Boom de la fréquentation en Chine : le cinéma français s’y attaque enfin!

Posté par vincy, le 14 juillet 2013

Le premier semestre 2013 confirme que la Chine est bien le 2e plus important marché mondial du cinéma. Alors qu'aux USA, les recettes ont baissé de 2% par rapport au premier semestre 2012, que la fréquentation en France subit un coup de froid de plus de 6%, le box office chinois a vu ses recettes progresser de 36%! 11 milliards de Yuans soit 1,36 milliards d'euros sont entrés dans les caisses des 13 000 salles de l'Empire du milieu ces six premiers mois de l'année.

Cela a essentiellement profité aux films chinois (+144%) alors que les films étrangers ont vu le public les bouder (-21%). Déjà les analystes pensent que le marché chinois sera plus important que le marché américain (leader historique) d'ici la fin de la décennie. Le box office US a quand même récolté 4,2 milliards d'euros du 1er janvier au 30 juin 2013.

A date, les champions de l'année sont le nouveau Stephen Chow (200 M$ de recettes), Iron Man 3 (123M$) et le romantique So Young (117M$).

Les films européens sont inexistants. Pour remédier à cette régression (il fut un temps où il allait jusque dans les campagnes chinoises) liée notamment à un manque de films d'action ou d'aventures mais surtout aux limites protectionnistes imposées par le gouvernement de Pékin (quotas de 80 films étrangers par an, censure), Eric Garandeau (futur ex-président du CNC) a profité d'un déplacement en Chine pour jouer les Ambassadeurs, changer de stratégie et convaincre ses homologues. Depuis la signature d'un accord de coproduction entre les deux pays en 2010, les choses bougent un peu. Même François Hollande a évoqué le dossier lors de sa visite en Chine en avril (lire notre actualité). Le Festival du Film français en Chine a rencontré un beau succès, public comme professionnel.


Visas simplifiés, partenariats multipliés

Fin juin, la Commission du film d'Ile-de-France a annoncé que les ressortissants chinois qui viennent tourner des films en France obtiendront des visas plus facilement. Le texte précise que "les demandes groupées sont désormais instruites par le consulat dans le ressort duquel une entreprise chinoise a son siège social et non en fonction du lieu de résidence des employés."

On note une augmentation des tournages audiovisuel dans l'Hexagone ; récemment Jackie Chan a profité d'un château en région parisienne. Et l'inverse est aussi vrai. En visite récemment en Chine, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, s'est rendue sur les plateaux de Portrait de femme, de Charles de Meaux, avec Melvil Poupaud et Fan Bingbin.

Europacorp a signé un accord avec le distributeur chinois Fundamental pour 15 films à venir, dont 3 seront coproduits par son partenaire chinois. La comédie noire maffieuse Malavita (de Luc Besson, avec De Niro et Pfeiffer) sera le premier film à bénéficier de ce partenariat de distribution. Pierre-Ange le Pogam a créé en mai une coentreprise avec le Chinois Bruno Wu pour développer des films d’action. Jean-Jacques Annaud a choisi un best-seller chinois, un producteur chinois et un tournage dans la région de la Mongolie intérieure pour son prochain film, Wolf Totem.

Les producteurs et les cinéastes chinois accèdent ainsi à des financements extérieurs et, surtout, au savoir-faire français. Les français de leurs cotés gagnent des écrans pour diffuser leur film, mais avant tout, ils créent des oeuvres qui sont certaines de plaire au public local et à la censure.

Reste à vérifier d'ici quelques années, la réussite de cette stratégie.

Le CNC change de président

Posté par vincy, le 26 juin 2013

frederique bredinLe Centre national du cinéma et de l'image animée a subit un petit électrochoc ce matin. Dans un communiqué reçu ce mercredi midi, la Ministre de la culture et de la communication, annonce qu'elle met fin au mandat d'Eric Garandeau et propose la nomination de Frédérique Bredin.

Ainsi : "La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, en accord avec le Premier ministre, a proposé au Président de la République, de mettre fin au mandat d’Eric Garandeau, président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), au Conseil des ministres du 26 juin 2013. Cette décision prendra effet le 15 juillet 2013.

Depuis sa nomination le 15 décembre 2010, Eric Garandeau a mené à bien d’importantes réformes pour les secteurs cinématographique et de la production audiovisuelle. Il a su gérer avec engagement l’ensemble des dispositifs de soutien et de régulation correspondant à  ces domaines d’activités.

La ministre de la Culture et de la Communication a proposé de nommer Frédérique Bredin pour succéder à Eric Garandeau.

Frédérique Bredin est aujourd'hui inspectrice générale des finances."

Un homme de dossiers, de droite

Si le départ d'Eric Garandeau, ancien conseiller Culture de Nicolas Sarkozy, était l'objet de rumeurs de plus en plus crédibles depuis quelques semaines, il intervient plus tôt que prévu. D'autres imaginaient déjà qu'un Pierre Lescure, chargé du rapport sur "Acte 2 de l'exception culturelle", allait récupérer le fauteuil d'ici la fin de l'année. Mais depuis le Festival de Cannes, la nomination avant la trêve estivale devenait l'hypothèse la plus solide.

