Et si on binge-watchait… Arde Madrid

Posté par vincy, le 3 mai 2020

En attendant la fin du confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous recommande toutes les semaines dans L'Instant Zappette un programme à visionner en streaming. Aujourd’hui, retour sur une série espagnole - car il n'y a pas que La Casa de Papel et Elite - discrètement cachée sur le replay de France Tv, Arde Madrid.

C'est Ava Gardner qui rencontre le général Peron. Coécrite, coproduite, réalisée et interprétée par Paco Léon (on vous recommande son Instagram parfois "caliente"), Arte Madrid est partie d'une histoire vraie: Ava Gardner (Debi Mazar, vue dans Entourage et Good Vibes, déjà une Gloria Swanson dans Return to Babylon), en manque de bons projets alors qu'elle est au sommet de sa gloire, perturbée par un mariage tourmenté avec Franck Sinatra, vient vivre à Madrid en 1955, seul anachronisme du film. Pour la série, elle a pour voisin le général Juan Peron (Osmar Nunez), président de l'Argentine, veuf de Evita, marié à une ancienne danseuse de cabaret, Isabel (Fabian Garcia Lago). Peron ne s'installera vraiment à Madrid qu'en 1958 et ne se mariera avec Isabel qu'en 1961. Avec la mort d'Ernest Hemingway qui survient durant la série et la préparation des 55 jours de Pékin, qui se tournera en 1962, on peut donc dater l'intrigue à 1961. Ce sont les seuls faits réels insufflés dans le scénario.

Car pour le reste, tout est pure fiction. L'histoire d'Arde Madrid est celle d'Ana Mari (l'impeccable Inma Cuesta, vue dans Julieta de Pedro Almodovar), une femme boiteuse (à cause de la polio), honnête, pieuse et stricte, qui est missionnée pour espionner l'actrice américaine, qu'on suspecte d'accointances communistes. Embauchée comme femme de ménage, elle doit simuler un mariage avec le chauffeur, Manolo (l'imprévisible Paco Leon, repéré dans la série La cas de las flores), magouilleur et baratineur. Dans le petit personnel, on croise aussi Pilar (Anna Castillo), qui va se lier d'amitié avec la star. Autour, des parasites: le frère d'Ana Mari, schizo, une bande de gitans hystériques, un secrétaire qui n'en peut plus, un bijoutier fétichiste du léchage de pieds, deux caniches, deux flics de la garde civile, ou encore une caporale franquiste faussement dure. En 8 épisodes 30 minutes environ, la chronique est bouclée avec une intrigue sans enjeu, hormis une suite de quiproquos et de malentendus, à commencer par le collier Bulgari de Gardner, objet de toutes les convoitises et de toutes les bêtises.

C'est une chronique féministe. Derrière le générique qui font tout le monde en sous-vêtements (de l'époque), pop et presque tarantinesque, il y a donc l'histoire d'une femme coincée et vertueuse qui va découvrir les plaisirs de la chair, d'une star qui ne sait pas comment combler son ennui, d'un adulescent qui ne sait pas comment se sortir de ses arnaques à la petite semaine, et d'une Espagne dirigée par Franco. Il y a ces machos espagnols et ces femmes soumises. En apparence. Car la liberté d'Ava Gardner est contagieuse. Et c'est bien l'émancipation d'Ana Mari et de Pilar, la domination de l'épouse (possessive, excessive, jalouse) de Vargas et le caractère affirmé d'Isabel (future présidente de l'Argentine). Tout est résumé dans le dernier épisode, avec, notamment, le discours final d'Ana Mari, qu'on pressent craquer pour Manolo et qui va faire un vibrant plaidoyer en faveur de l'autonomie de la femme dans une société patriarcale. Or, on le voit bien au fil des épisodes: les mâles sont faibles. Péron est insomniaque, a besoin de faire du yoga et se sent déclassé et humilié; Vargas se fait mener par le bout du nez pour une histoire de culotte en dentelles ; le frère, non binaire, n'a plus toute sa tête ; le secrétaire est soumis ; et Manolo a besoin d'Ana Mari pour s'en sortir à chaque péripéties.

Fun is beautiful. Le ton est résolument exubérant et burlesque. Il suffit de voir ces deux gardes civils qui ont des airs de Dupont et Dupont dans des silhouettes de Laurel et Hardy. Si le fond est dramatique, Paco Leon n'hésite par à toujours faire un pas de côté pour amener le plan dans un délire inattendu (comme cette chèvre sur un piano en pleine "party", le fantasme sexuel et chorégraphié du dépucelage ou cette élection de Miss Nations unies qui prend feu). Il offre aussi au spectateur cette culture espagnole de la fête (flamenco à gogo) et de la tolérance (du queer à l'avortement). Mais ce qui rend Arde Madrid si particulière c'est bien cette photo en noir et blanc, lumineuse et soignée. La splendeur de l'image fait presque oublier le format "série", comme si nous étions plongés dans une telenovela d'antan, entre une photo du studio Harcourt et un mélo des années 1950 restauré, situations stéréotypées (du vaudeville au suspens) et direction artistique jamais formatée. C'est ce décalage permanent entre le fond (pas si sérieux) et la forme (volontairement sublimée), entre les micro-drames en surface et l'intimité des grandes dames qui font d'Arde Madrid un petit bijou caché, loin des séries contemporaines, plus proche d'un film aussi furieux que fantaisiste de Blake Edwards.

Il n'y aura pas de deuxième saison. Paco Leon a refusé de donner une suite à sa série malgré l'insistance de Moviestar +.

