9473 artistes sur une liste noire du Président sud-coréen

Posté par vincy, le 21 octobre 2016

A peine le Festival du film de Busan terminé, malgré les menaces qui pèse sur lui (lire notre article du 17 août dernier), c'est un autre scandale politico-cinématographique que révèle le quotidien national Hankook Ilbo. Le président sud-coréen Park Geun-hye aurait créé une liste noire d'artistes qui ne soutiendraient pas son gouvernement.

Ainsi les cinéastes Park Chan-wook (Old Boy, Mademoiselle), Kim Jee-woon (Age Of Shadows) et Ryoo Seung-wan (Veteran), ou encore les acteurs Song Kang-ho (Snowpiercer), Kim Hye-soo (Coin Locker Girl) et Park Hae-il (The Host) se retrouvent dans un document d'une centaine de pages comprenant 9473 artistes. La liste du Président aurait été envoyée au ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme en mai 2015, accompagnée d'une requête: ces artistes ne devront pas recevoir de soutiens financier et logistique.

Tout cela a fait évidemment grand bruit. Le député et ancien poète Do Jong-hwan a rendu public des transcriptions de conversations au Conseil des Arts de Corée du Sud, où, clairement, l'existence de la liste noire est connue.

Bataille politique

Les artistes ainsi pointés du doigt par le Président ont en commun d'avoir protesté contre le gouvernement après le scandale du naufrage du ferry Sewol (ce même scandale qui menace actuellement les dirigeants du Festival de Busan), ou d'avoir soutenu le rival du Président, Moon Jae-in, lors de la campagne électorale en 2012, ou encore d'avoir soutenu le maire de Séoul, Park Won-soon, lors de son élection en 2014.

Le gouvernement a répliqué à travers l'agence de presse officielle Yonhap en expliquant que cette liste n'était qu'un agrégat de documents douteux compilés ensemble à partir d'autres documents déjà rendus publics. Par ailleurs, dans un pays où le cinéma est une industrie prospère et un motif de fierté nationale, ce même gouvernement a rappelé que ces artistes avaient, malgré tout, reçu des aides publiques.

Les partis d'opposition ont demandé une enquête et souhaitent en faire une arme politique pour destituer un Président très contesté.

Edito: Coups de Corée

Posté par redaction, le 17 août 2016

Cet été, le polar était coréen. The Strangers (à Cannes), Man on High Heels et cette semaine Dernier train pour Busan (lui aussi à Cannes). Et il n'y a aucun doute: les cinéastes sud-coréens ont le savoir-faire nécessaire pour nous emballer, avec une technicité impressionnante, mais ils ont surtout une audace qui manque dans la plupart des autres productions américaines ou d'ailleurs. Il y a toujours une envie de subversion, un désir de film noir, un goût pour la métaphore ou la double lecture qui enrichissent leurs histoires.

Désormais, les réalisateurs de la péninsule sont courtisés par Hollywood, de Netflix aux studios. Ou s'embarquent dans des productions somptueuses comme Mademoiselle de Park Chan-wook, qui sortira en octobre. De tous les cinémas asiatiques, c'est assurément celui qui se porte le mieux. Grâce à une politique de quotas dans les salles et une diversité de sa production, le cinéma sud-coréen est prospère et domine son box office. Dernier train pour Busan est le leader annuel (78M$) loin devant Captain America. Sur les 10 plus grands succès de l'année, 7 sont des films nationaux (dont Mademoiselle, 6e, 32M$). Pour donner une idée, Suicide Squad ne dépassera pas les 15M$ et Deadpool n'a récolté que 24M$. Semaine après semaine, un film coréen est en tête (cette semaine c'est The Tunnel, sorti sur 1000 écrans).

Dernière chance pour Busan

Le tableau serait parfait si. La Corée du Sud est doté du plus grand festival et du plus grand marché du film en Asie, à Pusan (Busan) durant l'automne. Or, ce rendez-vous est au cœur d'un énorme baroufle depuis quelques mois. Les producteurs et réalisateurs du pays ont menacé de boycotter la 21e édition, début octobre, qui va devoir réduire la voilure. Ils sont en train d'obtenir gain de cause. Soucieux que le festival garde son indépendance, les nouvelles règles qui étaient prêtes à être appliquées mettaient en danger, selon eux, l'identité du festival.

