Berlin 2014 – Boyhood: 12 ans de production et 2h45 de projection

Posté par vincy, le 13 février 2014


La compétition est décevante cette année à Berlin. Si l'on en croit les étoiles décernées par la presse internationale et publiée chaque jour dans Screen, pas un film ne récolte l'unanimité. Tout juste trois d'entre eux - Stations of the Cross, The Grand Budapest Hotel et '71 - approchent de 3 de moyenne, tout en divisant les critiques. 5 films récoltent même une moyenne inférieure à 2.

On ignore si Boyhood sauvera le tableau général. Mais le nouveau film de Richard Linklater (A Scanner Darkly, Fast Food Nation, la trilogie Before Sunrise, Sunset, Midnight) a reçu des applaudissements nourris à la fin de la projection pour la presse ce jeudi midi. 2h45 de grand cinéma, à hauteur d'homme, sans effets, sans twists ou dramaturgie particulière. Juste la chronique d'un gamin qui grandit dans une Amérique on ne peut plus banale, moyenne et pour tout dire assez paumée.

Le film ce n'est rien d'autre que l'itinéraire de Mason, enfant parfait pour une pub Kinder à l'âge de 6 ans, qui vit avec sa mère et sa soeur, déménage plusieurs fois, se retrouve avec deux beaux-pères successifs, et une belle-mère, une éducation classique (bières, joints, filles), qui reçoit pour ses 15 ans une bible, un costard et un fusil. On est au Texas. Mason ne dispose d'aucun pouvoir, n'a subit aucun traumatisme. Il est on ne peut plus normal et n'a qu'une passion, la photographie.

2h45, des centaines de plans, une vingtaine de personnages qui gravitent dans son univers. Et un plaisir absolu à le voir grandir. Linklater a évité les explications temporelles : on passe d'une époque à l'autre sans transition. Les coiffures ont changé, la musique aussi. L'Amérique est d'abord celle de Bush puis celle d'Obama. Tout est fluide, comme un long fleuve qui s'écoule vers son embouchure.

L'exploit c'est bien sûr d'avoir tourné ce film pendant 12 ans! Commencé en 2002, le tournage s'est prolongé durant toute la croissance du jeune comédien principal qui incarne Mason. A l'origine, le film s'intitulait même The Untitled 12 Year Project. Chaque été, le réalisateur retrouvait son casting, qui vieillissait naturellement devant sa caméra. Un hyperréalisme exceptionnel là où beaucoup de réalisateurs changent ou maquillent les acteurs en fonction de leur âge. Mason, petite tête blonde, devient ainsi un séduisant ado prêt à entrer à la fac. Ellar Coltrane avait donc 7 ans au début du tournage et 18 ans à la fin.

Cela donne un film d'une cohérence rare, d'une ampleur impressionnante, avec un objectif humble : retranscrire les aspirations et les angoisses de chacun, les drames qui forgent l'existence et les joies qui font avancer. Une expérience assez unique et fascinante mais surtout un grand film sur la jeunesse, quasi documentaire.

Alejandro Amenabar va jouer avec nos peurs

Posté par vincy, le 2 novembre 2013

Alejandro Amenábar revient derrière la caméra. Après Ouvre les yeux en 1997, Les autres en 2001, Mar Adentro en 2004 et Agora en 2009, il s'apprête à réaliser au printemps prochain Regression, un film de genre où Ethan Hawke aura le rôle principal.

Amenabar a écrit le scénario, qu'il garde secret. Regression signe son grand retour au film de genre qui avait révélé le cinéaste espagnol dans les années 90. On nous promet que Regression jouera avec nos peurs primaires les plus profondes et nous fera sentir à la fois humain et extrêmement vulnérable.

L'information a été révélée par Variety dans le cadre de l'American Film Market qui se déroule ces jours-ci à Los Angeles.

Berlin récompense le singulier Richard Linklater

Posté par vincy, le 12 février 2013

En pleines festivités, la Berlinale 2013 a remis hier soir une Berlinale Camera surprise à Richard Linklater. Le réalisateur américain rejoint ainsi Isabella Rossellini et Rosa von Praunheim dans le palmarès de ce 63e Festival de Berlin.

La Berlinale Camera récompense des personnalités du cinéma ou des institutions auxquelles le Festival se sent particulièrement redevable en exprimant ses remerciements.