Et si on binge-watchait… La Casa de Papel sur Netflix

Posté par wyzman, le 2 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et tandis que Netflix mettra en ligne la quatrième partie demain on ne saurait que trop vous recommander de jeter un coup d’oeil au phénomène La Casa de Papel !

C’est une série qui divise. A l’instar de Game Of Thrones, Breaking Bad ou encore Mad Men, La Casa de Papel fait partie de ces séries qui ne peuvent pas faire l'unanimité. Les fans de la première heure l’assurent : la série dramatique qui mêle braquage et thriller est une petite merveille. Ceux qui l’ont prise en cours de route ou n’ont regardé aucun épisode restent convaincus qu’il y a supercherie. Cette une série centrée sur le casse de la Fabrique nationale de la monnaie espagnole par un génie à la morale discutable et sa bande de criminels aux noms de métropoles ne peut pas faire rêver les millions d’abonnés français et internationaux de Netflix. Cette version de Robin des bois high-tech serait du toc plutôt que du teck.

Et pourtant, en mettant en scène une attaque manipulatrice auquel la plupart d’entre nous n’aurait jamais pensé, Alex Pina permet à Netflix de prouver que les plateformes de streaming n’enlèvent rien au suspense d’une série si celle-ci est bien montée et enfin que le plus grand succès télévisuel espagnol en France ne peut pas rester Un, dos, tres ! Bien évidemment, et comme c’est souvent le cas avec les séries dont la survie des protagonistes dépend de leur capacité à s’exfiltrer d’un endroit, les rebondissements de La Casa de Papel sont parfois un peu tirés par les cheveux (le découpage peut-être palpitant et brillant, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques incohérences dictées plus par l'action que par le récit).

Du syndrome de Lisbonne et Stokholm aux passés pas très heureux de Nairobi (de loin le personnage le plus passionnant) et Moscou, en passant les attirances troubles de Berlin ou de Helsinki, la série s'amuse avec de la psychologie de mélodrame (façon telenovelas) dans une intrigue où l'on s'interroge avant tout sur l'issue. Car on a envie qu'ils s'en sortent ces bandits. Leur cause n'est pas moins juste que d'autres. Et en face, on sent surtout une partie adverse prête à tout pour affirmer son pouvoir.

En l'espace de 26 épisodes, nous avons donc vu des snipers aguerris se prendre une raclée, une moto faire un bond vers une porte blindée, un tank être abattu au bazooka et un coffre-fort transformé en piscine... Mais si Ocean’s Eleven, Inside Man, The Town et Bady Driver nous ont appris quelque chose, c’est que plus c’est plus gros, plus cela a des chances de passer. . Une idée qui se voit sublimée dans La Casa de Papel quand elle faisait un plat dès la saison 2 de Prison Break !

En cela la saison 3 a réussi, malgré quelques bidouillages, a s'aligner sur les deux premières, avec l'ajout de personnages, de faiblesses et de suspens. Bien malin qui pourrait deviner la fin tant les scénaristes nous ont habitués à nous méfier des apparences et à jouer des ambivalences. Et les fans jouent le jeu, imaginant la suite, sur-réagissant à certains épisodes, s'enflammant pour des erreurs ou des scènes brillantes.

C’est un programme conçu pour la pop culture. Série espagnole incontournable du moment, La Casa de Papel est devenue un phénomène partout en Europe parce qu’elle traite de situations, d’antagonistes et de modèles financiers qui sont loin de nous êtres inconnus. Plus encore, tout le programme semble avoir été formaté pour toucher la corde nostalgique du spectateur. Mix incroyable mais réussi d’influences diverses, le programme diffusé à l’origine sur la chaîne espagnole Antena 3 est un pot-pourri télévisuel et cinématographique presque sans précédent. C'est Mission:Impossible avec l'extravagance espagnole, le talent du cinéma ibérique pour le polar, une déclinaison de Die Hard (huis-clos) dont la série a hérité la dérision, et en superficie, une belle critique des régimes libéraux-autoritaires.

Et puis les faits de la série sont loin d’être si impensables que cela (un braquage d’imprimerie à Rennes a failli avoir lieu en 2014), le personnage de Tokyo (Ursula Corbero) serait inspiré de celui de Natalie Portman dans Léon, les masques portés par les braqueurs en référence à Salvador Dali ne sont pas sans rappeler ceux des Anonymous, de V pour Vendetta ou plus récemment Joker. Quant à “Bella Ciao”, son refrain et l'enthousiasme des personnages qui l'entonnent auront suffi à le faire passer de chant partisan italien né chez les antifascistes à symbole de la dimension politique de la série espagnole. Sans oublier tous les remix nés depuis par les rapeurs et autres chanteurs à la monde. On est dans l'air du temps.

C’est un vivier de talents. A l’image de la série qui a fait de Wentworth Miller une star planétaire, La Casa de Papel tient autant la route pour la qualité de ses intrigues que pour son casting particulièrement multiculturel et consistant. Quand les personnages féminins sont subtilement écrits et joués avec beaucoup de maîtrise, les acteurs de la série ne sont pas en reste. Grâce à La Casa de Papel, Álvaro Morte qui joue le Professeur a décroché son premier rôle dans un long métrage, reçu l’équivalent espagnol d’un SAG Award de meilleur acteur de série dramatique et enchaîné sur deux séries pour les plateformes Hulu et Amazon Prime Video.