Cela fait deux ans que le combat est engagé. Tout est parti de la programmation d'un documentaire controversé et très politique, The Truth Shall Not Sink with Sewol, sur le naufrage du Sewol, causant la mort de 476 personnes. Ce documentaire sans concessions fustigeait l'inefficacité des secours. Face à cette violente charge anti-gouvernementale, le pouvoir a répliqué: L'ancien directeur du festival international du film de Busan (Biff), Lee Yong-Kwan, a été inculpé de détournements de fonds en Corée du Sud, accusations, motivées selon ses soutiens par des considérations politiques. Suite à la projection du docu, le comité organisateur du festival avait en effet été l'objet de toute une série d'enquêtes et d'audits, tandis que ses subventions avaient été considérablement réduites.

Crise nationale

Depuis, c'est la pagaille. A l'étranger, tout le monde a soutenu les dirigeants du festival. En Corée du sud, la profession a décidé de faire pression sur le pouvoir en censurant l'événement. Face aux enjeux économiques et diplomatiques, le pouvoir sud-coréen n'a pas eu d'autres choix que de revoir sa copie et de promettre des garanties sur l'indépendance et l'autonomie du festival dans un pays où la liberté d'expression n'est pas acquise. Et désormais, tant que les accusations contre Lee Yong-kwan sont maintenues, producteurs et réalisateurs veulent continuer le bras de fer.

Pour l'instant, on compte les morts. Le Festival manque d'argent, les sponsors ont détourné les regards (et le porte monnaie), le centre de recherche va être fermé et le marché du film fortement réduit. Et tout ça, alors que le géant chinois cherche à bâtir deux ou trois grands festivals de cinéma...

81 films dans la course pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 9 octobre 2015

oscars81 pays (deux de moins que l'an dernier) sont en course pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Pour la première fois, le Paraguay présente un film.
La Chine a changé de candidat. Initialement ce devait être Le dernier Loup de Jean-Jacques Annaud.
Peu de grands pays sont absents. Le Nigéria a annoncé qu'il n'avait pas de candidat correspondant aux critères qualitatifs "pour gagner". L'Ukraine a un souci administratif et a demandé un délai pour soumettre leur candidat.

La 88e cérémonie des Oscars aura lieu le 28 février 2016. Les nominations seront annoncées le 14 janvier.

Voici la liste complète fournie par l'Académie.

Afrique

Afrique du sud: Thina Sobabili: The Two of Us, d'Ernest Nkosi (premier film)
Algérie: Crépuscule des ombres, de Mohamed Lakhdar Hamina
Côte d'Ivoire: Run, de Philippe Lacôte (Un certain regard 2014)
Ethiopie: Lamb, d'Yared Zeleke (Un certain regard 2015)
Maroc: Aida, de Driss Mrini

Amériques

Argentine: El Clan, de Pablo Trapero (Ours d'argent de la mise en scène, Venise 2015)
Brésil: Une seconde mère, d'Anna Muylaert (Prix du public section Panorama Berlin 2015, Prix spécial du jury Sundance 2015)
Canada: Félix et Meira, de Maxime Giroux (Toronto 2014, San Sebastian 2014)
Chili: El Club, de Pablo Larraín (Grand prix du jury Berlin 2015)
Colombie: L'étreinte du Serpent, de Ciro Guerra (Prix CICAE, Semaine de la critique 2015)
Costa Rica: Presos (Imprisoned), d'Esteban Ramírez
Guatemala: Ixcanul, de Jayro Bustamante (Prix Alfred Bauer Berlin 2015)
Mexico: 600 Miles, de Gabriel Ripstein (Prix du meilleur premier film Berlin 2015)
Paraguay: El tiempo nublado (Cloudy Times), d'Arami Ullón (documentaire)
Pérou: NN, d'Héctor Gálvez
République Dominicaine: Les dollars des sables, de Laura Amelia Guzmán, Israel Cárdenas
Uruguay: Una noche sin luna (A Moonless Night), de Germán Tejeira (Meilleur film étranger Zurich 2014)
Venezuela: Dauna. Lo que lleva el río (Gone with the River), de Mario Crespo

