frontera réalisé par André Cruz Shiraiwa
- mention spéciale pour la direction artistique : Musaranas réalisé par Juanfer Andres & Esteban Roel

- Prix Thriller : La Isla Minima réalisé par Alberto Rodriguez

- Prix du 7e Parallèle : Liza,The Fox-Fairy réalisé par Karoly Ujj-Meszaros
-mention spéciale : l’acteur Leland Orser dans Faults réalisé par Riley Stearns

-Prix du Public : Liza,The Fox-Fairy réalisé par Karoly Ujj-Meszaros

L’année dernière le Corbeau d’Or et le Prix du Public était du même avis en sacrant Les Sorcières de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia, et cette année 3 films espagnols sont encore cités. Pour la Compétition Internationale il y avait 15 films. Frankenstein, The Infinite Man, Goodnight Mommy étaient clairement dans les favoris, aux côtés de Spring et The House at the end of times.

Certains des films les plus forts étaient hors-compétition ou n’ont pas été récompensés puisque la plupart des jurys délibèrent pour un seul prix (et cette année plusieurs mentions spéciales), comme par exemple Sea Fog (sorti déjà en France le 1er avril), Eat, Therapy for a vampire, The stranger, Luna de miel, The terror live… Un élément troublant distingue l’ensemble de ce palmarès : certains films primés reposent sur une ambiance étrange où presque tout est permis (même à la limite du crédible) pourvu qu'un twist final sauve l'absurde situation. C’est le cas de Goodnight Mommy, Starry Eyes, Another Frontier, et Faults où selon le cas seule la fin justifie un film un peu mou dans sa durée.

Dans le vaste programme des films toutes sections confondues le public a préféré Liza,The Fox-Fairy qui est une comédie très réussie, avec une histoire romantique contrariée par un fantôme (le BIFFF c’est aussi quelques films romantiques drôles). En voici une bande-annonce :

BIFFF 2015 : 6 films qui prouvent que le cinéma espagnol est (toujours) maître du genre

Posté par kristofy, le 19 avril 2015

Au BIFFF, les films espagnols ont toujours eu la côte. Pour ce qui de la compétition internationale le trophée du Corbeau d’Or a d’ailleurs été gagné par Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera en 2013 et par Les Sorcières de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia en 2014.

La Isla Minima (Marshland) réalisé par Alberto Rodriguez (El traje, Les 7 vierges, Groupe d’élite)

C’est le film espagnol qui vient de remporter 10 Goya (les César espagnols) contre l’autre film multi-nominé El nino, pourtant meilleur. Le film se déroule à l'époque de la fin de la dictature de Franco. Dans une région où les ouvriers des champs font grève pour obtenir une augmentation, deux sœurs d’environ 16 ans ont disparue. Les pistes d’une fugue ou d’un enlèvement sont envisagées avant que l’affaire ne soit reliée à un autre crime sexuel sur une autre adolescente… Deux policiers suivent les différents indices qu’ils reçoivent au fur et à mesure (y compris des envois anonymes) plutôt que d'enquêter véritablement. Ils vont parler à différents protagonistes… La Isla Minima est un film qui souffre d'être (trop) proche de la série True detective ; avec deux détectives dans le bayou, ici transplantés dans la pampa espagnole. Même la fin ouverte pour une suite fait attendre un nouvel épisode au spectateur. Sortie en salles le 15 juillet.

El nino réalisé par Daniel Monzon (Cellule 211)

C’est l’autre film espagnol multi-nominé (13 catégories) aux Goya. Le film raconte plusieurs histoires en parallèle. Elles vont se croiser, avec la description de l’organisation d’un trafic de drogue entre le Maroc et l’Espagne via Gibraltar. Ceux qui en profitent et ceux qui essaient de le combattre. Il y a l’histoire des policiers qui enquêtent sur les gros bonnets d’un réseau international et qui patrouillent en hélicoptère au dessus de la mer pour intercepter les embarcations chargées de marchandises, le récit de trois jeunes qui après avoir participer au transport pour une bande vont organiser eux-mêmes leur réseau, et la chronique de différents gros trafiquants qui ont des indics dans la police pour organiser des leurres et faire passer des tonnes de marchandises dans des containers… Au casting on retrouve Luis Tosar, Sergi Lopez, et la révélation du jeune Jesús Castro qui est ici la vedette du film (il a aussi un rôle dans La Isla Minima). Le film serait comme une version européenne du Traffic de Steven Soderbergh, avec un aspect plus documentaire et une immersion encore plus réaliste.

La Ignorancia de la Sangre réalisé par Manuel Gomez Pereira (Entre ses jambes , Reinas)

Ici, malheureusement, le film ne parvient pas à convaincre, il commence en Espagne avec des mafieux russes proxénètes et se termine avec des terroristes islamistes au Maroc, avec, comme fil rouge, l’enlèvement du fils de Paz Vega, la compagne du policier Juan Diego Botto . L’histoire est l’adaptation d’un roman de Robert Wilson (le quatrième volume d’une série dans le style Robert Ludlum). Dans le film, seul le charisme du héros parvient à convaincre dans une narration sans réel intérêt…

Automata réalisé par Gabe Ibanez (découvert à La Semaine de la Critique de Cannes 2009 avec Hierro)