Quand aux deux beaux gosses de la série, Miguel Hérran (Rio) et Jaime Lorrente (Moscou), Netflix n’a pas manqué de les caster dans sa première série originale espagnole destinée aux plus jeunes Elite après avoir acheté les droits de diffusion de la première saison de La Casa de Papel.

La Casa de Papel, trois parties disponibles ici. La quatrième (sans doute la dernière) débute demain. A coup sûr, la bande passante va exploser. Vous êtes prévenus !

Almodovar: Bonheur et gloire aux Goyas 2020

Posté par vincy, le 26 janvier 2020

C'était assurément une belle soirée pour Pedro Almodovar. Samedi 25 janvier, les Goyas (César espagnols) lui ont fait un beau cadeau avec sept prix pour son film Douleur et Gloire, qui surclasse ainsi les 5 prix pour Lettre à Franco d'Alejandro Amenabar.

Ces 34e Goyas se sont déroulés dans un contexte plus favorable que les années précédentes: la droite n'est plus au pouvoir, le box office est en hausse en 2019, repassant au dessus des 100 millions d'entrées annuelles et réalisant même sa meilleure fréquentation en dix ans. Almodovar en a profité pour lancer: "Le cinéma espagnol est en bonne position, mais il reste de nombreuses zones sombres. Je voudrais dire au président [Pedro Sanchez] que le cinéma d'auteur, indépendant, en dehors de sa place marginale sur les plateformes, est en grave danger d'extinction." Parmi les zones sombres, la part de marché du cinéma espagnol au box office qui est tombée à 15% en 2019.

Douleur et gloire a reçu les prix du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure musique originale, du meilleur montage, du meilleur acteur (pour Antonio Banderas) et du meilleur second-rôle féminin (pour Julieta Serrano). Autant dire que ce fut plutôt bonheur et gloire.

Lettre à Franco d'Alejandro Amenabar doit se contenter des prix du meilleur second-rôle masculin (pour Eduard Fernandez), de la meilleur direction de production, des meilleurs décors, des meilleurs costumes et des meilleurs maquillages et coiffures.

Les Goyas ont aussi récompensé des films radicalement différents. La hija de un ladrón de Belén Funes a reçu la récompense du nouveau réalisateur (équivalente à une catégorie de meilleur premier film). Intempérie a été doublement primé pour son scénario (adaptation) et sa chanson originale. Viendra le feu, film remarqué à Un certain regard à Cannes, a été distingué à travers Benedicta Sánchez (révélation féminine) et Mauro Herce (image). Une vie secrète est aussi reparti avec deux prix, celui de la meilleure actrice pour Belén Cuesta et celui du meilleur son. La plateforme a remporté le prix pour les meilleurs effets spéciaux et Enric Auquer, dans Quien a hierro mata, a récolté le prix de la meilleure révélation masculine.

Buñuel après l'Âge d'or de Salvador Simó a logiquement reçu le Goya du meilleur film d'animation. Ara Malikian, una vida entre las cuerdas de Nata Moreno a été sacré meilleur documentaire.

Les misérables de Ladj Ly a été couronné du Goya du meilleur film européen et La odisea de los giles de Sebastián Borensztein du Goya de la meilleur coproduction hispano-américaine.

Trois courts métrages ont été récompensés: Jus de pastèque d'Irene Moray (fiction), Nuestra vida como niños refugiados en Europa de Silvia Venegas Venegas (documentaire) et Madrid 2120 de José Luís Quirós et Paco Sáez (animation).

Trois Goyas d'honneur ont aussi été décernés: à titre posthume au réalisateur Narciso "Chicho" Ibáñez Serrador, à l'actrice et chanteuse Pepa Flores dite Marisol et à la comédienne "almodovarienne", Marisa Paredes.

[2019 dans le rétro] Un cinéma mondial toujours très hollywoodien

Posté par vincy, le 24 décembre 2019

Si on ne regarde que le box office, l'état des lieux du cinéma mondial pourrait être désespérant avec les 10 plus grosses recettes pour des films américains, dont 6 pour le studio Disney, qui au passage a battu un record historique de 10 milliards de dollars de recettes sur l'année (avant même l'arrivée de Star Wars).

Cette hégémonie des titres américains est encore plus frappante quand on remarque qu'ils réalisent tous de 60 à 77% de leurs recettes hors Amérique du nord. Seuls le cinéma chinois parvient à se faire une petite place dans le Top mondial avec quatre films, le film d'animation Ne Zha (700M$), The Wandering Earth (700M$), My People, My Country (430M$) et The Captain (410M$). On peut y ajouter 4 autres films dans le Top 50. L'essentiel des recettes proviennent cependant du marché chinois. Ce partage américano-chinois des recettes internationales laissent peu de place aux autres cinématographies. Hormis les très anglais Downton Abbey (188M$) et Yesterday (151M$), aucun film européen ne parvient à rivaliser avec les mastodontes des deux empires économiques.

Il y a heureusement des succès qui réjouissent. Ainsi Parasite qui a su cumuler plus de 125M$ de recettes. L'Asie confirme d'ailleurs ses bonnes performances avec des cartons comme les japonais Les enfants du temps - Weathering With You (180M$), Detective Conan (116M$) et One Piece: Stamped (80M$) ou le sud-coréen Extreme Job (120M$).