Asie

Afghanistan: Utopia, d'Hassan Nazer
Bangladesh: Jalal’s Story, d'Abu Shahed Emon (Pusan 2014)
Cambodge: The Last Reel, de Sotho Kulikar (Tokyo 2014)
Chine: Go Away Mr. Tumor, de Han Yan
Corée du sud: Sado (The Throne) de Lee Joon-ik
Hong Kong: Po Feng (To the Fore), de Dante Lam
Inde: Court de Chaitanya Tamhane (Prix Luigi de Laurentis du premier film, Prix Orizzonti du meilleur film, Venise 2014)
Irak: Memories on Stone, de Shawkat Amin Korki (Meilleur film arabe Abu Dhabi 2014)
Iran: Muhammad: The Messenger of God, de Majid Majidi
Israel: Baba Joon, d'Yuval Delshad (5 "Oscars" israéliens, dont meilleur film, Toronto 2015)
Japon: Hyakuen no koi (100 Yen Love), de Masaharu Take (Tokyo 2014)
Jordanie: Theeb, de Naji Abu Nowar (Prix FIPRESCI Abu Dhabi 2014, Meilleur réalisateur Orizzonti Venise 2014)
Kazakhstan: Stranger, d'Ermek Tursunov (Toronto 2015)
Kirghizistan: Sutak (Heavenly Nomadic), de Mirlan Abdykalykov (Karlovy Vary 2015)
Liban: Void, de Naji Bechara, Jad Beyrouthy, Zeina Makki, Tarek Korkomaz, Christelle Ighniades, Maria Abdel Karim, Salim Haber
Malaisie: Men Who Save the World, de Liew Seng Tat (Locarno 2014)
Nepal: Talakjung vs Tulke, de Basnet Nischal
Pakistan: Moor, de Jami (Pusan 2015)
Palestine: Les 18 fugitives, d'Amer Shomali, Paul Cowan (documentaire animé, Meilleur film documentaire arabe Abu Dhabi 2014)
Philippines: Heneral Luna, de Jerrold Tarog
Singapour: 7 Letters, de Royston Tan, Kelvin Tong, Eric Khoo, Jack Neo, Tan Pin Pin, Boo Junfeng, K. Rajagopal (Pusan 2015)
Taiwan: The Assassin, d'Hou Hsiao-hsien (Prix de la mise en scène Cannes 2015)
Thaïlande: How to Win at Checkers (Every Time), de Josh Kim (premier film)
Turquie: Sivas, de Kaan Müjdeci (Prix spécial du jury, Venise 2014)
Vietnam: Jackpot, de Dustin Nguyen