Dans un futur peut-être pas si éloigné, les conditions de vie sur Terre se sont bien dégradées avec quelques pluies acides sur la Cité où demeure à peine 1% de la population, cohabitant avec quelques robots. Comme dans la plupart des films sur la robotique, il y a au départ les célèbres principes d’Asimov: ici les robots ont été conçus selon deux protocoles : un robot ne peut pas nuire à une forme de vie humaine et un robot ne peut pas se modifier lui-même. Tout comme le film I Robot avec Will Smith, Eva de l’espagnol Kike Maillo (avec Daniel Brühl  et Marta Etura ) ou la série danoise Real Humans, on se doute que quelque chose d’imprévu va arriver avec les machines… Antonio Banderas est un agent d’assurance qui trouve le cas d’un robot qui se serait réparer tout seul : ‘une auto-réparation implique la notion de conscience’. Ici Antonio Banderas va être emmené dans le désert où des robots ont un projet… Il est question de Biokernel modifié (le système opérationnel des robots) qui va amener plusieurs interrogations métaphysiques. Par deux fois on entendra la phrase clé du roman de Michael Crichton Jurassic Park : ‘la vie finit toujours par trouver son chemin’ à propos des progrès de la science qui ne sont pas forcément un progrès pour l’Homme. Automata est un récit d’anticipation qui évoque la possible fin de l’humanité sur Terre.

L’altra Frontera réalisé par André Cruz Shiraiwa

On découvre des gens qui marchent péniblement sur des routes, c’est semble-t-il la guerre et il n’y a plus ni essence ni eau. Une mère et son petit garçon vont emmener avec eux une fillette. La destination est un refuge où ils espèrent être accueillis; il s’agit en fait d’un immense campement où chaque famille peut vivre dans un genre de mobil-home à condition de suivre les règles de cette nouvelle communauté, comme travailler à des tâches imposées. Dans cette vaste enceinte, tout est filmé et écouté pour un programme de téléréalité, et à l’intérieur on comprend vite les règles. Pour passer du niveau C au niveau A (plus de confort et l’espérance d’un visa pour une vie meilleure), il faudra faire tout ce qu’il faut pour gagner des points de popularité : être le plus fort, être la plus séductrice, protéger son secret, trahir… Le film est une énième critique de la téléréalité qui a des années de retard pour être pertinent, sauf avec un rebondissement surprise à la fin…

Musarañas réalisé par Juanfer Andrés et Esteban Roel (coproduit par Alex de la Iglésia)

Dans l’Espagne des années 50, deux sœurs imprégnées des principes de la religion vivent ensemble confinées dans le même appartement depuis trop longtemps, depuis la mort de leurs parents. L’ainée inquiète de l’avenir est couturière mais souffre d’une agoraphobie qui l’empêche de sortir de l’appartement, l’autre qui vient tout juste d’avoir 18 ans espère s’éloigner de son passé. Un jour un homme blessé tombe devant leur porte. Les deux sœurs vont s’en occuper de manière différente et vont devoir s’affronter… On y retrouve Macarena Gómez, extraordinaire, Nadia de Santiago, Hugo Silva et Luis Tosar et Carolina Bang.
Chaque année ou presque l’Espagne produit un film de genre qui fait date comme L’echine du Diable, Les autres, Le labyrinthe de Pan, L’orphelinat, Rec, Les yeux de Julia, Insensibles…, et cette année le grand film espagnol sera donc Musarañas . Le film, presque un huis-clos, commence par montrer différentes pièces d’un puzzle avant des les réunir dans un ensemble qui va devenir de plus en plus oppressant pour devenir sanglant. Un petit chef d’œuvre, qui a fait le tour des festivals, et dont on va reparler bientôt. Si un distributeur français est trouvé.

BIFFF 2015 : 5 raisons pour attendre l’invasion de Robot Overlords

Posté par kristofy, le 18 avril 2015

Dans un futur proche, les robots ont envahi la Terre, après une guerre perdue au bout de 11 jours. Les populations ont été regroupées selon différentes zones géographiques et tout le monde à un capteur implanté au crâne indiquant sa position. Il y a une règle importante à ne pas enfreindre: un couvre-feu qui interdit de quitter le domicile attribué; toute sortie à l’extérieur en dehors des règles fait intervenir un petit robot qui intime l’ordre de vite rentrer en quelques minutes, sinon il tire… Quelque part en Angleterre, un adolescent trouve par hasard le moyen de désactiver son capteur de géolocalisation et celui de quelques amis : et voila trois ados et un petit gamin qui partent en vadrouille dans une quête contre les robots… Voilà ce que raconte l'un des films événements du BIFFF 2015. Et à vrai dire, ça méritait le détour....

5 raisons d’attendre Robot Overlords :

Jon Wright : Ce réalisateur est autant amoureux de la science-fiction que de l’ambiance des villes côtières britanniques. Son film précédent Grabbers (d’ailleurs au BIFFF 2013) se déroulait dans un petit village tranquille en bord de mer où des évènements étranges vont agiter cette petite communauté dont le bar sert de QG : une invasion extraterrestre ! Les féroces bestioles attaquent tout ce qui bouge sauf les vieux qui sont imbibés d’alcool, alors la résistance s’organise : que tous soient ivres pour lutter contre l’envahisseur… Grabbers était une réjouissante comédie avec des monstres extraterrestres, et Jon Wright a le feu vert pour passer à la vitesse supérieure et réaliser un film bien plus ambitieux à tous les niveaux. Plutôt que de migrer l’action aux Etats-Unis, il préfère rester sur ses côtes britannique. Plutôt que quelques monstres, il va créer cette fois toute une armée de robots dominant la Terre, et il emmène avec lui Ben Kingsley et Gillian Anderson !

