5 films en lice pour le Prix France Culture Cinéma 2018

Posté par vincy, le 26 mars 2018

5 films ont été retenus par France Culture. Ils seront soumis au vote du jury étudiant. La présélection des 5 films se fait parmi les 60 films partenaires de la chaîne entre avril 2017 et mars 2018

Pour participer au jury du Prix France Culture Cinéma, il faut être scolarisé dans un établissement d’enseignement supérieur et envoyer une critique du film de votre choix avant le 1er avril 2018 minuit. Elle peut être sous forme écrite (1000 signes) audio ou vidéo (1 mn via un lien Viméo, Youtube, Dailymotion….), à comfranceculture@radiofrance.com.

La sélection:
- Les garçons sauvages de Bertrand Mandico (UFO Distribution)
- Félicité d’Alain Gomis (Jour2Fête)
- Le jeune Karl Marx de Raoul Peck (Diaphana Distribution)
- Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun (Ad Vitam Distribution)
- Mister Universo de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Zeugma Films)

Le jury commencera à visionner les films à partir de début avril, et votera sur une plateforme avant le 24 avril 2018.

Créé en 2015, le Prix France Culture Cinéma des Étudiants a été décerné décerné jusque là à La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach (2017), Toto et ses sœurs d’Alexander Nanau (2016), et Mange tes morts de Jean Charles Hue (2015).

Il sera remis le dimanche 13 mai au Festival de Cannes, tout comme le Prix France Culture Cinéma Consécration qui salue l’œuvre d’un grand cinéaste.

9 films en langue étrangère toujours en lice pour les Oscars 2018

Posté par vincy, le 15 décembre 2017

On n'est plus à une absurdité près dans cette catégorie des Oscars: le meilleur film en langue étrangère. Le film favori des critiques (cinq associations, dont celles de New York et de Los Angeles) avaient fait de 120 Battements par minute leur vainqueur.

Mais il semble que le film de Robin Campillo, qui a été un flop au box office nord-américain (86000$ seulement en 8 semaines), ne fasse pas la même unanimité qu'en France. Un lot de consolation aux European Film Awards (le montage) et zéro nomination aux Golden Globes démontrent que l'engouement des critiques et professionnels français n'est pas partagé ailleurs. Pour les Oscars, les votants ont préféré deux autres films Queer, Les initiés et Une femme fantastique.

La liste des demi-finalistes pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère colle à peu près à celle des Golden Globes, à une exception près: le film d'Angelina Jolie (First They Killed My Father) représentant le Cambodge. Hormis ça, l'Ours d'or, la Palme d'or, et et deux Grand prix du jury (Berlin, Venise, puisque celui de Cannes c'était 120 BPM) s'affronteront pour les 5 places finales révélées fin janvier. Sur les 9 films, trois étaient à Cannes, quatre à Berlin, deux à Venise.

Les 9 finalistes:

Les initiés (Afrique du sud), sélectionné à Berlin
In the Fade (Allemagne), prix d'interprétation féminine à Cannes
Une femme fantastique (Chili), prix du scénario et Teddy Award à Berlin
Corps et âme (Hongrie), Ours d'or à Berlin
Foxtrot (Israël), Grand prix du jury à Venise
L'insulte (Liban), prix d'interprétation masculine à Venise
Faute d'amour (Russie), prix du jury à Cannes
Félicité (Sénégal), Grand prix du jury à Berlin
The Square (Suède), Palme d'or à Cannes

120 battements par minute domine les nominations des Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 11 décembre 2017

Avec 6 nominations, 120 Battements par minute domine logiquement la 23e sélection des Prix Lumières de la presse internationale (80 membres de 30 pays). Barbara et, surprise, Le sens de la fête suivent avec 4 citations. Dans une année, où les favoris sont ouverts pour les César, beaucoup de films héritent souvent de deux citations, sans faire la différence. On note d'ailleurs que les catégories film et réalisateur coïncident peu (3 des cinéastes nommés ne sont pas retenus en meilleur film). Les films remarqués à Berlin et Cannes sortent du lot si on les totalise.