C'est évidemment beaucoup plus que les 68M$ (dont 15,5M$ à l'étranger soit près de 3 millions d'entrées, dont un tiers en Allemagne) de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, leader français de l'année. Même Anna de Luc Besson, traditionnellement le champion à l'export, n'a réussit à récolter que 30M$ au global (4 millions d'entrées). Le cinéma français n'a d'ailleurs pas brillé à l'international. Rares sont les films qui ont attiré plus de 500000 spectateurs à l'extérieur des frontières et ce sont surtout des sorties de 2018 qui ont cartonné (Astérix et le secret de la potion magique, Mia et le lion blanc, Ghostland). Il y a une exception avec Minuscule 2, qui est d'ailleurs le plus gros succès français en Chine de l'année.

Pour finir avec les chiffres, Douleur et Gloire (35M$) est l'un des rares films européens non anglophones à avoir su trouver son public dans plusieurs pays, y compris aux Etats-Unis. Le cinéma espagnol est aussi un des seulss qui résiste au déferlement américain avec trois films locaux classés dans le top 20, là où l'Italie n'en place qu'un et l'Allemagne deux.

Cependant, si les recettes donnent Hollywood vainqueur par K.O., la qualité des films est ailleurs. Pas étonnant que des films comme Parasite, Douleur et Gloire, J'ai perdu mon corps, Les Misérables, Portrait de la jeune fille en feu se retrouvent classés dans les palmarès ou nommés dans les grandes cérémonies hollywoodiennes, et pas seulement dans la catégorie meilleur film étranger.

Car, avant tout, on a vu des propositions cinématographiques fabuleuses et enthousiasmantes, encourageantes même d'un point de vue de cinéphiles. Il suffit de voir le singulier Synonymes de l'israélien Nadav Lapid, l'un des films les plus originaux et jubilatoires de l'année, Ours d'or audacieux à Berlin. Qui fait écho, étrangement au film palestinien It must be Heaven de Elia Suleiman. Deux hymnes à la paix à travers l'exil, sur fond d'humour absurde. Dans la même veine drôlatique, n'oublions pas Tel Aviv on fire de Samej Zoabi, qui a séduit un peu partout en Occident.

Du côté asiatique, l'année fut riche. Outre Parasite, carton mondial (mais seulement 5e du box office local avec 10 millions d'entrées, la Corée du Sud maintient son statut à part avec le phénomène Extrême Job de Lee Byeong-heon (16 millions d'entrées), le beau succès d'Exit de Kee Sang-geun ou le remarqué Le Gangster, le Flic et l'Assassin de Lee Won-tae. Au Japon, les productions nationales ont aussi brillé, même si peu se sont exportées, et si il s'agit essentiellement de films de genre. First Love (Hatsukoi) de Takashi Miike, Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa et surtout le très beau Asako I & II de Ryusuke Hamaguchi ont montré malgré tout que le cinéma japonais conservait une belle variété de talents. Le cinéma chinois exporté est surtout un cinéma de festivals. C'est avant tout l'interdiction de voyager de One second de Zhang Yimou qui a frappé les esprits. Il n'empêche, quatre des grands films orientaux de l'année sont venus de l'Empire du milieu: Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan et Les Éternels de Jia Zhangke, tous deux à Cannes en 2018, So long my son de Wang Xiaoshuai, primé à Berlin et le splendide polar Le lac aux oies sauvages de Diao Yi'nan, en compétition à Cannes en mai. Toujours à Cannes, en provenance d'une région qui a donné peu de grands films cette année, Pour Sama de Waad al-Kateab, documentaire syrien, est sans doute l'une des œuvres les plus bouleversantes de l'année.

Le cinéma latino-américain a été plus contrasté, et plus engagé aussi: féminisme, homosexualité, autoritarisme... les réalisateurs s'attaquent de front aux problèmes de leur pays, que ce soit l'effrayant Tremblements de Jayro Bustamente, le grandiose Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho, le sublime La Vie invisible d'Eurídice Gusmão de Karim Aïnouz ou le saisissant Companeros d'Alvaro Brechner. On a aussi en tête les images de La Cordillère des songes de Patricio Guzmán, de Nuestras Madres de César Díaz, de La flor de Mariano Llinás et de L'Ange de Luis Ortega.

Plus au nord, au Québec, l'année fut morose, en qualité le plus souvent, et en recettes, désespérément. Ainsi, malgré deux films, Xavier Dolan n'a pas retrouvé ses succès d'antan, repartant sans prix de Cannes, et finissant l'année avec deux flops. Son ancienne actrice, Monia Chokri sortait aussi son premier film, La femme de mon frère, sans plus de succès. La Chute de l'empire américain de Denys Arcand est sorti dans l'indifférence malgré un sujet dans l'air du temps, tandis que le canadien Guest of Honour d'Atom Egoyan a déjà été oublié à Venise. Au Québec, seul un film a été un gros hit cette année, la comédie Menteur avec 590000 entrées. Louise Archambault avec Il pleuvait des oiseaux a cependant confirmé sa bonne cote avec 200000 entrées. La femme de mon frère (76500, 3e), Matthias et Maxime (44500, 4e), le très beau Jeune Juliette (32200, 5e), The Death & life of John F. Donovan (21700, 8e) révèlent l'extrême faiblesse du cinéma québécois sur son propre territoire.

Enfin, le cinéma européen se porte bien. Même si de grands noms comme Ken Loach, Fatih Akin, les frères Dardenne ont déçu, sans doute parce qu'ils persévèrent dans la même veine, en s'orientant vers un discours de moins en moins généreux ou surprenants. Ce n'est pas qu'une question de goût puisque même leurs fans n'ont pas vraiment suivi.