Gillian Anderson : Elle va reprendre son rôle de Dana Scully pour 6 nouveaux épisodes de X-Files, 13 ans après la fin (temporaire) de la série, mais elle est aussi une actrice de cinéma (sous-employée). Pourtant elle participe à plusieurs films de genre comme le ‘rape and revenge’ Traque Sanglante (avec Danny Dyer) ou l’expérience du voyage dans le temps dans I’ll follow you down (avec Haley Joel Osment) d’ailleurs présenté au BIFFF en 2014. Cette fois la jolie rousse joue une brave mère-courage qui doit protéger des enfants et faire face à la convoitise d'un méchant… Dans Robot Overlords on découvrira une Gillian Anderson qui s’amuse à jouer son personnage avec une fantaisie rare, doigt d’honneur compris.

Ben Kingsley : Il ne faut pas se mentir, dernièrement, il a cachetonné jusqu’à se caricaturer lui-même dans des films tels que La statégie Ender, Stonehearst asylum, ou même Iron man 3… Ici aussi il hérite (encore) du rôle du méchant de service, mais son rôle comporte plusieurs dimensions (traître, collaborateur, amoureux, machiavélique…) qui lui offre l'opportunité de jouer sur plusieurs nuances. On retrouve le grand acteur qu’il est, et lui aussi semble s’amuser de participer à un film où les héros sont des robots et des adolescents…

Les robots : On est loin des robots de Transformers qui font mal à la tête, heureusement. Ici les robots ont un look un peu rétro avec des formes rectangulaires pour ceux qui marchent. Pour ceux qui volent, on est plus proche des drônes. Sans oublier le robot-humanoïde (joué par Sonny Green) , en apparence petit et inoffensif, qui sert de cadeau surprise au scénario. Ce n'est pas un univers technologique extraordinaire. Le postulat de base de l’invasion des robots, leur motivation et leur fonctionnement, apparaît ici comme une histoire de science-fiction vintage, qui est très plaisant.

Les adolescents : Les héros se sont eux, joués par Callan McAuliffe, Ella Hunt, James Tarpey et Milo Parker en petit gamin espiègle et irrésistible. Si le premier a toutes les caractéristiques attendues du héros, les autres renouvellent plutôt le genre. Même l’inévitable love-story possible est traitée avec humour: la séduction/la déclaration/le bisou sont amenés avec une légèreté bienvenue. On retrouve à travers les pérégrinations hasardeuses des ces quatre personnage à la fois le goût de l’aventure et la complicité proche de l’univers des productions de Steven Spielberg. Attachement garanti.

Robot Overlords se révèle une bonne surprise autant qu’une aventure familiale, le film jouant autant avec le spectaculaire que l’humour. Le film est sorti fin mars en Angleterre, mais il n' a pas encore de date de sortie française.

Bande annonce

BIFFF 2015 : Luna de miel, la sensation forte venue du Mexique

Posté par kristofy, le 17 avril 2015

Une autre grande avant-première mondiale au BIFFF 2015 a su terrifier la salle comme rarement. Alors que d’autres films ne font peur que par moments, il en est certains où l’angoisse monte crescendo, et c’est la cas de ce film mexicain : Luna de miel (Honeymoon) réalisé par le jeune Diego Cohen (30 ans et déjà plusieurs films réalisés et 4 projets de productions en cours) avec l’actrice Paulina Ahmed, venus ensemble dans la capitale belge pour présenter le film.

On vous raconte l'histoire: Un homme suit régulièrement une jolie jeune femme qui fait son jogging et essaie maladroitement de lui parler. Cet homme ira dans des magasins acheter divers articles notés dans une liste : une douche, un collier pour chien anti-aboiement, des doses de médicament anesthésique… Et un jour cet homme va kidnapper cette jeune femme pour l’attacher dans sa cave. L’horreur peut commencer. Cet homme va torturer psychologiquement et physiquement la jeune femme en exigeant d’elle qu’elle devienne sa femme et qu’elle l’aime, du moins en apparence, car la situation va évoluer ensuite… Luna de miel reprend à son compte certains clichés de films d’horreur comme la figure du pervers avec des problèmes relationnels et les souffrances du ‘torture porn’ pour manipuler les spectateurs avec un scénario qui joue avec les nerfs. La mise en image particulièrement réussie installe une ambiance qui prête à la surenchère de scènes qui font froid dans le dos et qui joue avec les attentes et surtout les peurs du public.

Luna de miel se déroule dans un quartier de Mexico, une capitale du kidnapping qui a fait plusieurs fois l’objet de faits divers dans les journaux. L’homme qui séquestre la jeune femme n’est autre que l’acteur Hector Kotsifakis, qui avait d’ailleurs un petit rôle du même genre dans Daniel y Ana (à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2009).  Il est à la fois charmeur et terrifiant. Ce contexte fait qu’on peut craindre le pire pour ce qui va advenir de la jeune prisonnière, la belle Paulina Ahmed, dont c’est le premier rôle devant une caméra. Son corps et ses regards transmettent aux spectateurs la violence de ce qu’elle va subir.

"J’ai enlevé beaucoup de dialogues pour en faire des actions visuelles"

Paulina Ahmed : « Je viens de vivre ma plus belle expérience ici avec en même temps le film sur l’écran et vous le public du BIFFF, vous êtes incroyables. En voyant le film je me souviens de certaines douleurs de mon corps en le faisant, c’était éprouvant. Je suis très contente que vous, le public, ayez eu une connexion émotionnelle autant avec le personnage de l’homme qu'avec le mien. Je sortais d’une école de comédie où on apprend à préparer en amont un personnage, mais là, pour mon premier rôle dans un film, j’ai appris qu’il fallait être toujours concentrée sur le moment présent et d’être prête aux changements que voulait faire le réalisateur au moment de tourner. »

Diego Cohen : « Elle a dû subir quelques ‘tortures’ comme être attachée pendant plusieurs heures, mais elle a pris ça de manière formidable alors que d’autres actrices seraient parties. Au début je voulais une ambiance de comédie romantique, ce qui explique la chanson quand ça commence. Mais très vite, je voulais évoluer vers une autre ambiance, plus angoissante, quand on comprend que quelque chose se prépare et encore une autre ambiance quand on va découvrir un autre visage des personnages. La structure du scénario de Marco Tarditi Ortega était déjà là dès l’origine mais il y avait beaucoup de dialogues, trop. J’ai enlevé beaucoup de dialogues pour en faire des actions visuelles, j’ai réécrit le script de cette manière. Au montage, j’ai particulièrement travaillé avec le sound-designer sur les contrastes entre le son et l’image. En tournant le film je savais ce qui était bon, mais après le montage final, j’ai été étonné que le film soit vraiment bon. »

Luna de miel de Diego Cohen est l’un des favoris des film de la sélection Compétition Thriller.

