Tristesse après la mort du scénariste Arthur Laurents (1917-2011)

Posté par vincy, le 6 mai 2011

Le scénariste Arthur Laurents s'est éteint au bel âge de 93 ans. Si sa carrière fut surtout glorieuse au théâtre en tant que dramaturge et metteur en scène (La cage aux folles entre autres), on lui doit quelques grands scénarios où il insérait toujours des éléments personnels  : La corde, d'Alfred Hitchcock, Pris au piège de Max Ophüls, Anastasia d'Anatole Litvak, Bonjour tristesse, d'après le roman de Françoise Sagan d'Otto Preminger, et Nos plus belles années, mélo culte de Sydney Pollack. Avec Le tournant de sa vie, d'Herbert Ross, en 1977, il est nommé à l'Oscar du meilleur scénario et du meilleur film. Il reçoit la même année le prix du meilleur scénario de la Writers Guild of America.

Mais Laurents est surtout l'auteur du livret de West Side Story, le drame musical transposé avec succès sur grand écran, et celui de Gypsy!.

Il était aussi l'ancien compagnon du récemment décédé Farley Granger (qui jouait dans La corde et qui est décédé le 29 mars dernier), avant de partager 50 ans de sa vie avec Tom Hatcher (mort en 2006), qui travaillait dans l'immobilier après avoir tenté une carrière de comédien.

Laurents a été blacklisté durant le marccarthisme.

Farley Granger (1925-2011) : un hitchcockien disparaît

Posté par vincy, le 29 mars 2011

L'acteur américain Farley Granger est décédé dimanche à New York à l'âge de 85 ans. Naturellement. Ça nous change... Acteur méconnu, il a pourtant tenu les rôles principaux de très beaux films, sous l'oeil de grands cinéastes.

Il a commencé sa carrière en 1943, à l'âge de 18 ans. Découverte par le producteur Samuel Goldwyn, et imposée à Lewis Milestone (L'étoile du nord, Prisonniers de Satan), cette très jolie gueule sera révélée par Alfred Hitchcock avec le film La corde en 1948. Il donne la réplique à James Stewart. Granger interprète un des deux jeunes meurtriers vaniteux de ce huis-clos fascinant. En 1951, il est en tête d'affiche du magnifique film de Nicholas Ray, Les amants de la nuit. Un de ces films noir passionnels qui pourtant ne rencontra pas son public. La même année, il tournera aussi avec Anthony Mann (La rue de la mort).

Entre séries B policières et comédies romantiques, "l'autre Granger" (à ne pas confondre avec Stewart Granger, immense star à la même époque), trouvera son plus grand personnage dans L'inconnu du Nord-Express, d'Alfred Hitchcock : un joueur de tennis qui se voit proposer le meurtre du père d'un inconnu... Son physique avenant ne cache pas les tourments qui lui traversent l'esprit.

Pourtant, il devra patienter pour obtenir son prochain grand rôle. Il brise alors son contrat avec Goldwyn. Cela le coupera d'Hollywood. Mais en 1954, Luchino Visconti l'engage face à Alida Valli dans le sublime Senso, sélectionné  à Venise. Ce sera son chant de cygne, ne jouant dans aucun film remarquable par la suite. La télévision fera alors appel à ses services pour des participations (L'homme de fer, Max la menace, Hawaï police d'Etat, L'homme qui valait trois milliards, La croisière s'amuse, Arabesque...) ainsi que le cinéma italien (On l'appelle Trinita avec Bud Spencer et Terrence Hill). On retiendra aussi Le serpent en 1972, d'Henri Verneuil, avec Yul Brynner, Henry Fonda, Dick Bogarde, Philippe Noiret, Michel Bouquet et Virna Lisi.

Il l'avouait sans honte : il aimait le cinéma mais détestait en faire. "J'ai joué les mêmes rôles encore et encore : j'aurai du tuer Samuel Goldwyn".

Il préférait la scène, où il se produisait régulièrement à Broadway (La mouette, la ménagerie de verre, et un nombre incalculable de comédies musicales...)."C'est plus viscéral" expliquait-il.

Farley Granger a surtout payé son homosexualité - ouvertement en couple avec Robert Calhoun durant 43 ans, décédé il y a trois ans - et son désir de liberté. Il avait raconté sa vie dans ses mémoires, Include Me Out, inédit en France.