Film
120 battements par minute, de Robin Campillo
Au revoir là-haut, d'Albert Dupontel
Barbara, de Mathieu Amalric
Félicité, d'Alain Gomis
Orpheline, d'Arnaud des Pallières
Le sens de la fête, d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Réalisateur
Mathieu Amalric - Barbara
Robin Campillo - 120 battements par minute
Laurent Cantet - L'atelier
Philippe Garrel - L'amant d’un jour
Alain Gomis - Félicité
Michel Hazanavicius - Le redoutable

Actrice
Hiam Abbass - Une famille syrienne
Jeanne Balibar - Barbara
Juliette Binoche - Un beau soleil intérieur
Emmanuelle Devos - Numéro une
Charlotte Gainsbourg - La promesse de l’aube
Karin Viard - Jalouse

Acteur
Swann Arlaud - Petit paysan
Daniel Auteuil - Le brio
Jean-Pierre Bacri - Le sens de la fête
Louis Garrel - Le redoutable
Reda Kateb - Django
Nahuel Pérez Biscayart - 120 battements par minute

Scénario
Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières - Orpheline
Robin Campillo, Philippe Mangeot - 120 battements par minute
Albert Dupontel, Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut
Karim Moussaoui, Maud Ameline - En attendant les hirondelles
Eric Toledano, Olivier Nakache - Le sens de la fête

Image
Christophe Beaucarne - Barbara
Céline Bozon - Félicité
Caroline Champetier - Les gardiennes
Alain Duplantier - Le semeur
Irina Lubtchansky - Les fantômes d’Ismaël
Vincent Mathias - Au revoir là-haut

Révélation masculine
Khaled Alouach - De toutes mes forces
Matthieu Lucci - L’atelier
Nekfeu - Tout nous sépare
Finnegan Oldfield - Marvin ou La belle éducation
Pablo Pauly - Patients
Arnaud Valois - 120 battements par minute

Révélation féminine
Iris Bry - Les gardiennes
Laetitia Dosch - Jeune femme
Eye Haïdara - Le sens de la fête
Camélia Jordana - Le brio
Pamela Ramos - Tous les rêves du monde
Solène Rigot - Orpheline

Premier film
Les bienheureux, de Sofia Djama
En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui
Grave, de Julia Ducournau
Jeune femme, de Léonor Serraille
Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan, de Hubert Charuel

Film francophone
Avant la fin de l’été, de Maryam Goormaghtigh
La belle et la meute, de Kaouther Ben Hania
Noces, de Stephan Streker
Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon
Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw

Film d'animation
Drôles de petites bêtes, de Antoon Krings et Arnaud Bouron
Le grand méchant Renard et autres contes, de Benjamin Renner et Patrick Imbert
Zombillenium, d'Arthur de Pins et Alexis Ducord

Documentaire
Carré 35, de Eric Caravaca
Lumière! L'aventure commence, de Thierry Frémaux
Makala, d'Emmanuel Gras
Sans adieu, de Christophe Agou
Le vénérable W, de Barbet Schroeder
Visages Villages, d'Agnès Varda et JR

Musique
Gaspar Claus - Makala
Angelo Foley et Grand Corps Malade - Patients
Grégoire Hetzel - Les fantômes d'Ismaël
Igorrr - Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc
Arnaud Rebotini - 120 battements par minute
Philippe Rombi - L'amant double

Alain Gomis reçoit son 2e Etalon d’or au Fespaco avec « Félicité »

Posté par vincy, le 5 mars 2017

C'est la félicité pour le cinéaste sénégalais Alain Gomis. Il y a deux semaines, Félicité, son dernier film, avait reçu le Grand Prix du jury au Festival de Berlin. Un Ours d'argent qui couronnait pour la première fois dans l'histoire de la Berlinale un film africain, coproduit par la France (notons quand même que le film sud-africain Carmen de Khayelitsha de Mark Dornford-May est jusque là le seul film africain sacré par un Ours d'or).