BIFFF 2015 – Dealer: le film qu’on ne verra peut-être pas en France mais qui a séduit les Américains

Posté par kristofy, le 14 avril 2015

Le BIFFF 2015 (Bruxelles International Fantastic Film Festival) n'a pas le choix: la Corée du Sud et l’Espagne, maîtres du genre, sont très bien représentées tandis que la France est malheureusement quasiment absente… Dealer réalisé par Jean-Luc Herbulot, est donc, facilement, LE film français du BIFFF qui était à voir.

Commençons par l'histoire: Dan est un trafiquant de drogue qui à l’habitude des petits deals dans son quartier nord de Paris, il sait les combines, les risques et surtout les galères. Un client qu’il connaît bien se présente à lui avec une commande urgente d’un kilo de cocaïne et la promesse d’une grosse somme. D’habitude, Dan ne touche pas à cette drogue mais il rêve de partir loin pour une autre vie en Australie alors il accepte. Il sait qui aller voir pour se procurer ce kilo mais il n'a que quelques heures pour ramener l'oseille. Il préfère cacher le paquet de drogue chez lui avant la transaction. Las, une mésaventure plus tard et le paquet a été volé. Il n’a plus la drogue pour le client et il n’a pas l’argent pour son fournisseur : il a donc peu de temps pour trouver 40 000 euros…

Micro budget et tournage en 12 jours

Le film montre à toute vitesse ces quelques heures pendant où Dan fait le deal, perd tout, se retrouve ensuite avec une dette encore plus grande de 70 000 euros ! Il va d’un endroit à un autre avec son pote et on découvre toute une galerie de personnage dans un Paris interlope: une pute sans scrupules, un gang de camerounais sans pitié, des manouches sans peur… Dealer est un thriller où tout bouge à toute vitesse, autant les paroles que les images. Une descente aux enfers où, pour le héros, tout va de pire en pire. Le film est emmené par l’acteur Dan Bronchison, qui en est aussi le producteur. Il est presque constamment à l’écran. Lui et le réalisateur Jean-Luc Herbulot ont choisi une mise en image au plus proche d’une réalité crue, comme une immersion dans tout ce qui peut mal tourner dans le quotidien d’un trafiquant de drogue. Le film adopte un récit guidé par la voix-off du personnage principal et des inscriptions qui apparaissent presque comme des chapitres (le deal, le client, grosse chaleur, le braquo…), on est bien dans une fiction sans glorification des truands. Langage et personnages de la rue. Le tout a été tourné en 12 jours pour un petit budget (165 000 euros), et cela donne un vrai film qui fait bouger les lignes du cinéma français.

Prochain film avec Joel Kinnaman et Rosamund Pike

Dan Bronchinson : «On nous parle beaucoup d’une influence de Pusher de Nicolas Winding Refn, en effet mais on pourrait aussi évoquer Transpotting, Cours Lola cours, La 25ème heure… Dans l’histoire il y a des éléments qui sont vraiment du vécu par certaines personnes bien réelles, mais c’est du passé. Pour la scène de torture, ce genre de chose est arrivé à une ancienne connaissance. Le but de cette scène qui est violente mais pas gratuite était de montrer que le méchant qui donne les ordres était vraiment très méchant. L’aspect filmé de façon réaliste renforce l’impact de la scène de torture… »

Jean-Luc Herbulot : « Dealer devrait sortir en Suisse, en Allemagne, en Grèce, en Turquie, mais des discussions sont encore en cours pour une éventuelle sortie en Belgique et même en France où ce n’est pas évident de faire aboutir les choses. En France ce genre de films peut exister avec ce qu’on appelle une ‘sortie technique’ par exemple une poignée de salles pendant deux semaines, mais on voudrait que ça soit plus beaucoup plus large que ça. On voulait faire quelque chose de différent de ce qui se tourne habituellement en France, ce qui n’est pas très difficile… Parallèlement à cette situation, il y a des américains qui ont adoré le film et qui m’ont proposé de réaliser mon prochain film aux Etats-Unis : le tournage se prépare pour cet été et ça s’appelle The Bends avec Joel Kinnaman (il est dans Night Run avec Liam Neeson, dans Kinght of cups de Terrence Malick, dans le prochain Suicide Squad de David Ayer…) et avec Rosamund Pike (nominée à un Oscar pour Gone Girl de David Fincher), Un sacré casting donc. Je veux aussi continuer de développer les suites de Dealer puisque le projet initial était d’en faire une trilogie. Deux autres films étaient prévus, deux suites qui doivent mettre en avant certains des personnages déjà vus mais à un autre moment de leur histoire. »

Bande annonce du film

BIFFF 2015 – Bernard Rose (Candyman) revient aux sources avec Frankenstein

Posté par kristofy, le 14 avril 2015

Le BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) profite de son statut pour présenter quelques films en avant-première mondiale. C'est le cas de Frankenstein en présence de son réalisateur britannique Bernard Rose.