Cette précipitation est cependant surprenante car Garandeau n'a pas démérité et porte un bilan plutôt flatteur : Le jour le plus court, extension du fonds sud, défense des aides auprès de Bruxelles... sans compter les résultats flatteurs du cinéma Français en salles et sa soumission docile (et diplomatique) aux décisions et volontés gouvernementales. Mais Filippetti  lui reprochait notamment sa gestion de la réforme de la taxe que paient les distributeurs de télévision au CNC, bloquée depuis plusieurs mois à Bruxelles. A l'inverse, elle aurait pu le féliciter pour bons et loyaux services rendus suite à la polémique sur les cachets des stars survenue fin 2012.

Une femme politique, de gauche

En proposant la nomination de Frédérique Bredin, ancienne Ministre de la Jeunesse et des Sports sous les gouvernements Cresson et Bérégovoy, Filipetti prend le risque d'être accusée de faire la chasse aux sorcières à des hommes nommés par la droite. Plus politique que techno, Bredin a cependant quelques atouts pour elle : elle s'est occupée de la politique cinématographique au cabinet de Jack Lang dans les années 84-86 avant d'être en charge des dossiers culturels à l'Elysée pour Mitterrand. Elle fut également secrétaire nationale du PS  responsable de la culture et de la communication de 1995 à 2000, date à laquelle elle se retire de la vie politique pour rejoindre le groupe Lagardère.

Elle est devenue rapidement favorite pour le poste, notamment parce que le président de la république souhaite féminiser les directions des grandes institutions culturelles. A noter que Frédérique Bredin est issue de la promotion Voltaire à l'ENA, celle d'un certain... François Hollande.

Exception culturelle : réactions en chaîne après la sortie de piste de la Commission européenne

Posté par vincy, le 18 juin 2013

josé manuel barroso Vendredi, après de longues discussions, la Culture, y compris le secteur audiovisuel, est sortie du mandat donné à la Commission européenne pour négocier un Traité de libre-échange avec les USA. Toujours critiquée par les défenseurs du libéralisme (au nom d'une lutte contre un soi-disant déclin), l'exception culturelle est sauvée.

La France était prête à imposer son véto si l'Europe incluait ces secteurs dans les négociations. La ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti était parvenue à rallier 14 pays à la cause. Le parlement européen avait voté l'exclusion de la culture du mandat. Des cinéastes européens avaient signé une pétition pour soutenir la France dans son combat.

Réactionnaires

Cela n'a pas plu à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. A un an de la fin de son mandat, alors qu'il vise un poste prestigieux international - on parle de l'ONU - qui nécessite l'appui des Américains, Barroso mise gros. Sa réaction ne fut pas très diplomatique : "Cela fait partie d'un agenda antimondialisation que je considère comme complètement réactionnaire", a dit José Manuel Barroso dans une interview publiée lundi par l'International Herald Tribune. "Certains se disent de gauche mais en réalité, ils sont extrêmement réactionnaires" a-t-il ajouté.

Dès le week-end le torchon avait brûlé avec les propos incendiaires  du commissaire européen en charge de la négociation, le très libéral Karel De Gucht. Le commissaire au Commerce a affirmé qu'il discutera du secteur audiovisuel (y compris Internet) avec les Etats-Unis malgré le mandat donné à la Commission par les ministres européens. Pour lui, le compromis voté par les Etats membres n'est que "provisoire". Une sortie de piste peu appréciée (et illégitime).

Chiffon rouge

Or, dans les faits, s'il devait discuter du secteur audiovisuel avec les USA, il devrait demander de nouveau l'autorisation aux Etats membres, et la proposition ne pourrait être votée qu'à l'unanimité. Le Président de la république François Hollande a immédiatement répliqué : "L'exception culturelle est un principe qui a toujours été évoqué et à chaque fois écarté des négociations commerciales" conduites par l'Union européenne ces dernières décennies. Or, tant que la France reste ferme sur ses positions, il n'a aucune chance de pouvoir le faire. Et pour l'instant, les Américains ne demandent pas que la culture et l'audiovisuel soient inclus dans ce futur hypothétique Traité. Au dernier Festival de Cannes, des producteurs comme Harvey Weinstein et des cinéastes comme Steven Spielberg ont clairement défendu l'exception culturelle (autrement dit la préservation des éco-systèmes financiers pour défendre la diversité culturelle). Alors, beaucoup de bruit pour rien?

Cependant, l'état d'esprit de la Commission en dit long : les Etats l'empêchent de réaliser son grand projet de libéralisation totale du marché. Qu'on soit pour ou contre,  elle méprise toute contestation, prête à jouer les marchands de tapis (la Commission rêve d'ouvrir le secteur audiovisuel en échange de l'ouverture du secteur des télécoms aux USA). Mais le mal est fait, et a obligé le porte-parole de Barroso, Olivier Bailly, de rassurer les responsables français. Selon lui, le terme "réactionnaire" ne visait pas la France. "Le président Barroso a toujours affirmé son attachement à l'exception culturelle". Il ajoute qu'"il n'y a aucune divergence sur le fond entre la Commission et le gouvernement français sur ce point".

Barroso, dangereux et cynique?

Car, dans ce jeu politique assez logique, les réactions n'ont pas tardé. Entre consternation et incompréhension, indignation et colère, politiques, artistes et sociétés d'auteurs ont taclé la Commission européenne, coupable à leurs yeux de déni démocratique (et institutionnel).