Europe

Albanie: Bota, d'Iris Elezi, Thomas Logoreci (Karlovy Vary 2014)
Allemagne: Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli (Prix du public Les Arcs 2014)
Autriche: Goodnight Mommy, de Veronika Franz, Severin Fiala (Venise 2014, Grand prix Sitges 2014)
Belgique: Le tout nouveau Testament, de Jaco Van Dormael (Quinzaine des réalisateurs 2015)
Bosnie-Herzegovine: Our Everyday Story, d'Ines Tanovic (Montréal 2015)
Bulgarie: The Judgment, de Stephan Komandarev
Croatie: Soleil de plomb, de Dalibor Matanic (Prix du jury Un certain regard 2015)
Danemark: A War, de Tobias Lindholm (Venise 2015, Zurich 2015)
Espagne: Loreak (Flowers), de Jon Garaño, Jose Mari Goenaga (San Sebastian 2014)
Estonie: 1944, d'Elmo Nüganen (Berlin 2015)
Finlande: The Fencer, de Klaus Härö (Munich 2015)
France: Mustang, de Deniz Gamze Ergüven (lire aussi Pourquoi Mustang est un très bon choix pour les Oscars 2016)
Géorgie: Moira de Levan Tutberidze (San Sebastian 2015)
Grèce: Xenia, de Panos H. Koutras (Un certain regard 2014)
Hongrie: Le fils de Saul, de László Nemes (Grand prix du jury Cannes 2015)
Irlande: Viva, de Paddy Breathnach (Telluride 2015)
Islande: Rams (Béliers), de Grímur Hákonarson (Prix Un certain regard 2015)
Italie: Non essere cattivo (Don’t Be Bad), de Claudio Caligari (7 prix à Venise 2015)
Kosovo: Babai, de Visar Morina (Meilleur réalisateur Karlovy Vary 2015)
Lettonie: Modris, de Juris Kursietis (San Sebastian 2014, Toronto 2014)
Lituanie: Summer, d'Alanté Kavaïté (meilleur réalisation Sundance 2015)
Luxembourg: Baby (A)lone, de Donato Rotunno
Macédoine: Honey Night, d'Ivo Trajkov
Montenegro: You Carry Me, de Ivona Juka (Karlovy Vary 2015)
Norvège: The Wave (La Vague), de Roar Uthaug (Toronto 2015)
Pays-Bas: The Paradise Suite, de Joost van Ginkel (Toronto 2015)
Pologne: 11 Minutes, de Jerzy Skolimowski (Venise 2015)
Portugal: Les 1001 nuits – Volume 2: le désolé, de Miguel Gomes (Quinzaine des réalisateurs 2015, Meilleur film Sydney 2015)
République Tchèque: Home Care, de Slavek Horak (Karlovy Vary 2015)
Royaume Uni: Under Milk Wood, de Kevin Allen (Edimbourg 2015)
Roumanie: Aferim!, de Radu Jude (Meilleur réalisateur Berlin 2015)
Russie: Sunstroke, de Nikita Mikhalkov (Shanghai 2015)
Serbie: Enclave, de Goran Radovanovic (Prix du public Moscou 2015)
Slovaquie: Koza (Goat), d'Ivan Ostrochovský (Berlin 2015)
Slovénie: The Tree, de Sonja Prosenc (Karlovy Vary 2014)
Suède: Un pigeon sur une branche philosophait sur l'existence, de Roy Andersson (Lion d'or Venise 2014)
Suisse: Iraqi Odyssey, de Samir (documentaire, Abu Dhabi 2014, Berlin 2015)

Océanie

Australie: Arrows of the Thunder Dragon, de Greg Sneddon

Koji Wakamatsu (1936-2012) : sa vie était un roman

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

Il y a un an, Angelopoulos était mort après avoir été renversé par un motard (voir actualité du 25 janvier 2012). Le réalisateur japonais Koji Wakamatsu est décédé mercredi soir, renversé par un taxi. A 76 ans, le producteur de l'Empire des sens venait de remporter le prix du Réalisateur asiatique de l'année. au 17e Festival international du film de Busan (BIFF), en Corée du sud.

En mai dernier, il avait présenté Le jour où Mishima a choisi son destin à Cannes (Un certain regard), "biopic" peu consensuel sur l'écrivain et ses aspirations nationalistes qui l'ont conduit à une fin tragique. En septembre, Venise avait projeté son dernier film, The Millennial Rapture, adaptation du roman de Kenji Nakagami, Mille ans de plaisir.

Wakamatsu a vécu un destin peu commun : emprisonné durant sa jeunesse bagarreuse, il rejoint les Yakuza. Pour leur compte, il surveille les plateaux de tournage de cinéma. Tendance extrême-gauche (autant dire révolutionnaire au Japon, le réalisateur était engagé dans une vision du monde plutôt opposée à la ligne officielle de son pays. Il commence sa carrière avec des films érotiques. Prince du pinku eiga, il se tournera ensuite vers des films plus sociaux et politiques.

Produisant à bas-coût tous ses films, là encore en marge du système japonais, il conservera une grande liberté tout au long de sa carrière. Artiste rebelle, il n'en a pas moins été reconnu et consacré, primé à Berlin et à Tokyo pour United Ted Army. Il a également aidé de nombreux cinéastes à leurs débuts, comme Banmei Takahashi, Genji Nakamura et Kan Mukai.

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voir aussi notre portrait publié lors du Festival de Cannes 2012

Vesoul 2011 : interview de Kim Dong-ho, créateur du festival de Pusan

Posté par kristofy, le 10 février 2011

Kim Dong-hoKim Dong-ho (à gauche, et ci-dessous avec Jean-Marc Thérouanne, délégué général du Festival)  a reçu du 17ème FICA de Vesoul un Cyclo d’Or d’honneur pour ses actions pour la promotion du cinéma. Il est notamment l'un des membres fondateur du NETPAC (Network for the Promotion of Asian Cinema) en 1990. D’ailleurs, chaque année à Vesoul, il y a un jury du NETPAC (cette année le président est Dharmasena Pathiraja).