Son Frankenstein est porté par un casting de choix : Xavier Samuel très impressionnant (em>My Best Men, Perfect Mothers, Fury...), Carrie-Ann Moss (la Trinity de Matrix), Danny Houston (qui était dans son Two Jacks) et Tony Todd (Candyman).

Pour le réalisateur, c'est à la fois un retour aux sources du fantastique et un retour devant son premier public: son film Paperhouse avait gagné au BIFFF le prix du Corbeau d’Or en 1989, et présenté le film qui a fait sa renommée, le célèbre Candyman en 1992.

Durant les années 90 Bernard Rose a aussi signé deux films prestigieux Ludwig van B. (avec Gary Oldman et Isabella Rossellini, 1994) et Anna Karénine (avec Sophie Marceau et Sean Bea, 1997n), puis d'autres films comme Mr Nice (avec Rhys Ifans et Chloë Sevigny, 2010) ou Two Jacks (avec Billy Zane et Sienna Miller, 2012). Ses autres réalisations fantastiques ont eu moins de succès, mais elles représentent sa version de genres revenus à la mode comme le 'torture-porn' avec Snuff-movie en 2005 (suite aux Saw et Hostel...) et le 'found-footage' avec Sx Tape en 2013 (suite aux Rec et Paranormal activity...). Son tout nouveau film est en quelque sorte à la croisée de sa filmographie : l'adaptation d'un classique de la littérature et une version moderne du personnage du monstre...

Monstre moderne

Le roman de Mary Shelley se situe dans l'Angleterre de 1818, et Bernard Rose transpose cette histoire de nos jours à Los Angeles. «Je trouve que cette histoire du docteur Frankenstein n’est pas à propos de quelqu’un qui a créée un monstre mais peut-être davantage perçue comme quelqu’un qui donne la vie.» Donc un 'être humain' se découvre dans ce qui ressemble à une salle d’hôpital, il découvre les gens autour de lui qu'il identifie comme des parents mais eux découvrent une erreur de mutation cellulaire qui lui cancérise la peau... Leur créature va leur échapper et se retrouver dans la ville, avec des policiers à ses trousses. Il trouvera refuge auprès d'un SDF, avant que la panique ne grandisse... Si le décor est moderne, Bernard Rose à garder en voix-off et le ton poétique du roman :  «puisque je ne peux inspirer l’amour, que je cause l’effroi.»

© kristofy / ecrannoir.frA l'issue de la projection Bernard Rose a partagé avec le public sa vision du mythe de Frankenstein :

Dupliquer la nature est un fantasme scientifique

«Le roman original a été écrit au début de la révolution industrielle, il y a environ 200 ans, on découvrait peut-être à peine que l’électricité puisse avoir comme pouvoir d’animer un tissus humain. C’est le premier roman de science-fiction, le premier roman d’horreur. Deux siècles après aujourd’hui on arrive à la création de nouveaux tissus humains comme de la peau ou même des organes artificiels avec une imprimante 3D. Si on créer un être humain de toute pièce, qu’en est-il de la conscience ? Le roman était novateur et en quelque sorte prévoyant, l’histoire est toujours passionnante à notre époque. Le fantasme de créer la vie de manière scientifique est peut-être quelque chose qui vient plus d’un homme que d’une femme. Dans le film, il y a un créateur médecin homme mais aussi une femme médecin, d’ailleurs le roman qui évoque les questions de ce danger a été écrit par une femme. En tout cas dupliquer la nature est un fantasme scientifique.
Pour moi le film devait commencer avec l’éveil à la vie du monstre et finir avec sa mort, le film est raconté de son point de vue à lui. Une chose amusante, c’est la scène où un policier tue un chien : beaucoup de gens trouve ce moment violent ou triste. Dans les films on peut voir des dizaines de personnes se faire tuer et ça passe, mais quand c’est un chien, bizarrement, ça touche plus les émotions de certains spectateurs, c’est étrange non ?»

Le défi c'est la distribution des films

«La production de films est en quelque sorte plus facile aujourd’hui par rapport à avant. Le défi c'est surtout la distribution des films. Presque tout se retrouve sur internet quasiment gratuitement, sans que des droits d’auteur soient reversés. Peut-être que des auteurs vont demander de l’argent aux fournisseurs d’accès à internet ? A la télévision on voyait des films gratuitement mais ce sont les chaines de télévision qui payaient des droits pour les diffuser, avec l’argent des publicités. Aujourd’hui les spectateurs vont de la télévision vers Internet pour les films.»

Le film n'a toujours pas de distributeur en France.

BIFFF 2015: Bruxelles met à l’honneur zombies, psychopathes, démons et autres créatures fantastiques

Posté par kristofy, le 6 avril 2015

Le 33ème BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) se déroulera du 7 au 19 avril dans la capitale du ‘cinéma de genre’ : fantasy, thriller, science-fiction, psychopathes divers et zombies avariés seront au rendez-vous... Avec Porto et Sitgès, c'est le plus grand festival de genre en Europe. Il y a aura plus d’une centaine de films au menu. En ouverture, au choix The Taking of tiger mountain 3D de Tsui Hark ou Burying the ex de Joe Dante, qui d’ailleurs sera présent pour devenir Chevalier de l’Ordre du Corbeau (l’hommage du festival).

Le plus fantastique des festivals de films fantastiques va faire découvrir quantités de films attendus en avant-première mais aussi beaucoup de pépites invisibles.

Il y aura un Focus Argentine et une rétrospective de films de kung-fu.