Si l'on en croit Bailly, Barroso a réagit aux attaques des artistes : "M. Barroso est un homme dangereux pour la culture européenne" avait dit Costa-Gavras. Et la lettre des cinéastes européens (Almodovar, Oliveira, Frears...) l'accusait d'être "un homme cynique, malhonnête, méprisant qui nuit aux intérêts européens".

A cela s'ajoute la pétition lancée par Bérénice Bejo, Lucas Belvaux, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Jacques Fansten, Costa Gavras, Michel Hazanavicius, Laurent Heynemann, Pierre Jolivet, Daniele Luchetti, Radu Mihaileanu et Bertrand Tavernier, qui n'attaque personne mais vise clairement la vision de la Commission : "Notre combat n'est pas une revendication corporative, c'est l'affirmation que ce qui est l?âme des peuples ne peut pas se monnayer dans des négociations commerciale. Chaque peuple doit pouvoir soutenir et protéger sa culture : nous l'avions affirmé, c'est "un facteur d'échange et de compréhension mutuelle", c'est encore plus vital en des temps de crise. Le droit à la diversité culturelle est un droit de l'homme." Les auteurs de cette pétition se défendent d'être conservateurs : "Au contraire, nous voulons considérer que c'est un nouveau départ pour construire ensemble l'avenir, et notamment élaborer une économie durable et équitable de la Culture, à laquelle devront aussi contribuer nécessairement les géants numériques, aujourd'hui exemptés de toute responsabilité vis à vis de ce qui fait leur fortune."

Position moderne, combat d'avenir

La ministre Aurélie Filippetti y a vu "une attaque en règle contre tous ceux qui ont suivi la position française", soit "les artistes, les créateurs, et puis évidemment les peuples" en évoquant le Parlement européen. "Certains nous ont traité de réactionnaires. Ceux qui ont traité la France de réactionnaire devraient se souvenir que la France n'était pas seule dans ce combat", a-t-elle ajouté. Le Commissaire européen français Michel Barnier, malgré les contradictions de son communiqué, ménageant la chèvre et le chou a abondé en ce sens : "Quand on défend la diversité culturelle, on n'est pas réactionnaire, on est dans un combat d'avenir".

Filippetti a insisté lors de sa conférence de presse de dernière minute, hier : "Notre position, elle n'est pas défensive, elle n'est pas conservatrice et encore moins réactionnaire, c'est une position résolument moderne parce que sans exception culturelle, nous ne pourrons pas remplir le défi qui s'ouvre à nous, à savoir la transition de nos outils de régulation du secteur économique de la culture à l'ère du numérique".

Dans un an, tout sera oublié?

De son côté Eric Garandeau, président du CNC, a déploré la sortie de route de la Commission : "Si être réactionnaire, c'est de réagir à des idéologies douteuses qui ont fait tant de dégâts en Europe et dans le monde, réagir est un devoir et on veut bien être réactionnaires".

La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, qui est responsable du dossier en France, a relativisé tout cela : "Si jamais on y revenait (sur l'exception culturelle), parce que les Américains nous le demandaient, ce qu'ils n'ont pas fait officiellement aujourd'hui, il faudrait revenir vers les Etats pour modifier le projet de mandat et ce serait la même règle c'est-à-dire l'unanimité, et la France dira encore une fois non".

Elle rappelle que ce Traité ne se signera pas dans dans ans. "Avec le Canada ça fait cinq ans que l'on négocie et nous n'avons toujours pas trouvé l'accord". Et elle renvoie le Commissaire dans le fossé : "Nous savons que nous avons beaucoup de sujets à régler mais en tout cas nous n'avons pas à discuter de l'exception culturelle, elle est sortie du mandat".

Et une chose est sûre, Barroso ne devrait pas être reconduit l'an prochain. Il est fort probable que les élections européennes prévues en 2014 renforce même le poids des "conservateurs" et des "réactionnaires" à la politique menée par cette Commission, de plus en plus critiquée et même défiée par les peuples éuropéens.

Ça balance pas mal à Paris (sur le cinéma français)

Posté par vincy, le 2 janvier 2013

[Actualisé le 10 janvier 2013]

Plutôt que de vous faire une synthèse, nous vous laisseront lire les différentes tribunes et coups de gueule pour/contre le système actuel du cinéma Français. Une revue de web que nous mettrons à jour si besoin est.

Tout est parti du fameux exil fiscal de Gérard Depardieu. Les acteurs se sont enflammés. Torreton a pris sa plume, belle, pour renvoyer Cyrano à son métier. Deneuve, pourtant avare en paroles publiques, a répliqué, avec justesse. Libération a alors donné la parole à d'autres : Moreau, Goupil, Berling... Globalement, ce n'était finalement pas l'usage que Depardieu faisait de son fric qui choquait mais plutôt la déchéance du personnage, s'acoquinant avec des dictateurs ou remplissant les chroniques "faits divers".