Kim Dong-ho est aussi et surtout le Directeur honoraire du Festival International du film de Pusan en Corée du Sud. Ce festival né de son initiative est devenu le plus important festival de cinéma en Asie à la fois en tant que marché du film et en tant qu’espace de découverte de nouveaux talents. L’occasion d’une interview pour évoquer près de 60 ans d’histoire du cinéma coréen.

Ecran Noir : Présentez-nous le festival de Pusan…

Kim Dong-ho : Le festival de Pusan a été créé en 1996, c’est un festival international qui présente des films du monde entier, et en particulier qui fait découvrir aussi un très large panorama de films asiatiques. L’année dernière, nous avons montré à Pusan 304 films. Ce festival a aussi mis en place un système de soutien aux jeunes cinéastes et jeunes producteurs.

EN : Dans les années 1960, il y a eu un mouvement de renaissance du cinéma coréen, puis une tendance inverse dans les années 1970, que s’est-il passé ?

Kim Dong-ho : Il est vrai qu’entre 1956 et la décennie des années 60, il y a eu un âge d’or du cinéma coréen avec des cinéastes très talentueux, comme Kim Su-yong. A partir des années 70, on peut dire en effet qu'on a connu une régression de notre cinéma à cause de plusieurs facteurs. Tout d’abord avec l’apparition de la télévision, le cinéma coréen a perdu beaucoup de spectateurs, une tendance dans le monde entier d’ailleurs. Ensuite, on peut penser évidement aux censures exercées par le gouvernement de l’époque, la censure était particulièrement sévère pendant les années 70 et aussi les années 80. Cette censure avait pour effet une non-liberté dans le choix des sujets, de plus la liberté d’expression en général était réduite.

EN : Comment le cinéma coréen est devenu ces Kim-Dong-ho
dernières années non seulement un géant du cinéma asiatique mais aussi mondial ? avec Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Kim Jee-woon…

Kim Dong-ho : A partir de 1995, on peut parler de la deuxième renaissance du cinéma coréen, avec la combinaison de plusieurs facteurs qui ont été bénéfiques. Déjà, il y a eu une abolition de la censure, les cinéastes ont eu la liberté de choisir de traiter le sujet qu’ils voulaient. Ensuite, il y a eu aussi un système d’aides de l’état avec des subventions pour la production des films. Et surtout ces conditions ont encouragé des jeunes cinéastes à prendre la relève et à participer à faire du cinéma coréen leur cinéma. Vers la fin des années 90, diverses insitutions se sont engagées pour la promotion et la diffusion du cinéma coréen, bien entendu il y a le festival de Pusan mais aussi le KOFIC (Korean Film Council, équivalent à notre CNC). Une chose intéressante est que notre patrimoine cinématographique n’est pas oublié avec par exemple l’organisation de rétrospective des films des années 60. Le film La Servante de Kim Ki-young qui date justement de 1960 a été restauré et a de nouveau été un succès en salles (d’ailleurs en sélection Cannes Classics en 2008). C’est un classique qui a aussi fait l’objet d’une nouvelle version par Im Sang-soo : The Housemaid était à Cannes en 2010.

EN : Les screen quotas en Corée ont connu quelle évolution ?

Kim Dong-ho : Le système de screen quotas a en fait commencé durant les années 70, ce système a été créé pour protéger la part de marché du cinéma coréen face aux films occidentaux et notamment américains. En 1984, les distributeurs américains ont obtenus plus de liberté en pouvant distribuer eux-mêmes leurs films en Corée sans passer par l’intermédiaire d’un distributeur coréen, à partir de ce moment-là le gouvernement a renforcé le système de screen quotas. Il s’agissait d’imposer un nombre de films coréens dans les salles de cinéma pour éviter trop de films étrangers et ainsi soutenir notre production. Ce quota était de 146 jours par an. Mais en 2004, un nouveau gouvernement en Corée a cédé à la pression des Etats-Unis qui veulent que leurs films américains occupent le maximum d’écrans, le screen-quota a donc été réduit à la moitié, soit 73 jours par an. Cette réduction a provoqué des inquiétudes pour le cinéma coréen… Cependant, en même temps, notre cinéma a gagné en compétences et en talents, alors cet assouplissement des screen quotas a eu peu d’influence car les films coréens rencontrent par leurs qualités des grands succès en salles et en même temps aussi à l’international.