Certains titres ont à leur générique des stars bien connues dans des rôles à faire peur : Faults avec Mary-Elizabeth Winstead; Pats per billion avec Frank Langella, Gena Rowlands, Rosario Dawson; The Cobbler avec Adam Sandler, Steve Buscemi, Dustin Hoffman; Robot Overlords avec Ben Kingsley et Gillian Anderson; The Editor avec Paz De La Huerta et Udo Kier; Everly avec Salma Hayek; The Ice Forest avec Emir Kusturica; The Ignorance of Blood avec Paz Vega; El nino avec Sergi López; Automata avec Antonio Banderas; El ardor avec Gael Garcia Bernal et Alice Braga…

Mais films fantastiques rime également avec films asiatiques : ils seront encore très nombreux au BIFFF. Le réalisateur Joe Chien sera de retour pour présenter Zombie Fight Club, l’actrice Shiina Eihi viendra pour The Ninja war of Torakage. On y découvrira par exemple One on One, le nouveau (et vingtième) film de Kim Ki-duk, The Midnight After de Fruit Chan, The Demon Within de Dante Lam, Roaring Currents avec Choi Min-sik, Monsterz de Hideo Nakata (découvert lors du dernier festival asiatique de Deauville), Greatful Dead avec Tadanobu Asano, Deadman Inferno avec Shô Aikawa…

Cette année le jury de la compétition internationale rassemble Andy Muschietti (réalisateur de Mama avec Jessica Chastain), Timo Vuorensola (réalisateur de Iron Sky), Jonas Govaerts (réalisateur de Cub) et Richard Stanley (scénariste de L’île du Dr Moreau avec Val Kilmer et Marlon Brando); ils vont devoir départager 14 films pour le trophée du Corbeau d’Or.

Toutes sélections confondues, on prédit déjà que le buzzomètre va monter pour ces quelques films que l’on vous recommande déjà : Goodnight Mommy qui est un des favoris de la compétition (déjà récompensé à Gérardmer, sortie le 22 avril), The House at the end of the time d’Alejandro Hidalgo (Venezuela), The Infinite man de Hugh Sullivan (Australie), Shrew’s nest de Juanfer Andres & Esteban Roel (Espagne), Danny’s doomsday de Martin Barnewitz (Danemark), From the dark de Conor McMahon (Irlande), sans oublier Stung avec Lance Henriksen et des guêpes mutantes (qui vient d'être tout juste d'être applaudi au festival South by Southwest)…

Et pour vous mettre le sang à la bouche, le BIFFF a rassemblé plusieurs extraits dans sa bande-annonce.

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33e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 7 au 19 avril 2015, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

BIFFF 2014 : Miguel Ángel Font Bisier, nouveau talent espagnol à suivre

Posté par kristofy, le 27 avril 2014

Miguel AngelC'est donc Alex de la Iglesia qui a remporté le Corbeau d'or et le Prix du Public de la compétition internationale du BIFFF 2014 avec Les Sorcières de Zugarramurdi. Les films fantastiques espagnols sont de plus en plus des belles surprises, et le Festival belge a déjà un œil sur les jeunes réalisateurs hispaniques de demain.

Une séance spéciale "Spanish Madness" en collaboration avec le Madrid International Terror and Fantasy Short Film Festival, ou MAD Terror Fest, était ainsi organisé cette année. LeMAD Terror Fest, c'est un jeune festival de courts-métrages qui en est à sa 3e édition, et dont 5 courts ont donc été projetés au BIFFF :  Le lac Noir de Victor Jaquier (avec d'ailleurs l'acteur Adrien de Van), Cólera de Aritz Moreno, La otra cena de Albert Blanch, et Nostalgic Z de Carl Bouteiller, et surtout Sinnside de Miguel Ángel Font Bisier dont voici un aperçu :

Sinnside a également été sélectionné par le prestigieux festival de Stiges, puis par d'autres ensuite comme Amsterdam ou le Festival Mauvais Genre de Tours et donc Madrid et Bruxelles :

EcranNoir : Qu'est-ce que représente le MAD Terror Fest pour vous ?
Miguel Ángel Font Bisier : J'étais membre du jury de la dernière édition. Pour moi c'est un jeune festival avec beaucoup de potentiel. Un bon exemple en est la sélection des courts métrages qui est présentée ici au BIFFF. Le bon point pour MAD Terror est qu'ils choisissent un petit nombre de films mais ils sont tous de très grande qualité, cette exigence positionne ce festival de Madrid comme un évènement qui gagne en importance.

sinnsideEN: Votre court métrage Sinnside est particulier car on n'y entend aucun dialogue et on y voit des effets-spéciaux impressionnants, comment le présenteriez-vous ?
Miguel Ángel Font Bisier : Sinnside est un film d'horreur qui mélange des éléments de conte fantastique, de mode, de religion, d'analyse sociale... C'est pourquoi mon court métrage circule dans de nombreux festivals, il sera aussi à Cannes. L'absence de dialogues suscite une ambiance particulière de mystère et de tension avec quelques explosions inattendues de violence graphique. Bienvenue du côté séduisant du pêché !

EN: Comment convaincre des acteurs de vous suivre dans ce projet avec un scénario sans aucun dialogue ?
Miguel Ángel Font Bisier: Je ne pense pas qu'ils aient été gênés avec un scénario silencieux. J'avais déjà travaillé avec certains d'entre eux auparavant avant Sinnside, alors ils m'ont fait confiance. De plus les personnages leur plaisaient beaucoup, interpréter quelqu'un de maléfique dans un genre de conte de fée est bien entendu amusant. On a porté beaucoup d'attentions à propos du stylisme et du maquillage, et on leur a même donné l'occasion d'utiliser des accessoires chez eux.