Le cinéma européen reste producteur de grands films, exportés, récompensés, applaudis. La Favorite de Yórgos Lánthimos en fut l'emblème cette année, avec un triomphe hollywoodien en plus d'un gros succès public international. Au sud, des cinéastes réputés comme Marco Bellocchio (Le traître), qui symbolise un renouveau du cinéma italien auquel on peut raccrocher Martin Eden Pietro Marcello, Pedro Costa (Vitalina Varela, Leopard d'or à Locarno), Costa Gavras (Adults in the Room) prouve que, malgré la télévision, le cinéma résiste bien. C'est surtout le cinéma espagnol est le plus en forme avec des films aussi divers El reino de Rodrigo Sorogoyen, Viendra le feu d'Oliver Laxe, Yuli d'Icíar Bollaín, Petra de Jaime Rosales... L'Europe centrale et de l'Est n'est pas en reste avec des œuvres comme Sunset de Laszlo Nemes, Une grande fille de Kantemir Balagov, le formidable Dieu existe, son nom est Petrunya, de Tenona Strugar ou encore Les siffleurs de Corneliu Porumboiu. Sinon, du très émouvant Et puis nous danserons (And Then we Danced) de Levan Akin au très étrange Border d'Ali Abbassi en passant par L'audition d'Ina Weiss, L'œuvre sans auteur de Florian Henckel von Donnersmark, Yesterday de Danny Boyle, Noureev de Ralph Fiennes, c'est là encore l'éclectisme qui prime, mais surtout il s'agit de la quête d'une narration spécifique, s'affranchissant de limites morales et plaidant pour une liberté de création. Même s'ils ne trouvent pas un public aussi large qu'on pouvait l'espérer.

Une grande partie de ces films sont des coproductions françaises, principal soutien financier des auteurs. Il en est ainsi également des deux films au féminin venus d'Afrique, Atlantique de Mati Diop, Grand prix du jury à Cannes, film sénégalais dans l'âme, et Papicha de Mounia Meddour, film algérien dans sa chair.

On finira ce tour du monde avec quelques films d'animation qui là aussi se distinguent dans leur proposition esthétique. Funan de Denis Do, Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo, Les enfants de la mer de Ayumu Watanabe, La fameuse invasion des Ours en Sicile de Lorenzo Mattoti. A eux quatre, ils démontrent que le cinéma n'est pas qu'un produit formaté, même dans l'animation. Chaque pays revendique finalement sa part d'exception culturelle, sa personnalité dans un monde où les images sont encore trop américaines.

19 films d’Almodovar en rétrospective

Posté par vincy, le 19 juin 2019

Alors que Douleur et Gloire est tours dans le Top 10 du box office français un mois après sa sortie et cumule plus de 700 000 entrées, Tamasa distribution sort cette semaine une rétrospective du maître espagnol Pedro Almodovar.

Cette rétrospective de 19 films - de Pepi Luci Bom et autres filles du quartier à Julieta - .sera nationale avec 3 salles à Paris, notamment le Gaumont Les Fauvettes, et dans les grandes villes (Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, ...) comme dans les moyennes (Angers, Dijon, Grenoble, Metz...).

Ce sera l'occasion de (re) découvrir ses premiers films ou de (re) voir ses moins populaires. Il a fallu attendre 1986 pour découvrir un film d'Almodovar en France (Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?, 86000 entrées) et 1989 avec Femmes au bord de la crise de nerfs pour qu'il connaisse son premier succès (600000 entrées). Cinq de ses films ont attiré plus d'un million de spectateurs: Talons Aiguilles (1992, 1,5M d'entrées), Tout sur ma mère (1999, 2M d'entrées), Parle avec elle (2002, 2,2M d'entrées), La mauvaise éducation (2004, 1,1M d'entrées), Volver (2006, son plus grand succès avec 2,3M d'entrées).

Pedro Almodovar va recevoir un Lion d'or d'honneur au prochain Festival de Venise.

Venise 2019: Un Lion d’or d’honneur pour Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 14 juin 2019

Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar va recevoir un Lion d'or d'honneur au 76e Festival du film de Venise (28 août-7 septembre). Cette récompense couronnera l'ensemble de sa carrière. Don Pedro s'est dit à la fois excité et honoré de ce "don". Il se souvient d'avoir fait ses débuts internationaux à la Mostra en 1983 avec Dans les ténèbres. "C'était la première fois qu'un de mes films sortait d'Espagne" explique-t-il. Il est revenu sur le Lido avec son premier grand succès international, Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988, qui avait remporté le Prix du meilleur scénario, sa première récompense. "Ce Lion va devenir mon animal domestique, à côtés des deux chats qui m'accompagnent" ajoute le maître espagnol.

Inutile de signaler que Pedro Almodovar est l'un des réalisateurs les plus réputés dans le monde. Parle avec elle lui a valu un Oscar du meilleur scénario (en plus d'une nomination à titre de meilleur réalisateur), Tout sur ma mère a été choisi pour l'Oscar du meilleur film en langue étrang§re. Il a reçu 4 Baftas, un Teddy Award à Berlin, un prix du scénario et un autre de la mise en scène à Cannes (en plus de prix d'interprétation pour les actrices de Volver et pour Antonio Banderas dans Douleur et Gloire), 4 César, 7 European Film Awards, et de nombreux Goyas dans son pays: meilleur film et meilleur scénario original pour Femmes au bord de la crise de nerfs, meilleur film et meilleur réalisateur pour Tout sur ma mère, meilleur film et du meilleur réalisateur pour Volver... Il a également été sacré par un Prix Lumière du Festival éponyme de Lyon il y a 5 ans.