Puis Vincent Maraval, producteur et distributeur (Wild Bunch) profita de cet élan pour taper du poing en révélant chiffres et scandales financiers du moment. Le problème est plus profond, plus lourd, moins flatteur. Depardieu et consorts sont surtout trop payés. La charge est lourde, parfois difficile à suivre tant le système est plus complexe, omettant des revenus dérivés (recettes publicitaires à la TV, nouvelles chaînes de TV à remplir de contenus, ventes de DVD/Blu-Ray, exportation des films...). Mais au moins, on mettait le débat sur la table. Et depuis, chacun y va de ses témoignages, analyses, points de vue. En moins d'une semaine, entre 2012 et 2013, on n'en a jamais autant su sur les rouages du cinéma français qu'en 5 ans. Il faut remonter au Club des 13 de Pascale Ferran pour avoir une vision aussi clinique des tumeurs qui rongent le système.

Ce n'est pas une polémique, c'est un cap : celui d'un débat. La Ministre de la Culture a d'abord rappelé un constat : le cinéma français est en forme. «La fréquentation des salles augmente depuis plus de 10 ans. Les Français vont de plus en plus au cinéma. Ils vont surtout voir de plus en plus de films français. On est quasiment à 40% de spectateurs pour des films français. Ce qui est exceptionnel. Nulle part ailleurs dans le monde, si ce n'est en Inde, vous ne trouverez un pays qui résiste à ce point au cinéma américain», a déclaré Aurélie Filippetti.

Filippetti ouvre cependant la porte à une éventuelle réforme : «Maintenant, évidemment il y a des améliorations à apporter. Et ce qu'il [Vincent Maraval] dit sur la participation des chaînes de télé au financement cinéma, et bien à l'heure où les chaînes ont des budgets qui diminuent des recettes moindres, c'est une question que l'on pourra se poser dans le cadre d'une réflexion globale sur l'amélioration des services rendus à nos concitoyens à travers la télévision notamment le financement de la création, le soutien et l'accompagnement des films d'auteur et des films de qualité».

Une réforme qui semble plus qu'utile. Joann Sfar en parlait déjà en septembre!

Mercredi 9 janvier 2013 : "Maraval cherche un bouc émissaire à ses échecs" par Pascal Rogard, président de la SACD
Mardi 8 janvier 2013 : Les matins de France Culture : Faut-il revoir le système de financement du cinéma français avec Robert Guédiguian, Michel Hazanavicius, Marie Masmonteil (vidéo)
Dimanche 6 janvier 2013 : Dany Boon : "Mon vrai salaire" dans le JDD ; plus de détails accessibles dans l'article du Parisien
Samedi 5 janvier 2013 : "Les gros salaires dans le cinéma, ça se règle par la fiscalité" par Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture, dans un entretien au Monde
Samedi 5 janvier 2013 : "Payons les acteurs en fonction du budget" par Marc Missonnier, producteur indépendant du dernier "Astérix" et président de l'Association des producteurs de cinéma (APC)
Vendredi 4 janvier 2013 : Non, Vincent Maraval, je ne suis ni un parvenu ni un assisté du cinéma par Philippe Lioret, réalisateur de "Welcome" et scénariste
Vendredi 4 janvier 2013 : Le cinéma français est-il devenu masochiste? par Christine Gozlan, directrice de Thelma Films
Jeudi 3 janvier 2013 : Règles, éditorial de Sylvain Bourmeau (Libération)
+ Star-system : ça tourne avide par Didier Péron, journaliste à Libération
+ «Le système de financement français est peut-être périmé», entretien avec Olivier Bomsel, professeur d’économie
+ L’affaire Maraval agite encore le milieu par Burno Icher, journaliste à Libération
+ Des actrices grand luxe par Clément Ghys, journaliste à Libération
Jeudi 3 janvier 2013 : Le cinéma français desservi par des scénarios trop faibles par Eric Neuhoff, journaliste au Figaro
Jeudi 3 janvier 2013 : Interview sur France Inter d'Eric Garandeau, président du CNC (vidéo)
Mercredi 2 janvier 2013 : Vive l'exception culturelle ! par Jérôme Clément, ancien président du Centre national de la cinématographie et d'Arte
Mardi 1er janvier 2013 : Avis de tempête sur le cinéma français par Isabelle Regnier, journaliste au Monde
Lundi 31 décembre 2012 : Maraval Gate par Florence Gastaud, délégué générale de l'Arp
Lundi 31 décembre 2012 : Hypertension par Pascal Rogard, président de la SACD
Lundi 31 décembre 2012 : Toubiana répond à Maraval sur son blog
Lundi 31 décembre 2012 : Les acteurs français sont trop payés ? C'est un peu plus compliqué que ça... par Aurélien Ferenczi, journaliste à Télérama
Dimanche 30 décembre : Cinéma français : la flambée des prises par Didier Péron et Bruno Icher, journalistes à Libération
Samedi 29 décembre 2012 : De la fortune des vedettes en particulier et des perversions d’un bon système en général par Jean-Michel Frodon, critique de cinéma et ancien directeur des Cahiers du Cinéma
Samedi 29 décembre 2012 : Réponse de Sam Karmann à l’article de Vincent Maraval sur les salaires des acteurs français sur Le Mague
Vendredi 28 décembre 2012 : Les acteurs français sont trop payés! par Vincent Maraval, distributeur et producteur, fondateur de la société de distribution de films Wild Bunch
Mercredi 7 septembre 2012 : Si notre nouvelle ministre de la Culture ne sait pas quoi faire du cinéma français, qu'elle lise cette double page ! par Joann Sfar dans son Journal de Merde sur le site Télérama

Le Jour le plus Court : un succès populaire confirmé

Posté par vincy, le 25 décembre 2012

La deuxième édition du Jour le plus Court, la fête annuelle du court métrage initiée par le CNC, a séduit environ 2,5 millions de participants, avec plus de 10 000 événements organisés. Au total plus de 40 pays (de Cuba au Canada, de la Chine à l'Argentine, des Etats-Unis à l'Arménie) ont accueillit une manifestation célébrant le format court, que ce soit sur des écrans de cinéma ou de télévision, dans des gares, des écoles (plus de 1000) et universités, des bars, des maisons de retraites, des bibliothèques, des musées, des arrêts de bus ou sur Internet : 1 900 organisateurs se sont mobilisés.