Félicité a réussi un beau doublé en remportant l'Etalon d'or hier soir, samedi 4 mars, au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Le film raconte la difficile vie d'une chanteuse de bar de Kinshasa confrontée à la pauvreté, dont le fils vient d'avoir un grave accident de moto.

"C'est un grand honneur de recevoir ce trophée pour la deuxième fois", a déclaré Alain Gomis, quatre ans après son Etalon d'or pour Tey. Jusqu'ici, seul le Malien Souleymane Cissé avait été deux fois primé par l'Etalon d'or dans sa carrière. Il a cependant mis en garde l'assistance: "Le cinéma est en danger" selon lui. "On parle de moins en moins de culture et de plus en plus de commerce" rappelle-t-il. "L'arrivée des grands opérateurs nous aide, mais il est aussi un danger. Il faut lutter pour notre indépendance" affirme-t-il à un moment donné où des multinationales comme Vivendi ou la Fnac investissent en Afrique francophone pour développer des réseaux de cinémas ou de grandes surfaces culturelles.

Chouchou des festivaliers, le film anticolonialiste béninois Un orage africain de Sylvestre Amoussou a reçu l'Etalon d'argent. Au moment où le film (qui n'est pas antioccidental souligne le cinéaste), a été primé, le Palais des Sports à Ouaga 2000 a été plongé dans un noir total. Ce manifeste cinématographique contre l’exploitation du continent africain par des gouvernements et entreprises occidentaux a été de loin le film le plus acclamé de la 25e édition du Fespaco selon les journalistes sur place.

L'Etalon de bronze de la mise en scène a été décerné au film marocain A mile in my shoes de Saïd Khallaf. Le prix d'interprétation masculine est revenu à l'acteur français Ibrahim Koma pour son rôle dans le film malien Wulu, autre film ayant reçu un très bel accueil du public et qui a été également récompensé du Prix Sembene Ousmane. Enfin, le prix d’interprétation féminine a été attribué à l’actrice Noufissa Benchehida dans A la recherche du pouvoir perdu du réalisateur marocain Mohammed Ahed Bensouda.

Berlin 2017 : une compétition sous le signe des femmes, de la sphère intime et de l’engagement

Posté par MpM, le 17 février 2017

Si l'on a été quelque peu déçu de cette 67e Berlinale, et plus précisément de sa compétition, c'est que l'on attendait des œuvres fortes, à connotation éminemment politique, et si possible doublées de recherches formelles, et qu'en réalité, nous n'avons pas eu grand chose de tout ça. Dans les autres sections, oui. On a notamment vu deux films de Raoul Peck : The Young Karl Marx d'un côté, I am your negro de l'autre, un documentaire sur Podemos (Política, manual de instrucciones de Fernando León de Aranoa), un autre sur une ville minière extrêmement pauvre de Géorgie (City of The sun de Rati Oneli), le docu-fiction étonnant Casting JonBenet, le prometteur cinéaste Hu Jia (The Taste of Betel Nut) et le très beau mélo de Naoko Ogigami, Close-Knit (Karera ga honki de amu toki wa)... Sans oublier le splendide James Gray, The Lost City of Z, qui aurait mérité la compétition et le convenable film de Martin Provost, Sage femme avec Deneuve et Frot.

La sphère intime


Mais dans la course pour l'Ours d'or, on a surtout eu droit à des portraits de femmes, des relations pères-fils, des relations amoureuses qui se nouent ou au contraire explosent. La sphère intime était presque au cœur de tous les films, qu'il s'agisse des familles "subies", "choisies" ou "héritées". Dans Mr Long de Sabu, Spoor d'Agnezka Holland et L'autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismaki les personnages se recomposent même une cellule familiale de bric et de broc avec des gens qu'ils apprécient. Dans Una mujer fantastica de Sebastian Lelio, au contraire, la famille est le symbole du repli sur soi et du refus de la différence.