Depuis 40 ans, Pedro Almodovar n'est pas seulement le "cinéaste qui nous a offert les portraits les plus variés, les plus controversés et les plus provocants de l’Espagne post-franquiste" comme l'explique le Festival de Venise, ni "seulement le réalisateur espagnol le plus important et le plus influent depuis Buñuel". "Almodóvar excelle avant tout dans la peinture de portraits féminins d'une originalité incroyable, grâce à une empathie exceptionnelle qui lui permet de représenter leur puissance, leur richesse émotionnelle et leurs faiblesses inévitables avec une authenticité rare et touchante" s'enthousiasme la Mostra.

"Les thèmes de la transgression, du désir et de l’identité sont le terrain de prédilection de ses films, qu’il imprègne d’un humour corrosif et orne d’une splendeur visuelle qui confère un éclat inhabituel au camp esthétique et au pop art auxquels il fait explicitement référence. Le chagrin d'amour, le chagrin d'abandon, les contradictions du désir et les déchirures de la dépression convergent dans des films qui chevauchent le mélodrame et sa parodie, atteignant des pics d'authenticité émotionnelle qui rachètent tout excès formel potentiel" a déclaré Alberto Barbera.

L’horizon cinématographique s’éclaircit pour Woody Allen

Posté par vincy, le 6 juin 2019

Woody Allen, persona non grata depuis #MeToo, avait vu son film A Rainy Day in New York, privé de sortie. Amazon Studios avait décidé l'an dernier de rompre le contrat qui le liait avec le cinéaste, aussi bien pour la distribution de ce film que pour la production des prochains.

Woody Allen a lancé une procédure juridique (qui sera longue) contre le studio (il réclame 68M$). Mais en attendant, le 5 mai le distributeur italien Lucky Red a annoncé qu'il sortirait le film cet automne. Puis, durant le festival de Cannes, c'est au tour de Mars films de confirmer la sortie en France d'Un jour de pluie à New York le 18 septembre (lire aussi: Le dernier Woody Allen pourrait-il sortir en France?).

Le film réunit Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law, Diego Luna et Liev Schreiber. Si Chalamet et Gomez ont reversé leurs salaires à des associations caritatives, et plus ou moins renié le film dans leur filmographie, Jude Law trouvait la décision d'Amazon honteuse, et injuste pour tous ceux qui ont travaillé sur le projet.

Puisque le contrat avec Amazon (4 films) est rompu, le cinéaste américain a été trouvé d'autres partenaires pour son prochain film. Le tournage est programmé pour cet été, en Espagne, avec un casting essentiellement européen: Christoph Waltz, Louis Garrel, Sergi Lopez et Elena Anaya ainsi que Wallace Shawn et Gina Gershon.

Mediapro, qui a déjà coproduit Minuit à Paris et Vicky Cristina Barcelona, a décidé de jouer les sauveurs de la carrière d'Allen. Le scénario suit un couple américain qui va au festival du film de San Sebastian, et se retrouve ensorcelés par la magie de l'événement, le charme du pays et les fantasmes des films qu'ils voient. Mais elle a une liaison avec un cinéaste français "brillant" et lui tombe amoureux d'une "sublime" espagnole (notons le sexisme du pitch fourni par le producteur).

Il est fort probable que les films de Woody Allen ne seront pas vus aux Etats-Unis. Les accusations, jamais prouvées devant un tribunal rappelons-le, d'abus sexuel sur sa fille adoptive ont définitivement terni sa réputation. Trop de personnalités - Rebecca Hall, Greta Gerwig et Colin Firth, entre autres - ont officiellement pris leurs distances avec le cinéaste. Seul Javier Bardem a publiquement protesté contre ce lynchage médiatique. Quant à Mediapro, ils "jugent le créateur par son œuvre".

Bilan 2018: Une fréquentation en baisse dans l’Union Européenne

Posté par vincy, le 9 mai 2019

Les recettes brutes des salles de l’UE ont chuté de 3,3 % pour s’établir à 6,80 milliards d’euros en 2018, leur plus bas niveau depuis quatre ans. L'Observatoire européen de l’audiovisuel estime qu'il s'agit néanmoins de la quatrième recette la plus élevé de la dernière décennie.

Avec un prix moyen paneuropéen du billet stable à 7,1 €, la baisse des recettes s’explique par la baisse du nombre de billets vendus: la fréquentation des cinémas de l’UE a reculé de 2,9 % à 956 millions de billets vendus, soit 28,7 millions de moins qu’en 2017. Elles ont augmenté dans 12 territoires de l’UE et diminué dans 11, tout en restant relativement stables dans trois des 26 marchés de l’UE pour lesquels des données provisoires sont disponibles.

Le net recul enregistré en Allemagne (-14,8 %) et les baisse en Italie (-5 %) et en France (-4%) n'ont pas été compensées par les fortes progressions des marchés d’Europe centrale et orientale, notamment en République tchèque (+13,2 %), en Lituanie (+10,0 %), en SIovénie (+10,0 %), en Croatie (+8,0 %), en Hongrie (+6,3 %) et en Pologne (+5,0 %). ârmi les marchés en forte diminution, on note aussi la Bulgarie, la Finlande, la Grèce, le Luxembourg et la Slovaquie.

Hors Russie (202,2 millions d'entrées, -4,7%), la France reste le pays où le nombre d'entrées est le plus important avec 201,1 millions de spectateurs, loin devant le Royaume-Uni (177 millions d'entrées), l'Allemagne (105 millions), l'Espagne (98,9 millions) et l'Italie (92,6 millions).