 Merci à Cho Myoug-jin pour la traduction.

Crédits photos Christophe Maulavé & Michel Mollaret

Vesoul 2011 : liaison sans escale avec Pusan, Corée du sud

Posté par kristofy, le 9 février 2011

Kim Dong-hoOuverture aux couleurs de la Corée du Sud pour cette 17e édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul qui a débuté mardi soir avec la remise d'un Cyclo d'or d'honneur à Kim Dong-ho (notre photo), créateur et directeur honoraire du Festival de Pusan.

Créé en 1996 suite à une volonté politique, le Festival de Pusan s'est imposé au fil des ans comme le plus important festival international du film en Asie, grâce notamment à la qualité du cinéma coréen et l'appui des studios hollywoodiens. En plus de promouvoir un cinéma novateur et clairement "d'auteur", il propose un marché du film extrêmement important. Tous les grands noms du continent asiatique contemporain ont fait leurs débuts à Pusan, qu'il s'agisse de Jia Zhangke, Hong Sang-soo, Kim Ki-duk ou encore Im Sang-soo. C'est donc assez logiquement que Vesoul rendait hommage à son créateur Kim Dong-ho, celui que Jean-Marc Thérouanne, délégué général du festival,  appelle "le Gilles Jacob de Corée".

Les deux autres temps forts de cette ouverture ont été l'ovation faite Aktan Arym Kubatà Jafar Panahi lors de son apparition dans le diaporama présenté en début de soirée (rappelant que le cinéaste iranien, président du jury en 2004, demeure dans les esprits vézuliens) ainsi que la projection du Voleur de lumière du Kirgiz Aktan Arym Kubat (photo de droite). Le film raconte l'histoire d'un homme simple et gentil qui rend des services à tout le monde, souvent à son propre détriment. Cet "être pur" est joué par le réalisateur lui-même, qui a parsemé son film de références politiques et d'une certaine dose de satire sociale.

Un joli coup d'envoi pour ce 17e FICA, à découvrir en salles le 2 mars prochain. En attendant, c'est parti pour sept jours de cinéphilie asiatique durant lesquels plus de 26 000 spectateurs venus de toute la France sont attendus.

Coécrit par MpM
Crédits photos : Michel Mollaret

Le 17e festival de Vesoul met le Cambodge et la Corée à l’honneur

Posté par MpM, le 22 décembre 2010

Parmi les rendez-vous que l'on retrouvera avec plaisir en 2011, il y a le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA) dont Ecran Noir est partenaire depuis 2008.

Pour sa 17e édition, le plus ancien festival de cinéma asiatique d'Europe nous a concocté un programme qui répond parfaitement à sa devise : "piquer la curiosité du plus grand nombre, pour votre plus grand plaisir, et en mettant la qualité à la portée de tous". Ce sont ainsi 90 films, parmi lesquels une vingtaine d'oeuvres inédites, qui seront présentés aux festivaliers entre le 8 et le 15 février 2011.

Outre la compétition, qui oppose longs métrages et documentaires du Proche à l'Extrême-Orient, on retrouvera un "Regard sur le cinéma coréen" (65 ans de cinéma coréen en 25 films clés, en présence de Kim Dong-ho, le directeur honoraire du Festival de Pusan) ; une sélection thématique autour des "Familles d'Asie" ; une section Francophonie d'Asie : "Cambodge : Rithy Panh et Bophana, la mémoire retrouvée (1950-2010)" ; sans oublier un hommage à Satochi Kon et une programmation jeune public.

En parallèle sont organisées des journées professionnelles et des actions pédagogiques qui impliquent le tissu local et régional. Et puis bien sûr,  fidèle à ses habitudes festives, le FICA proposera de nombreuses rencontres, des temps de partage et des soirées ouvertes à tous. Pourtant, au milieu de cette bonne humeur et de cette passion cinéphile partagée, on peut être sûr qu'organisateurs et festivaliers trouveront le temps de penser à Jafar Panahi, invité d'honneur du festival en 2010, et qui, déjà, n'avait pu quitter le territoire iranien pour venir recevoir son Cyclo d'honneur.