Richard Linklater avait reçu l'Ours d'argent pour Before Sunrise en 1995 ; la suite, Before Sunset, avait également été présentée à Berlin en 2004. Il revient cette année, hors compétition, avec un troisième volet, Before Midnight, qui a enchanté les festivaliers par son rythme effréné et ses dialogues à la fois justes et pleins d'humour. Le cinéaste a reçu son prix en marge de la projection officielle. Cette trilogie, qui a la particularité d'avoir été écrite par le réalisateur et ses deux comédiens principaux, Ethan Hawke et Julie Delpy, suit l'histoire d'amour tumultueuse d'une Française et d'un Américain sur une période de presque vingt ans.

Linklater, texan de 53 ans refusant de migrer à Hollywood, est incontestablement l'un des réalisateurs les plus intrigants du cinéma américain de ces trente dernières années. Par des scénarios singuliers et une mise en scène variant selon les sujets, il a séduit public et critique avec des films comme le culte Dazed and Confused (1993), le film animé Waking Life (2001), le déjanté Rock Academy (2003), le fabuleux et inégal Fast Food Nation (2006, sélectionné en compétition à Cannes) ou encore l'expérimental film animé A Scanner Darkly (2006). D'autres films, en revanche, ont manqué leur cible et n'ont pas convaincus (Me and Orson Welles, The Newton Boys, Tape...).

Son récent Bernie (2012), avec Jack Black, Shirley MacLaine et Matthew McConaughey, a été un joli succès surprise dans la catégorie art et essai aux USA, recevant quelques prix fin 2012 ; il a, notamment, été sélectionné parmi les 10 films de l'année du National Board of Review.

Il vient également de produire et réaliser la série TV Up to Speed. Et prépare actuellement Boyhood, avec Patricia Arquette et Ethan Hawke.

Clap final pour La femme du Ve

Posté par vincy, le 24 juin 2010

C'est sans aucun doute l'un des films à venir les plus intrigants. Un livre de Douglas Kennedy, gros vendeur en librairie mais une seule fois adapté au cinéma (Welcome to Woop Woop en 1997). Un jeune cinéaste polonais installé à Londres, Pawel Pawlikowski, récent prix Média du Nouveau talent européen. Une actrice britannique vivant en France, Kristin Scott-Thomas. Un acteur hollywoodien, Ethan Hawke. Il faudrait aussi rajouter au casting les comédiens Joana Kulig, Delphine Chuillot et Samir Guesmi.

L'ensemble  donnera vie à La femme du Ve, tourné en avril et mai dernier, en anglais et en polonais. Haut et Court détenait les droits du livre, a proposé le projet au cinéaste, qui rêvait de filmer Paris. Tout a été accéléré pour se caler sur les deux mois de libre des deux comédiens principaux.

Prévendue au marché du festival de Berlin, et essentiellement financé grâce aux distributeurs internationaux, cette production modeste de 5,3 millions d'euros devrait être prête pour le premier trimestre 2011.

Le film est l'histoire d'Harry Ricks, qui quitte précipitamment les Etats-Unis pour Paris suite à une série de désastres personnels. Il est logé dans une chambre de bonne du faubourg Saint-Martin et a du mal à joindre les deux bouts. C'est alors qu'il fait la connaissance de Margit, une belle et mystérieuse Hongroise. Il succombe à une passion pour cette femme sensuelle et plus âgée. Sa vie prend une tournure inattendue.

Cannes 2010 : Pawel Pawlikowski remporte le Prix Nouveau Talent Européen

Posté par Sabrina, le 19 mai 2010

Lundi 17 mai, à l'occasion de la Journée de l'Europe à Cannes, la nouvelle Commissaire européenne chargée de la Culture et de l’Education - Androulla Vassili - a décerné au réalisateur polonais (et résident britannique) Pawel Pawlikowski le Prix Nouveau Talent Européen pour son projet anglo-polono-danois Sister Of Mercy. Une récompense distribuée via le plan MEDIA de l'Union Européenne, destinée à soutenir des projets de long-métrages de qualité et haut potentiel européen.

Entre temps, Pawel Pawlikowski a commencé le tournage de La femme du Ve, adaptation du best-seller de Douglas Kennedu, avec Kristin Scott-Thomas et Ethan Hawke.

On se souvient de son précédent My Summer of Love qui avait révélé Emily Blunt. Souhaitons que Sister of Mercy soit un rendez-vous cannois à venir !

Scarlett Johansson va brûler les planches de Broadway

Posté par vincy, le 25 novembre 2009

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Après le cinéma, la musique et la mode (cette année, elle est devenue l'égérie de Mango, photo), Scarlett Johansson rajoute une corde à son arc : le théâtre. Bien sûr, elle y a fait ses débuts, à l'écart de Broadway, avec Ethan Hawke, dans Sophistry. Elle était âgée de huit ans.