Pas étonnant, puisque sur les 20 plus gros succès en Europe, tous les films ont été produits ou coproduits par les Américains. On note par ailleurs 4 coproductions chinoises. Et seul trois films (coproduits donc) britanniques et une coproduction minoritaires de la France (Mission:Impossible - Fallout) atténuent cette suprématie. Avengers : Infinity War, Les Indestructibles 2 et Bohemian Rhapsody ont été les trois vainqueurs de 2018. Autre fait marquant: 16 des 20 plus gros succès sont des remakes, reboots, spin-offs ou sequels. Les succès européens, hors du Top 20, ont sinon été, dans l'ordre, La ch'tite famille, Les Tuche 3, le film polonais Kler, Le grand bain et Taxi 5. La France classe en effet dans ce Top 20 des films européens en Europe 8 coproductions majoritaires (et une minoritaires). Les britanniques placent 7 coproductions majoritaires. L'Espagne et la Pologne suivent avec deux films chacun.

Une part de marché en hausse pour les films européens, grâce aux coprods américaines

Malgré cette baisse de la fréquentation des cinémas dans l’UE et cette domination américaine, la part de marché des films européens a augmenté à 29,4% (27,9% en 2017), grâce à la baisse des entrées réalisées par les films US. Faux nez lié aux succès de productions britanniques à capitaux américains (en hausse). La part de marché des films nationaux est au-dessus des 25% au Royaume-Uni (44,8%, grâce aux coprods américaine), en France (39,5%), en Pologne, au Danemark, en Lituanie. En Turquie, elle atteint même les 63,4%! 8 pays ont une part de marché de films étrangers supérieure à 90%.

Enfin, après avoir ralenti pour la première fois en 2017, les niveaux de production de l’UE sont repartis à la hausse l’année dernière, le nombre estimé de longs métrages européens produits en 2018 étant passé de 1 737 à 1 847, un record. Selon les estimations, il s'agit de 1 142 films de fiction (62 %) et de 705 documentaires de long métrage (38 %). L’augmentation de l’activité de production est principalement liée au nombre croissant de coproductions internationales et de documentaires de long métrage.

BIFFF 2019 : l’Espagne a son super-héros avec SuperLopez

Posté par kristofy, le 15 avril 2019

Le réalisateur Javier Ruiz Caldera est populaire en Espagne, mais aussi à Bruxelles en tant que fidèle du BIFFF. Du côté françai,s on est un peu à la traine côté distribution de ses films (comme pour de nombreux cinéastes espagnols d’ailleurs). En 2003 le Festival était surpris par sa comédie fantômatique Ghost Graduation :  il y rempote le Grand Prix (ce qui est plutôt rares pour une comédie) doublé du Prix du Public. Il y est revenu en 2006 avec Spy Time qui lui a valu encore une fois le Prix du Public. Cette année, il est l’un des favoris, une fois de plus, avec son SuperLopez.

Sur une planète lointaine où règne un dictateur, deux scientifiques ont conçu un bébé avec des super pouvoirs qui pourrait être une arme pour le contrer. Pour le cacher, ils l'envoient vers la Terre. Le dictateur réplique en envoyant sa propre fille qui doit capturer et neutraliser ce bébé. Cependant la capsule du bébé est accidentellement déviée vers l’Espagne où elle tombe dans un petit village. Les Lopez, un couple de garagistes, vont adopter cet enfant un peu particulier. Voila pour l’ouverture du film, 30 ans plus tard, il est devenu un employé de bureau. Il cache ses quelques pouvoirs de rapidité et de force et voit débarquer une nouvelle collègue, qui lui plaisait à l’université. Un problème de métro sans frein l’incite à intervenir pour la première fois comme super-héros, et il est désormais repéré par ceux qui le cherchaient depuis longtemps…

Les première minutes du film SuperLopez évoque un peu Superman, puis on bascule très vite dans l’univers habituel et rigolo de Javier Ruiz Caldera : c’est encore une fois un anti-héros qui devient un héros presque malgré lui, avec les complications que ça engendre vis-à-vis de ses proches. L’acteur Dani Rovira incarne ce héros qui doit gérer une vie secrète (comme dans Ghost Graduation et Spy Time), Alexandra Jimenez hérite du rôle de la fiancée avec du caractère, et c’est la géniale Maribel Verdu qui joue ici la méchante (elle est aussi l’héroïne de Crime Wave au BIFFF). L’histoire s’amuse autant avec des quiproquos romantiques (il y a un triangle amoureux) qu’avec la figure d’un super-héros espagnol que personne n’imagine croyable ("il va combattre quoi, la ponctualité ?"), tandis que la planète même serait menacée…

Pour Javier Ruiz Caldera,  "Le film s’inspire de la bande-dessinée SuperLopez mais ne se veut pas être en compétition avec elle, ce n’est pas une traduction de la BD mais beaucoup plus une adaptation très libre du personnage. Dans la BD on le découvre quand il a déjà 30 ans, pour le film on a décidé avec mes scénaristes de commencer par sa naissance et son origine, on a totalement inventé un passé à ce personnage. On a glissé dans le film notre humour à propos de certains clichés de l’Espagne, et puis des choses qui me sont plutôt personnelles. Par exemple pendant un tournage ma mère me demande si j’ai assez mangé, certaines choses de la mère dans le film viennent de ma maman. Je me suis aussi demandé qui avait fait le costume de super-héros et c’est donc la mère de SuperLopez qui le lui a fait."