La soirée de lancement, jeudi soir au Palais de Tokyo, réunissait partenaires, institutions, parrains et marraines (notamment Julie Gayet, ??Aïssa Maiga, Agnès Varda...), autour d'un buffet sans champagne, dans une ambiance festive (le dance floor a chauffé). Une heureuse initiative dans un calendrier qui manque d'événements de ce genre entre les congrès professionnels d'octobre et les différentes remises de prix de l'hiver.

Le Jour le plus Court va devoir encore grandir pour s'imposer définitivement dans le paysage, à l'instar de la Fête de la musique le 21 juin. Le CNC externalisera sans doute l'organisation de cette manifestation, à plus ou moins court terme.

Le président du CNC, Eric Garandeau, a signé une tribune dans Le Plus du Nouvel Obs, rappelant que le court métrage offre "la possibilité aux jeunes de s’initier au cinéma, comme spectateurs et comme créateurs".

"L’an passé, près de deux millions de personnes se sont réunies pour cette première fête. C’était déjà la preuve que le court-métrage n’est pas un art élitiste, qu’il occupe un espace central dans la création, dans le cœur du public, et dans nos vies modernes" souligne-t-il en espérant que le format soit diffusé tout au long de l'année sur toutes formes d'écrans.

Cette tribune lance ainsi "un appel collectif à soutenir la "fraternité du court" qui se manifeste en ce 21 décembre."

"Derrière l’écran du court, c’est tout un éco-système de la création qui se trouve réuni, reflétant combien l’art est d’abord un artisanat, une industrie humaine, qui a pour vocation le partage" explique M. Garandeau qui, avec les institutions partenaires, souhaite "qu’au-delà de ce grand rendez-vous annuel, sa force d’inspiration ne cesse de se transmettre à tous, pour inspirer autant la curiosité du public que son envie de créer."

En 2010, 466 courts métrages ont été produits en France. Et 1 098 courts métrages ont été diffusés en salles.

Le jour le plus court pour survivre à la fin du monde

Posté par vincy, le 12 octobre 2012

Le 21 décembre 2012, selon le calendrier Maya, marque la fin d'une ère (et non pas l'apocalypse finale comme on le pense). Point de bug de l'an 2012 en perspective. Mais une fête joyeuse est prévue : la célébration du court métrage.

Pour la deuxième année consécutive, le CNC promeut le court métrage à travers sa manifestation Le jour le plus court. Dans les gares, les médiathèques, sur Internet, dans les entreprises, dans les bars, à la télévision, dans les salles de cinéma ou ailleurs, le format court volera la vedette au long. La nuit la plus courte de l'année mais peut-être la plus remplie. C'est à vous de participer!

Eric Garandeau, hier soir, au siège du CNC, a fait l'éloge de cette histoire élargie du cinéma.  Celle où des grands comme Chaplin, Bunuel, Pasolini, Resnais, Godard, et tant d'autres ont mis leur talent au service d'une brève histoire. "Le court, c'est pas chiant, le court c'est bandant, le court c'est excitant" s'est enthousiasmé le président du CNC, qui, improvisant son discours, a montré qu'on avait (enfin) changé d'époque.

Exhortant les professionnels et les créateurs à donner "du plaisir, du rêve, de l'espoir et de la poésie", il a malgré tout rappelé les difficultés actuelles du secteur et notamment l'absence d'avant-programmation dans les salles.

Isabelle Massot, directrice artistique de l'événement, a d'ailleurs rappelé que 60% des réalisateurs de courts métrages avaient moins de 40 ans : l'objectif est donc de faire accéder la jeunesse à ce format, très en vogue sur internet, dans un contexte difficile à bousculer. Pour cela, a été mis en place cette année un réseau de structures associatives régionales (Alsace Cinémas, Clair-Obscur, Association des Cinémas du Centre, La Pellicule Ensorcelée, Festival Cinébanlieue, Côté Court, Rencontres Henri Langlois parmi d'autres) permettant une plus grande proximité avec le public et des actions durant toute l'année.

Avec Internet et les supports nomades, tout le monde veut croire à un futur âge d'or du court.

L'Agence du court métrage met à disposition un catalogue de 250 titres en vue de la manifestation. Avec l'Institut français, le développement international se poursuit. Du Sénégal au Japon, du Québec à la Géorgie, d'Allemagne à la Belgique, les organisateurs espèrent faire adhérer de plus en plus de pays à la manifestation.