EN: De quelle manière on dirige des enfants sur un plateau où il y a des éléments de violence ?
Miguel Ángel Font Bisier: J'ai été très précautionneux avec les enfants sur le tournage. Par exemple on a fait en sorte qu'ils ne manquent aucun jour d'école, pour les scènes où de la violence allait surgir à l'image on les y a préparé comme un jeu. Tout d'abord je leur ai bien expliqué quel personnage ils allaient jouer et ce que représentaient les sept pêchés capitaux. Ensuite, lors des répétitions, j'ai initié des chorégraphies pour eux avec des mouvements à suivre. Ils devaient faire semblant de trembler un peu avec un visage effrayé dans la direction indiquée. Pour le reste, il s'agit de mouvements de caméra, d'effets sonores, de musique additionnelle, et des effets-spéciaux. Ils se sont vraiment amusés !

EN: Depuis quelques temps on ne cesse de découvrir des films fantastiques espagnols très étonnants comme Lobos de Arga, Mama, El Bosc, The End, Ghost Graduation , Los Últimos Días, cette année au BIFFF Omnivores et Mindscape..., une nouvelle vague de jeunes talents arrive ?
Miguel Ángel Font Bisier: Je l'espère. Il y a beaucoup de films d'horreur originaux et très réussis qui ont été produits en Espagne avec des nouvelles idées. Mama avec Jessica Chastain a été au top du box-office aux Etats-Unis, Mindscape c'est d'ailleurs avec un casting américain.C'est une bonne chose pour nous réalisateurs que notre savoir-faire soit reconnu hors de notre pays, ce qui peut nous permettre d'avoir l'opportunité de travailler sur des projets à visée internationale.

Le BIFFF 2014 sacre les sorcières de Alex de la Iglesia

Posté par kristofy, le 23 avril 2014

les sorcières de Zugarramurdi

La 32ème édition du Bruxelles International Fantastic Film Festival (aka BIFFF) a été une nouvelle fois le rendez-vous des amateurs de sensations fortes, voir même de chair fraîche. L'extravagant et prodigieux Jean-Pierre Jeunet a fait le voyage pour une master-class, Lloyd Kaufman a fêté les 40 ans de Troma avec Return to Nuke 'em High, volume 1, Joe Chien est venu présenter en avant-première The Apostles, Alexandre Bustillo et Julien Maury se sont montrés Aux yeux des vivants, Benjamin Rocher accompagne Goal of the dead, l'acteur Liam Cunningham est venu faire le "Mâlin" avec Let us prey, Bobcat Goldthwait a fait son yéti project avec Willow Creek, Benoît Delépine avec Arnold De Parscau et Philippe Nahon ont été coupable de Ablations...

Le BIFFF se conjugue aussi au féminin avec en particulier la présence de l'actrice Caroline Munro, égérie du studio Hammer, James Bond Girl dans Casino Royale et L’Espion qui m’aimait, screeming queen dans Maniac et Slaughter High. Elle a reçu le prix honorifique de Chevalier de lOrdre du Corbeau (aussi Jean-Pierre Jeunet). L'actrice et réalisatrice Melissa Mira (avec Geoff Klein) est venue faire la bombe de Pinup Dolls On Ice, l'italiene Silvia De Santis était là (avec Giancarlo Giannini) pour The Gambler Who Wouldn't Die, et Axelle Carolyn a fait découvrir son envoûtant Soulmate...

C'était plus d'une centaine de films qui ont été programmés durant 12 jours de festival, et certains était en compétition dans l'une ou l'autre des différentes sélections. Voici les palmarès des différents jurys pour le cru 2014 :

Le palmarès de la Compétition Internationale :

- Corbeau d’Or, Grand Prix : Les Sorcières de Zugarramurdi, de Alex de la Iglesia
Mention spéciale : Control, de Kenneth Bi

- Corbeau d’Argent ex aequo: Horror Stories 2, de Min Kyu-dong, Kim Sung-ho, Kim Hui & Jung Bum-shik
- Corbeau d’Argent ex aequo: Rigor Mortis, de Juno Mak

Le palmarès des autres sections :

- Méliès d’Argent : Let us Prey, de Brian O’Malley

- Prix Thriller : Monsoon Shootout, de Amit Kumar

- Prix du 7e Parallèle : LFO, de Antonio Tublen
- Mention spéciale : Wrong Cops, de Quentin Dupieux

-Prix du Public : Les Sorcières de Zugarramurdi, de Alex de la Iglesia

L'année dernière c'est le film espagnol Ghost Graduation qui avait remporté le Grand Prix du Corbeau d'Or et le Prix du Public, et cette année c'est encore l'Espagne qui est de nouveau à l'honneur avec Alex de la Iglésia qui lui aussi fait le doublé jury et public. Les Sorcières de Zugarramurdi était sorti le 27 septembre en Espagne avec un grand succès populaire en salles en devenant le deuxième film ibérique le plus vu de l'année 2013 (derrière Mamá de Andres Muschietti, d'ailleurs venu au BIFFF 2013), et a ensuite gagné 8 Goyas (les César espagnol). Le film est sorti le 8 janvier en France, mais a rencontré son public de manière plus confidentielle.

La présence de Les Sorcières de Zugarramurdi en compétition en faisait d'avance le favori attendu. Seul Killers de Kimo Stamboel & Timo Tjahjanto aurait pu être la surprise. A noter que certains des meilleurs films comme étaient hors-compétition All Cheerleaders Die de Lucky McKee & Chris Sivertson, The Raid 2 de Gareth Evans, Real de Kiyoshi Kurosawa, Goal of the Dead de Benjamin Rocher & Thierry Poiraud, Ugly de Anurag Kashyap...  Pour ce qui est du Prix Thriller à Monsoon Shootout, là aussi il s'agissait de l'un des deux favoris avec le coréen Hide and seek de Jung Huh.