Le couple


Réduite à sa forme élémentaire de couple sans enfants dans The party de Sally Potter, Wild mouse de Josef Hader ou Retour à Montauk de Volker Schlöndorff, la famille apparaît également comme une façade qui finit par exploser. D'ailleurs les histoires d'amour finissent bien mal dans la sélection de cette année, hormis dans On body and soul de Ildikó Enyedi. Chez Hong SangSoo, par exemple, la nostalgie et la mélancolie se mêlent lorsque l'héroïne de On the beach at night alone se sépare de son amant. Il y a du désenchantement et de la résignation dans l'air, et surtout un certain pessimisme. Ce n'est guère mieux du côté de Calin Peter Netzer (Ana mon amour ) ou de Django d'Etienne Comar.

Les femmes au top


Les femmes, on l'a déjà dit, étaient, elles, clairement au rendez-vous. On a déjà parlé de Félicité d'Alain Gomis, de Spoor d'Agnieszka Holland et de Una mujer fantastica de Sebastian Lelio, il faut donc ajouter On The beach at night alone, Joaquim de Marcelo Gomes, dans lequel une esclave en fuite prend la tête d'une véritable rébellion, et Colo de Teresa Villaverde où c'est à la femme qu'incombe la responsabilité de subvenir aux besoins de sa famille.

Il fallait aussi l'exception qui confirme la règle avec le terrifiant Retour à Montauk dans lequel les femmes attendent le bon plaisir du mâle (il a abandonné l'une à New York des années auparavant et y a envoyé l'autre, alors qu'il habite à Berlin), sont à son service (son assistante s'occupe de ses ourlets de pantalon) et ne sont pas capables de penser par elles-mêmes (le personnage dicte à sa compagne ce qu'elle doit lui dire). On passe sur la petite remarque antisémite déguisée en "humour", mais uniquement parce c'est un autre sujet.

Réfugiés et montée des nationalismes


Heureusement, la plupart des films avaient plus de choses à raconter que ce pensum ridicule, et certains tenaient même des sujets très actuels, à commencer par L'autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismaki qui est le seul film à aborder frontalement la question des réfugiés d'une part et la montée des nationalismes de l'autre. On peut dire que c'est le film le plus engagé de la compétition, celui dont le propos politique est le plus évident et le plus facilement compréhensible. Il y est aussi beaucoup question de solidarité et d'entraide, toujours avec humour, toujours avec pudeur, parce ces choses-là vont trop de soi pour qu'on en parle vraiment.

Crise économique


Colo de Teresa Villaverde est lui-aussi un film politique, peut-être moins facile d'accès. On y observe les ravages de la crise économique au Portugal et la difficulté pour le pays de se redresser dans un tel climat d'austérité. Enfin, quelques thématiques plus profondes que le délitement de la famille étaient aussi abordées, parfois au milieu d'autres choses, dans des œuvres comme La mujer fantastica (transsexualisme), Beuys d'Andres Veies (l'art comme acte politique) ou Spoor (la protection animale).

Discours égalitaire


On retiendra plus spécifiquement deux autres films : Joaquim et son discours égalitaire (à la fois égalité entre les peuples et entre les hommes, quelles que soient leurs origines sociales), bien que la révolte annoncée au départ soit totalement escamotée du récit et que le manifeste politique passe plus par le terrible portrait du Brésil du XVIIIe siècle que par des théories ou des idées précises.

Portrait au vitriol


Et enfin le film d'animation chinois, Have a nice day de Liu Jian, portrait au vitriol d'une société chinoise qui marche sur la tête. Un "accident" de chirurgie esthétique sur une jeune femme provoque ainsi une suite de catastrophes et de drames qui servent de prétexte pour révéler les rêves et les espoirs de chacun : se marier pour l'un, s'installer à la campagne pour une autre, financer ses inventions pour un troisième... Des rêves si simples, si modestes qu'ils en sont presque tristes, et donnent à voir mieux que de longs discours l'échec du miracle économique chinois.