L’édition 2012 sera «marrainée» par Agnès Varda et parrainée par Nathalie Baye, Xavier Beauvois, Carole Bouquet, Jamel Debbouze, Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Julie Gayet, Hamé, Michel Hazanavicius, Mylène Jampanoï, Kyan Khojandi ("Bref"), Aïssa Maïga, Firmine Richard, Émilie Simon et Elsa Zylberstein.

A l'issue de la présentation de cette fête, une série de courts ont été projetés : un haïku animé, un drame absurde avec Nathalie Baye, un foutage de gueule "vintage" avec Jamel et Lorant Deutsch, une année 69 revue en rock, une virée maritime d'émigrés clandestins qui tourne mal avec Salim Kechiouche, un épisode de "Bref", un délire monstrueux et drôle avec un poulpe-killer, et un sublime conte amoureux d'Abel et Gordon.

Et souvent, ça vaut largement de médiocres longs projetés dans les salles...

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Tous les renseignements, informations pour participer

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Idées d’événements que vous pouvez organiser
• Cette année, le 21 décembre nos enfants ne sont pas en vacances.
Profitez-en pour organiser des ‘ciné goûters’, dans une salle ou au sein
même de l’établissement scolaire, avec une programmation adaptée.
Regardez bien le catalogue de l’Agence du court métrage, il y a des films
pour tous les âges.
• Proposez aux lycéens d’organiser leur événement :
choix du lieu de projection, invitations et bien sûr programmation.
• Et pour les adultes, organisez des « ciné apéro ».
• Invitez de jeunes réalisateurs de votre territoire à venir présenter
leur film.
• Organisez des projections ‘happenings’ sous forme de séances courtes
au moment du déjeuner par exemple (une séance de court métrage
peut durer moins de 10 minutes. C’est l’avantage du format court !).
• Accompagnez votre séance de projection de performances artistiques
(danse, magie, comédiens qui lisent un scénario… etc.).
• Pour les exploitants de salle, projetez un court avant le long à chaque
séance du 21 décembre.
• Utilisez des lieux extérieurs en projetant des films sur une façade.
Eh oui ! Le court aime aussi les cours (d’école par exemple).
• Créez un parcours de projection de courts métrages dans différents
lieux de votre ville.
• Faites une journée « portes-ouvertes » dans votre entreprise avec
des projections pour vos salariés et le public.
• Présentez vos propres films en organisant des séances publiques
dans des lieux insolites.

150 millions d’euros en moins pour le CNC : la numérisation des films menacée

Posté par vincy, le 29 septembre 2012

L'Etat va ponctionner 150 millions d'euros dans les caisses du CNC (voir notre actualité d'hier). Et cela pourrait avoir un impact sur le chantier de la numérisation des oeuvres du patrimoine, qui vient de commencer.

Eric Garandeau, président de l'institution, a déclaré au Monde : "Ces 150 millions d'euros, c'est justement la réserve dont nous disposons pour dresser l'inventaire des oeuvres, les restaurer et les numériser. Cette enveloppe sert aussi à soutenir le passage au numérique des petites salles de cinéma, et des circuits itinérants. Ces chantiers risquent de passer à la trappe, ou bien il va falloir ralentir le calendrier, et rééchelonner les contrats." La cinémathèque en ligne, qui est un outil d'éducation artistique, ne semble pas menacée.

Deux formes d'aides existent pour la numérisation des films. Le grand emprunt et le dispositif du CNC pour les films dont la rentabilité n'est pas assurée (voir notre actualité du 21 mars dernier). A en croire le CNC, cette aide aux films vulnérables pourraient faire les frais de la baisse du budget du CNC.

Il faut compter en moyenne 100 000 euros pour restaurer et numériser un film (les aides s'étalent entre 40 et 90 milles euros). En juillet, des films comme Le Joli Mai de Chris Marker, Jour de fête, Playtime et Mon oncle de Jacques Tati, Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier, Peau d'âne de Jacques Demy ou encore Jacquot de Nantes d'Agnès Varda avaient été retenus lors de la première session.

Cette semaine, la deuxième session vient de rendre son verdict. Le groupe d'experts d'aide à la numérisation des œuvres du CNC a décidé d'aider 16 longs métrages, de 45 000 euros à 150 000 euros : L'homme de Rio et Les tribulations d'un chinois en Chine de Philippe de Broca, Le carrosse d'or de Jean Renoir, Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, Shoah de Claude Lanzmann (le plus cher), L'assassin musicien et em>Les enfants du placard de Benoît Jacquot, et 9 films de Robert Guédiguian (dont Marius et Jeannette). Six courts métrages sont également concernés (dont certains signés d'Alain Cavalier ou Cyril Collard).

Toute une filière en danger

C'est autant de travail pour les laboratoires mentionnés dans les dossiers : Eclair, Digimage, Mikros et l'italien Immagine Ritrovata. Des industries techniques qui souffrent depuis quelques années (on se souvient du feuilleton autour de la faillite de Quinta Industries l'an dernier). La réduction du chantier de numérisation, lancé en grande pompe en mai au Festival de Cannes, aurait des conséquences sur l'emploi et la filière toute entière alors que la France dispose d'un véritable savoir-faire dans le domaine.

Surtout, alors que l'Hadopi est en voie de disparition (budget réduit pour l'an prochain, mission Lescure pour trouver d'autres solutions), c'est l'offre légale (et sa diversité) qui est menacée. Or, le gouvernement actuel a fait de cette offre légale un pilier essentiel de sa lutte contre le piratage.