Les Sorcières de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia sera disponible en dvd et blu-ray à partir du 14 mai.

BIFFF 2014 : Hollywood et le cinéma français selon Jean-Pierre Jeunet

Posté par kristofy, le 20 avril 2014

jean pierre jeunet © ecran noirJean-Pierre Jeunet a une étagère qui reçoit un nouveau César presque chaque décennie : 1981, César du meilleur court-métrage d'animation pour Le Manège (coréalisé avec Marc Caro), 1991, César du meilleur court-métrage de fiction pour Foutaises, 1992, César de la meilleure première œuvre et César du meilleur scénario original pour Delicatessen (avec Marc Caro), 2002, César du meilleur film et César du meilleur réalisateur pour Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain... Mais, au delà de ce palmarès officiel, sa filmographie reste un univers où le fantastique et l'enfance voisinent, lui conférant un style singulier au même titre qu'un Tim Burton.

Jean-Pierre Jeunet a été invité à donner une "master-class" au BIFFF cette année. À partir d'objet piochés dans une malle comme autant de symboles à ses films (un nain de jardin, un roman, un œuf...), il a évoqué autant son parcours que divers aspects de son métier pendant 2 heures devant une salle comble.

Les acteurs

J'ai l'amour des tronches et des rôles de composition, ce qui explique d'ailleurs pourquoi Dominique Pinon est dans tout mes films. Audrey Tautou est l'actrice parfaite comme Dominique Pinon est l'acteur parfait. Helena Bonham Carter est super aussi. Mon premier rendez-vous avec Jodie Foster pour lui proposer le rôle dans Un long dimanche de fiançailles, c'était au café des 2 Moulins où j'ai tourné Amélie Poulain, des touristes étaient là pour prendre des photos du café et ils ont demandé à Jodie de s'écarter sans la reconnaître !

La passion du cinéma

J'ai toujours eu l'envie de faire des films avant l'envie de voir des films. À des jeunes étudiants, je demande si ils ont envie de faire metteur en scène ou d'être metteur en scène, ce n'est pas pareil. L'essentiel c'est la joie de faire. Un des premiers chocs au cinéma ça a été Il était une fois dans l'ouest que j'ai dû voir à 17 ans, j'ai vu Orange Mécanique 14 fois. Mon film préféré c'est Quai des brumes de Prévert et Carné. Quand La Cité des enfants perdus a fait l'ouverture du festival de Cannes, on s'est fait descendre par les critiques. En France on lèche, on lâche, on lynche.

Alien 4

Le premier jour de tournage sur le plateau, on entend la traditionnelle annonce 'camera rolling' et puis rien, la caméra était en panne, c'est comme un symbole de ce tournage. J'ai par exemple entendu d'un "executive" du studio « fais un beau plan sur trois, ça suffira »... Maintenant les américains aiment bien le détester parce que trop arty, trop sensuel, pas assez de violence. Eux, quand il y a des centaines de coups de feu, il n'y a pas de problème, mais apercevoir un téton de femme ça leur fait peur. La version director's cut, c'est juste un truc de commerce pour ressortir le film une fois de plus en dvd: ma version c'est celle qui était au cinéma. Mathieu Kassovitz m'a fait un un jour ce compliment « on dirait un film de Jeunet mais avec des aliens dedans ».

Les relations avec les Américains

Après Alien 4, le studio de la Fox s'est montré intéressé par produire Amélie Poulain puis leur service marketing à dit non. Ils ont beaucoup regretté ensuite. On m'a proposé de faire Harry Potter 5 mais ce n'était pas très intéressant parce que tout était déjà en place, et puis j'étais sur le projet de L'Odyssée de Pi: j'ai écrit une vraie adaptation du roman avec mon co-scénariste Guillaume Laurant, ainsi que tout le storyboard. Ça aurait coûté 85 millions de dollars mais la Fox ne voulait mettre que 70 millions de budget. Et c'était aussi trop tôt pour que la technologie produise des images de synthèse de la qualité qu'il fallait, on a attendu plusieurs années. Trois ans plus tard, ils ont finalement mis un budget de plus de 100 millions de dollars et c'est Ang Lee qui l'a fait. On m'a aussi proposé à un moment Stoker que j'ai refusé, je ne regrette pas, Park Chan-Wook l'a fait et je n'ai pas trouvé ça terrible.

L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet va être distribué par à Harvey Weinstein qui va vouloir couper le montage, comme pour Grace de Monaco de Olivier Dahan et Snowpiercer de Bong Joon-ho : ça va faire scandale (lire nos actualités du 18 octobre 2013 et du 25 août 2013). Il a déjà fait le coup, il y a 22 ans avec Delicatessen.

Le test-screening : le studio appelle ça le 'focus group' mais les réalisateurs appellent ça le 'fuckers group', personnellement je fais un test-screening juste pour vérifier que telle ou telle scène est bien comprise mais le final-cut ça reste à moi.

Le cinéma français aujourd'hui

Depuis quelques temps il y a une sorte de retour à la 'nouvelle nouvelle vague' où on revient au réalisme, je n'aime pas ça. Delicatessen a pu ouvrir une porte à des gens comme Mathieu Kassovitz et à Jan Kounen, mais depuis ? J'aimerai être foutu dehors à coup de pompes pour des nouveaux réalisateurs, mais je ne vois pas vraiment de relève du cinéma français. Le cinéma français c'est 90% de laideur, on ne s'intéresse qu'aux acteurs et pas à l'image...

jean pierre jeunet helena bonham carter