On a connu Berlin plus engagé, plus résolument militant aussi. Et dans une certaine mesure, on peut se réjouir qu'il n'y ait plus besoin de traiter un sujet "lourd" (social, politique ou historique) pour avoir les honneurs de la compétition. Mais pour ce qui est de nous donner des nouvelles du monde, la sélection 2017 est largement en retrait par rapport à celle de 2016.

Berlin 2017 : portrait de femme en demi-teinte avec Félicité d’Alain Gomis

Posté par MpM, le 11 février 2017


Deuxième film français en compétition de la 67e Berlinale, Félicité d'Alain Gomis est un étonnant portrait de femme situé dans le Kinshasa contemporain. Félicité, le personnage principal, travaille comme chanteuse dans un bar. Cette femme fière et indépendante est décrite par ceux qui la connaissent comme quelqu'un de dur, voire d'autoritaire. Lorsque son fils adolescent a un grave accident en moto, elle se lance logiquement dans un combat âpre pour réunir la somme destinée à payer l’opération.

Pour sa deuxième sélection dans la compétition berlinoise, après Aujourd'hui en 2012, Alain Gomis revient avec un film radicalement différent, où l'aspect rituel et la tonalité fantastique laissent la place à un hyper-réalisme couplé (maladroitement)  à des interludes musicaux et d'autres quasi oniriques en communion avec la nature. On est clairement face à un film hybride qui hésite à la fois sur ce qu'il veut raconter (une ville ? un parcours initiatique ? une drôle de comédie romantique ?) et sur le ton qu'il souhaite adopter, entre mode documentaire, tragédie lacrymale et comédie douce-amère.

Résultat, on a l'impression qu'il cherche à tout faire et tout dire en même temps, ce qui donne un film inégal et interminable. Même le portrait de femme ne fonctionne pas complètement, tant il semble ambivalent. On a en effet l'impression que la force et la fierté de Félicité sont des défauts aux yeux des autres (sous-entendu : pour une femme). Aussi, lorsqu'elle s'effondre, cela sonne presque comme une punition divine pour avoir fait preuve d'une ténacité proche de l'hybris : s'assumer financièrement, avoir rejeté son mari, prétendre auprès du médecin que l'argent n'est pas un problème... Son cheminement (de l'ombre à la lumière, de la mort à la vie) n'est alors pas tant un parcours initiatique qu'un chemin de croix appelant une nécessaire rédemption. Or de qui vient en partie cette rédemption ? D'un homme. Plutôt maladroit.

Dommage, car on se laisse a contrario séduire par les aspects les plus documentaires du film, notamment lorsqu'Alain Gomis filme la ville de Kinshasa avec sa foule compacte, ses quartiers ultra-urbains et ses rues non goudronnées, ses embouteillages et sa justice populaire expéditive. Il se dégage de ces longues séquences naturalistes une énergie et une atmosphère particulières, quelque chose d'indicible qui dynamise le récit. Malheureusement, le cinéaste ne va pas jusqu'au bout, et revient bien vite à son intrigue principale. Même chose avec les interludes qui ne sont pas assez aboutis, pas assez intégrés à la narration pour y trouver leur place. Même si l'on comprend la démarche, elle semble trop artificielle pour fonctionner, et s'enlise même carrément dans sa dernière partie, lorsque le réalisateur, comme incapable de conclure, rallonge inutilement la démonstration.

Félicité est ainsi de ces œuvres ambitieuses et singulières que l'on aurait adoré aimer, mais qui ne se laissent pas faire si facilement. C'est toujours mieux qu'un film trop facile, si aimable qu'il en devient écœurant. Mais il faut malgré tout savoir admettre quand une tentative, aussi louable soit-elle, n'atteint pas son but.