Eric Garandeau, dans un récent discours, rappelait que "Le basculement dans le "tout numérique" est synonyme de mondialisation totale, immédiate : une simple vidéo postée sur un réseau social acquiert une audience potentiellement mondiale... ou peut rejoindre le cimetière des oeuvres jamais vues car jamais visibles sur les moteurs et les portails." Un film du patrimoine qui n'est pas numérisé est un film qui part au cimetière.

Cela n'empêchera pas le CNC de tenir sa prochaine session le 15 novembre. Les dossiers doivent être déposés au plus tard le 15 octobre. Mais combien de films seront retenus? Et en 2013, quel sera le programme...?

Aurélie Filippetti remet les insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres à Nanni Moretti

Posté par vincy, le 21 mai 2012

Ministre depuis quelques jours, Aurélie Filippetti, en charge de la Culture et de la communication, réalise une opération de charme sur la Croisette. Parmi les temps forts de sa visite de 48 heures, la remise des insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres à 65e édition du festival de Cannes.

Au Café des Palmes, dans le Palais des Festivals, en cette fin d'après midi, on côtoie Gilles Jacob, Thierry Frémaux, le jury du festival au grand complet, Eric Garandeau, Président du CNC, David Kessler, tout juste nommé conseille culture et médias du président de la République, les responsables communication des différentes institutions... La Ministre arrive, serre les mains. Elle va commencer son discours, avec à ses côtés le cinéaste de La chambre du fils, Palme d'or en 2001.

Elle commence avec l'histoire qui relie le réalisateur au Festival. Six de ses films ont été sélectionnés. "En 1978, il réalise Ecce Bombo qui raconte les rapports difficiles d’un étudiant avec son entourage. Gilles Jacob qui vient de prendre ses fonctions de Délégué général du Festival de Cannes, décide de le programmer en sélection officielle car il pressent déjà le devenir du réalisateur Nanni Moretti." Elle n'oublie pas les autres sélections : "En 2004, la Quinzaine des Réalisateurs lui rend hommage en lui décernant le Carrosse d’or en hommage à « Un italien qui a su rendre l’honneur à son pays par la qualité d’œuvres singulières de ses films, ses prises de positions publiques et son courage politique » déclare à cette occasion Pascal Thomas, alors délégué Général de la Quinzaine."

Rappelant sa polyvalence (producteur, acteur, exploitant, distributeur...), elle loue ses initiatives, notamment celle d'avoir "donner aux jeunes cinéastes qui débutaient la chance que vous-même aviez eue".

Dans un bel hommage, Aurélie Filippetti évoque son travail : "Dans vos œuvres, vous avez souvent semblé parler de vous, au premier abord. C’est votre présence qui donne à votre cinéma sa cohérence. Mais c’est en fait pour mieux parler des autres, et de ce qui vous entoure. (...) Pour interroger, souvent, cette Italie que vous aimez, que nous aimons ; pour évoquer les crises qui ébranlaient « il bel Paese »."

Les origines italiennes de la Ministre, ainsi que son engagement politique, donnent une tournure particulière à cette remise de médaille. "Vous n’avez pas hésité à vous engager publiquement au tournant des années 2001/2002. Comment oublier ces rondes citoyennes, ces « girotondi » impulsées notamment par vous, face au pouvoir de l'époque?"

"Comme l’a écrit Serge Toubiana, à travers votre cinéma, tel un sismographe, vous avez raconté l’histoire de l’Italie de ces trente dernières années" poursuit-elle. Saluant "l'immense créateur formel", remémorant "ce long travelling vous filmant en Vespa à travers les rues de Rome déserte en plein mois d’août, jusqu’à la plage d’Ostie" avec  "en fond sonore, une composition de Keith Jarrett", s'arrêtant su cette plage d'Ostie pour prendre "dans nos bras tremblants le corps martyrisé de Pier Paolo Pasolini, immense cinéaste, poète, romancier, dramaturge : la quintessence de l’artiste total", elle rend hommage aux artistes engagés, aux artistes du monde.

Elle conclura en italien, bien qu'elle ait hésité à le faire, son discours. "Vous êtes, pour toujours, une page vibrante de notre «  journal intime »".

Une fois la médaille autour du cou, Nanni Moretti parle à son tour. "Je suis un spectateur heureux a Cannes." commence-t-il. "Ma Vespa que vous avez cité, je l'ai encore et malheureusement pour mon dos, je n'arrive pas à m'en passer." Il remercie chaleureusement la France, où son "cinéma n'a toujours pas été recalé" à l'examen. Comme il l'avait dit lors de la conférence de presse du jury, mercredi 16 mai, il "remercie la Ministre pour l'attention" qu'elle "porte, pas seulement aux films, mais au cinéma en tant que fait artistique et  culturel". "Les Français sont généreux avec mes films et c'est une histoire d'amour qui continue", a-t-il ajouté. Il termine son discours en remerciant tout le monde et notamment "Jacob et Frémaux". Moretti est désormais El Commandor, comme l'avait surnommé Alexander Payne, membre du jury, la veille de l'ouverture du Festival.