"On voulait surtout développer le personnage qui dévoile ses pouvoirs avec ses rapports à sa famille et à ses amis, sans porter l’accent sur une accumulation de scènes d’action. Evidemment, on n’avait pas le budget pour en faire des dizaines mais on a pu faire plusieurs grosses séquences d’action qui sont très spectaculaires et un peu drôles aussi. Il y a quelques plans qui sont un hommage direct au film Superman. Superman dans la vie c’est un peu un loser mais quand il met son costume et sa cape c’est un vrai super-héros, SuperLopez même avec le costume il reste un peu un loser. En Espagne SuperLopez a eu du succès et on a même gagné un Goya pour les effets spéciaux, ça m’a fait plaisir que ce film reçoive un Goya. » En remportant ce Goya, Lluís Rivera & Laura Pedro, c'est aussi la première fois qu'une femme superviseur des effets visuels est récompensée dans cette catégorie technique, à 28 ans.

A la dernière cérémonie des Goya (les César espagnols) SuperLopez avait reçu deux autres nominations (meilleur scénario adapté, meilleure direction artistique). Pour découvrir le film en France il faudra se tourner vers Netflix

Bilan 2018: Hollywood et la Chine dominent le box office mondial

Posté par vincy, le 11 janvier 2019

Malgré Netflix, le piratage, le mondial de foot, les séries ici et ailleurs, le prix du ticket en hausse, le pouvoir d'achat en berne ou, dans certains pays, des mouvements sociaux et des troubles politiques, le cinéma (en salles) reste un produit culturel très attractif et populaire. rance, usa, chine, japon, royaume uni...

La France s'en sort plutôt bien avec 200,5 millions d'entrées en 2018. La fréquentation est en recul de 4,3% mais reste au dessus des 200 millions de spectateurs, ce qui en fait, toujours, le plus gros marché cinématographique européen, devant le Royaume Uni. Le cinéma français s'en sort bien avec 39,3% des entrées et deux films nationaux - Les Tuche 3, La famille Ch'ti - dans le Top 3, au dessus des 5 millions de spectateurs. Avec les cartons du Grand bain, d'Astérix - le secret de la potion magique et de Taxi 5, le cinéma hexagonal continue d'être plébiscité face à une concurrence hollywoodienne féroce. Au total 39 films (dont 11 Français) ont passé le cap du million d'entrées (contre 55 en 2017), confirmant une concentration sur quelques gros films.

L'Allemagne a en revanche vu son box office plonger de 15,5%, avec seulement 95,8 millions de spectateurs. Les films allemands ont séduit 22,9% des spectateurs et aucun n'est classé dans le Top 10. Plus frappant, le marché allemand, alors qu'il s'agit du pays le plus peuplé d'Europe, passe derrière le marché espagnol. Avec une légère baisse de 2%, le box office en Espagne a atteint 97,7 millions de billets vendus d(ont 17,5% pour des films espagnols). Côté Italie, c'est la grande dépression. 2018 a été la pire année depuis une décennie avec 86 millions de tickets vendus. La part de marché des films italiens (dont là aussi aucun ne se classe dans les 10 films les plus vus) s'élève à 22%.

Finalement, c'est le Royaume Uni qui relève la tête avec des entrées estimées entre 170 et 180 millions d'entrées, en hausse par rapport à l'an dernier. A Hong Kong aussi le box office augmente de 6% (même la part de marché des films nationaux est en recul, à 13%). De même la Chine continue de progresser avec des recettes en hausse de 9%. L'Empire du milieu reste le 2e marché mondial (hors Inde) avec 8,9 milliards de dollars de recettes. La part de marché des films nationaux, aidés par une limitation des films étrangers, est aussi en hausse (62%). Trois films - Operation Red Sea, Detective Chinatown 2 et Dying to Survive ont fait des scores de blockbusters américains (respectivement 532M$, 496M$ et 452 M$), soit 17% du box office national annuel.

En Corée du sud, le bilan est contrasté avec des recettes en hausse de 3% mais des tickets vendus en baisse avec 216 millions d'entrées (contre 220 l'an dernier), soit le 4e marché mondial (hors Inde). La Corée conserve sa place de champion en nombre d'entrées par habitant (plus de 4 films vus par habitants). Les coréens continuent de plébisciter leurs films (51% de parts de marché) et deux films nationaux ont passé le cap des 10 millions de spectateurs (Along With the Gods: The Two Worlds et Along With the Gods: The Last 49 Days).

Le Japon n'a pas encore fourni ses chiffres, tout comme la Russie ou le Brésil et le Mexique. Côté USA (et Canada anglais), c'est champagne en tout cas. Les recettes ont progressé de 6,7% (11,9 milliards de $), battant le record de 2016, et le public est de retour dans les salles : on prévoit une hausse de 4%, soit 1,3 milliards de billets vendus. Disney a capté un quart des recettes avec ses films.

Au niveau mondial, les premières estimations évaluent les recettes en salles à 41,7 milliards de dollars, soit 2,7% de plus qu'en 2017. Non seulement, le cinéma n'est pas mort, mais il est encore profitable. Un Marvel a passé le cap des 2 milliards de recettes, trois autres films ont été milliardaires, tous américains. Au total, 17 ont récolté plus de 500M$, dont 2 chinois. Un tiers est un film de super-héros et seulement trois ne sont ni une suite ni un remake ni une franchise. Hollywood rules again.