Là son choix est un peu plus mature. Face à Liev Schreiber, elle sera la vedette de A View form the Bridge (Vu du pont), écrite par Arthur Miller en 1955. Jouée au Cort Theater, sur Broadway, elle a mis plusieurs atouts de son côté : un metteur en scène respecté (Un tramway nommé désir, avec Jessica Lange et Alec Baldwin), un producteur qui a la côte (Les dieux du Carnage, la pièce française qui fait actuellement un carton à new york) et un partenaire réputé (il a gagné un Tony Award pour Glengarry Glen Ross en 2005).

La pièce se jouera à compter du 24 janvier 2010, pour 14 semaine. Johansson embrayera avec la promotion d'Iron Man 2, qu'elle vient de finir de tourner.

Broadway connaît une saison hollywoodienne avec la présence sur les affiches de Daniel Craig, Hugh Jackman, Jude Law et bientôt Catherine Zeta-Jones.

Joyeux Anniversaire… Québec

Posté par vincy, le 3 juillet 2008

open-1.jpg end06-react-b.jpgshadow-quebec.jpgVous allez me dire : quel rapport entre les 400 ans de la Ville de Québec et le cinéma ? A priori aucun. Ecran Noir n’est pas né un 3 juillet mais le 12, et c’était à Montréal.

Pourtant, la Ville de Québec, toute concentrée à ses célébrations festives, a perdu son Commissariat au cinéma et à la télévision en mai dernier. 400 ans et quasiment inexistante au cinéma. C’est d’autant plus incompréhensible qu’elle est l'une des rares villes cinégéniques d’Amérique du Nord. Le Vieux Québec, comme la Nouvelle Orléans ou Boston, a un aspect européen romantique bien mieux préservé que son équivalent à Montréal. La vue sur les environs, notamment sur l’esplanade du Château Frontenac, offre un panorama somptueux qui n’a d’égal que celui de San Francisco.

shadow-confessional.jpgDans son communiqué daté du 7 mai, le Gouvernement du Québec a enterré le Commissariat, ses employés avec, après trois ans d’existence. Hélas, peu de réactions ont émergé. Le scandale provoqué par la destruction du Bureau du film (1987-2004) ne se répètera pas. Le Gouvernement estime, en se fondant sur un audit des surestimés consultants de PriceWaterHouse Coopers - leur pensée unique étant formatée comme un Powerpoint en « slides » enchaînées, ils ne se sont intéressés qu’au point de vue des producteurs -, que l’environnement multimédia aura raison dans quelques années d’une approche trop classique (des tournages audiovisuels dans des décors naturels). La priorité n’est donc plus de faire de Québec une ville de tournage mais un pôle multimédia et technologique, où la croissance serait plus forte. Montréal doit bien rigoler, elle qui investit tant pour séduire les productions hollywoodiennes… et empocher les retombées économiques qui en découlent.

movie-react-c.jpgSi vous voulez tourner à Québec, il restera le service de la culture de la Ville pour vous guider dans « ses vieilles forteresses », « ses ruelles étroites recouvertes de pavés », et aux alentours, « ses montagnes, gorges et falaises ». Eventuellement, la Ville vous accordera « une réduction substantielle quant aux coûts des services municipaux fournis lors des tournages. »

Peut-être que l’indifférence politique, la concurrence des contributeurs d’aide entre eux, l’absence de résultats sur le nombre de tournages produits dans la région, ont eu raison de cet organisme. Evidemment, les demandes transiteront ailleurs, les financements viendront d’autre part. Il n’y a pas péril en la demeure.

Reste que la vieille dame du Saint-Laurent  se voit marginalisée sur la carte des lieux de tournage, alors même que l’industrie de l’image nécessite une dynamique alliant les nouvelles technologies, le divertissement, la création et le financement.

react3-c.jpgIl est vrai aussi que Québec a échoué à attirer les créateurs et les producteurs étrangers. Il y a bien eu Taking Lives, un thriller de serial-killer avec Anjelina Jolie et Ethan Hawke ou une brève séquence d’ Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg. Bollywood a réalisé un de ses films comme ils vont en Corse pour s'encanailler dans des paysages exotiques.  Michel Boujenah y a tourné la conclusion de son Père et fils, ultime film de Philippe Noiret. Rien de transcendant. Québec souffre sans doute du poids d’un mythe. Qui oserait tourner dans la ville de La Loi du Silence (I Confess), film d’Alfred Hitchcock, entre foi, meurtre et culpabilité, avec Montgomery Clift et Anne Baxter. Dans l’ombre du maître, Québec est condamnée depuis 55 ans à attendre qu’un grand cinéaste la courtise de nouveau...

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