Bruxelles autorise le CNC à aider les cinémas du monde entier

Posté par vincy, le 24 février 2012

Le 6 février dernier, la Commission européenne a autorisé le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) "à mettre en place des aides financières sélectives aux œuvres d'initiative étrangère coproduites avec des entreprises établies en France, dites "aides aux cinémas du monde"." Le Fonds sud va pouvoir donc muer pour une aide élargie à tous les pays du monde, y compris pour des cinématographies comme celles des Inuits.

Le Fonds sud cinéma, créé en 1984, a soutenu plus de 500 films originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, du Proche et Moyen-Orient, et de certains pays de l’Est depuis 1997. Son budget est de 3,3 millions d'euros. Fusionné avec l'Aide aux films en langues étrangères, il est dorénavant remplacé par Aide aux cinéma du monde. Eric Garandeau, président du CNC, nous avait expliqué lors d'un entretien en mai dernier à Cannes que "l’idée du Sud c’était très bien mais cette notion datait des années 60 et aujourd’hui le paradoxe est que la Chine est éligible au Fonds Sud alors que la Turquie ne l’est pas. On a souhaité rebattre les cartes." Le nouveau programme d'aides va ainsi doubler son budget (6 millions d'euros).

Dans son communiqué, le CNC précise : "La décision du 6 février ouvre désormais la voie à la publication, au Journal Officiel, des textes de droit français instituant les aides aux cinémas du monde. Le dépôt des dossiers correspondant auprès du CNC et de l'Institut français sera ouvert sitôt cette publication intervenue, vraisemblablement dans la première quinzaine de mars."

Ce nouveau dispositif permettra aux créateurs étrangers d'avoir un point d'entrée unique pour obtenir des aides en vue de projets de coproduction avec la France : "Ces aides contribueront ainsi à rendre plus ouverte, plus attrayante et plus simple l’association des cinéastes étrangers du monde entier aux professionnels français, en vue de coproduire ensemble les œuvres. Ce mécanisme contribuera à promouvoir la diversité culturelle, le rayonnement culturel de la France et le renouvellement de sa création" expliqué le communiqué.

La Commission européenne avait autorisé le 20 décembre 2011 la prolongation de la grande majorité des aides au cinéma gérées par le CNC.

L’avance sur recettes ne change pas son président mais modifie ses règles

Posté par vincy, le 20 janvier 2012

Comme attendu, l'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens a été reconduit aujourd'hui à la présidence de la Commission d'Avance sur recettes. Il avait été nommé l'an dernier pour un mandat d'un an renouvelable.

La révolution est ailleurs. Les règles pour accéder à ce sésame financier ont été modifiées. "Les producteurs et les auteurs (réalisateur, scénariste, compositeur) dont le projet aura été retenu pour un examen en commission plénière seront invités à  être auditionnés par les membres du premier et du deuxième collège. Cette disposition a pour objectif de permettre d’exposer devant la commission la globalité du projet de film, au-delà du seul scénario et des éléments l’accompagnant habituellement (notes d’intention et dvd des œuvres précédentes). Une rencontre directe avec les membres de la commission devrait rendre possible un éclairage sur tous les éléments artistiques du projet, ainsi que sur son économie générale", indique le CNC. Cela permettra aux auteurs de défendre une vision plus globale de leur projet et surtout de présenter leur futur film sous un angle économique. Ces nouvelles dispositions devraient éviter quelques impairs qui ont conduit, parfois, à de violentes attaques contre la Commission, souvent critiquée pour défendre les mêmes auteurs ou le même genre de films.

Le dernier coup d'éclat en date est celui de Maïwenn, scénariste et réalisatrice de Polisse, prix du jury à Cannes et plus gros succès public pour un film présenté en compétition. Elle déclarait en octobre dernier : "Vous savez pourquoi je n’ai pas eu l’avance sur recettes la première fois ? À cause de mon image de « jolie fille médiatique et ex de Besson » qui ne jouait pas en ma faveur. Je l’ai entendu de mes propres oreilles quand mon producteur a appelé le vice-président de la Commission pour avoir des explications. Mon film a été rejeté au premier tour alors qu’il n’avait quasiment pas été lu. J’ai été jugée sur mon physique, ma réputation et le père de ma fille, dont je suis séparée depuis quinze ans et avec qui je n’ai jamais travaillé ! Je trouve ça scandaleux."

La Commission d'avance sur recettes, créée en 1960, a pour vocation d'encourager le renouvellement de la création et des talents en accompagnant la réalisation des premiers films, et de soutenir la diversité de cette création cinématographique.

Ce dispositif qui soutient une grande partie du système français sera "complété en 2012 par une aide similaire destinée aux cinéastes étrangers", intitulé "aide au cinéma du monde", confirme ce que nous avait expliqué Eric Garandeau, président du CNC.

Une cinquantaine d'avances sont attribuées chaque année pour environ 700 demandes :  "le nombre de demandes s’est progressivement accru, tout comme le budget, passé de 22 à 30 millions d’euros en 6 ans mais le nombre de projets bénéficiaires de l’Avance avant réalisation est resté stable. Cette évolution a pour objectif de renforcer le montant des aides unitaires accordées afin que les films soutenus, quand ils en ont besoin, puissent être produits dans de meilleures conditions. Le montant maximum pour une avance est ainsi passé de 500 000 euros à 700 000 euros en 6 ans" rappelle le communiqué.