Fake Orgasm au festival Différent3 ! : cinéma 1 – Football 0

Posté par MpM, le 19 juin 2010

fake orgasm filmLes spectateurs présents au festival Différent3 ! jeudi soir n’ont pas eu à regretter d’avoir fait l’impasse sur France-Mexique. Déjà, ils ont échappé à un match désastreux, mais surtout parce qu’ils ont assisté à une expérience unique avec la projection de l’atypique Fake orgasm du Catalan Jo Sol. De l’avis du réalisateur lui-même, il s’agit plus d’un "geste radical" que d’un film, commençant en toute légèreté avec un concours d’orgasmes simulés (d’où le titre) et s’achevant sur un questionnement de l’identité (personnelle, pas nationale).

Le "maître de cérémonie" et initiateur du projet, Lazlo Pearlman, est en effet un artiste conceptuel qui cherche à combattre les clichés, les préjugés et l’ignorance en matière de genre et de transgenre. Au cours de shows à la fois poétiques et frappants, il montre ainsi à un public non sensibilisé qu’en matière d’identité, rien n’est jamais ni certain, ni acquis. Pour ce faire, il n’hésite pas à se mettre à nu, au propre comme au figuré, s’offrant en pâture à la fois aux regards et aux interrogations des spectateurs.

Et le sacrifice n’est pas vain (à défaut d’être facile) puisqu’il révèle les doutes de l’activiste aussi bien que la confusion de ceux qui y sont confrontés. Il en ressort alors une profonde humanité : celle des spectateurs, touchants de maladresse, et celle, bouleversante, de l’artiste et de son irrépressible besoin d’empathie.

C’est aussi bien sûr passionnant dans la manière dont Lazlo Pearlman interpelle chacun de nous. En remettant en cause tout azimut la binarité sexuelle dans laquelle on nous enferme depuis l’enfance, il nous amène à réfléchir sur notre propre rapport à cette identité fluctuante qui nous construit pourtant jour après jour. Qu’est-ce qu’être un homme ? Qu’est-ce qu’être une femme ? Quelle proportion des deux porte-t-on tous en nous ? Et surtout, comment s’extraire de ces étiquettes ?

On peut être perturbé, voire dérangé par ces questions, mais impossible d’y rester indifférent. C’est pourquoi Fake orgasm donne l’impression, l’espace d’une heure, de soulever la chappe de plomb qui a tendance à complaisamment englober le sujet le reste du temps. Pourtant, parler, réfléchir, confronter ses points de vue et se remettre en questions n’a jamais fait autre chose que permettre d’avancer.